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Mémorandum de l’opposition : des cadres pour le changement répondent au MPP
Publié le mardi 28 fevrier 2017  |  Partis Politiques
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© L’Express du Faso par Evrard Ouédraogo
An I du pouvoir de Roch Kaboré : le sévère réquisitoire de l`opposition
Mardi 7 février 2017. Ouagadougou. L`institution Chef de file de l`opposition politique (CFOP) a animé une conférence de presse dans son tout nouveau siège à la Zone du bois pour présenter son mémorandum sur un un an du régime du président Roch Marc Christian Kaboré intitulé "Une année perdue pour le Burkina Faso"




A la suite de la publication du mémorandum du CFOP faisant le bilan d’un an d’exercice du pouvoir par le MPP, les réactions ne se sont pas fait attendre. Parmi celles-ci, on peut noter la réponse virulente du MPP, mais également de M. Illiasse Lokre KOUANDA, militant du MPP; ainsi que la position du Dr Ra-Sablga Seydou OUEDRAOGO qui estime que 2016 est une année perdue également pour l’opposition.
En réponse à ces réactions, le Caucus des Cadres pour le Changement (3C) s’est invité dans le débat à travers cette publication qui lui permet d’apprécier la situation actuelle de notre pays.
Le libéralisme politique qui est le stade le plus avancé de la démocratie demeure le socle de la liberté d’expression, de la liberté d’association. Cependant, avoir la liberté de s’exprimer ne doit pas rimer avec la critique stérile sans le moindre argumentaire à même de démontrer son idée ou réfuter une autre jugée infondée. C’est ce que le CFOP a voulu démontrer en proposant au peuple burkinabè le bilan d’un an de pouvoir du MPP à travers un mémorandum écrit et méticuleusement argumenté. Ceux qui ont lu ce mémorandum ont certainement constaté qu’aucune affirmation gratuite n’y a été formulée. Tous les griefs portés contre le parti au pouvoir sont suivis d’arguments solidement bâtis. Le CFOP aurait pu choisir la voie légale de la marche pacifique comme de par le passé pour exprimer son mécontentement devant un bilan du MPP jugé négatif en 2016.
L’opposition politique au Burkina Faso est une opposition responsable qui joue son rôle avec les moyens dont elle dispose. Elle reste ouverte à toute critique pouvant lui permettre d’avancer. La preuve nous est donnée par l’opposition parlementaire qui a connu de vives critiques de la base sur son bilan au cours de l’année écoulée. Cette opposition parlementaire ne s’est pas fendue en justifications tous azimuts. Elle a fait son bilan de l’année 2016 et a accepté de se remettre en cause pour produire de meilleurs résultats dans les années à venir.
L’attitude du MPP et des militants qui écrivent pour réfuter le mémorandum du CFOP traduit, en langage très dur et peu courtois qui est le leur, un manque de sérénité. Lorsqu’on est serein et sûr de soi, on reste calme quelle que soit la situation. Posément et avec un argumentaire bien élaboré, on apporte la contradiction en affirmant ses positions ou encore on fait son mea culpa en promettant de mieux aborder cette problématique à l’avenir.
Affirmer que Zéphirin DIABRE est un homme pressé d’arriver au pouvoir, que les partis de l’opposition sont sans programme, qu’il s’agit d’une pseudo opposition putschiste, que l’année 2016 est aussi une année perdue pour l’opposition, etc. et sans en faire la démonstration clairement, n’est pas faire preuve de réalisme.
Parlant de Zéphirin DIABRE, chef de file de l’opposition politique, nous pensons que ses détracteurs manquent réellement d’arguments. En effet, nous connaissons tous sa probité morale, son sens de la rigueur et de l’organisation, son honnêteté intellectuelle. C’est un homme qui aime les choses bien faites, qui prend toujours le temps de comprendre avant d’agir. Il est donc clair que ce monsieur, ce leader ne produit jamais de « torchons » comme certains l’affirment. Sous son leadership, c’est toujours un travail de haute facture politico-intellectuelle qui est produit. Le MPP démontre une fois de plus que la reconnaissance n’est pas la chose la mieux partagée en son sein. C’est bien sous le leadership de Zéphirin DIABRE que le CFOP a permis la chute du régime de Blaise COMPAORE et leur a permis d’adhérer en son sein pour ensuite conquérir le pouvoir d’Etat ! Sa stature d’homme d’Etat, son rejet systématique des velléités putschistes, son sens du respect des institutions de la république, font que nous sommes restés perplexes devant de telles accusations de partis putschistes (CFOP). Comment peut-on traiter une opposition républicaine, consacrée par la constitution, de pseudo-opposition ? C’est tout simplement manquer du respect aux Burkinabè épris de paix, de justice, de développement mais aussi à l’esprit de l’insurrection.
