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Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères : "Que chacun ait le sens de la responsabilité"
Publié le mercredi 15 mars 2017  |  Sidwaya
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© Présidence par D.R
Le président centrafricain en visite de 24 heures au Burkina
Mardi 8 novembre 2016. Ouagadougou. Le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, est arrivé au Burkina pour une visite d`amitié et de travail de 24 heures. Photo : Alpha Barry, ministre burkinabè en charge des Affaires étrangères




De passage aux Editions Sidwaya, le lundi 13 mars 2017, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, s’est prêté à quelques questions de la rédaction du quotidien. Les acquis de la diplomatie burkinabè, le défi sécuritaire, l’image du pays à l’étranger sont, entre autres, les points abordés.

Sidwaya (S.): Comment se porte la diplomatie burkinabè ?

Alpha Barry (A. B.) : La diplomatie burkinabè se porte bien. Vous avez vu récemment à Addis Abeba en Ethiopie, où nous avons pu avoir une victoire avec l’élection de Mme Minata Samaté au poste de commissaire aux affaires politiques de l’Union africaine. Nous avons eu des succès également au niveau des Nations unies, notamment le retour de nos forces armées du Darfour, le repositionnement de nos troupes au sein de la MINUSMA au Mali. J’ai récemment effectué des tournées auprès de quelques membres du Conseil de sécurité de l’ONU pour plaider en faveur du renforcement de la MINUSMA. Vous avez aussi le succès de la conférence de Paris sur le Plan national de développement économique et social (PNDES). Cela veut dire qu’en amont, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur, et celui des Finances ont fait le plaidoyer auprès des amis et partenaires du pays. Il y a par ailleurs le résultat que nous avons obtenu avec la réélection de notre pays au Millenium Challenge Account (MCA). Le Burkina Faso est l’un des rares pays à avoir obtenu un deuxième compact et cela est à l’honneur de notre diplomatie. Dès notre arrivée, nous avons été sur deux fronts, à savoir le défi sécuritaire et la relance économique du pays. Ces quelques exemples parmi tant d’autres sont à mettre au compte des efforts de la diplomatie burkinabè.

S. : Vous vous déplacez beaucoup à l’étranger, y compris le chef de l’Etat. Qu’est-ce qui peut expliquer ces multiples déplacements ?

A. B. : D’une manière générale, un ministre des Affaires étrangères voyage beaucoup. Il faut représenter le pays dans de nombreuses instances internationales et entretenir les relations d’amitié et de coopération avec les nombreux Etats. Il faut également relancer la coopération d’autant plus que le Burkina Faso venait de vivre quelques années de crise. Notre gouvernement est arrivé à un moment où il fallait travailler pour la relance économique du pays. C’est ce qui nous a amené à aller un peu partout, aussi bien en Amérique, en Europe que dans les pays arabes. Il y a aussi le contexte qui justifiait cela dans la mesure où nous avons été confrontés dès notre prise de fonction au défi sécuritaire (NDLR : les attentats du 15 janvier 2016). Donc, il fallait aller voir dans quelle mesure nous pourrions bénéficier de l’expérience et de l’aide d’autres pays pour sortir de cette situation.

S. : D’une manière générale, quelle image a-t-on du Burkina Faso à l’étranger ?

A. B. : C’est une bonne image d’autant plus que le Burkina Faso a réussi sa transition. Et c’est quelque chose d’assez important. La réussite de la transition a eu un impact positif sur l’image du pays. Nous avons toujours présenté le Burkina Faso aux partenaires comme un pays modèle, mais pour que ce modèle puisse mûrir, il faut l’aider et l’assister. Nous sortons d’une situation difficile avec une économie au ralenti et des attentes fortes au sein de la jeunesse. Cette jeunesse qui a été très présente dans l’insurrection. Tout le monde attend du boulot et souhaite que l’activité économique reprenne. C’est ce travail auquel nous nous attelons, mais il faut reconnaître que nous rencontrons des gens qui ont une bonne image du Burkina. Et cela facilite quelque part la tâche.

S. : Au regard de la situation sécuritaire au Nord du pays, cette image positive n’est-elle pas entachée ?

A. B. : Ce n’est pas toujours facile de convaincre les gens d’investir dans un pays où on entend chaque mois qu’il y a eu une attaque ici ou là. Mais c’est cela qui fait la particularité du Burkina Faso. En dépit de ces attaques, les gens ont confiance en notre pays. Le Burkina Faso est dans cette situation depuis avril 2015 avec l’enlèvement d’un ressortissant roumain à Tambao. Nous avons aussi les attaques de Samorogouan, Oursy et bien d’autres. Mais lors de la présentation du PNDES à Paris, les gens ont eu confiance au Burkina Faso et ont pris l’engagement de financer ce plan. Les partenaires publics, multilatéraux et privés ont accepté de nous soutenir et nous avons dépassé ce que nous souhaitions obtenir. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est de travailler à préserver cette confiance vis-à-vis de nos partenaires à tous les niveaux, que ce soit la situation au Nord ou les arrêts de travail et grèves. Quand ces situations deviennent récurrentes, elles sont de nature à décourager un investisseur. Nous devons œuvrer pour garder ce crédit afin d’encourager ceux qui ont l’intention de venir investir dans notre pays.

