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En Afrique de l’Ouest, la chasse aux médicaments périmés ou contrefaits s’organise
Publié le mardi 11 juillet 2017  |  AFP
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© Autre presse par DR
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Dakar - Comment lutter contre les médicaments périmés ou contrefaits qui mettent en danger la santé de millions de personnes en Afrique de l’Ouest ? Face à ce fléau que les Etats ne parviennent pas à endiguer, des start-ups tentent de proposer des remèdes pratiques.

L’idée d’une "pharmacie virtuelle" est venue à Adama Kane, fondateur de la
start-up sénégalaise JokkoSanté, quand, avec sa femme, ils se sont rendu
compte de la quantité de médicaments inutilisés stockée chez eux, comme dans
de nombreuses familles aisées, explique-t-il.

JokkoSanté, qui en est encore au stade pilote, facilite la collecte des
médicaments superflus, en échange de points bonus qui permettront à ses
usagers (quelque 1.500 pour l’instant) de se procurer ceux dont ils ont besoin.

Lors d’un sommet au Liberia en avril, les 15 pays de la Communauté
économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont annoncé le lancement
d’une enquête sur le trafic de médicaments expirés ou contrefaits et d’une
campagne de sensibilisation au phénomène.

Les plus concernés par le problème de l’accès aux médicaments sont "les
couches les plus vulnérables de la population. Ceux qui n’ont pas les moyens"
d’en acheter, et qui doivent se rabattre sur des médicaments douteux, relève
Adama Kane.

"Notre application est utilisée par les hôpitaux, les pharmacies et les
centres de santé" qui réceptionnent les produits collectés, souligne-t-il.
Par un compte sur leur téléphone portable, les utilisateurs peuvent ensuite
dépenser leurs points pour effectuer de nouveaux achats.

- Un code pour vérifier l’authenticité -

"Maintenant, ni moi ni mes proches n’avons plus de problème pour accéder
aux médicaments. Il suffit de venir, de collecter des points", affirme à l’AFP
Marie Gueye, qui troque des médicaments contre l’asthme pour des points bonus
dans un centre de santé à Passy (centre du Sénégal).

Les médicaments périmés ou contrefaits sont non seulement inefficaces, mais
peuvent favoriser la résistance aux antibiotiques, voire causer la mort, en
privant les patients de traitements efficaces, selon les experts.
Dans un numéro spécial il y a deux ans, l’American Journal of Tropical
Medicine and Hygiene rapportait ainsi que deux antipaludéens - un faux et un
autre de piètre efficacité - étaient incriminés dans la mort de plus de
122.000 enfants africains en 2013.

Pour ceux qui ont du mal à payer, dans un pays où plus de la moitié de la
population est dépourvue d’assurance maladie, JokkoSanté a mis en place un
système de parrainage par de grandes entreprises qui leur donne accès à des
médicaments gratuits.

A l’hôpital pour enfants de Diamniadio, près de Dakar, Yacina Ba a pu en
bénéficier pour soigner son bébé, après avoir épuisé son budget de 50.000
francs CFA (76 euros).

Ailleurs sur le continent, la start-up Sproxil, lancée en 2009, permet aux
consommateurs de vérifier l’authenticité du médicament, là encore grâce à la
téléphonie mobile.

Sous une zone à gratter de la boîte de médicaments, ils peuvent trouver un
code d’identification, à envoyer par SMS à l’entreprise, qui leur répond sur
l’authenticité du produit.

- Trafic depuis l’Inde, contrefaçons de Chine -

En six ans, Sproxil a enregistré plus de 50 millions d’échanges de textos
en Afrique et en Inde, indique Ireti Oluwagbemi, son porte-parole au Nigeria,
le premier pays africain où Sproxil ait été lancé.

L’entreprise compte parmi ses clients des géants pharmaceutiques, auxquels
les faux médicaments coûtent chaque année des millions. Comme pour les autres
types de contrefaçon, les fraudeurs "ciblent les marques en fonction de leurs
parts de marché", les plus connues étant par conséquent les plus touchées,
souligne M. Oluwagbemi.

La contrefaçon de médicaments concernerait 10% des produits en circulation
dans le monde, soit un chiffre d’affaires estimé à quelque 85 milliards
d’euros, selon l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm)
basé à Paris. Mais en Afrique subsaharienne, cette proportion s’élève plutôt à
30%, selon les spécialistes.

L’Inde est le premier pays d’origine des produits pharmaceutiques illicites
- vrais médicaments introduits en contrebande ou médicaments mal conditionnés
ou périmés - tandis que les contrefaçons viennent surtout de Chine, selon
l’Organisation mondiale des douanes (OMD).

Au Ghana, l’Ordre des pharmaciens a adopté comme norme pour toute la
profession un système similaire de zone à gratter, commercialisé par la
start-up mPedigree, qui publie aussi une carte pour repérer les zones à
risques en matière de faux médicaments.

Car la prévention est quasiment la seule arme face à des contrefaçons très
souvent impossibles à distinguer des médicaments authentiques, alors que la
répression reste dérisoire dans bien des pays africains, aussi bien en nombre
de poursuites judiciaires que par les peines encourues.



jom-cam/sst/mrb/ak/ple
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