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Procès magistrats # Lookman Sawadogo : Le procureur a requis 1 an de prison et 300 000 f d’amende
Publié le samedi 29 juillet 2017  |  L`Observateur Paalga
Lookman
© aOuaga.com par DR
Lookman Sawadogo, président de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP)




Le directeur de publication du journal «Le Soir», Lookman Sawadogo, a plaidé non coupable devant les juges de la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, hier 27 juillet 2017. Autrement dit, il ne se reconnaît pas dans les faits de diffamation que lui reprochent les membres de la Commission mise en place par le Conseil supérieur de la magistrature et dont la mission était d’enquêter sur les cas de corruption en milieu judiciaire. En effet, Lookman Sawadogo a publié un article sur la page facebook de son journal, dans lequel il titrait : «Comité d’enquête soupçons de corruption de magistrats : un gros poisson parmi les membres enquêteurs ?». A l’issue d’une dizaine d’heures d’échanges, le dossier a été mis en délibéré pour le 10 août 2017.

Au terme de l’article 361 du Code pénal, est qualifié de diffamation toute allégation ou imputation qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération des personnes ou du corps auquel le fait est imputé. C’est ce chef d’accusation qui est contenu dans la citation à comparaître du directeur de publication du journal «Le Soir », Lookman Sawadogo. A la barre, le directeur de publication ne reconnaît pas les faits à lui reprochés. «Est-ce vous qui avez fait l’écrit ? », a demandé la présidente du Tribunal et le prévenu de répondre : «En matière de presse et dans ces situations, c’est l’auteur de l’article et le directeur de publication qui répondent, mais j’assume». «C’est qui l’auteur ?», a-t-elle ajouté. «Il s’appelle Thierry Nabyouré, c’est un de mes journalistes», a-t-il rétorqué.

C’est ensuite à Me Guy Hervé Kam, l’un des avocats des 6 magistrats, d’entrer en scène. Selon ses propos, à la lecture de l’article incriminé, l’auteur a fait cas d’une dame qui menaçait de dénoncer un membre de la commission à qui elle avait remis de l’argent afin qu’il l’aide dans une affaire. Plus loin apparaît la phrase, «tout semble mis en œuvre pour noyer le poisson dans l’eau». Il a relevé par ailleurs qu’au moment où l’article a été publié, la version papier du journal «Le Soir» ne paraissait plus. Il s’agirait, selon lui, d’une personne qui s’est cachée derrière l’adresse facebook du journal pour faire des allégations mensongères. C’est aussi la raison pour laquelle, l’accusation a fait la procédure en se basant sur le Code pénal et non en se référant sur loi 058 du CNT relative à la presse en ligne. «Facebook n’est pas un moyen de diffusion de la presse règlementé au Burkina Faso, ici, c’est une personne qui s’est cachée derrière son clavier», a-t-il dit. Son confrère, Me Séraphin Somé, a tout simplement invité le mis en cause a assumé les faits au lieu de se défausser.

«Le rôle du directeur de publication, c’est quoi ?», a demandé le procureur du Faso. Selon Lookman Sawadogo, le DP d’un journal, c’est le responsable de la ligne éditoriale, c’est la personne qui met les moyens financiers et matériels pour que l’organe de presse puisse fonctionner. «Avez-vous lu l’article avant qu’il ne paraisse ? », a-t-il renchéri. «Oui, je l’ai lu, j’ai même discuté avec le journaliste sur ses sources et chercher à savoir si l’information est crédible», a répliqué le DP. «Mais si vous dites que tout semble mis en œuvre pour noyer le poisson dans l’eau, vous faites allusion à qui? Qui devait étouffer l’affaire ?», a précisé le parquet. «Ça ne peut venir que de la justice, mais je ne l’ai pas imputé à quelqu’un, pas à la Commission», a indiqué le journaliste. «Est-ce que vous êtes sûr que quelqu’un d’autre va avoir la même compréhension que vous ?», a voulu savoir le ministère public. «Le journaliste ne fait pas d’interprétation, il donne l’information, nous utilisons le conditionnel également ». Et la présidente du Tribunal d’intervenir : «L’utilisation du conditionnel ne dédouane pas l’infraction, il faudrait encore que l’information ne soit pas vraie. Mais si c’est vrai, si vos sources sont crédibles pourquoi le conditionnel alors ?». Pour Lookman Sawadogo, il faut savoir aussi qu’il existe la responsabilité sociale du journaliste, bien qu’il avait le nom du membre concerné, il ne pouvait pas le jeter en pâture. «Pourquoi le connaissant, vous ne vous êtes pas approché de lui pour vérifier l’information ? Est-ce que vous avez vu les commentaires qui ont été faits à la suite de la publication ? Sur l’adresse facebook, vous avez 5 000 personnes environ», a demandé le procureur. «Quand nous écrivions, on a pas été affirmatif », a précisé le prévenu.

