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Concours de la police nationale : parcours du combattant pour les candidats à la tenue
Publié le jeudi 20 juillet 2017  |  L`Observateur Paalga
Examen
© aOuaga.com par AO
Examen et concours : La légalisation des dossiers, un parcours du combattant
Mecredi 08 avril 2013. Ouagadougou. Les élevés et étudiants se trouvent confrontés à des difficultés pour l`obtention des papiers légalisés, afin de se presenter aux différents concours et examens.




Depuis le 18 juillet 2017, Ouagadougou est le lieu de convergence de milliers de jeunes burkinabè venus des différentes provinces du pays. La capitale administrative est, en effet, le centre unique de dépôt des dossiers relatifs au concours de recrutement de la police, session 2017. Quatre sites ont été identifiés pour ce faire : le SIAO, le stade du 4-Août, le stade municipal Issoufou-Joseph-Conombo et le Palais de la Culture Jean-Pierre-Guingané. Une équipe de L’Obs. s’est rendue sur les deux derniers sites, hier 19 juillet dans l’optique de prendre le pouls de la situation dans cet univers. Entre bousculades, coups de matraque ou de fouet et des conditions de séjour pas très enviables, les prétendantes et prétendants ont tout de même l’espoir qu’ils seront retenus parmi les 2500 recrus de cette édition.



La quantité impressionnante des motos aux alentours du stade municipal Issoufou-Joseph-Conombo présageait déjà de l’engouement des candidats à la session 2017 du concours de recrutement de la police. En effet, une foule immense a investi le pourtour du stade non pas pour suivre un match de football, mais pour avoir accès aux six guichets destinés à recevoir les dossiers de candidatures. Mais dans quelles conditions ?

«Vous avez la permission de tourner pour faire votre constat, échanger avec les candidats pour savoir comment ça se passe, comme vous l’avez si bien dit, prendre des photos, mais nous ne pouvons rien vous dire sans la permission de notre hiérarchie aussi», dit le responsable du site. On se résout dès lors à mener une production essentiellement basée sur les propos de ceux et celles qui aspirent à intégrer le corps des flics.

Notre premier interlocuteur s’appelle Amidou Cissé, il est venu de Bobo-Dioulasso depuis le 17 juillet. Cet amoureux de la tenue voulait, dans un premier temps, tenter sa chance au concours de la gendarmerie, mais n’ayant pas le niveau requis (ndlr : baccalauréat), il se rabat sur celui de la police. Amidou Cissé veut se donner toutes les chances pour réaliser un rêve et se trouve déjà dans une position avancée vu qu’il est devant le guichet 3 du site.

Il ne lui reste donc qu’à déposer sa demande et d’attendre les autres étapes. En réalité, pour avoir le privilège de l’élève en classe de première A, il faut avoir une taille minimale d’un mètre soixante-dix (1 m 70) pour les hommes et un mètre soixante-huit (1 m 68) pour les femmes. «Je suis content d’être à ce niveau, mais au premier jour du dépôt, c’est-à-dire hier, il y avait une marée humaine, c’était la bousculade, le désordre si bien que je n’ai pu déposer mes dossiers, mais aujourd’hui l’espoir est permis », explique-t-il, le sourire aux lèvres, oubliant du coup qu’il y a passé la nuit à la belle étoile depuis son arrivée.

Si pour Amidou Cissé, c’est presque le bout du tunnel, Mamounata Zoromé, elle qui est en dehors des rangs, voit son rêve de porter la tenue hypothéquée. Elle est élève en classe de première G2 au Lycée technique commercial de Ouahigouya. Elle précise avoir eu la chance d’être hébergée par son oncle depuis son arrivée dans la capitale. La chance a continué de lui sourire puisqu’une autre fille et elle ont été détachées des longues files pour se présenter directement à la prise des tailles. «Là-bas, j’ai été recalé parce que j’ai 1 m 66, ce qui veut dire que je ne peux même pas déposer mes documents a fortiori être retenue», déclare-t-elle. Visiblement abattu, elle dit n’avoir d’autre choix que de retourner dans la cité de Naaba Kaongo avec le car de 18h. «Ce sont des conditions qu’ils exigent et on n’y peut rien », affirme Mamounata Zoromé pendant que son binôme (l’autre fille) venait de déposer ses papiers puis a prétexté un appel téléphonique pour fuir notre micro. Est-ce un manque d’information de sa part ?



