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Burkina: coup de théâtre au procès du dernier gouvernement Compaoré
Publié le lundi 8 mai 2017  |  AFP
Procès
© Le Reporter par Aimé Nabaloum
Procès de la répression de l`insurrection populaire : l`audience renvoyée au 4 mai
Jeudi 27 avril 2017. Ouagadougou. La Haute cour de justice a renvoyé au 4 mai le procès des membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré poursuivis pour la répression de l`insurrection populaire de fin octobre 2014




Ouagadougou - Le procès devant la Haute cour de Justice des 34 ministres du dernier gouvernement du président burkinabè pour leur implication présumée dans la répression de l'insurrection populaire d'octobre 2014 a donné lieu à un coup de théâtre lundi avec le départ des avocats de la défense.

Très attendu par les familles des victimes, ce procès exceptionnel devant cette juridiction qui siège pour la première fois de son histoire, devait initialement commencé le 27 avril. Renvoyé à deux reprises déjà, il a de nouveau été reporté au 15 mai sans qu'on sache si les avocats seront de retour.

La quinzaine d'avocats qui assure la défense des ministres ont motivé leur départ par l'"inconstitutionnalité" de la Haute cour, ses verdicts ne pouvant faire l'objet d'aucun appel ou recours.

Or, il est "dit clairement qu'il est interdit aux accusés ou aux prévenus à avoir ce droit élémentaire", a souligné Me Armand Bouyain, un des avocats de la défense. "Dans ce pays,le peuple s'est insurgé pour protéger la Constitution. Cette constitution même qui dit que tout justiciable a droit à un procès équitable et ce procès équitable comprend entre autres le droit de faire appel d'une décision".

"Nous ne pouvons pas nous reconnaitre dans cette justice qui méprise la Constitution, les textes internationaux et les droits de la défense", a de son côté affirmé Me Antoinette Ouedraogo au nom de tous ses collègues à la sortie du tribunal.

"Nous étions venus animés de bonne volonté, déterminés à ce que le peuple sache ce qui s'est passé en 2014. Nous avons demandé une chose qui sont des devoirs, une obligation pour la Haute Cour. Ils l'ont refusée (...) C'est pourquoi nous avons décidé de partir. Ils feront leur justice mais ils la feront seuls", a poursuivi Me Ouedraogo.

- "on ne comprend plus rien" -

Créée en 1995 sous le régime de Blaise Compaoré, la Haute cour de justice, restée inactive jusque-là, est la seule juridiction habilitée à juger le chef de l'Etat et des ministres pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions.

Cette juridiction qui se réunit pour la première fois de son histoire a été réactivée en avril 2015, avec le renouvellement de ses neuf membres, nommés pour trois d'entre eux par le président de la Cour de cassation et six députés par le Parlement.

Plusieurs spectateurs ont applaudi les avocats alors qu'ils quittaient la salle, poussant le président de ce tribunal à suspendre l'audience.

"On ne comprend plus rien. D'abord c'était les reports et maintenant ce sont les avocats qui refusent d'assurer la défense. On espère que le procès reprendra. On va attendre de voir la suite", a déclaré à l'AFP Salif Ouédraogo, qui a perdu un frère lors de l'insurrection.

"C'est un procès qui est très attendu à commencer par nous les accusés parce que nous voulons la manifestation de la vérité pour pouvoir avoir le coeur net. Dans les circonstances où nous sommes, il est difficile pour nous de parler sans assistance de nos avocats", avait notamment déclaré l'ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao à la barre.

Les 34 ministres du dernier gouvernement Compaoré, dont une vingtaine étaient présents, sont poursuivis pour "complicité d'homicide volontaire et blessures volontaires" pour avoir participé "au Conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014 au cours duquel ils ont décidé de (faire appel à) l'armée pour réprimer les manifestants" contre la modification de la
Constitution qui devait permettre à Compaoré de briguer un nouveau mandat.

Le "beau Blaise", resté 27 ans au pouvoir, est cité à comparaitre non en tant que président mais en tant que ministre la Défense, portefeuille sur lequel il gardait la haute main. Il ne sera pas dans le box des accusés puisqu'il vit en exil à Abidjan depuis sa fuite.
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