S. : De par le passé, beaucoup de chefs d’Etat venaient au Burkina Faso, mais on constate depuis un certain temps, que ce n’est plus le cas. Qu’est-ce qui peut justifier cela ?

A. B. : Nous avons quand même reçu beaucoup de chefs d’Etat. En 2016, trois présidents et quatre chefs de gouvernement sont venus au Burkina Faso. Je trouve que c’est important. Je considère 2016 et 2017 comme des années de repositionnement du Burkina Faso. C’est ce que nous avons fait en allant vers les autres parce que c’est un gouvernement qui venait d’arriver. Dans les usages diplomatiques, c’est celui qui s’installe qui doit aller vers les autres. Même quand vous arrivez dans un quartier, il vous revient de faire le tour pour saluer les voisins. Nous avons eu un calendrier très chargé en 2016 avec les réunions internationales où le chef de l’Etat ou moi devrions y être. Les nombreuses élections qui ont eu lieu l’an passé ont nécessité des déplacements à cause des cérémonies d’investiture. C’est pour dire que cela n’a pas laissé le temps de recevoir beaucoup de gens ici. L’essentiel était de repositionner le Burkina Faso et nous avons eu les résultats en fin d’année avec le PNDES et le MCA. Tout cela en dépit du contexte sécuritaire difficile et les grèves qui ont persisté pendant toute l’année.

S. : Tout récemment au Gabon, un ressortissant burkinabè a été torturé à mort par la police pour une accusation de vol. Comment votre département a réagi en pareilles circonstances ?

A. B. : Le ministère des Affaires étrangères n’a prioritairement pas encore réagi face à ce cas parce que la situation est bien prise en charge par les autorités gabonaises. Nous suivons l’évolution des choses avec notre ambassade à Libreville. Dès le début de l’affaire qui s’est passée précisément à Franceville, nous avons dépêché le chargé d’affaires de l’ambassade qui y a rencontré les autorités locales et notre communauté. Il nous a rendu compte de sa mission. Le procureur de Franceville a animé une conférence de presse pour éclairer l’opinion.
L’auteur de cet acte qui est un capitaine de police a été appréhendé alors qu’il était en fuite vers le Congo. Du moment où les choses se passent bien au niveau judiciaire, nous n’avons pas de réaction particulière , sinon que de suivre la situation avec notre ambassade.

S. : Des Burkinabè résidant en Guinée équatoriale et en Guinée Conakry avaient eu maille à partir avec la police pour des problèmes de papiers. Est-ce qu’on peut affirmer que, de nos jours, des solutions ont été trouvées pour ces cas-là ?

A. B. : Nous avons fait le déplacement en Guinée équatoriale où nous avons rencontré la communauté burkinabè pour faire le point de leurs problèmes. Ensuite, lors de la visite du chef de l’Etat, nous sommes allés en profondeur sur ces questions. Le président lui-même en a discuté avec son homologue équato-guinéen et des facilités ont été trouvées pour nos compatriotes. Ce ne sont pas souvent les textes qui régissent les relations, c’est aussi parfois le contact. Il arrive que des gens s’interrogent sur ce que le président va faire en Guinée équatoriale. Nous avons 10 000 ressortissants dans ce pays et c’est normal que les dirigeants se rencontrent pour aplanir certaines difficultés. Ces Burkinabè qui sont dans ces pays, de par ce qu’ils entreprennent, participent d’une façon au développement de notre pays, à travers les transferts qu’ils font. Nous avons le devoir d’assistance à tout Burkinabè où qu’il se trouve et c’était important qu’on y aille. Nous sommes en train d’envisager l’ouverture d’un consulat général, compte tenu du fait que la communauté y est assez nombreuse.
Il en est de même avec la Guinée Conakry où nous avons une forte communauté. Nous devrions avoir une commission mixte entre nos deux Etats, mais elle n’a pas pu se tenir pour des raisons de calendrier. Qu’à cela ne tienne, nous allons organiser cette commission au cours de laquelle, toutes les questions seront mises sur la table. Le problème que nous avons avec ces pays, c’est que nous n’y avons pas de représentations.
Nous sommes également en train de voir dans quelle mesure on peut y avoir un consulat général. Nous n’avons même pas de consul honoraire en Guinée Conakry alors que nous avons une forte communauté qui se trouve dans la région de la Haute Guinée. Beaucoup travaillent dans l’orpaillage et sont loin de Conakry. Notre ambassade est à Bamako et ce n’est pas toujours facile de gérer certaines questions. Nous attendons la commission mixte pour mettre ces préoccupations à plat et avancer sur une possible représentation dans ces pays.

S. : N’y a-t-il pas lieu de renforcer davantage la coopération avec certains pays africains qui aident le Burkina Faso dans plusieurs domaines ? Le cas de l’Egypte par exemple, qui offre beaucoup de formations.

