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Le Pays N° 5401 du 16/7/2013

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Cheick Abdoul Aziz Ouedraogo à propros du mois de ramadan : « Il faut éviter de rompre son jeûne chez sa concubine »
Publié le mardi 16 juillet 2013   |  Le Pays


Cheick
© Autre presse par DR
Cheick Abdoul Aziz Ouedraogo


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Le mois de pénitence musulman est là. Sa pratique courante est l’abstinence de boire, de manger et d’avoir des relations intimes avec sa femme, du petit matin à la tombée de la nuit. Pour en savoir plus, nous avons échangé avec Cheick Abdoul Aziz Ouédraogo, président de l’Union fraternelle et de solidarité islamique du Burkina Faso (UFS-BF) et président de la fédération mondiale pour la réconciliation sociale de la paix. A travers ces lignes, il nous parle du jeûne et de ses mérites en passant par comment l’on doit l’observer, les « longues prières » que les gens font la nuit, la recherche de la nuit du destin et l’impôt de la rupture du jeûne. Découvrez-le.

Le pays : Qu’est-ce que le jeûne musulman ? Et où tire-t-il son origine ?

Cheick Abdoul Aziz Ouédraogo : Dieu merci, le jeûne du mois de Ramadan est un des cinq piliers de l’Islam. Dieu l’a prescrit dans son Livre Saint en ces termes : « Ô vous qui avez cru ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à vos prédécesseurs. Peut-être serez-vous pieux ! », (Verset 183 du chp2).
C’est dire que le jeûne a été une prescription divine pour les prophètes Jésus (paix et salut de Dieu sur lui), Daouda (Paix et salut de Dieu sur lui), etc. Autrement dit, les musulmans ne sont pas les premiers à observer le jeûne.

En quoi consiste le jeûne ?

Le jeûne musulman débute très tôt le matin vers 4h 30 mn pour prendre fin autour de 18h 40mn, en fonction de la tombée de la nuit. Mais avant d’observer le jeûne, il faut penser à toutes ses mauvaises actions durant l’année écoulée. Ai-je été à l’origine de la séparation des gens ? Entendez par là, un homme et sa femme, un homme et ses enfants, un homme et son employeur ? Où bien, ai-je été à l’origine du meurtre de quelqu’un ou ai-je tué une personne ? etc. Et se repentir auprès de Dieu, le très clément. Car jeûner, c’est se rapprocher de son créateur en s’abstenant non seulement de manger, de boire, de mentir, d’être méchant, mais aussi cesser de commettre des mauvaises actions. Il faudra que les pieds jeûnent en évitant de se rendre dans les mauvais endroits, que les yeux jeûnent en ne regardant pas les mauvaises choses, que la langue jeûne en n’insultant pas les gens. C’est ça le jeûne musulman.

Si le mois de Ramadan est un mois de pénitence, de paix, de bonnes actions, pourquoi sous d’autres cieux se sont les musulmans qui, non seulement, s’entretuent mais aussi tuent les non-musulmans ?

Merci pour cette question. Sachez que Dieu dit dans son Saint Coran qu’il n’ordonne personne de commettre une mauvaise action. Si quelqu’un pose une mauvaise action, cela n’engage que lui. Sinon, Dieu dit que si tu tues une personne expressément, l’Enfer sera ta punition. Je profite donc de l’occasion lancer un appel à tous les musulmans d’être indulgents envers les uns et les autres. Que les gouvernants aient pitié des gouvernés, que les riches songent aux pauvres et qu’on ai pitié des uns des autres. Cultivons entre nous la paix et la tolérance durant ce mois béni dont Dieu seul rétribue la récompense du jeûneur.

Durant ce mois sacré, qui jeûne et qui ne jeûne pas ?

En Islam le jeûne est une obligation pour tout musulman ayant atteint l’âge de la majorité. Parmi les signes de la puberté chez le garçon, il y a le fait de gagner ou de produire du sperme chez le garçon et, les premières règles chez la fille. A partir de ce moment, tout jeune homme ou femme qui dira qu’il n’a pas encore commis un grand péché pour observer le jeûne d’un mois, ou qu’il n’a pas encore « marié » le jeûne, ou qu’il ne s’est pas encore marié est dans l’erreur. Etant majeur, le jeûne lui est obligatoire.

