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PAFASP : un goût d’inachevé dans la réalisation de poulaillers à Boussé
Publié le mercredi 23 aout 2017  |  Sidwaya




Le Programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP) a officiellement clôturé depuis juin 2017, après 10 ans de mise en œuvre. Mais, à Boussé dans la province du Kourwéogo, certains de ses bénéficiaires dénoncent une « mauvaise qualité » des infrastructures d’élevage de volaille locale réalisées. Le Programme et les prestataires (entrepreneurs), eux, évoquent une « supercherie des éleveurs qui ont joué un double-jeu ».

Des fondations «bricolées », des grillages sans tendeurs, des toits dont les tôles débordent à peine le mur, des bâtiments exigus, des ouvertures (fenêtres et portes) grillagées, des portails fragiles … C’est la physionomie des infrastructures d’élevage qu’une équipe de Sidwaya a visitées, le vendredi 16 juin 2017 à Boussé, Gobga et Niou dans le Kourwéogo. D’un air grave, l’un des éleveurs de Boussé, Lassané Ouédraogo, raconte que la construction de ces infrastructures a été subventionnée par le Programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP). Tout en saluant cet accompagnement du programme, M. Ouédraogo regrette « la mauvaise exécution » des infrastructures. « La construction de la maison a commencé, il y a plus d’un an. L’entrepreneur n’a pas totalement fini son travail et il a disparu », confie-t-il. Et de poursuivre que le véritable problème ce sont les ouvertures. Chaque fois qu’il pleut, dit-il, l’eau rentre dans le bâtiment. Ayant été informé, le PAFASP, selon Lassané Ouédraogo, lui a recommandé de chercher des bâches ou des sachets plastiques pour couvrir les entrées quand il pleut. C’est aussi la même situation que vit Charles Sawadogo, cet autre promoteur de Boussé, qui précise qu’il a commencé son activité depuis 2015 et le PAFASP devait l’appuyer à hauteur de 3 481 000 F CFA avec une contribution personnelle de 1 760 000 F CFA. « Les travaux, qui ont commencé en janvier 2015, étaient prévus pour trois mois, mais nous sommes en juin 2017. Regardez le bâtiment et dites-moi si c’est fini », s’indigne -t-il. Charles Sawadogo dit avoir subi des pertes après les premières pluies de l’hivernage. « J’avais des poussins dans une éleveuse et l’eau a noyé plus de 160 poussins », déplore-t-il. De plus, ajoute-t-il, pour un bâtiment qui devait initialement accueillir 1 000 poulets, il ne peut en contenir que 500. Il dit s’être rendu à Ouahigouya pour rencontrer le PAFASP, mais son déplacement a été vain, ayant trouvé que les premiers responsables étaient absents. Dans le village de Niou, Mahamadi Ouédraogo indique que son infrastructure qui devait être construite en matériaux définitifs, l’a été en banco. Le promoteur accuse non seulement le silence du PAFASP mais aussi et surtout la défaillance de l’entrepreneur. « Quand j’en ai parlé au PAFASP, on m’a dit d’ajouter plus de 100 000 F CFA pour qu’on construise en dur, mais je n’avais pas les moyens », regrette-t-il. Pire, renchérit-il, au lieu de 30 tôles, c’est finalement un bâtiment de 28 tôles qui lui a été livré. A Goabga, village situé à quelques encablures de Boussé sur l’axe Boussé-Yako, Kiswendsida Valian dit avoir vécu les mêmes désillusions. Alors que l’entrepreneur a voulu construire son bâtiment en banco, il s’est proposé de faire les briques en ciment. Ce qui fut fait et le bâtiment a été construit en matériaux définitifs. Mais il n’était pas au bout de ses peines. « Quand il a fini de construire le bâtiment, il est venu déposer les grillages et il a disparu. J’ai dû moi-même acheter les tendeurs, les barres de fer et j’ai fait la clôture en grillage », précise-t-il.

Une subvention et non un prêt

Dans de telles conditions, les cinq promoteurs se disent incapables de respecter les closes de leur contrat avec le Programme, notamment l’emploi de deux ou trois personnes dans la mise en œuvre du microprojet. « Je ne sais pas si nous devons rembourser l’argent du PAFASP. C’est d’ailleurs ce qui nous inquiète », fait savoir Charles Sawadogo. Et de conclure bien que le PAFASP soit à terme, il a anormalement reçu dans son compte 3 150 000 F CFA qu’il ne peut pas retirer. A ce sujet, a dit Souleymane Sanou, chef d’antenne du PAFASP du Nord, il s’agit d’une erreur de virement de la subvention (deux fois). « Quand on s’en est rendu compte, j’ai demandé à ce que les fonds soient rapatriés », signifie-t-il. Sur le remboursement des fonds, le chef d’antenne du PAFASP du Nord rappelle qu’il s’agit d’une subvention (non remboursable) et non d’un prêt. Le promoteur, estime-t-il, est pleinement responsable de l’organisation de son exploitation et en tant que professionnel, il doit savoir s’il peut embaucher du personnel ou travailler avec la main d’œuvre familiale. « Pour cela, tout promoteur du PAFASP a bénéficié d’au moins de deux thèmes de formation : un thème technique pour renforcer ses connaissances et un thème sur la gestion de son unité », notifie-t-il. En dix ans d’existence, le PAFASP a subventionné plus de 3 000 projets, a ajouté Souleymane Sanou, avant de poursuivre qu’il y a malheureusement des projets de la casse. « Quand on se rend compte que le microprojet est bloqué, nous essayons de voir comment le structurer. Si tout cela s’avère vain, on fait le constat avec le promoteur et les services techniques pour arrêter le financement », soutient le chef d’antenne du PAFASP/Nord. Quant à la question du contrôle des travaux, M. Sanou se veut clair : « le premier contrôleur c’est le promoteur lui-même parce qu’en plus de la subvention, il a aussi investi son argent dans le projet ». Il souligne qu’il existe des Chargés des infrastructures (CDI) commis à la supervision des travaux de construction dans le ressort de chaque antenne du PAFASP. « Mais ils sont seuls pour le contrôle dans la zone de couverture de toute l’antenne comme la nôtre qui couvre les régions du Nord, du Plateau central, du Centre-Nord et du Sahel ». Au regard de leur insuffisance en effectif, le Programme, selon M. Sanou, a recruté des contrôleurs dans chaque province. Par mois, chacun de ces contrôleurs devait envoyer un rapport sur les infrastructures contrôlées avec des supports photos à l’appui. A l’entendre, les services techniques des directions régionales en charge de l’agriculture, de l’environnement et des ressources animales font également un contrôle selon le type de microprojet, en plus de l’accompagnement des Conseillers d’entreprise (CE) du Programme. « Il peut y avoir des faiblesses dans le dispositif », reconnait-il néanmoins.

Un « double-jeu » des promoteurs ?

Sur l’exiguïté des locaux, Souleymane Sanou pense que certains promoteurs font un mauvais procès au PAFASP. « Deux des promoteurs qui nous accusent ne sont pas censés faire de l’élevage mais de la production de poussins. Ils doivent sortir les poussins à un mois de production pour que ceux qui font l’élevage les achètent, les engraissent et les revendent. Mais on se rend compte qu’ils se sont transformés aussi en éleveurs », déplore-t-il. En tous les cas, M. Sanou met ces plaintes sur le compte d’une non-appropriation des microprojets par les promoteurs. Il indexe également des accointances entre certains prestataires et les promoteurs. « Certains des promoteurs se sont entendus avec les entrepreneurs. Ils ont confié la construction des infrastructures à leur frère maçon et ils se sont arrangés avec l’entrepreneur », relève-t-il. Et de renchérir que d’autres promoteurs, en lieu et place de leur contribution personnelle exigée par le Programme, se « débrouillent » avec les institutions financières pour avoir des documents attestant qu’ils disposent des montants exigés comme contribution du promoteur dans le compte dédié au virement des fonds du Programme. « Dans de telles conditions, c’est seulement la subvention du PAFASP qui réalise les infrastructures et il est normal qu’elles ne soient pas réalisées comme convenu », regrette-t-il.

Se débrouiller pour construire

Souleymane Sanou estime que les promoteurs doivent pouvoir compléter les petits dépassements dans la mise en œuvre parce que le projet est le leur et non une propriété du PAFASP. « Il faut qu’ils s’approprient le microprojet », conseille-t-il. Mahamadi Ouédraogo est le responsable de l’Entreprise Wend Konta (EWK) qui a réalisé la plupart des infrastructures des promoteurs de Boussé. Il ne reconnait pas les reproches qui lui sont faits sur le délai d’exécution et la qualité des ouvrages. Dès le début de l’exécution des infrastructures, affirme-t-il, des difficultés majeures ont été rencontrées. « Certains promoteurs avaient des prêts à la Caisse. Quand le PAFASP vire l’argent, les caisses coupent d’abord leur argent avant de leur donner le reste », mentionne-t-il. Et de poursuivre que parfois, les promoteurs retirent l’argent à la caisse, gardent une partie avant de lui donner l’autre partie. « Moi aussi je me suis débrouillé pour construire les bâtiments avec ce qu’ils me donnaient », justifie-t-il. Le patron de l’Entreprise Wend Konta dit avoir proposé au Programme d’organiser une rencontre PAFASP-prestataires-promoteurs pour situer les responsabilités et tirer les choses au clair, mais en vain. « Depuis 2006, je travaille avec le PAFASP, mais je n’ai jamais eu de problèmes avec des promoteurs comme cette fois-ci. J’ai failli tomber en faillite parce que j’ai engagé mes propres ressources pour construire les bâtiments sans pouvoir les récupérer », soutient-il.

Jean-Marie TOE
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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