Monsieur Illiasse Lokre KOUANDA, militant du MPP, nous fait savoir que le mémorandum du CFOP est un tissu d’exagérations. Peut-être que nous n’avons pas les mêmes seuils de perception de l’urgence ou de la gravité d’une situation, mais nous allons procéder par questionnement analytique pour éclairer l’opinion sur le sujet :
-Est-ce exagéré de dire que la cohésion sociale bat de l’aile au Burkina Faso lorsqu’on constate que les Burkinabè se regardent en chiens de faïence ? L’adage nous enseigne que c’est « l’union qui fait la force ». Comment peut-on vaincre le terrorisme, ou développer notre pays, si nous sommes désunis ? Le parti au pouvoir ne cesse de stigmatiser et dénigrer au quotidien le CDP dont lui-même est issu. Peut-on ainsi parvenir à la réconciliation nationale? Est-ce la voix préconisée pour effacer les rancœurs et apaiser les cœurs?
-Est-ce une exagération de dire que le leadership du chef de l’Etat tarde à s’affirmer lorsqu’il promet un remaniement ministériel et que 2 mois après rien n’est fait et qu’il n’y a pas la moindre communication sur le sujet ? Le réaménagement ministériel a fini par intervenir le 20 février 2017, mais nous connaissons tous les conséquences de cette situation sur le fonctionnement de l’administration publique qui a « battu de l’aile».
-Est-ce une exagération de dire que le Burkina Faso connait une insécurité jamais égalée, avec 12 attaques en moins d’une année ? Il s’agit là d’une situation inédite depuis les indépendances.
Les exemples sont tellement nombreux que ce seul écrit ne pourrait les épuiser !
Affirmer que l’opposition est divisée tout simplement parce qu’il y a plusieurs regroupements de forces politiques en son sein (CODER, CFDC), c’est tout simplement faire preuve d’un esprit anti démocratique. Nous pensons que le parti au pouvoir doit se soucier d’abord de bien gouverner le pays afin de le sortir de sa léthargie actuelle. Les supposés divisions au sein de l’opposition ne doivent pas être les priorités des militants du MPP comme M. Illiassé Lokré KOUANDA lorsqu’il fait une telle assertion. Comment vouloir remettre en cause le caractère hétéroclite d’une opposition, fondement même de la démocratie, en sachant que c’est ce type d’organisation qui a permis au MPP d’accéder au pouvoir? Malgré les multiples explications du chef de file de l’opposition politique sur la question, le MPP refuse d’accepter l’évidence. Le principe fondateur de la démocratie qui dérive directement du libéralisme politique prône justement l’action dans le respect des différences et des diversités de point de vue. C’est même une force pour l’opposition d’être composée de partis de diverses obédiences.
Quant aux 27 ans du CDP qui sont jugés calamiteux par le MPP, nous disons que personne n’est amnésique dans ce pays et qu’il faut cesser de prendre les Burkinabè pour des gens dénués de toute capacité d’analyse et de discernement. Les trois principaux leaders du MPP étaient aussi les membres fondateurs du CDP. D’ailleurs, Zéphirin DIABRE, à la Place de la nation et au moment de leur ralliement à l’opposition, prenait le peuple à témoin quant à leur serment. Il est donc normal qu’il les interpelle aujourd’hui, tout comme au premier jour de leur acceptation au sein du CFOP.
Affirmer comme Dr Ra-Sablga Seydou OUEDRAOGO que 2016 est également une année perdue pour l’opposition, n’est ni plus ni moins que de vouloir jouer à l’équilibriste. Il doit accepter d’assumer ses actes et déclarations. Ce n’est pas parce qu’il a ouvertement critiqué le parti au pouvoir, qu’il faut en même temps critiquer l’opposition pour atténuer ses premiers propos. Peut-on dire que l’année 2016 est perdue pour l’opposition lorsque l’on ne connait pas le programme de l’opposition, son plan d’action déclinés en activités, les objectifs qu’elle s’est fixé? L’opposition s’est permis de critiquer le parti au pouvoir parce que le programme pour lequel ce dernier a été élu est connu de tous, et qu’il est dans son rôle.
