Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Diaspora
Article




  Sondage


Conférence
© aOuaga.com par A.O


 Autres articles


Comment

Diaspora

Sénat : « La démocratie relève de faits indiscutables et pas d’institutions budgétivores » selon Karim Komi, Burkinabè de Toulouse
Publié le samedi 13 juillet 2013   |  Burkina 24


Président
© Autre presse par A.O
Président de l’AEFaT, Komi Abdoul Karim


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Des associations de la diaspora burkinabé en France, on pourrait citer l’AEFaT (Association des étudiants Toulousains du Faso) parmi les plus dynamiques et les plus intégrées. En ce début des vacances après de durs mois d’activités, Burkina 24 a eu le plaisir de rencontrer le Président de l’AEFaT, Komi Abdoul Karim. La vie de l’association, des étudiants meublent cette interview. La vie politique au Faso n’échappe pas également à son analyse, notamment l’article 37.

Burkina 24(B24) : Comment se portent l’AEFaT et ses membres en cette fin d’année académique ?

Komi Abdoul Karim (KAK) : L’AEFaT et ses membres se portent bien. Et vu que nous sommes des étudiants, j’espère que tout un chacun a pu tirer son épingle du jeu des examens de fin d’année académique. J’en profite pour faire un coucou à tous nos membres en vacances au pays ou ailleurs ; qu’ils en profitent et qu’ils nous reviennent en forme.

B24 : Vous avez été reconduit pour un 2e mandat à la présidence de l’AEFaT. Quel bilan faites-vous de votre première mandature et quelles sont les perspectives ?

KAK : En effet, j’ai été réélu. Mais il convient de souligner que les candidats sont une denrée rare au niveau de l’AEFaT et des autres associations par ailleurs. Les membres ne se bousculent pas pour occuper un poste ou un autre. Je me suis re-proposé plutôt par devoir. Le jour des élections, on s’est retrouvé avec un candidat par poste. C’est dommage. On a un gros problème de relève. Le nécessaire a été fait pour motiver les plus jeunes, notamment, mais en vain. Concernant, le bilan du précédent bureau que j’ai présidé, il a été salué par tous les membres.

Placé sous le signe de la « dynamique nouvelle », notre mandat a réussi à donner plus de visibilité à l’AEFaT et ce, auprès des autres associations, des collectivités territoriales et même de notre ambassade, etc. Une correspondance du Maire de Toulouse – himself – prouve que la mairie sait qu’on existe.

Entre autres, nous avons un local à la Maison des Associations, nous sommes répertoriés auprès de l’INSEE (ndlr : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) et nous avons même un cachet, un logo, une devise, des partenaires. Ce n’est point du tout anodin.

Nous avons convié Floby à Toulouse

Notre mandat aura été celui de grosses activités car nous avons convié Floby à Toulouse le 10 octobre 2012 pour un concert exceptionnel. Aussi, nous avons fait une sortie découverte sur Foix et la bonne ambiance fut au rendez-vous. Bref, le bilan est très positif. On a des acquis considérables qu’il est important de pérenniser.

L’AEFaT peut prétendre à une place autour de la table des grandes associations d’étudiants [ndlr : sourire]. En perspective, il s’agit de trouver des réponses à la question de la relève. Le mandat en cours est d’ailleurs placé sous le signe de la jeunesse, de la transmission des rênes de l’AEFaT aux plus jeunes. Cela est indispensable. J’ai pour habitude de dire que les membres vont, viennent et que l’AEFaT doit rester.

Les plus jeunes d’entre nous, à mon sens, sont les mieux placés pour redonner encore et encore un souffle nouveau à l’association. Nous avons convaincu quelques jeunes qui ont rejoint le bureau. J’espère que leur engagement ne s’essoufflera pas et qu’ils continueront à faire de leur mieux avec le prochain bureau. On a vraiment besoin des nouveaux et des plus jeunes pour redonner du « peps » à notre ambition de vivre le Faso à Toulouse et avec Toulouse.

