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L’ACAME en ordre de bataille pour des Centrales d’achats performantes et des médicaments essentiels de qualité pour les populations
Publié le mardi 1 aout 2017  |  FasoZine
L’Association
© FasoZine par DR
L’Association africaine des centrales d’achats de médicaments essentiels (Acame) et ses partenaires




L’Association africaine des centrales d’achats de médicaments essentiels (Acame) et ses partenaires ont lancé, du 17 au 19 juillet dernier à Ouagadougou, le « projet de renforcement des performances de 14 centrales d’achats membres dans l’approvisionnement des produits de santé essentiels de qualité ». Ce projet devrait permettre aux centrales d’achats de mettre en place un système d’assurance qualité dynamique, capable d’anticiper les risques et conforme aux standards internationaux en vigueur. Pour connaitre davantage l’Acame et dresser un bilan des 72 heures des travaux de cet atelier de lancement du projet, nous nous sommes entretenus avec le secrétaire permanent de l’Acame, Dr Charlemagne Gnoula.

Fasozine: Présentez-nous brièvement l’Acame.
Charlemagne Gnoula : L’ACAME est l’association africaine des centrales d’achats des médicaments essentiels génériques. Formellement créée en 1996, elle regroupe, depuis mai 2017, des Centrales de 22 pays, la Pharmacie centrale des Hôpitaux d’Algérie étant la dernière à nous avoir rejoint. Son objectif principal est de promouvoir les centrales nationales d’achats, notamment pour leur rôle au sein des systèmes nationaux d’approvisionnement pharmaceutique. Cela, à travers le plaidoyer et une promotion de ces centrales auprès des partenaires techniques et financiers, mais aussi auprès des gouvernants des pays membres.

Le deuxième aspect de la mission, c’est l’animation du réseau, c’est-à-dire qu’à partir du moment où vous avez la charge d’approvisionner les pays en médicaments essentiels, il est important d’avoir un réseau dynamique pour échanger les informations sur les fournisseurs, sur les prix et également animer des mécanismes de dépannage entre ces centrales pour permettre soit d’écouler les surstocks dont disposent une des centrales ou alors d’acquérir des produits pour lesquelles cette centrale présente un risque de rupture de stock.
Troisièmement, l’Acame a pour mission d’accompagner les différentes centrales de façon à améliorer leurs performances. C’est du reste l’objet du projet dont l’atelier de lancement a regroupé 14 de nos centrales d’achats à Ouagadougou.

Au terme de ces 72 heures de travaux, avez-vous atteint l’objectif fixé ?
L’objectif premier de l’atelier était que le projet touche 14 Centrales et que les parties prenantes — les Centrales bénéficiaires, les directions de la pharmacie, des médicaments, mais également le staff de l’Acame et les experts — puissent déjà faire connaissance entre elles. Tous ces acteurs sont restés mobilisés pendant trois jours pour poser les bases en vue de la réussite de ce projet.
La deuxième réussite, c’est d’avoir pu mettre autour d’une même table les agences et directions chargées de la réglementation pharmaceutique et les Centrales qui, quelquefois, dans un même pays, n’ont pas le dialogue facile. Ce cadre de collaboration renforcé est aujourd’hui indispensable pour assurer la couverture en médicaments essentiels des populations et garantir en même temps la qualité de ces médicaments.

Le troisième aspect, c’est d’avoir pu nous accorder sur un chronogramme. En effet, nous avons pu nous accorder sur un paquet d’activités à mener mais aussi sur un feuille de route qui sera déroulée. De mon point de vue, tous ces aspects ayant pu être abordés, nous pensons que l’objectif de l’atelier est pleinement atteint. Nous attendons les semaines à venir pour commencer à mettre en œuvre les activités. Toutes choses qui permettront maintenant de nous assurer que les engagements qui ont été pris à Ouagadougou seront pleinement accomplis.

