Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Le MPP et l’après-Salifou Diallo : trois équations à plusieurs inconnues
Publié le lundi 28 aout 2017  |  L`Observateur Paalga
Une
© Assemblée Nationale par D.R
Une délégation de la FAO est allée faire un plaidoyer pour la constitutionnalisation du droit à l’alimentation au Burkina Faso le 10 novembre 2016 à l`Assemblée nationale. Photo : Salif Diallo, président de l`Assemblée nationale




On prête à Georges Clémenceau (1841- 1929), homme politique français, d’avoir déclaré que « les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés ». Lui, qu’on surnommait le « Tigre » ou « l’homme de la victoire » en raison de son grand rôle dans les institutions de l’Etat français durant la première guerre mondiale, ne se faisait pas d’illusions sur son rôle dans l’histoire. Pour preuve, après lui, il y eut un célébrissime général De Gaulle pendant la deuxième guerre mondiale.

De la succession des grands hommes d’Etat, il ne faut donc jurer de rien parce que leurs vies, aussi bien remplies soient-elles, restent soumises à la sanction du jugement pertinent de l’Ecclésias : «Rien de nouveau sous le soleil… vanité des vanités, tout est vanité ». Qui dit mieux ? Même pas les sujets du roi de France qui à la disparition de chaque souverain s’écriaient « le roi est mort, vive le roi ». Allez-y savoir si au MPP les militants sont prêts à s’exclamer « le président est mort, vive le président… Salif est mort, vive Salif ».

La vérité est que, au-delà des déclarations de bonnes intentions, des hommages et des larmes de circonstance pour certains, le parti majoritaire est attendu au tournant. Saura-t-il gérer l’après-Salifou Diallo sans se lézarder ? On n’a pas besoin d’être un expert en science politique pour savoir que certains adversaires de « l’Enfant terrible du Yatenga » rient sous cape, y compris au sein du MPP, et affûtent leurs armes pour l’après-Salif. En tout cas, la disparition de ce dernier laisse au MPP un grand vide qu’il sera difficile de combler avec la même efficacité que celle de « Gorba. » En effet, pour le parti du soleil levant, la mort de Salifou Diallo pose quelques équations dont la résolution impose que Roch Marc Christian Kaboré sorte de son régime diesel pour aller tout de suite au charbon.

Première équation : qui faire élire président de l’Assemblée nationale, deuxième personnalité de l’Etat et dauphin constitutionnel ? La question est d’importance et il faudra au président du Faso de la poigne pour garder l’ordre dans les rangs du parti majoritaire et de ses alliés. Les prétendants au Perchoir on en trouve, l’homme de la trempe de Salifou Diallo, on en cherche. Si les querelles de succession dont nous avons fait l’écho dans notre édition du vendredi dernier s’intensifient, Roch Marc Christian Kaboré a du pain sur la planche tant il est évident que parmi les députés du MPP, il n’y en a pas de la carrure de Salifou Diallo qui répondent à la condition de leadership politique et de considérations géopolitiques nationales qui prévalent généralement au Burkina pour désigner l’occupant du Perchoir.

C’est connu, le président du Faso est du Grand-Centre, le premier ministre du Grand-Ouest. Le président de l’Assemblée nationale, pour une règle non écrite, devrait logiquement venir d’une autre région du pays. En tout cas, si cette règle devait être respectée, parmi les candidats putatifs au Perchoir, Simon Compaoré et Clément Sawadogo semblent être barrés de la liste des candidats parce qu’ils sont de la région du Centre, et pis est, le premier n’est pas député. Idem pour le député Bissiri Sirima de la Comoé parce que du Grand-Ouest comme le premier ministre. Mais dans le cas contraire, le président du groupe parlementaire MPP, Alassane Sankandé, serait un candidat sérieux pour succéder à Salifou Diallo tout comme Bissiri Sirima garderait toutes ses chances de le faire. Lassané Sawadogo, l’actuel DG de la Caisse de sécurité sociale, parce que de la région du Nord, qui plus est, avec un background d’ancien ministre et d’ancien Parlementaire, a également un profil acceptable pour le poste. Le hic, c’est qu’il aurait démissionné pour de bon de son mandat de député et ne peut revenir au parlement comme s’il avait été appelé à de hautes fonctions. Le député Jacob Ouédraogo, également de la région du nord, président de la commission Affaires générales, Institutionnelles et des Droits humains, passe aussi pour un candidat potentiel au poste. Mais en dehors de la région du nord, Roch Marc Christian Kaboré pourrait chercher l’oiseau rare dans la région de l’est où Oumarou Idani, ministre des Mines, et pourquoi pas le député Bendi Ouoba, président de la commission des Affaires étrangères, sont des outsiders crédibles. Quoi qu’il en soit, le temps presse, les 15 jours donnés par la loi pour pourvoir à la vacance du poste de président de l’Assemblée nationale expirant le lundi 4 septembre prochain.

Deuxième équation : qui trouver comme successeur de Salifou Diallo à la tête du parti ? Ici le suspense est moins grand, sinon qu’il n’en existe presque pas. Simon Compaoré, le premier vice-président, devrait logiquement jouer les intérimaires avant d’espérer prendre la succession du disparu. Il a assurément le profil de la tâche. Il a avec lui la légitimité historique, le leadership et la capacité de travail. Il va cependant lui manquer le chéquier, les relations internationales et les qualités de stratège ou, c’est selon, le brin de machiavélisme de Salifou Diallo.

La troisième équation pour le MPP sera de garder son électorat dans la région nord du pays et en particulier dans la province du Yatenga. C’est connu, les joutes électorales y sont d’une grande intensité dans une adversité rude – pour ne pas dire plus – entre l’ADF/RDA et les partis successifs de Salifou Diallo. Ce dernier aujourd’hui disparu, lui trouver un successeur dans la région sera mission difficile. Certes, Lassané Sawadogo, Jacob Ouédraogo, et, dans une moindre mesure, Smaila Ouédraogo, l’actuel ministre de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelle, pourraient donner le change à Gilbert Noël Ouédraogo de l’ADF/RDA. On attend de voir avec quel résultat, car il va leur manquer les qualités de stratège et surtout le chéquier de Gorba. Alors, les électeurs du Yatenga, habitués à voir « circuler les feuilles » de Salifou Diallo, feront-ils abstraction de cela pour rester fidèles au parti du soleil levant ? Wait and see.

Quelles que soient les réponses à ces trois équations, une chose est sûre, la tendance Salifou Diallo au sein du MPP va se liquéfier. Le berger victime de la Faucheuse, les brebis vont se disperser, certaines dans l’immobilisme politique, les autres dans d’autres bergeries. Dans cette logique, on ne parlera plus de RSS, mais de RS et l’on s’interroge d’ores et déjà sur l’avenir politique de certains ministres, car il se susurre que dix à quinze d’entre eux doivent le fait d’être dans le gouvernement à l’entregent de Salifou Diallo.

Par ailleurs, pour le projet de grand parti de Gauche autour du noyau MPP, si tant est qu’il existe, il faut craindre qu’il avance désormais à reculons. Roch Marc Christian Kaboré est, certes, réputé rassembleur, mais il ne cultive pas les relations de coulisse - sauf peut-être avec quelques dirigeants du CDP - comme le faisait Salifou Diallo avec les leaders des partis alliés, voire des militants de l’opposition. Il faudra qu’il apprenne vite à le faire s’il veut un plus grand consensus autour de son action politique et pourquoi pas un second mandat.

Zéphirin Kpoda
Commentaires

Titrologie



L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment