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Diane Kaboré, DG de l’hôpital de district de Bogodogo : « Pour le moment, nous continuons à appliquer les anciens tarifs »
Publié le lundi 3 avril 2017  |  Sidwaya




L’hôpital de district de Bogodogo est un Etablissement publique de santé (EPS) qui englobe désormais le Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) du secteur n°30. Dans cette interview, sa directrice générale, Diane Kaboré, fait l’historique de la naissance de la structure, évoque son niveau de fonctionnement et les tarifs appliqués.

Sidwaya (S.) : Vous êtes à la tête d’un centre de santé de référence qui est l’hôpital de district de Bogodogo. Présentez-nous brièvement la structure.

Diane Kaboré (D.K.) : L’hôpital de district de Bogodogo, en tant qu’Etablissement public de santé (EPS) est le dernier né au Burkina Faso. Il a été créé par décret, le 14 novembre 2016. Ici, il s’agit d’un hôpital qui se crée par phagocytage-absorption d’un Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) et c’est celui du secteur n°30 qui est absorbé. A la suite de l’acte créatif de l’hôpital, des statuts particuliers ont été définis pour accompagner sa mise en route. Cela a été décliné par décret, en novembre 2016 également. Avec la création de cet hôpital, le CMA du secteur n°30 disparait. De ce fait, il a fallu amorcer un processus pour matérialiser le passage de CMA à hôpital de district qui est à vocation universitaire, parce qu’il est appelé à contribuer activement à la formation des étudiants en pharmacie, en médecine et ceux qui veulent se spécialiser après leur formation universitaire. La structure a pour mission de faire le diagnostic, le traitement et la surveillance des malades, des blessés et des femmes enceintes. Elle doit aussi assurer la supervision des formations sanitaires de base relevant du district de Bogodogo et participer aux activités de santé publique du district. L’hôpital a aussi, comme mission, d’organiser les enseignements publics médical, odontologique, pharmaceutique, l’enseignement postuniversitaire, paramédical et la recherche médicale. Nous fonctionnons sur deux sites, à savoir celui de l’ancien CMA, appelé site B, et le nouveau site dénommé site A. La capacité du site A est de 300 lits. Tous les deux réunis, nous sommes globalement à 400 lits. La répartition géographique préconisée est que la majorité des services se positionnent sur le nouveau site. Toutes les consultations externes vont s’effectuer sur un seul site qui est celui de l’ex-CMA. A la fin du déménagement vous y trouverez aussi une unité de la gynécologie obstétrique-médecine de reproduction qui va être l’unité des urgences gynécologiques et obstétricales. Quatre autres unités de la gynécologie obstétrique seront sur le site A. Pour ce qui est de la pédiatrie, deux unités seront sur le site B. Il s’agit du Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle, communément appelé CREN et l’unité d’oncologie pédiatrique qui va s’occuper des enfants souffrant du cancer. La radiologie qui est appelée à grandir et à devenir l’imagerie médicale et radiologie interventionnelle va déménager dans un bâtiment en construction sur le nouveau site. En récapitulatif, sur les 24 services que nous aurons à terme, 21 seront entièrement sur le nouveau site.

S. : Comment s’est faite la mutation de CMA à hôpital de district ?

D.K. : La mutation s’est effectuée en trois grandes étapes. Notre première tâche a consisté à travailler, de concert avec l’équipe-cadre du district sanitaire de Bogodogo, à transférer les ressources humaines qui animaient l’ancien CMA à la nouvelle entité. Cette étape a eu l’implication directe de notre hiérarchie qui a veillé à ce que le personnel public qui constituait le gros lot puisse être transféré convenablement, suivant les règles en la matière. Le personnel contractuel pur de l’ex-CMA a fait l’objet de traitement, sous l’œil bienveillant de l’inspection du travail. Parmi eux, une seule personne a demandé à rompre son contrat. Les concernant, ce qui était comme droit resté en suspens a été traité et évacué avant leur reversement. En somme, tous ceux qui remplissent les conditions requises pour travailler dans un Centre hospitalier universitaire (CHU) et qui le désirent ont été transférés de l’ancien CMA à l’hôpital de district, y compris les contractuels. Nous avons donné la possibilité à ceux qui voulaient aller ailleurs d’exprimer leurs besoins. Il faut préciser que l’hôpital de district est le 3e et dernier niveau de soin qui requiert un certain nombre de profils et de qualifications. On s’est donc retrouvé dans une situation où des agents ne répondaient plus au profil requis pour le statut d’hôpital de district qui est celui d’un Centre hospitalier universitaire (CHU). Par ailleurs, les services qui existaient ont grandi et il va de soi que les ressources humaines aussi s’accroissent. Dans ce sens, nous avons déjà enregistré de nombreuses arrivées. Il y a des spécialistes qui n’existaient pas dans l’ancien CMA qui sont arrivés. A terme, pour 2017, nous prévoyons 500 agents. Nous sommes actuellement à 405 agents. La deuxième étape de la mutation a été le transfert des ressources infrastructurelles, des équipements et de la logistique roulante de l’ex-CMA à l’hôpital de district. Là, un inventaire soutenu par un procès-verbal a été effectué. La troisième phase est le transfert des ressources financières. Cela ne s’est pas fait sans difficulté parce qu’il fallait mettre en place la chaine financière pour être à même de répondre aux différentes demandes et exigences en termes de charges pour le fonctionnement de l’établissement. Nous avons quand même eu la chance que le district sanitaire fonctionne en régime simplifié, la phase de contrôle se faisant a posteriori, contrairement à l’Etablissement public de santé où le contrôle se fait a priori. Au départ, nous n’avions pas tous les acteurs car l’agent comptable, le directeur du contrôle et des engagements financiers n’étaient pas nommés. Cela ne nous permettait pas d’exécuter normalement la dépense à l’interne. Le budget n’avait pas non plus été examiné par le conseil d’administration. Ces difficultés de démarrage nous ont amenés à plaider auprès du MCD de Bogodogo afin qu’il nous accompagne de façon dérogatoire dans les charges récurrentes de fonctionnement des services qui nous ont été transférés, en attendant que le dispositif soit prêt. Le transfert effectif des ressources financières a été fait courant le mois de mars 2017. Quand on vous transfère, les bâtiments, les hommes, les ressources financières, tout vous a été transféré. A partir de cet instant, le basculement est réel.