Est-ce que les enfants doivent jeûner ?

Les enfants peuvent jeûner en guise d’apprentissage. Il n’y a pas d’inconvénient à cela. En cette période hivernale, il ne faudra pas qu’on dise que c’est le chef de famille seulement qui doit jeûner et empêcher les femmes et les enfants en leur confiant les travaux champêtres. C’est leur faire du tort. Selon un propos prophétique, il a été demandé aux musulmans d’inciter leurs enfants à la prière lorsqu’ils atteignent l’âge de 7 ans à 10 ans, les menacer s’ils ne prient pas, et les séparer au niveau du lit. C’est-à-dire, séparer les filles des garçons. Donc à partir de ce moment, ils peuvent apprendre à jeûner.

Et le cas des femmes qui sont enceintes ou qui allaitent ?

Le cas de ces femmes qui prient mais qui ne peuvent pas jeûner est qu’elles doivent prélever la mesure d’un « moud » de céréales (riz, maïs, etc. équivalent à 750g) et l’offrir pour chaque jour de jeûne non observé. Il en est de même pour les personnes qui souffrent, malades de diabète, d’ulcère, etc. et les personnes très âgées. Dans ces situations, l’obligation du jeûne est levée. Si ces derniers s’efforcent de jeûner et qu’ils viennent à mourir, ils seront responsables de leur mort.

Avec quoi rompt-on le jeûne ?

On peut rompre le jeûne avec de l’eau fraîche ou chaude selon son choix, ou des dattes. Mais nous pouvons rompre notre jeûne avec des fruits comme le karité, l’orange, le jus de tamarin, etc. En termes clairs, si je veux rompre mon jeûne avec des dattes parceque le prophète de l’Islam aimait le faire, c’est bien. Si je veux aussi le rompre avec un autre (un arbre de chez nous) fruit, c’est bien aussi. On peut rompre le jeûne avec toute sorte d’aliment ou boisson licite.

Le musulman peut-il rompre son jeûne avec de la nourriture offerte par sa copine ?

Le musulman doit toujours s’interroger sur la source de sa nourriture. Est-elle licite où illicite. Certes, c’est un bon geste de sa part, mais il ne faut pas perdre de vue cet aspect. Pour éviter tout suspicion, tout doute à ce sujet, qu’il se marie. Je profite de l’occasion interpeler les uns et les autres à la facilitation du mariage. Le mariage religieux repose essentiellement sur la dote qui tourne autour de 5 000 F CFA à 25 000 F CFA au Burkina Faso. Vous conviendrez avec moi que pour aller demander la main d’une fille (ou PPS) les gens dépensent plus que cela. Pourquoi ne pas profiter de cette occasion sceller le mariage en même temps. Nombreux sont ceux qui, après la traditionnelle PPS, vivent en concubinage, font des enfants, ce qui n’est pas parmi en Islam. Evitons cela en simplifiant le mariage. Donc, durant ce glorieux mois, il faut éviter de rompre son jeûne chez sa concubine ou chez son concubin.

Qu’en est-il du jeûne du voyageur ?

Quelqu’un qui est en voyage ne jeûne pas, pourvu que sa distance à parcourir soit égale à 45km à l’aller ou 90 km en Aller-Retour. Mais de nos jours, nous avons des moyens de déplacement rapide qui ne nous fatigue pas comme l’avion, le car. Je peux aller à Abidjan en une heure de vol ; donc ce n’est pas la peine de rompre mon jeûne. Aussi, n’oublions pas que selon un propos prophétique, il est dit que durant ce mois sacré, le croyant doit avoir honte de manger au vu et au su des gens.

Durant ce mois on constate que les musulmans font de « longues prières » après celle de 20 heures. Sont-elles obligatoires à tel enseigne que des gens pensent que si on ne les fait pas, c’est comme si l’on n’avait pas jeûné ?

