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Cimasso : Volte-face et incohérences du gouvernement
Publié le lundi 31 juillet 2017  |  L’Evénement
Modernisation
© aOuaga.com par A.O
Modernisation de l’administration : session ordinaire 2017 du Conseil national
Jeudi 27 juillet 2017. Ouagadougou. Le Conseil national de la modernisation de l’administration (CNMA) a tenu sa session ordinaire pour faire le bilan à mi-parcours du Plan stratégique décennal de modernisation de l’administration (PSDMA) et de fixer des objectifs à atteindre en 2018. Photo : Paul Kaba Thièba, Premier ministre




Difficile de comprendre l’attitude du gouvernement face à l’installation controversée de Cimasso à Bobo Dioulasso. D’emblée, il faut préciser que la controverse ne porte pas sur le montage de l’usine dans la capitale économique mais plutôt sur l’emplacement du site à Nasso. Beaucoup d’études décrivent en effet une catastrophe écologique si la cimenterie s’y implante. Les réactions se sont d’ailleurs amplifiées suite à la pose de la première pierre de l’usine par le Premier Ministre Paul Kaba Thiéba, en mai 2016. Ce dernier a, du reste, effectué le déplacement à la suite d’un rapport partisan et biaisé du ministre de l’environnement, Bassière Batio. « Les informations reçues du monde des affaires, il s’agirait plutôt d’un problème de quelques directeurs régionaux qui estiment qu’ils n’ont pas été associés au dossier par leurs supérieurs à Ouagadougou et qui inciteraient certains acteurs à s’opposer au projet. », ainsi écrivait le ministre Bassière à son premier ministre. Il affirme du coup qu’ « il n’y a pas de production et rejets d’eaux usées, ni de rejets de produits chimiques pouvant affecter la qualité des eaux souterraines et des eaux de surface ». Ce que le premier ministre ne sait certainement pas, c’est qu’au cours de cette mission d’inspection gouvernementale les langues critiques ont été interdites de parole. C’est donc en homme rassuré que Paul Kaba Thiéba s’est rendu à Bobo Dioulasso le vendredi 27 mai 2016 pour la pose de la première pierre de l’usine. Il déclarait alors : « L’étude d’impact environnemental n’a montré aucun danger. Sinon pourquoi investir 60 milliards qui vont créer 1500 emplois ? » C’est la totale. Quelques jours plus tard, le premier ministre rétropédale. Le 8 juin 2016, par lettre N° 349/PM/SG/DAEA, il demande au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (MERSI), dirigé, à l’époque, par le professeur Filiga Michel Sawadogo, « un avis technique en vue de la tenue d’un Conseil de cabinet » sur l’éventuelle pollution de la nappe phréatique de Nasso par l’installation de l’usine CIMASSO à Bobo-Dioulasso. Les conclusions du rapport de cette équipe, supervisée par le ministre Filiga Michel Sawadogo lui-même, sont sans appel : « le site de l’usine CIMASSO présente un contexte biophysique, géologique, hydrogéologique vulnérable et sensible à des pollutions ; les risques de pollution des sols, de l’air et des ressources eaux par l’implantation de l’usine CIMASSO sur ledit site sont réels. » Jusqu’à ce jour, le rapport transmis au Premier ministre n’a pas eu de suite.

La contre-expertise internationale

Le 22 août 2016, le premier ministre instruit le ministre du commerce en charge du dossier Cimasso, Stéphane Wenceslas Sanou, de commanditer une contre-expertise internationale et indépendante en vue d’orienter une prise de décision avisée sur la question. Le ministère de l’environnement était donc chargé d’élaborer les termes de référence (TDR) pour le recrutement d’un bureau d’étude pour ce faire. A ce jour, il est impossible de savoir s’il y’a eu des TDR définitifs en la matière. Toujours est-il que le ministre de l’industrie va adresser une copie au ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation pour amendement par les structures techniques de son département. Produite le 10 octobre 2016, la correspondance a été reçue le 3 novembre 2016 par le cabinet du ministre Sawadogo. Qu’est-ce qui peut expliquer tout ce temps mis pour transmettre un document aussi important ? La question reste entière et sans réponse. C’est une première anomalie. La deuxième est que le cabinet retenu du Suisse, le Dr Repetti, est de niveau inférieur par rapport à ce qui a été prévu au niveau des TDR. Là, également, le ministère de l’industrie n’est pas en mesure de répondre. La plus grosse anomalie, qui a d’ailleurs fait sursauter certaines personnes, est que, dès octobre 2016, le cabinet du docteur Repetti était déjà sur le terrain. Soit des jours avant que le ministère de l’industrie ne transmette les TDR à son collègue de la recherche scientifique pour amendement. Face à nos questions concernant toutes ces anomalies, le directeur général du développement industriel, Joseph Zerbo, est resté sans réponse lors de notre rencontre le 19 juin dernier à son bureau.