Quels sont les enjeux d’un tel projet?
Les enjeux sont énormes à tous points de vue. Pour un pays comme le nôtre qui a initié la politique de la gratuité des soins qui a entrainé une forte augmentation de la demande en médicaments. A partir du moment où le besoin en médicaments augmente et que vous ciblez en plus des populations vulnérables, vous avez besoin d’avoir des médicaments qui soient financièrement accessibles pour que les déficits ne soient pas creusés. L’impératif premier à respecter, c’est de ne pas sacrifier l’accessibilité financière sur l’autel de la qualité : c’est-à-dire qu’il faudra faire en sorte que les médicaments soient économiquement abordables mais qu’ils soient également de bonne qualité. Et c’est dans ce sens que l’un des aspects du projet — qui a pour objectif de renforcer les compétences et les capacités des centrales en matière d’assurance qualité — est un enjeu important.

Le second enjeu de ce projet, en tant Centrale, nous avons un devoir de redevabilité : nous avons un système d’assurance qualité qui nous permet de présélectionner un fournisseur et ses produits pour nous assurer que les médicaments que nous recevons soient de qualité assurée. Mais il faut également associer les agences de règlementation pour qu’ils s’assurent que notre présélection répond également aux critères requis par la réglementation nationale.

Ce qui est prévu par notre cadre juridique est que les fournisseurs présélectionnés par les centrales d’achats disposent de 6 mois après leur notification, pour déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) auprès de l’autorité nationale de réglementation pharmaceutique. Cette dernière dispose alors d’un délai de 6 mois pour accorder ou non l’AMM. Dans les faits, ces deux processus d’évaluation de la qualité des médicaments commercialisés par les Centrales d’achats sont assez lourds et les délais sont difficiles à respecter. Il nous est donc paru judicieux à travers ce projet de pouvoir harmoniser nos procédures, et même d’envisager de mutualiser nos moyens consacrés à cette évaluation qui nécessite de plus en plus de compétences au vu du marché international de plus en plus infiltré par des médicaments falsifiés et sous-standards.

Ainsi, en mettant ces deux dispositifs ensemble, le ministère de la santé s’assure que les procédures mises en place au sein de la Centrale permettent la mise sur le marché des médicaments dont nous avons besoin, mais qui ont également le quitus de l’autorité de réglementation.

Quel bilan pouvez-vous nous faire des travaux de Ouagadougou?
Le bilan est positif dans son ensemble. Nous avons eu 31 participants venus de 13 pays différents (Bénin, Burkina Faso, Burundi, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo). Nous avons enregistré la participation de 7 directeurs de la pharmacie et du médicament dont 6 de l’Afrique de l’Ouest — Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal et Togo — auxquels il faut ajouter le directeur de l’Agence du médicament de Madagascar. L’atelier a également été honoré par la participation effective de plusieurs partenaires internationaux dont l’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’OOAS (Organisation ouest-africaine de santé), l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), Expertise France et le CHMP (Centre Humanitaire des Métiers de la Pharmacie ; partenaire technique de l’ACAME dans la mise en œuvre de ce projet).

Sur le plan organisationnel, notre satisfaction est marquée par la tenue de deux sessions techniques et la mise en place du comité de pilotage. De même, nous avons atteint les objectifs des sessions thématiques, à savoir la validation d’une feuille de route commune à l’ensemble des parties prenantes afin de parvenir aux résultats du Projet. Egalement, il faut souligner la mise en place, à travers ce Projet, d’une plateforme collaborative entre les Directions de la pharmacie et du médicament et les Centrales d’achats de médicaments essentiels.

Enfin, je me dois d’exprimer la gratitude de l’Acame envers le gouvernement français qui finance ce projet à hauteur de 630 millions de Fcfa à travers « l’Initiative 5% - Sida, Tuberculose et Paludisme » ; celui-ci nous accompagne depuis de nombreuses années aussi bien sur le plan financier que technique. La présence de l’Ambassadeur de France au Burkina Faso à la cérémonie d’ouverture montre l’importance que le gouvernement français apporte à ce projet. Je remercie également le gouvernement burkinabè, qui se fait notre porte-voix, au niveau des instances internationales et le Ministre de la santé qui à travers son secrétaire général a pu lancer officiellement cet important projet.
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