B24 : Parlez-nous un peu plus du festival de cinéma que vous comptez organiser en Septembre.

KAK : Il ne s’agit pas pour l’instant d’un festival. En effet, cela voudrait dire qu’on est en train de mettre en place un évènement qu’on condamne à revenir plus ou moins aux mêmes dates et lieux. Je laisse le soin à l’AG ou au prochain bureau d’en faire un festival. Je suis pour l’innovation et ce, chaque année [ndlr : rires]. Bref ! Il s’agit d’une grande activité culturelle à l’initiative de l’AEFaT, qui devrait se tenir du 23 au 28 Septembre 2013 dans toute la ville de Toulouse et notamment dans les cités universitaires.

Dénommée « Le Meilleur du Film Africain », l’idée, c’est de faire la promotion de la culture burkinabè et africaine mais aussi de leur diversité et ce, à travers leur cinéma. Cette semaine sera l’occasion pour culture et cinéma de s’entrelacer à l’occasion de projection de films, d’une conférence et peut-être d’un concert.

Elle se veut une vitrine de la culture burkinabè et africaine. En effet, le cinéma burkinabè et africain est un espace vivant du fait de ses forces visuelles, sonores, culturelles.

Aussi, est-il ce Burkina Faso et cette Afrique imaginaires mais miroir d’une terre des traditions, des hauts et des bas sociétaux, des silences vécus dans mille et une sortes d’omerta et qui se racontent tant bien que mal. Nous voulons que cet évènement soit un long moment de partage culturel.

La culture, c’est ce que nous devons – jalousement – partager encore et encore. J’invite tous vos lecteurs à nous suivre à travers notre page Facebook, notamment. Nous veillerons à y mettre les informations nécessaires quand tout sera bien ficelé. Pour l’heure, le projet est vraiment est bonne voie.

B24 : Et qu’attend l’AEFaT de cet évènement culturel ?

KAK : Nous espérons un bel instant de rencontre entre le Burkina Faso, l’Afrique et le monde.

B24 : Il parait qu’une fédération d’étudiants africains est née à Toulouse ! Qu’en est-il réellement ?

KAK : Il ne parait pas [ndlr : rires] car c’est un fait. Il s’agit de la Fédération des Etudiants Africains de Toulouse ou FEAT qui a été créée en Mars dernier. Pour l’instant, elle compte le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée, le Mali et la Mauritanie. La FEAT se veut une force de proposition dans le paysage estudiantin toulousain et trouve sa raison d’être dans son ambition de contribuer à l’amélioration du parcours académique des étudiants africains et francophones, notamment.

Il s’agit d’accueillir, d’orienter, d’informer et d’accompagner les nouveaux étudiants mais aussi d’édifier un espace de coordination pour ses membres, de partager notre diversité culturelle dans le cadre de l’université toulousaine, de construire une voix consensuelle face aux différents interlocuteurs.

La FEAT, c’est naturellement et aussi la défense des droits et intérêts de ses membres, etc. Elle est en pleine édification et j’ai l’honneur d’ailleurs de la présider. Ce premier mandat est placé sous le signe de l’institutionnalisation. Il s’agit d’en faire une institution pertinente de la vie de l’université toulousaine.

B24 : Il n’y a que sept pays francophones dans la FEAT. Où sont les autres ? Que deviennent les associations vu l’objet de la FEAT ?

KAK : Tout est fait pour que les autres associations nous rejoignent. Il reste que certains pays ne disposent pas d’associations d’étudiants et nous encourageons leurs ressortissants à en mettre en place. Pour la petite histoire, l’Union Européenne a commencé avec le Conseil de l’Europe à six pays en 1949. Avec la Croatie en 2013, elle compte 28 pays.

Quant à votre inquiétude autour de la survie des associations membres, je précise que la FEAT n’a pas vocation à les étrangler ni à les remplacer. Le Burkina Faso n’a pas disparu dans le cadre de l’Union Africaine ; la France, non plus, dans le cadre de l’Europe Unie dans la diversité.

