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François Compaoré : Et pourtant le mandat d’arrêt a été délivré
Publié le samedi 30 septembre 2017  |  L`Observateur Paalga
François
© Autre presse par DR
François Compaoré élu à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives




Cher Wambi,

Que va nous réserver cette campagne agricole qui tire inexorablement à sa fin ?

Je ne saurais te le dire exactement, tant la physionomie d’ensemble des champs que j’ai pu observer lors de mes sorties hors de la capitale me laisse perplexe. Alors qu’ici la vue de tiges de mil ployant sous le poids de gros épis présage une moisson abondante, là-bas l’hivernage s’achève sous des augures moins rassurants. Avec des perspectives aussi contrastées, difficile de prédire actuellement de quel côté penchera la balance agricole. Cher cousin, on sait que la fin des travaux champêtres rime chez nous avec funérailles des vieux et vieilles qui nous ont devancés dans le monde des ancêtres. Tu vois où je veux en venir ! Alors, souffre que je te le répète. Je n’ai rien contre de telles cérémonies où le bon « dolo » coule à flots ; bien au contraire. Seulement, il faut savoir garder une poire pour la soif ou, si tu veux, un épi pour la faim. Je veux dire penser aux vivants qui vont devoir attendre près d’une année sans que le moindre grain vienne tomber dans le grenier.

Cela dit, cher Wambi, voyons de quoi Dame Nature nous a gratifiés en cette dernière semaine du mois de septembre où l’apparition des fourmis ailées annonce la fin des pluies.

Selon mon bon esclave Zerbo, cueilleur en chef de pluie à l’ASECNA, la semaine du jeudi 21 au mercredi 27 septembre 2017 a enregistré les quantités d’eau suivantes :

Dori : 1,5 mm ; Ouahigouya : 14 mm ; Ouagadougou-aéro : 1,4 mm ; Dédougou : 51,9 mm ; Fada N’Gourma : 00 mm, Bobo-Dioulasso : 69,3 mm ; Boromo : 27,7 mm ; Pô : 36,5 mm ; Gaoua : 62,8 mm ; Bogandé : 1,1 mm.

Cher Wambi, pour un événement, c’en était vraiment un. En effet, depuis qu’ils ont perdu le pouvoir et qu’ils ont été obligés de quitter le Burkina par un après-midi ensoleillé d’octobre 2014, Blaise Compaoré et son petit frère, François, ne s’étaient plus exprimés en public. Le cadet vient de rompre le mutisme qu’il s’était imposé en accordant une interview à Jeune Afrique dans son édition de lundi dernier. Une sortie qui, comme il fallait s’y attendre, a fait beaucoup de bruits ici au Faso. Celui qu’on avait jadis surnommé « petit président » y revient notamment sur la volonté de tripatouillage de l’article 37 qui a causé leur perte ; les circonstances de leur fuite organisée par la France ; ses relations avec Salif Diallo (aujourd’hui décédé), qu’on savait exécrables peut-être parce que Gorba était jaloux de lui ; affirme que « l’histoire rendra justice à Blaise » et se défend, ainsi qu’il l’a toujours fait, d’être lié à l’assassinat de Norbert Zongo. Bref, un plaidoyer pro domo, comme il fallait s’y attendre.

Je vais me faire encore lyncher par les bien-pensants sankaristes qui ne tolèrent pas qu’on émette la moindre critique sur leur idole saint Thomas, mais je suis d’accord avec François sur au moins un point. Quand le journaliste lui demande ce qu’il retiendra de Sankara, voici ce qu’il dit : «Je l’ai beaucoup fréquenté. J’aimais son côté idéologue. Il parlait bien, il était convaincant. Mais il y a un monde entre l’idéologie et l’exercice du pouvoir. Son défaut était de ne pas le comprendre. »

Mais s’il est, cher cousin, un aspect de cet entretien qui fait polémique depuis, c’est l’histoire du mandat d’arrêt international qui aurait été lancé contre lui dans le cadre du dossier Norbert et toujours pendant devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou ainsi que je te l’avais, du reste, révélé courant juillet dans ces mêmes colonnes. Réponse de l’intéressé : « Mes avocats ont investigué sur cette question auprès des autorités de France et de Côte d’Ivoire, deux pays dans lesquels je séjourne régulièrement. Ils n’ont trouvé aucune trace de ce mandat. Je suis donc serein et continue à vivre normalement. »

Cher Wambi, ou bien les conseils de François n’ont pas bien enquêté, ou bien il y a de petits arrangements avec la réalité. Car le mandat en question a bel et bien été délivré. Les sources proches du dossier qui m’avaient tuyauté il y a quelques mois me l’ont encore confirmé cette semaine après la lecture de l’interview. Le précieux document, comme il se doit, a été transmis, m’a-t-on dit, à Interpol, l’organisation internationale de police criminelle, qui siège au 200 Quai Charles-de-Gaulle à Lyon. Y a-t-il eu alors un problème de transmission au destinataire final et pour quelles raisons ? Je ne saurais te le dire, cher cousin. Affaire à suivre donc.