«Ce sont ceux qui sont mentalement forts et physiquement posés qui vont passer»



Entre deux explications à l’agent en charge du portail, nous avons accès à l’autre aire contenant la plus grande partie des prétendants. Sur quatre vagues au moins, ils sont presque tous assis à même le sol, sous un soleil cuisant. «La formation commence dès maintenant, vous ne pouvez pas prétendre intégrer la police sans un minimum de discipline, serrez les rangs, on sait que ce n’est pas facile, mais ce sont ceux qui sont mentalement forts et physiquement posés qui vont passer», affirme un agent qui faisait le tour dans les allées.

Selon les propos de certains candidats, ils seraient sur cette position depuis 5 à 7h de temps et craignent de ne plus retrouver leurs places s’ils quittent les rangs. D’aucuns n’hésitent pas à montrer une petite blessure causée par des bousculades la veille et, à en croire ce qu’ils racontent, un candidat a eu son épaule déboîté. «Tout le monde ne peut pas parler à la fois, c’est vrai que vous avez beaucoup de choses à dire, mais nous allons d’abord écouter une personne », avons-nous essayé de raisonner nos vis-à-vis.

Ainsi, c’est Mikaïlou Traoré qui se jette à l’eau : « Ça fait trois jours que j’ai quitté Nouna pour Ouagadougou. On dort ici à la merci des moustiques pendant qu’il y a des gens qui viennent à 11 heures et repartent satisfaits quelques minutes après. Cela veut dire qu’ils ont des relations, des connaissances ici qui peuvent les aider. Cette situation nous choque parce qu’on doit être traité de la même manière. Si je suis là, c’est par manque de travail, mais j’espère que j’aurai la chance pour venir en aide aussi à ma famille», martèle le breveté qui a quitté les bancs il y a quelques années de cela. Il était loin d’avoir fini de déverser sa bile qu’il a été hélé par ses camarades. «Hé ! C’est bon maintenant mon frère, tu as déjà tout dit, faut avancer, nous, on veut partir», lui lance une voix à l’arrière. En réalité, les «maîtres» des lieux faisaient avancer les rangs par dizaine de candidats.

Cap à présent sur le Palais de la Culture Jean-Pierre-Guingané. En ces lieux, la forte affluence est également perceptible. Là aussi, nous avons le quitus du responsable des lieux, mais inutile d’insister pour arracher quoi que soit. Le monde est, par moments, incontrôlable, les éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) finissent par laisser courir leurs fouets sur des candidats.

«Hé, hé, ho, tu ne peux pas aller directement, viens te mettre dans les rangs comme tout le monde», crient de nombreux candidats, à la vue de personnes qui tiennent leurs sacs ou des cartables en mains. Dénis Bamouni est de ceux qui ne tolèrent pas ce favoritisme. «Il y a des gens qui sont venus de Bobo, de Koudougou, d’Orodara, et j’en oublie. Nous sommes là depuis 5h du matin, certains y ont passé la nuit, mais comment se fait-il qu’on voie des gens entrer tranquillement et ressortir une dizaine de minutes après ? Ce n’est pas normal, il y a beaucoup de désordre, or si c’est ainsi, on ne pourra pas évoluer », déplore-il.

Dans sa rage de se décrocher un job, il a déposé ses dossiers dans plusieurs concours espérant que la chance lui sourira. Dénis Bamouni aime bien le corps de la police et pense que les candidats n’ont pas à s’inquiéter des attaques terroristes dont des agents font l’objet par ces temps qui courent. Il estime au contraire que c’est bien le moment de se mobiliser pour barrer la route à ce fléau puis est prêt à aller front s’il le faut.

Samiratou Kafando est élève en classe de 1re, résidente à Ouagadougou. Elle est à quelques pas de déposer ses dossiers, car la «discrimination positive» est aussi passée par là. «Je suis dans un rang de filles uniquement, ça n’avance pas beaucoup, mais avec l’avantage accordé aux filles, il y a de l’espoir», indique-t-elle. Elle s’est munie de : Certificat de nationalité burkinabè, de casier judiciaire, d’un extrait de naissance, de sa CNIB, de certificat de visite et de contre-visite et d’un test de grossesse. Elle dit avoir 1, 69 m et est donc assuré de pouvoir au moins introduire sa demande en attendant les épreuves. Selon un candidat, l’âge requis va de 18 à 25 ans pour les filles et les garçons. Les dépôts prennent fin le 28 juillet 2017.



Aboubacar Dermé

Assiata Savadogo
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