La FEAT est un méta-espace où les associations doivent s’unir autour des problématiques socio-économiques et administratives, notamment, qu’elles partagent. A moyen terme, il faudra une belle table ronde afin qu’il n’y ait pas d’enchevêtrement des compétences. L’idée, c’est qu’on est plus fort ensemble.

B24 : Pensez-vous que la FEAT sera une réussite ?

KAK : J’ai oublié ma boule de cristal ; donc je ne saurais vous le dire [ndlr : rires]. Tout sera mis en œuvre pour que la FEAT soit une réussite. Déjà, sa gestion est très collégiale et conviviale.

C’est une ambition commune et il n’y a pas de raison pour que ça se passe mal. Des aînés l’ont rêvée ; nous voulons en faire une réalité. La FEAT doit marcher ! Des efforts sont faits dans ce sens et dès septembre des activités traduiront notre ambition collective. N’hésitez pas à nous suivre sur Facebook, notamment.

B24 : Question d’actualité ! Nous savons les membres de l’AEFaT très attentifs quant à ce qui ce passe au Faso. Quelle est leur appréciation au sujet de la création du sénat au Burkina ?

KAK : Au niveau de l’AEFaT, nous ne parlons pas de ce genre de sujet. Il n’y pas mieux que la politique ou la religion pour désunir les hommes. Ça fait partie des sujets tabous quand on veut rassembler. Donc l’AEFaT n’en pense rien du tout.

B24 : Et vous ?

KAK : En tant que président, je n’en pense rien du tout. Je représente quand même l’AEFaT. Je ne vais pas raconter ma petite vie à leur nom [ndlr : rires].B24 : Et qu’en pense Komi en tant que Burkinabè ?

KAK : En effet, c’est une question burkinabè. Je suis un Burkinabè libre ; mes mots n’engagent que moi et je ne vais pas vous faire un dessin. Moi, en tant que Burkinabè et rien d’autre, je pense que même ceux qui soutiennent la création d’un sénat savent, dans leur conviction la plus intime, que cette institution n’a aucune raison d’être au Burkina Faso.

Ce n’est ni l’endroit ni le lieu. Ça se saurait si on avait besoin d’un sénat à 6 milliards de F CFA par an. C’est une dépense scandaleuse ! Il y a un gros problème d’allocation des ressources publiques. Que l’on ne me dise pas que le sénat va renforcer la démocratie, que la démocratie n’a pas de prix mais qu’elle a un coût. Ce coût-ci n’est pas indispensable.

Un sénat au Faso me révolte et me laisse dans l’incompréhension moment même où je me pose déjà des questions sur la raison d’être de l’Assemblée nationale, entre autres institutions budgétivores. Je reste dans l’incompréhension face à de telles dépenses pour 89 sénateurs.

Un sénat aussi coûteux est un faux problème dans un pays pauvre comme le nôtre

Un sénat aussi coûteux est un faux problème dans un pays pauvre comme le nôtre qui a d’autres priorités comme l’éducation nationale, l’université, la santé, la jeunesse, l’emploi, les attentes du peuple, etc. La démocratie relève de faits indiscutables et pas d’institutions budgétivores.

Elle trouve, entre autres, sa réalité dans la liberté d’expression et, notamment, les élections libres et transparentes. Est-ce que chaque électeur ou bureau de vote aura un sénateur qui s’assurera qu’il n’y a pas de fraudes ? Une institution pareille s’impose quand elle est source de valeur ajoutée pour le peuple.

Elle doit être un symbole du fait que les hommes ont érigé la dite démocratie dont elle doit être la garante. Les choses sont donc faites à l’envers. Notre futur sénat est ce dont nous n’avons point besoin en ce moment. Pour preuve, il est déjà source de manifestations diverses.

B24 : Et que pense Monsieur Komi des marches du 29 juin par les partis d’opposition et du 6 Juillet par les partis de la majorité ? A laquelle aurait-il participé et que pense-t-il de l’article 37 ?

