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Sankaristes : Quelle chance pour « l’œuf » en 2020 ?
Publié le samedi 29 juillet 2017  |  L`Observateur Paalga
Assemblée
© aOuaga.com par A.O
Assemblée nationale : le groupe parlementaire Burkindlim fait le bilan de ses actions
Jeudi 2 février 2017. Ouagadougou. Le groupe parlementaire Burkindlim a animé une conférence de presse pour faire le bilan de ses actions à l`Assemblée nationale. Photo : Me Bénéwendé Sankara, président de l`UNIR/PS et 1er vice-président de l`Assemblée nationale




Nous avons reçu de notre confrère Boureima Diallo la réflexion ci-après sur les vicissitudes qui traversent l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste. L’UNIR/PS, rappelons-le, cogère le pouvoir d’Etat avec la majorité MPP, et son président, Me Sankara Bénéwendé, n’est outre que le premier vice-président de l’Assemblée. De ce fait ne court-elle pas à la catastrophe aux élections de 2020 ? s’interroge l’auteur. Depuis quelques mois ,la presse nationale et les réseaux sociaux bruissent de moult rififis au sein de l’une des plus grandes formations sankaristes, sinon la plus grande, l’UNIR /PS. Il s’agit des démissions de responsables de premier ordre qu’étaient Me Ambroise Farama et l’ex-ministre de l’Education nationale Samadou Coulibaly. Et à ce qui se murmure, la liste n’est pas encore close. Est-ce là une conséquence du choix opéré par ce parti de soutenir le MPP dans la gestion du pouvoir d’Etat ? Est-ce la volonté non assouvie de rajeunissement du parti qui pose problème ou les deux à la fois ?

La chose politique ne m’est pas indifférente .Elle m’intéresse même au plus haut point .Et sauf erreur ou omission, j’ai été l’un des premiers journalistes à être informé de l’imminence de la création d’un parti politique par Me Bénéwendé Sankara. C’était au début des années 2000, et lors d’une visite à son cabinet, celui qui passait déjà pour un célèbre avocat m’informa qu’il allait incessamment créer sa propre formation politique .Et je n’ai pas hésité une seconde à marquer mon étonnement, voir mon opposition, car militer dans un parti, c’est une chose, créer son propre parti en est une autre tant ce chemin est parsemé de ronces.

« Pourquoi diable souhaitez –vous vous jeter à corps perdu dans le marigot politique burkinabé si difficile, au risque de sacrifier votre cabinet sur l’autel d’une hypothétique carrière politique ? »

lui demandais-je

Mais maître Sankara n’en démordit pas ; il créera son parti, advienne que pourra, car, pour lui, c’est une question de conviction. Ayant été longtemps un militant Tartempion, notamment dans le Bloc socialiste burkinabè d’Ernest Nongoma Ouédraogo, il entendait désormais prendre les choses en main puisqu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Alors peut-on dire que les choses se sont passées pour le mieux en ce qui le concerne dès lors qu’il a franchi le Rubicond ?

Financièrement solide (1)

Si on ne peut dire avec exactitude que Maître Sankara (qui, selon la récente déclaration de ses biens, est l’un des élus les plus riches du Parlement) a fait son beurre en politique, il est incontestable que sur le plan de la visibilité, de la notoriété, la politique ne lui a pas apporté grand-chose .Bien avant de se jeter à corps, âme et biens dans la scène politique, il était déjà un avocat connu et reconnu. Et quoiqu’on dise, de tous les acteurs politiques nationaux qui n’avaient d’aucune manière participé à la gestion du pouvoir d’Etat et s’époumonaient à coups de conférences de presse, de déclarations dans les médias et de meetings à perpétuer l’œuvre de Tom Sank, Maitre Sankara a été, et est de nos jours encore de loin, celui qui pourrait sans aucun doute survivre à une sévère disette. Les moyens financiers, il en avait et encore aujourd’hui plus qu’hier. Avant même que Maître Sankara rende publique la liste de ses biens, je m’en étais du reste fait une idée.