Cher Wambi, au lendemain des attaques contre le restaurant « Cappuccino » et « Splendid HOtel », le journal de ton oncle Nakibeuogo titrait : « Le Burkina dans l’œil du Borgne ». Allusion faite à Mokhtar Belmokhtar, djihadiste algérien et membre fondateur d’AQMI qui a perdu un œil lors de combats en Afghanistan. Alors là, tout laisse croire que « Mister Marlboro », ainsi qu’on le nomme également, et ses comparses sont passés à la vitesse supérieure dans leur stratégie de harcèlement du Burkina !

On savait qu’avec l’attaque de la capitale le 15 janvier 2016, on allait devoir apprendre à vivre avec. Mais on était loin de s’imaginer subir pareil enchaînement de coups de boutoir de l’hydre terroriste.

Tiens-toi bien, cher cousin, depuis le 21 septembre dernier jusqu’à l’heure où je t’écris cette lettre, pas un jour ne passe sans que ces barbares se fassent sentir.

Fais toi-même le constat d’une semaine particulièrement sanglante :

Jeudi 28 septembre : 4 personnes retrouvées mortes à Touronata, dans la commune de Tongomayel ;
Mercredi 27 septembre : attaque contre la brigade de gendarmerie de Toéni, à 45 km de Tougan, tandis qu’à Bélébalou dans le Nord, 300 petits ruminants sont emportés par des individus armés non identifiés ;
Mardi 26 septembre : embuscade sur l’axe Tongomayel/Inata contre un cortège de véhicules convoyant du carburant vers une mine d’or. Deux gendarmes tués et deux autres grièvement blessés ;
Lundi 25 septembre : des individus non identifiés emportent près de 200 bœufs à Gadiouga ;
Samedi 23 septembre : un véhicule militaire saute sur une mine artisanale à Wouro Saba, près de Djibo. 4 soldats blessés ;
Vendredi 22 septembre : attaque contre le poste de police du camp de réfugiés de Mentao.
21 septembre : un civil est abattu à Mentao.
Cher Wambi, comme tu peux également le constater, non seulement le rythme des attaques s’est intensifié mais aussi le mode opératoire de leurs auteurs se diversifie avec l’usage de mines, le recours aux assassinats ciblés et l’enlèvement de bêtes. Si le prélèvement de bétail doit se poursuivre, voire s’accentuer, c’est toute l’économie locale que les terroristes conduiraient à l’abattoir, le Nord étant la zone pastorale par excellence du pays. Et tout porte à croire que c’est l’objectif visé par ces individus qui désirent faire de cette zone un califat.

En voici, cher cousin, qui va bien inspirer Toégui dans ses saillies contre les Mochichis et leur fringale maladive du naam : le 26 septembre dernier, comme la plupart des mardis, il y a eu collation de « bonnets rouges » dans la cour du Moro à Ouagadougou. Il y avait 9 villages à pourvoir et comme la tradition veut qu’il y ait au moins 2 candidats par trône convoité, ils étaient une vingtaine à attendre sous le soleil comme il se doit, arborant chacun une sorte de justaucorps et la traditionnelle peau de mouton.

A l’arrivée, 8 villages ont été pourvus dont celui de Bingo, dont le nouveau naaba, bien connu des milieux du cyclisme sous son nom profane, est Henri Alain Zongo, dit Ahmed.

Fut ajourné, si on peut parler ainsi, le village dont le célèbre palais « naabal » est pourtant bien coté parmi nos sites touristiques : celui de Kokologo.

Comme tu le sais, cher Wambi, ces questions ancestrales ont leurs raisons qui n’ont rien à voir avec nos raisons raisonnantes à nous. Ainsi, le cas de Kokologo aurait été différé sine die parce qu’il reste des rites auxquels les prétendants n’auraient pas encore dûment sacrifié. Affaire donc à suivre.

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

- Pascal Zaïda, coordonnateur du Centre d’expression démocratique (CED), véritable poil à gratter pour nombre d’associations de la société civile, aussi bien sous la Transition que sous le régime Kaboré, a été brièvement interpellé le mardi 26 septembre à la Sûreté. Selon l’intéressé, que nous avons joint au téléphone, cette convocation était liée au meeting qu’il entend organiser le 7 octobre prochain à la place de la Nation pour dénoncer, entre autres, « la mal gouvernance », « les détentions arbitraires » et les « tribunaux d’exception ». La police lui aurait signifié sa responsabilité en cas de débordement et, surtout, l’aurait prévenu qu’au regard des informations en sa possession, la manifestation pourrait être purement et simplement interdite.

- Contesté depuis avril dernier par l’ensemble de ses pairs, Benoît Kambou a finalement démissionné de la présidence du Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN).

Il lui était reproché « son manque de leadership et l’absence de résultats » depuis l’installation des membres de l’institution en 2016.