KAK : Je pense que chaque jour des millions de Burkinabè marchent dans nos villes et campagnes pour leur pain quotidien et que la question ne se pose pas. Des Burkinabè ont choisi de se regrouper pour marcher et ce, conformément à la loi, il n’y a pas de problème [ndlr: rires]. Soit c’est légal ; soit ce n’est pas légal. Mais plus sérieusement, je pense qu’il ne faudrait pas que ces marches politiques deviennent des plaisirs immodérés.

En effet, si je ne me trompe pas, Ansomwin Ignace Hien a écrit que « les plaisirs immodérés de la vie font entrer en enfer par la porte du paradis ». Vu ces deux camps qui s’affrontent à coup de marches, de slogans et à une semaine d’intervalle, je trouve que la politique et le politique ont réussi à diviser les Burkinabè. Cela est inédit. Il est important de dire aux hommes politiques que l’histoire les regarde.

Les politiciens jouent avec le feu !

Soit ils sont capables de trouver un consensus pour la paix au Faso ; soit ils en sont incapables et l’histoire les condamnera avant de les juger. Il me semble qu’ils jouent avec le feu. Je ne sais qui de l’opposition ou de la majorité tient la paille ou la flamme. Peut-être qu’elles tiennent, chacune, les deux ; mais je sais que Mindszenty a dit que « le manteau de l’ange de la paix est très beau, mais la question est de savoir qui l’endossera ». J’attends de voir qui sera l’ange.

En tant que Burkinabè assoiffé et affamé de paix dans mon pays et comme tout le monde, je jugerai en mettant chaque partie face à ses responsabilités. Et n’oublions pas que la paix n’a pas besoin d’être juste ou injuste, grande ou petite, blanche ou noire, d’ici ou d’ailleurs. Elle a juste besoin d’être la paix.

Je ne serais allé à aucune marche car elles sont toutes les deux plus politiques qu’autre chose. Je ne suis d’aucun parti politique car aucun ne prépose le rêve burkinabè. Par contre, je pense que tout un chacun doit respecter les règles du jeu démocratique. Soit l’Assemblée nationale est légitime soit elle ne l’est pas.

Au sujet de l’article 37, je pense que chaque homme, tôt ou tard, a rendez-vous avec l’histoire

Elle a voté une loi et je pense que les manifestations devaient se faire avant le vote pour dissuader certains. Pour ne pas plagier Thomas Sankara, je dirais que les députés de l’opposition ont voté, ils ont perdu, c’est la règle du jeu et la vie continue. Quand on a laissé le fantôme entrer et qu’on a fermé alors on assume. Il ne leur reste qu’à boycotter le sénat pour signifier leur ferme opposition.

Au sujet de l’article 37, je pense que chaque homme, tôt ou tard, a rendez-vous avec l’histoire, avec son destin. C’est un rendez-vous qu’il vaut mieux ne pas manquer.

C’est à chaque homme et à personne d’autre de décider de ce qu’il en sera. L’avenir est cette page blanche qui deviendra cette histoire qui ne ment pas mais qui raconte des faits. On ne discute pas les faits. J’attends donc que l’histoire me raconte l’histoire de l’article 37. Tel est mon humble avis dans l’attente que le plus concerné, d’entre nous, brise le silence.

B24 : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

KAK : C’est toujours un plaisir de rencontrer Burkina 24 et ses lecteurs. Merci de continuer à nous donner l’information juste et vraie. C’est important pour nous qui sommes loin de la terre de nos pères. Je donne rendez-vous à vos lecteurs sur les pages Facebook notamment de l’AEFaT et de la FEAT. Merci encore et vive la paix au Burkina Faso et partout dans le monde.

Propos recueillis par HDLC
... suite de l'article sur Autre presse




Articles associés

AIB
Le CDP réaffirme sa détermination pour la “défense du Sénat“
 

 Commentaires