Certes, dans un passé récent, il avait été mis au pilori pour opacité présumée dans la gestion de quelques dossiers de ses clients, en l’occurrence X9, FASO FANI, etc. Mais cet épisode a été vite classé dans le registre des dénonciations calomnieuses et classé sans suite.

Il fut un temps que l’on pourrait baptiser printemps des partis sankaristes, car il en pleuvait de partout .Et parmi les géniteurs de ces formations politiques, figurent en bonne place Nayagtigungu Congo Kaboré du Mouvement pour la Tolérance et le Progrès (MTP), parti auquel appartenait également le regretté Norbert Tiendrébéogo, et le BSB de Nongoma Ernest Ouédraogo où militait Bénéwendé Sankara comme indiqué plus haut. D’autres, par la suite, leur emboîteront le pas dans la création de leur chapelle politique. Mais qu’ils s’appellent Nayab, Nongoma, Valère Somé, Michel Norbert Tiendrébéogo du FFS, Jean Hubert Bazié de la Convergence de l’Espoir ou notre confrère Mamadou Kabré du PRIT/LANAYA, tous ont un dénominateur commun : ils sont salariés, pour ne pas dire fonctionnaires .Et si on se fie aux propos du professeur de philosophie politique et chef de parti, Etienne Traoré, « on ne fait pas la politique, et on ne va pas en campagne en comptant sur son salaire »

C’est connu .Plus que jamais, les partis de militants relèvent du passé. C’était au temps de nos parents ,les pères fondateurs de notre pays .C’était la belle époque du RDA de Gérard Kango Ouédraogo et d’ISSOUFOU Joseph Conombo ,du PRA de Nazi Boni et de Palé Welté Issa ,du MLN du professeur Joseph-Ki- Zerbo et d’Ali Lankoandé .De nos jours, l’attrait pour les postes ,pour les espèces sonnantes et trébuchantes a eu raison du militantisme .On est passé du temps du militantisme à l’ère du profiter de la politique pour se faire une belle place au soleil

C’est dire que, de nos jours où les cotisations pour faire fonctionner un parti sont aussi rares et dérisoires que les larmes d’un chien, peu de salariés honnêtes peuvent prétendre faire vivre un parti digne de ce nom, à moins que …

Un score en deçà des attentes

Et si Maitre Sankara a coiffé au poteau tous ceux qui se réclamaient ou continuent de se réclamer d’obédience sankariste, pour en être le leader presque incontesté, ce n’est pas parce qu’il est avocat de métier, crédité pour être un maître de la parole maîtrise bien les subtilités langagières et est adepte de la formule appropriée .C’est aussi et surtout parce que de toute cette génération de sankaristes, il est de loin (sauf erreur) le plus « feuillu »

Mais on a beau être à l’aise financièrement parlant, gérer un parti où bien des fois on doit faire face à des ordonnances de militants désargentés ou de celles de leurs familles, inscrire des enfants de sympathisants à l’école, faire bouillir la marmite de quelques laissés –pour -compte, n’est pas donné. Qui plus est, s’il faut aller en campagne !

Dans un passé pas très éloigné, il a été fait cas d’un militant qui aurait démissionné d’un parti au motif que le responsable de ladite formation politique n’avait pas daigné assister au baptême d’un de ses rejetons. C’est dire combien c’est pénible d’être un chef de parti politique sous nos tropiques.

Mais Maitre Sankara à beau être l’un des députés les plus prospères, des sources concordantes estiment qu’il est sorti de la dernière sur les genoux, de surcroît avec un score à la présidentielle en deçà de ses attentes. Avec ses cinq députés, il a néanmoins réussi à bien marchander avec les nouvelles autorités. Et là également il y eut des débats fort nourris au sein de la formation de l’œuf pour se déterminer par rapport aux RSS qui venaient de rafler brillamment la mise à l’issue d’une présidentielle et de législatives âprement disputées . A entendre ceux généralement bien introduits, ce fut un débat qui faillit déboucher sur un clash tant les positions semblaient inconciliables entre ténors du parti. N’est-ce pas là le fil conducteur des présentes démissions ?

