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Procès de l’affaire Yimdi : «Le cerveau» dévoile sa stratégie aux juges
Publié le lundi 3 avril 2017  |  Sidwaya
Attaque
© Autre presse par DR
Attaque du dépôt d’armes de Yimdi: 11 personnes arrêtées, d’autres en cavale




Dans la suite du procès de la soute d’armement de Yimdi, le sergent-chef Ali Sanou, présenté comme le cerveau du groupe, est passé devant le tribunal militaire de Ouagadougou, le samedi 1er avril 2017, pour livrer sa version
des faits.

Débuté le mardi 28 mars 2017, le procès de l’attaque de la poudrière de Yimdi a pris un tournant décisif, samedi 1er avril 2017, avec l’audition du sergent-chef Ali Sanou, «tête pensante» du commando qui a mené l’action, dans la nuit du 21 janvier 2016. Né le 18 juillet 1976 et enrôlé dans l’armée en 1997, le sergent-chef Sanou cumule tous les chefs d’accusations, à savoir la désertion à l’étranger en temps de paix, le complot militaire, la détention illégale d’armes à feu et de munitions, l’association de malfaiteurs, l’atteinte à la sûreté de l’Etat, etc. «Reconnaissez-vous les faits de complot militaire qui vous sont reprochés ?». A cette question du juge, Seydou Ouédraogo, l’accusé dit s’assumer et a répondu sans ambages : « affirmatif monsieur le président ». Avant d’expliquer que l’idée de l’attaque lui est venue en tête après avoir obtenu des informations faisant état de ce que l’ancien Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, fomentait un projet pour attenter à la vie des généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, détenus à la MACA. «Il me fallait tout faire pour empêcher ce dessein suicidaire de s’accomplir», a déclaré le sergent-chef Sanou. Et pour cela, il lui fallait une dizaine de soldats pour un assaut à Yimdi afin d’y soustraire des armes. Si Ali Sanou a reconnu avoir mûri longtemps son projet, il a réfuté les informations selon lesquelles il aurait tenu des rencontres préparatoires avec ses camarades pendant leur exil en Côte d’Ivoire. «Je n’ai tenu aucune réunion en Côte d’Ivoire. Jusqu’à notre retour au pays, j’étais seul à porter le projet et à réfléchir à la stratégie», a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : « Dans le domaine militaire, quand un chef à une mission à accomplir avec ses subalternes, il ne leur dévoile la mission qu’une fois sur les lieux de l’opération». Mais comment avez-vous procédé pour amener les autres camarades ex-RSP à revenir de la Côte d’Ivoire avec vous et à la même date ? a interrogé le parquet. Là encore le commando n’a pas fait dans la langue de bois. «Un sergent-chef doit disposer de moyens pour convaincre sa troupe. J’ai donc utilisé la psychologie du renseignement pour détecter le point faible de chacun d’eux ensuite, je m’en suis servis pour les convaincre», a-t-il confié. A titre d’exemple, certains avaient laissé, soit une femme et des enfants, soit une femme enceinte ou encore des familles dans des difficultés diverses. C’est ainsi que nous avons quitté la Côte d’Ivoire le 18 janvier 2016 pour le Burkina. Le jour de l’attaque, je les ai contactés d’abord dans la matinée, les invitant un à un autour d’une bière et promettant à chacun de le rappeler la nuit sans en préciser la raison. C’est ainsi que je leur ai demandé la nuit de me rejoindre à Boulmiougou. Nous avons ensuite progressé, transportant certains dans mon véhicule, jusqu’au pont où j’ai constitué deux équipes avec une mission claire : «neutraliser les sentinelles sans coup de feu et sans attenter à leur vie». Sur les lieux, nous les avons ligotés et investi le magasin. Sentant une présence étrangère, un coup de feu est parti d’un garde. «Les autres, y compris ceux qui se reposaient dans les bâtiments ont tous fui, abandonnant Yimdi», a relaté le sergent-chef Ali, précisant que n’ayant pas trouvé les armes qu’ils recherchaient, à savoir les roquettes et les RPG7, ils ont replié emportant les kalachnikovs des fuyards. S’agissant de la désertion, le chef-commando a affirmé y avoir été contraint à la suite des menaces de mort dont il faisait l’objet de la part de soldats proches de l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida et ce, depuis juillet 2015. Devenus persistantes, selon lui, au lendemain de la dissolution de son corps d’origine, l’ex-RSP, il n’avait d’autre choix que de prendre ses jambes à son cou.
Le sergent Ollo Stanislas Poda, chef de l’une des équipes formées par Ali Sanou a aussi été entendu samedi par le tribunal. Reconnaissant les faits de complot militaire, il s’est surtout appesanti sur les tortures qui lui auraient été infligées par des gendarmes pendant l’enquête préliminaire. «A Boulmiougou, les gendarmes m’ont conduit dans un endroit qu’ils ont appelé couloir de la mort, me torturant jusqu’à ce que je perde connaissance, ma tête enfouie dans un sac», a relaté Stanislas Poda. Concernant la désertion, elle a été motivée, selon lui, par des ennuis dont les origines remontent à son refus opposé aux propositions faites par Yacouba Isaac Zida. «Il m’a invité chez lui et m’a proposé 60 millions et une villa pour que j’aille convaincre des camarades à adhérer à un projet d’élimination du général Gilbert Diendéré et le Colonel-major Boureima Kéré», a-t-il dévoilé ajoutant que des mercenaires étaient à ses trousses. Pourquoi n’avez-vous pas obtempéré au communiqué qui vous invitait à rejoindre le camp Sangoulé ? «Nous ne l’avons pas fait parce que pour nous ce communiqué a été reproduit par celui-là même qui en voulait à notre vie», a dit sergent Poda répondant à la question du parquet. Pour l’avocat du sergent-chef Ali Sanou, Me Fako Bruno Ouattara, son client est un soldat digne qui assume ses actes. Mais, précise-t-il, au Burkina Faso le pouvoir judiciaire est confié au juge, alors que le code de justice militaire dit que le ministre de la Défense est investi de pouvoir judiciaire. «Face à cette situation qui compromet la séparation des pouvoirs, nous risquons fort de terminer au Conseil constitutionnel», fait-il savoir. Selon un constat du parquet, tous ceux qui sont poursuivis dans l’affaire Yimdi le sont également pour le putsch. «Ils attendaient donc de connaître l’issue du coup d’Etat avant de se décider. Ils ont préféré prendre la fuite après que leur action a avorté», a soutenu le commissaire du gouvernement.


Beyon Romain NEBIE
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