Contre-expertise mise en cause

Le rapport en lui-même comporte beaucoup de limites. « C’est loin d’être une contre-expertise », critiquent des personnes bien avisées. Par exemple, sur la nappe phréatique au cœur de la polémique, l’expert se contente des données qui lui ont été transmises par la cimenterie. « Le site étant situé sur un point haut, la nappe phréatique est profonde à cet endroit (environ 140 m selon les informations transmises par Cimasso). » Toujours est-il que le rapport avait décrit des « risques négligeables. » Mais aujourd’hui, c’est à un retournement de situation radicale que nous assistons. Suite à un examen fait par le ministère de la santé, beaucoup d’insuffisances ont été constatées. « Notre expertise ayant été commandée par l’administration, elle est tout à fait libre de demander une contre-expertise. Nous n’avons aucun problème avec cette façon de faire », commente le Docteur Alexandre Repetti quand nous l’avons contacté par mail. Curieux tout de même qu’un expert international n’éprouve aucun état d’âme quand son travail est remis en cause. Ce qui met bien sûr de l’eau au moulin de ceux qui disaient qu’il avait été commis d’office. Aujourd’hui, le gouvernement est à la recherche d’un autre cabinet d’expertise. Les questions qu’on se pose : pourquoi cette hésitation du gouvernement à changer de site ? N’a-t-il pas l’autorité pour le faire ? A qui incombe le coût des contre-expertises ? Au gouvernement ou à l’administration de Cimasso ? Des questions qui ne trouvent personne dans l’administration pour y répondre. Quel mystère se cache derrière ce mur de silence ? C’est la preuve que le dossier Cimasso n’a pas fini de livrer tous ses secrets.

Par Basidou KINDA

Cimasso et le départ de Filiga du gouvernement

Certains de ses anciens collaborateurs le pensent ainsi. Le départ du Pr Filiga Michel Sawadogo est lié au dossier Cimasso. Nous avions tenté de joindre l’intéressé lui-même, par mail et par téléphone, pour recueillir son avis mais sans succès. On rappelle que le premier ministre avait demandé à son ministre un avis technique sur la question. Le professeur avait constitué une équipe qu’il a lui-même supervisée. Le rapport produit était bien défavorable à l’installation de la cimenterie en ce sens que cela représente des risques de pollution surtout des eaux. Cependant, le document est resté sans suite. Le gouvernement n’a-t-il pas aimé les conclusions de ce travail ? Le Pr Sawadogo n’a-t-il pas apprécié le traitement réservé au rapport qu’il a lui-même supervisé ? Ceux qui connaissent bien l’homme disent que c’est un homme de principen

Comparaison des profils des équipes du MERSI et de Repetti

Quand on regarde les deux profils, il ressort que l’équipe de Repetti ne peut mettre en cause un travail de l’équipe du MERSI qui affiche un profil idéal. Aucun Hydrogéologue ou géologue ne figure dans l’équipe de Repetti. Pourtant dans les TDR pour le recrutement du bureau d’étude, il est fait mention d’un spécialiste en hydrogéologie de niveau Bac +5 minimum avec 10 années d’expérience. Un spécialiste en géologie de niveau Bac +5 minimum avec 5 années dans le domaine de la cimenterie. Des profils qui manquent dans l’équipe de Repetti. On dira même que l’équipe n’est pas au complet dans la mesure où bien d’autres profils n’y figurent pas. On se demande alors comment on a bien pu retenir le cabinet d’étude du Dr Repetti. Est-ce que les TDR ont été réaménagés ? Y’a-t-il eu ou pas d’autres cabinets qui ont soumissionné ? Face à ces questions, l’administration n’est pas en mesure de répondre.
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