Besoin de rajeunissement

En tout cas en ce qui concerne l’un des démissionnaires, en l’occurrence Maître Ambroise Farama, et si on se fie à ce qu’avance une de ses relations, il avait pris ses distances d’avec le parti depuis janvier à l’issue d’un congrès, jusqu’à ce qu’il rende publique sa démission courant juin dernier. Quant à l’ex –ministre Samadou Coulibaly, il était, déjà sous la Transition, suspecté de faire les yeux doux aux MSS, et sa démission ne serait en fait qu’une demi-surprise .Ils étaient nombreux ceux qui, en partant au congrès de Janvier dernier, avaient misé sur le rajeunissement de leur formation politique et même émis le souhait de voir la mise à la touche du fondateur ,Bénéwendé .Il aura au terme de marchandages, de conciliabules et d’une diplomatie bien dosée, réussi à canaliser les ardeurs des réfracteurs pour se maintenir à son poste de président. Mais les militants qui, depuis toujours, voient en Maitre Sankara l’incarnation du parti sont –ils prêts à cette mue, à se rajeunissement ?

N’y aurait–il ailleurs pas manque de jeunes dynamiques et consensuels pour présider aux destinées du parti sans le vendre rapidement au plus offrant ?

Certainement pas, et sur cette liste de jeunes cadres qui pourraient faire l’affaire, on peut en citer au moins deux noms, à savoir le truculent député Alexandre Sankara, qui passe comme une des figures emblématiques de cette formation politique, et son alter-ego Nestor Bassière, qui, depuis, occupe le poste de vice-président du parti.

Il est également à se demander si le parti de l’œuf a choisi la voie du suicide en nouant cette alliance avec le MPP ou celle de la rédemption.

A dire vrai, bon nombre de Burkinabé, éclairés ou pas, critiquent vertement maître Sankara, car il serait tout simplement allé à la mangeoire.

Ce serait trop simpliste que de penser que seul le ventre a déterminé le choix d’aller du côté du pouvoir .Et pour moi, le choix de soutenir le MPP peut se justifier amplement :

- d’abord parce que ces deux formations politiques, bien qu’étant idéologiquement opposées, ont travaillé ensemble sous la Transition et se sont rapprochées .Depuis c’est main dans la main que Salif Diallo et Roch Kaboré travaillent en tandem avec l’avocat à la barbichette ;
- il y a ensuite qu’il aurait pu paraître incongru qu’après avoir combattu plus d’’une vingtaine d’années Blaise Compaoré et son système, Maitre Sankara en vînt à siéger dans l’opposition avec le CDP. Si ce n’est cela, quelle acrobatie pouvait –il imaginer pour s’éloigner du CDP tout en s’inscrivant dans l’opposition ?
De deux maux, il a choisi ce qui lui paraissait être le moindre

- Il ne faut pas s’y méprendre, l’UNIR/PS n’a pas fait vœux de pauvreté et préférait, comme tout parti formé, voir quelques-uns de ses militants occuper de grands postes au sein de la haute Administration si ce n’est des postes ministériels, et cela ne pouvait être effectif que grâce à une alliance avec le MPP
Il y a enfin le fait que l’UNIR/PS, qui a rendu tant de services au pays, reste quoi qu’on dise, une formation politique bien lessivée, presque au bout du rouleau. C’est connu que se positionner dans l’opposition ressemble à s’y méprendre à un sacerdoce tant les obstacles s’y dressent tout au long de la course. D’ailleurs le grand problème de cette formation serait très certainement d’acheter une conduite avant les échéances de 2020. Il est clair comme de l’eau de roche qu’à moins de fusionner avec le MPP entre-temps, si les considérations et autres extrapolations sur cette formation politique restent en l’état et si Maitre Sankara et ses amis se hasardent à aller en singleton en campagne, le risque d’’un échec cuisant est assez élevé, car pour bien des Burkinabè, l’Unir /Ps est désormais assimilé au MPP, et cette gestion collégiale du pouvoir est au détriment du parti de l’œuf qui pourrait le payer cash .
Mais sait–on jamais puisque la politique a ses raisons que la raison ignore


Boureima Diallo
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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