A. B. : On a une bonne coopération avec l’Egypte. Vous vous souvenez qu’en marge du sommet de l’Union africaine à Kigali, le Président du Faso a eu une rencontre avec le général Al Sissi pour parler de coopération dans tous les domaines. Ils ont évoqué par exemple, la question de formation au niveau de l’armée. D’une manière générale, nous entretenons d’excellentes relations. Nous harmonisons également nos points de vue sur le plan international et notamment sur les questions d’intérêt. Nous avons aussi les échanges de bons procédés, par exemple, par rapport à des candidatures de certains compatriotes.

S. : Quels sont les projets que vous nourrissez en termes de recherche de partenariat et éventuellement, d’ouvertures de représentations diplomatiques dans certains pays ?

A. B. : Le premier projet sur lequel nous sommes déjà avancés, c’est l’érection d’un consulat général à Soubré, dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire. Vous savez que nous avons de nombreux compatriotes dans cette zone.
Jusque-là, nous y avons un consulat honoraire. La différence entre le consulat honoraire et le consulat général est que le consul honoraire est une personne de bonne volonté qui est désignée pour défendre les intérêts de la communauté là-bas, alors qu’un consul général est comme un ambassadeur, affecté par le ministère des Affaires étrangères. Il y a également le projet de consulat général ou d’ambassade en Guinée équatoriale. Nous pensons aussi au Soudan où nous avons une forte communauté. Nous sommes également en réflexion sur d’autres nations comme l’Angleterre, qui, à l’exception de la Chine (NDLR Chine populaire) qui est un cas particulier, est le seul pays-membre du Conseil de sécurité, dans lequel notre pays n’a pas de représentation diplomatique. Nous sommes avancés sur certains dossiers, et sur d’autres, nous sommes toujours au stade de réflexion.

S. : Au cours de l’année 2016, on a vu beaucoup de syndicats de travailleurs manifester, mais exceptionnellement pas celui de votre ministère. Quel est votre secret ?

A. B. : (Rires) Il n’y a pas un secret particulier si ce n’est le dialogue et la discussion. C’est l’occasion pour moi de féliciter les travailleurs de mon ministère et le syndicat, avec qui nous avons un bon partenariat.
Ce silence ne signifie pas qu’il n’y a aucun problème. Nous discutons toujours point par point, sur leurs revendications et nous essayons de trouver des solutions. Je salue d’ailleurs leur sens de responsabilité parce que ce n’est pas à tout moment que nous trouvons des solutions. Jusque-là, ils n’ont pas encore manifesté et je pense que c’est en leur honneur aussi. Je suis engagé à résoudre leurs problèmes et le gouvernement le fait d’ailleurs.
J’ai la compréhension des plus hautes autorités comme le Premier ministre et le président du Faso, mais également de ceux aussi qui sont impliqués dans le règlement des problèmes comme le ministre de la Fonction publique ou celle des Finances. Je pense que les Affaires étrangères, c’est quelque chose d’assez particulier. C’est un département qui représente notre Etat à l’extérieur et c’est quand même l’image du pays qui y est véhiculée. Donc il n’est pas souhaitable que les agents de ce ministère sortent dans les rues pour des sit-in ou pour des grèves.

S. : Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre mission ?

A. B. : La principale difficulté pour moi, c’est l’administration publique avec ses différentes contraintes procédurales que je découvre, parce que je n’y ai jamais travaillé directement auparavant. Mis à part cela, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’exerce cette fonction, surtout que j’ai des collaborateurs qui me comprennent. Donc, il n’y a pas de difficultés vraiment majeures. Je parcours le monde pour défendre les causes de mon pays, et cela me plait très bien.

S. : Jeudi dernier, en conseil de ministres, le président a nommé son haut représentant. Qu’en pensez-vous ?

A. B. : C’est une décision du Président du Faso. Moi je pense que c’est quelque chose de bien. Ce n’est quand même pas la première fois qu’on voit cela. Vous verrez qu’en Guinée il y a un haut représentant, qui est Sidya Touré. Au Niger aussi, avec Séni Oumar. Au Gabon aussi il y avait un haut représentant.
C’est une fonction pour une personnalité qui va représenter le chef de l’Etat. J’entends beaucoup de gens spéculer sur ce sujet que ce n’est pas normal. Je pense que la personne de Shérif Sy mérite même mieux que cela. Nous avons tous été témoin du travail qu’il a abattu pendant le coup d’Etat manqué de septembre 2015. C’est quelqu’un qui a défendu la République, et la continuité de ce dont rêvaient les Burkinabè, la tenue des élections présidentielles. Et il a risqué sa vie pour le faire ; et jusque-là, je n’ai pas vu de rapport l’accablant sur quoi que ce soit.
Je voudrais qu’en ces moments qui sont quand même très difficiles pour le Burkina, chacun ait le sens de la responsabilité. Notre nation connaît de dures épreuves avec ce qui se passe dans le Nord. Trois mois après les attaques de Nassoumbou, il y a des zones où il n’y a plus de fonctionnaires, où les instituteurs sont partis.
Donc, il faut que tout le monde prenne conscience que la sécurité prime sur tous les autres débats. J’invite les uns et les autres au sens du patriotisme.

Propos recueillis par
Karim BADOLO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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