Peut-on utiliser le même barème de notation pour le parti au pouvoir et pour l’opposition ? Il serait tautologique de dire que le parti au pouvoir détient le pouvoir et peut matériellement faire changer les choses. En est-il de même pour l’opposition ? Nous pensons humblement que non ! Les moyens d’action de ces deux entités ne sont pas superposables.
Dire que l’année 2016 est une année perdue pour l’opposition parce qu’elle serait restée muette devant la baisse drastique du budget de l’ASCE-LC entre 2015 et 2016, qu’elle n’aurait pas défendu la relance des entreprises cassées en marge de l’insurrection, ou de celles victimes du terrorisme, m’amène à dire qu’il y a une confusion manifeste entre le rôle d’un parti politique et celui d’une OSC. Il faudra comprendre que l’opposition ne peut pas être une institution insurrectionnelle au quotidien. Elle tire la sonnette d’alarme lorsque ça ne vas pas, mais elle est obligée de laisser le parti au pouvoir dérouler son programme. Les évaluations et les critiques constructives se feront après un intervalle de temps permettant d’observer des résultats ou un impact sur le moyen ou le long terme. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que l’opposition soit dans la contestation tous azimuts. Nous comprenons l’impatience de certaines personnes, mais nous tenons à rappeler que M. Zéphirin DIABRE a une stature d’homme d’Etat et non celle d’un « va-t’en guerre ». Cependant, nul doute qu’il saurait être ferme et résolu si la situation l’exige. II en a largement fait la démonstration en conduisant de main ferme le CFOP jusqu’à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014.
C’est le lieu de rappeler que le chef de file de l’opposition a rencontré le Président du Faso à deux reprises : la première fois dans le cadre de la concertation bipartite entre les deux institutions et la seconde fois pour parler du projet de la constitution et surtout exiger que l’adoption des différents articles se fasse par consensus. Ne s’agit-il pas là d’une action importante qui a rencontré l’assentiment du chef de l’Etat ? Que dire des dénonciations de l’opposition lorsque, au moment des attentats à Ouagadougou, elle demandait la création d’un ministère de la sécurité à part entière ? Dans la même veine, l’opposition a relevé les insuffisances de « la gratuité des soins » qu’elle estimait être une mesure précipitée et populiste. Elle s’est aussi érigée contre la nomination du directeur général de la CNSS, contre la forfaiture à la CAMEG, contre le manque d’anticipation du gouvernement dans la gestion de l’épidémie de dengue, etc.
Dr Ra-Sablga Seydou OUEDRAOGO est allé plus loin dans sa tentative d’infantiliser les partis politiques. Il s’est mis à démonter tous les programmes proposés par les candidats au cours des élections présidentielles. Ce qui est curieux, c’est qu’il réfute des prévisions dans divers domaines sans donner la source utilisée par lesdits partis et sans préciser sa propre source. Cette démarche n’est pas conforme à la rigueur scientifique requise en pareille circonstance.
Les autres acteurs stratégiques de la société (intellectuels, syndicats, OSC, presse, autorités coutumières et religieuses) étaient également dans son viseur. Dr OUEDRAOGO affirme que leur action a été, selon le cas, « inappropriée, inefficace, timorée voire démissionnaire ». Pourtant, il n’est pas sans savoir que le mouvement syndical n’a jamais été aussi bouillonnant au Burkina Faso qu’en 2016. En effet, le front social était en ébullition avec des grèves dont celle du SYNTHSHA reste dans les mémoires.
Nous pensons objectivement que l’opposition doit travailler à consolider ses acquis, à améliorer ses actions pour le bonheur du peuple en intégrant les critiques constructives. Cependant, il faut éviter de vouloir la juger en dehors de son champ d’action et, surtout, de lier systématiquement les travers du parti au pouvoir à l’inaction de l’opposition qui, nous le répétons, ne doit pas être une institution insurrectionnelle tous azimuts.

Ouagadougou, le 27 février 2017

Le Caucus des cadres pour le changement (3C)

N.B : le surtitre et le titre sont du site
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