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Nouvelle opération anti-terroriste au Mali: Aux grands maux, les grands remèdes
Publié le lundi 5 juin 2017  |  Le Pays




Le camp de la MINUSMA à Tombouctou qui abrite la base de l'ONU, de l'armée malienne et une partie des militaires français de la force Barkhane, a été visé le 1er juin dernier par des tirs de mortier qui ont fait plusieurs blessés, dont un Français grièvement atteint. Cette énième attaque de cette base militaire est survenue le jour même où devait prendre fin l’opération Dague, du nom de cette vaste offensive des soldats français dans la forêt de Serma, au Sud-Ouest de Gao dont le but était de détruire cette niche de terroristes. Comme une réponse du berger à la bergère, les groupes islamistes ont donné des signes sanglants de vie en s’attaquant presque simultanément aux trois pays de la ligne de front, à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso où des civils ont été tués de sang froid en fin de semaine dernière par des individus présentés comme des hommes liges de Malam Ibrahim Dicko. Ces actions isolées de représailles organisées par les terroristes ne doivent pas faire ombrage à la spectaculaire démonstration de force des troupes françaises dans le cercle de Douentza, à proximité de la frontière burkinabè, qui a certainement porté un coup dur aux partisans de Iyad Ag Ghali et de Mocktar Belmoktar, d’autant qu’ils ont été délogés de leur terrier de Serma, après avoir été chassés de la forêt de Fero dans les mêmes conditions, en avril dernier. La vingtaine d’islamistes qui ont été tués au cours de l’opération ainsi que les armements individuels et collectifs, les munitions et le matériel de communication qui ont été saisis après le ratissage de la zone, pourraient paraître dérisoires comme résultat, au regard des moyens militaires déployés par les troupes françaises à cette occasion. Car, sauf erreur ou omission, c’est la première fois depuis 2013 que des mirages 2000 ont été utilisés pour frapper des objectifs terroristes, histoire de rappeler à ces derniers que la visite du tout nouveau président français, Emmanuel Macron, à Gao, assortie de déclarations fortes, n’a pas été organisée pour divertir les Maliens ou amuser la galerie.

On peut dire que le compte à rebours a véritablement commencé pour les terroristes


Aux grands maux, dit-on, les grands remèdes. Et cette fois-ci, la France n’a pas lésiné sur les moyens dans cette lutte contre le terrorisme dans le Sahel qu’on croyait vaine, en mettant à contribution tout ce que son armée a de plus sophistiqué et de plus meurtrier : déluge de feu avec les hélicoptères Tigre, Caïman et Puma, surveillance aérienne et coordination des actions en temps réel avec les drones Reaper et de l’Atlantique 2, ratissage systématique de la forêt de Serma et des villages environnants par des commandos héliportés et des éléments de l’infanterie. Si cette débauche de moyens sans précédent a quelque chose à voir avec la promesse de Macron de tout mettre en œuvre pour empêcher l’enlisement de la crise, il se pourrait qu’on assiste là à un tournant dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Certes, les moyens militaires à eux seuls n’ont jamais permis d’anéantir complètement des groupes armés comme ceux qui pullulent dans notre sous-région. On en a eu la preuve en Afghanistan et en Irak où malgré leurs missiles Toma Hawks et leurs bombes à guidage laser, les Etats-Unis n’ont pas pu pacifier ces deux pays. Loin s’en faut, tout comme les Soviétiques et leurs avions supersoniques n’avaient pas pu dompter, à la fin des années 80, les Moudjahidines afghans aux moyens militaires rudimentaires. Heureusement que face à nos Moudjahidines à nous, il y a non seulement une coalition armée, mais il y a aussi, et c’est le plus important, l’immense majorité des populations qui refusent de « pactiser avec le diable » et de se rendre complices de cette infime minorité d’illuminés qui prennent toujours des vessies pour des lanternes. En tout cas, si la France que certains avaient commencé à soupçonner de jouer un double jeu, pour ne pas dire un jeu trouble dans la traque des terroristes à laquelle elle participe officiellement, si la France disions-nous, a décidé de ne pas faire désormais dans la dentelle dans la destruction des repaires de l’ennemi, et si les populations locales contribuent à la lutte à travers le renseignement et la dénonciation comme cela semble être le cas, alors, on peut dire que le compte à rebours a véritablement commencé pour les terroristes, et que leurs actes de défiance pleins d’audace comme le pilonnage de la base de Tombouctou ne sont que les derniers soubresauts d’une nébuleuse qui aura semé la peur et la mort dans nos villes et nos campagnes.


Hamadou GADIAGA
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