Selon un récit, il est rapporté que le prophète de l’islam (SAW), durant ce mois, a fait des prières surérogatoires dans la mosquée trois fois de suite. Après cela, il ne les faisait plus après l’office de la prière obligatoire dite de 20 heures. Interrogé par ses compagnons sur cet arrêt, il a indiqué qu’il ne voudrait pas qu’après, des gens considèrent ces prières surérogatoires comme une obligation où que sans ces prières leur jeûne n’est pas valide. Autrement dit, si on les fait, il y a des bénédictions et si on ne le fait pas, on n’a pas de péché et cela n’affecte en rien notre jeûne.

Que dites-vous des gens qui se plaignent de l’appel à la prière vers 3 heures du matin et des routes barrées pour ces « longues prières » de la nuit ?

L’appel à la prière n’est qu’une invite des gens à l’adoration de leur Créateur. Si les gens comprenaient la signification de cet appel à la prière fait par le muezzin dans nos langues nationales, personne n’oserait parler mal de lui. Parlant des lieux de prière, certes qu’il est dit que le musulman peut prier partout sur la terre, mais signalons qu’il y a des lieux mieux indiqués pour cela que sont les parcelles offertes par l’Etat. Dans toutes ces situations, je pense qu’il est nécessaire de communiquer et de se comprendre lorsqu’on vit en communauté.

Dans ce mois, il est question d’une nuit glorieuse, la plus importante appelée « nuit du destin ». Qu’en est-il exactement ?

Durant ce mois, Dieu a choisi une nuit dite nuit bénie. Celui qui passe cette nuit en état d’éveille, aura la récompense de celui qui aura adoré Dieu pendant 1 000 mois, soit plus de 80 ans. Selon un propos prophétique, cette nuit est logée parmi les nuits impaires de la dernière décade du mois. Raison pour laquelle on trouve des gens qui veillent durant les dix derniers jours. Dix jours, parce que au moment où il fait jour ici, par exemple, il fait nuit sous d’autres cieux. D’autres font carrément une retraite spirituelle (Ittikhaf) dans les grandes mosquées.

A la fin de chaque mois de Ramadan, on voit des gens faire l’aumône dite l’impôt de la rupture du jeûne. En quoi consiste cet impôt ?

Cet impôt qu’on prélève à la fin de ce mois de pénitence est appelé Zakatoul Fitr. Il revient au chef de famille de la prélever en tenant compte du nombre de personnes, qui vivent sous son toit, même les étrangers. Si sa fille est mariée, sa Zakatoul fitlr n’incombe qu’à son mari. Il n’a pas aussi à se soucier de la Zakat de son fils qui s’est marié, sauf s’il est dans le besoin. En ce moment, il prélève l’impôt de la famille de son fils. Alors, comment le prélève-t-on ? C’est quatre mesures de « moud » de céréales par personne (environ 3kg) à offrir à un pauvre ou nécessiteux musulman afin qu’il puisse se préparer à fêter avec les autres. Cet impôt peut être prélevé trois jours avant la fête jusqu’au jour J, avant la célébration de la prière communautaire recommandée. Le chef de famille qui n’a pas les moyens en est épargné.

Pouvez-vous nous parler un peu des avantages ou des mérites du jeûne ?

Bien avant qu’arrive le mois de Ramadan le prophète (SAW) a recommandé aux musulmans de faire des jeûnes surérogatoires de lundi, jeudi, ou des trois jours par mois. Car le jeûne procure la santé physique et mentale. En outre, le jeûne permet aux riches de ressentir les affres de la faim, et d’être compatissants envers les nécessiteux. Un jeûne sans clémence, compatissance n’a pas de valeur. A quoi sert un jeûne quand un homme ne parle pas avec sa femme et vice-versa ; un enfant qui rompt ses liens de parenté ? Rien. Il faut qu’on se repente avant que Dieu n’exauce notre jeûne.

Qu’est-ce qui vous tient à cœur à transmettre à nos lecteurs ?

Je remercie votre journal, et je profite lancer un appel à tous vos fidèles lecteurs qu’ils soient musulmans ou pas d’éviter de poser des mauvaises actions car les mauvaises actions engendrent chaque fois des mauvaises actions. Pardonnons-nous, et cultivons autour de nous la tolérance et le pardon afin de profiter du pardon et de la grâce de Dieu le jour du jugement dernier.

Propos recueillis par Hamadi BARO
(Collaborateur)

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