S. : Il y a quelques bâtiments toujours en construction sur le site. Visiblement tout n’est pas encore prêt. Quels sont les services fonctionnels de nos jours ?


D.K. : Le fonctionnement des services de l’ancien CMA n’a pas connu d’interruption pendant la transition. Il s’agit des urgences médicales, la pédiatrie, la maternité, la chirurgie générale, la cardiologie (qui a vu l’arrivée d’un professeur), les consultations externes, l’odontostomatologie, l’ORL, l’ophtalmologie, le laboratoire, la radiologie et la pharmacie. En termes de nouveaux services ouverts sur le nouveau site, il y a la rhumatologie (le premier malade est admis le jeudi 30 mars 2017), la neurologie, la médecine interne endocrinologie et maladies métaboliques, l’oncologie et hématologie clinique. Sur les 24 services médicaux et techniques, ceux qui ne sont pas encore fonctionnels sont en chantier. Nous avons fait en sorte que la plénitude de toutes les activités qui étaient développées dans l’ex-CMA soient capitalisées et grandissent. Toutes les équipes sont en train d’être étoffées en ressources humaines et en équipements.


S : De quel type d’équipement dispose l’hôpital de district de Bogodogo ?


D.K. : L’hôpital bénéficie d’un équipement de haut niveau. Le plateau technique est relevé. Pour pouvoir manipuler certains appareils on est obligé de faire appel à des spécialistes d’autres pays pour former le personnel. L’ophtalmologie est appelée à être un centre de référence sous-régional. Tout est déjà disponible. On n’a même pas eu besoin de transporter des équipements de l’ancien site au nouveau. D’ailleurs, nous avons eu du mal à entreposer le matériel, tellement il y en avait. Toute la plage de l’offre de soins au niveau tertiaire est comblée.


S. : Les tarifs appliqués dans le nouvel hôpital ont fait l’objet d’écrit dans un journal la semaine dernière, qu’en est-il réellement ?

D.K. : Les tarifs ont fait l’objet de beaucoup de réflexions pour les adapter au niveau de l’hôpital, car on passe d’une structure de santé de premier niveau à une autre de troisième niveau. Beaucoup de partenaires sociaux comme la section Bogodogo du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) ont participé à l’élaboration des documents. Comme ce ne sont pas les mêmes actes qui seront toujours posés, les tarifs doivent connaître également une modification pour être conformes aux nouvelles offres. Tous les documents examinés ont été déposés auprès de la tutelle technique qui est le ministère de la Santé et de la tutelle financière, le ministère en charge des finances. Nous attendons le retour pour pouvoir être conforté ou pour intégrer les observations éventuelles. Il y a eu un malentendu sur le coût des actes car les documents y relatifs ne sont pas encore entérinés. Il faut le retour des deux ministères d’abord pour la prise en compte de certains aspects. Malheureusement, nous avons constaté un démarrage très anticipé des nouveaux coûts, mais des réglages ont été apportés. Des instructions ont été données pour qu’on suspende l’application de ces tarifs en attendant la finalisation des documents. En temps opportun nous reviendrons pour communiquer largement sur les nouveaux tarifs. D’ores et déjà, ce qui se présage est qu’il y aura une augmentation des tarifs parce que le plateau technique et les profils des praticiens sont plus relevés et les prestations sont aussi d’un niveau élevé. Pour le moment, nous allons continuer à appliquer les anciens tarifs.


S. : Y a-t-il des avantages pour certaines catégories de personne?


D.K. : Conformément aux textes en vigueur au Burina Faso, il y a des catégories de citoyens qui doivent bénéficier d’exonération partielle des actes, et nous allons respecter cela. Ainsi, les agents des Etablissements publiques de l’Etat (EPE) ; tous les fonctionnaires burkinabè, leur conjoint, leurs ascendants et leurs descendants directs à charge ; les militaires, les paramilitaires et leurs conjoints, ascendants et descendants directs à charge ; les acteurs du secteur informel ; les élèves et étudiants seront tous exonérés à hauteur de 50%. Ils doivent seulement donner la preuve de leur catégorie. Les retraités sont exonérés à hauteur de 90%. En plus de cela, il y a la grande cible de la gratuité des soins qui regroupe les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.


S. : A quand l’ouverture officielle de l’hôpital ?


D.K. : Pour le moment, nous ne saurions dire la date de l’ouverture officielle de l’hôpital du district de Bogodogo, mais nous pensons que c’est pour très bientôt.


S. : Quel message avez-vous à l’endroit de la population ?


D.K. : Nous rassurons la population que l’équipe de direction de l’hôpital fait le meilleur d’elle-même pour que les services qui fonctionnaient à l’ancien CMA continuent de travailler sans interruption. Nous leur disons que l’hôpital est ouvert pour un certain nombre de services et les autres services sont programmés pour le déménagement afin d’avoir plus d’espace pour travailler avec de nouveaux équipements, de nouveaux matériels et de nouveaux intrants.
Nous attendons la population du district de Bogodogo, de la ville de Ouagadougou et des autres localités du Burkina Faso qui désirent nos services.


Interview réalisée par Daniel ZONGO
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