Le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, qui a accepté la lettre de démission de Benoit en août dernier, a procédé au remplacement de celui-ci au cours du Conseil des ministres de mercredi dernier. C’est sur Léandre Bassolé que l’hôte de Kosyam a porté son choix pour suppléer le démissionnaire en tant que simple membre d’abord. La désignation du président du HCRUN se faisant à l’interne, les 21 commissaires se réuniront bientôt pour choisir le premier responsable de l’institution.

Le nouveau promu a été le Représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) au Burundi de 1994 à 1996, dans le cadre de la Mission internationale d'observation au Burundi (MIOB). Il a notamment occupé les fonctions de représentant permanent du Burkina Faso au Nations unies (1983-1986), de chef du département politique de la Mission des Nations unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) et, plus récemment, de directeur du Bureau du Représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest (ONUWA).

- Plus apathique et non réactif primaire que les Burkinabè, tu meurs. On en a eu la preuve désolante le samedi 23 septembre dernier sur le vol Air France 536 en provenance de Paris, malgré tous les trésors d’astuces imaginés par le commandant de bord, Stéphane Roche, pour détendre l’atmosphère et entrer en empathie avec les passagers après le léger retard accusé au décollage.

- Je parle le wolof mais malheureusement pas le bambara (dioula) ni le mossi (sic), confesse-t-il d’emblée.

Il ne s’efforcera pas moins de nous gratifier dans son accent, d’un « Anitlé » et d’un « Zabre y a laafi ».

A son patronyme Roche, je crus reconnaître en lui un proche ou lointain parent d’Antoine Roche, le tout premier directeur du cours normal de Ouahigouya (actuel lycée Yamwaya), mort et inhumé au Yatenga par suite d’un accident de chasse en 1958. Ce qui pourrait expliquer que, par certaines fibres secrètes, il se sente particulièrement attaché au Pays des hommes intègres.

Renseignement pris et de la bouche du fameux commandant de bord lui-même, le nom Roche est aussi répandu en France et à Navarre que l’est Ouédraogo chez nous.

Le commandant Roche se dit simplement compatriote de Senghor, d’où sa proximité avec tout ce qui rappelle cette Négritude.

Voilà pourquoi en amorçant la descente sur Ouagadougou, il nous a encore baragouiné quelques sympathiques mots de dioula et de mooré, le tout agrémenté par un atterrissage en douceur, le genre qui, généralement, déclenche une salve d’applaudissements des passagers tout ébaubis.

Que penses-tu que nos compatriotes firent devant tant de prouesses communicationnelles et techniques ?

Rien. Absolument rien.

Même moi qui te rapporte la chose pour la déplorer, je suis resté muet, scotché à mon siège alors que si j’avais peut-être osé donner le coup d’envoi, le reste de l’avion aurait suivi. Timidité ? Morgue ? Refoulement ? Cette apathie bien connue de nous, Burkinabè, relève du fauteuil psychanalytique.

- Les anciens maires et élus locaux n’entendent pas rester en marge de la vie socio-économique du pays. Ainsi se sont-ils retrouvés hier jeudi 28 septembre 2017, à Pacific Hôtel, en assemblée générale constitutive pour la mise en place d’une organisation apolitique dénommée : Association des anciens maires et élus locaux (AMEL). La nouvelle structure est dirigée par Thomas Baguemzanré, ancien maire de Kindi. Il est secondé par deux vice-présidents, dont Dramane Nignan, ancien maire de Léo.

- Chassez le naturel, il revient au galop ! Ainsi pourrait-on dire de la gestion de certaines municipalités du pays. On a beau dénoncer la mal gouvernance qui y est érigée en règle de droit, embastiller les auteurs de mauvaise gestion pris la main dans le tripatouillage, rien n’y fait. La preuve avec ce qui se passe dans un département du Poni, dans le Sud-Ouest, où la qualité d’infrastructures scolaires est en train d’être sacrifiée sur l’autel de la gloutonnerie de conseillers municipaux. En tout cas, les différents ministères impliqués dans la réalisation de ces ouvrages gagneraient à être des plus vigilants pour éviter la catastrophe à l’issue de la fin des travaux.

- Si le nombre d’hôtels dignes de ce nom est bien connu sur le territoire national, il n’en est sûrement pas de même pour les restaurants et les maisons meublées. C’est pour se faire une idée là-dessus que l’Association patronale des hôteliers et restaurateurs du Burkina (APHRB) entreprend une opération dite d’identification des sites y afférents. Ce sera du 02 au 16 octobre 2017. Elle consistera pour le président Pierre Zoungrana et son équipe, en collaboration avec les services habilités, à envoyer dans un premier temps sur toute la commune de Ouagadougou, puis dans un second temps sur tout le territoire national, des hôtesses munies de badges et de lettres de recommandation pour procéder à un recensement minutieux des établissements dans l’objectif éventuel, pourquoi pas, d’élaborer un fichier national.

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."


Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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