Pour un des avocats de Lookman Sawadogo, Me Kyélem de Tambela en l’occurrence, dans l’article incriminé, il a été fait cas d’un comité et non d’une commission. «Un comité est une structure qui exécute des décisions, la commission, elle, élabore», a-t-il nuancé. De plus, l’article n’a pas nommément cité une personne. Selon ses propos, que soit le comité ou la commission, cette structure n’a pas de personnalité juridique et ne peut donc pas ester en justice. A l’occasion, il a soulevé une exception d’irrecevabilité des plaignants (6 magistrats) et a demandé que ces derniers soient sanctionnés pour abus de constitution de partie civile. «Madame la présidente, il faut leur demander de payer solidairement à mon client 12 millions de francs CFA pour dommages et intérêts et 6 millions pour les frais exposés et non compris dans les dépens», a-t-il martelé. Me Kyélem a dit ensuite qu’«il n’est pas possible de noyer un poisson dans l’eau», l’expression voudrait dire autre chose que le sens d’étouffer l’affaire qu’on lui prête. « Cela veut dire que la structure est en train de rechercher la vérité sur cette affaire, à faire la lumière », a-t-il argué. Pour lui, la commission aurait dû féliciter le journaliste parce qu’il a fait un écrit pour attirer son attention et l’inviter à prendre les dispositions qui siéent.

Après lui, Me Christophe Birba, aussi avocat de Lookman Sawadogo, a fait remarquer que la procédure en cours est une erreur. Une erreur, car le texte visé pour convoquer son client à la barre ne devait pas être invoqué. «Ce qui devrait s’appliquer en la matière, c’est la loi 058 du CNT 2015 sur la presse en ligne. Mon client est bel et bien un journaliste. Le plaignant ne choisit pas la loi qu’il veut imposer au Tribunal. La loi dit qu’il est obligé de viser le texte applicable et dans ce cas précis, nous avons montré qu’il est un journaliste professionnelle, reconnu au Burkina Faso et qu’il exerçait dans le journal Le Soir. Le Code pénal ne peut pas s’appliquer quand il y a une règle spéciale qui régit la matière», a-t-il soutenu. Il a demandé au tribunal d’appliquer uniquement la loi sur la presse en ligne, dans lequel cas, la citation à comparaître serait nulle et de nul effet. Pour lui d’ailleurs, il n’y pas de mensonge dans cette affaire puisque le président de la Commission, Jean Mazobé Condé, a lui-même reconnu qu’ils ont reçu la plainte d’une personne contre un des leurs.

Au terme des débats, la partie plaignante qui s’est constituée partie civile a demandé aux juges de reconnaître Lookman Sawadogo coupable de diffamation et de lui faire payer 10 millions de francs CFA à chacun des six membres de la commission comme dommages et intérêts. A cette peine s’ajoutent la publication du délibéré pendant une semaine sur l’adresse facebook du journal et une autre publication du même délibéré dans un organe de presse de la place durant deux jours. Le parquet abondant dans le même sens a requis la peine de 12 mois de prison et une amende de 300 000 francs CFA assortie de sursis.

Pour la défense du DP, le Tribunal doit tenir compte des différentes exceptions qui ont été soulignées et selon elle, l’infraction n’est pas constituée. Elle a demandé purement et simplement la relaxe de son client. Le dossier a été mis en délibéré pour le 10 août 2017 par le Tribunal.

Aboubacar Dermé
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