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Art et Culture

FESPACO 2017 : Scénario fictif pour une cérémonie de clôture
Publié le lundi 27 fevrier 2017  |  L`Observateur Paalga




Samedi 4 mars 2017. Il est 19h dans la cuvette du stade municipal Dr Issoufou Joseph-Conombo. Le président du jury, le Marocain Nour-Eddine Saïl, vient de se hisser sur le podium. Tout le monde retient son souffle. Et comme s’il prenait un malin plaisir à faire mariner dans leur propre jus les vingt réalisateurs qui compétissaient dans la section longs métrages, l’arbitre suprême de la vingt-cinquième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) fait durer le suspense.

Puis, soudain, tel un matador qui vient de porter l’estocade final à un taureau après qu’il l’a épuisé pendant des minutes interminables, il lâche : « …Et l’Etalon d’or du FESPACO 2017 revient à l’Ivoirien… pour…» (2). Murmures dans l’enceinte noyés par les cris de joie du vainqueur et de son staff. Invité spécial, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO), assis aux premières loges à côté de son homologue Roch Marc Christian Kaboré, applaudit discrètement mais exulte de l’intérieur. Ça le change tellement des mutineries à répétitions de son armée qui lui donne des insomnies depuis le début de l’année.

La Côte d’Ivoire, à qui on a déroulé le tapis rouge, aura vraiment été l’invité d’honneur de cette manifestation culturelle. « Village akwaba » sous une tente climatisée à la Place de la nation ; statue de Fadika Kramo Lanciné qui vient s’ajouter à celles d’autres illustres cinéastes au Panthéon à ciel ouvert de l’avenue Mgr Thévénoud… Et, cerise sur le gâteau, ou si vous préférez machoiron sur l’abodjama (1) ivoirien, La princesse Yennenga qui reprend le chemin de La lagune Ebrié après « Djéli » de Kramo Lanciné (1981) et « Au nom du Christ » de Roger Gnoan Mbala en 1993.

Et tout de suite les procès en suspicion plus ou moins légitime. Sans doute les membres du jury n’ont porté leur choix, souvent difficile il faut le reconnaître, que sur la base de critères purement techniques (scénario, jeu des acteurs, décor, son, image, musique, montage, costumes, etc.) mais comment convaincre l’opinion et toute la communauté du 7e Art africain qu’ils étaient désincarnés et que leur décision ne transpire pas la politique comme les festivals savent si bien le faire.

Après les versions judiciaire et diplomatique, déclinaison culturelle du rapprochement entre les deux pays après l’orage de ces dernières années ? Il est vrai que les distinctions, qu’elles soient artistiques ou autres sont parfois éminemment politiques mais de là à penser qu’on a pu souffler le nom ou la nationalité du lauréat aux jurés serait mauvaise querelle.

Que les autres compétiteurs se rassurent en effet, il ne s’agit, on l’aura bien compris, que d’un film de fiction, les effets spéciaux en moins. Mais n’arrive-t-il pas que la fiction dépasse la réalité ? C’est donc du domaine du possible puisque chacune des 20 œuvres en compétition est susceptible de remporter la récompense suprême de la biennale. Et Dieu seul sait si parmi elles, il en est qui sont de sérieux prétendants, à l’image de « Félicité », cette coproduction sénégalo-belgo-franco-germano-libanaise du Sénégalais Alain Formose Gomis, arrivé à Ouagadougou auréolé du Grand prix du jury de la récente Berlinale ; même si cela ne suffit pas pour enfourcher l’Etalon qui sait se faire désirer.

Allez, retour sur terre ou plutôt en salle ! Avec les problèmes, bien réels ceux-là, d’un Festival qui, avec ses sempiternelles difficultés organisationnelles, donnent invariablement l’impression de toujours tâtonner presqu’un demi-siècle après ses débuts en 1969. Mais c’est peut-être cela aussi la touche, disons, exotique de l’affaire qui ne serait pas le FESPACO sans cette dose de cafouillage et d’improvisation à hérisser le poil de plus d’un festivalier.

S’il est néanmoins un domaine où l’à-peu-près et le désordre n’ont pas droit de citer c’est, à n’en pas douter, la sécurité. Autres temps, autres mœurs, finie en effet l’époque où on allait et venait sur les sites de la manifestation comme dans un moulin et quand la police et la gendarmerie étaient là, c’était juste par acquis de conscience.

Depuis, les barbus qui frappaient avec insistance à nos portes, ont fini par entrer par effraction dans la maison Burkina, semant la mort et la désolation. Tant et si bien que dorénavant, la moindre activité socioculturelle ou politique est frappée du sceau sécuritaire.

Et le FESPACO ne sera vraiment réussi que si, dans une semaine, on peut dire que ce défi sécuritaire a été relevé. Mais on ne va tout de même pas arrêter de vivre, notamment d’aller au cinéma parce que des suppôts du diable sous prétexte de défendre Allah et son Prophète veulent nous endoctriner.

La Rédaction

Variété d’atiéké de qualité supérieure

(2) La Côte d’Ivoire est présente dans la section longs métrages avec deux œuvres : « L’interprête » d’Olivier Méliche Koné et « Innocent malgré tout » de Kouamé Jean -de-Dieu Konan et Kouamé Mathurin Samuel Codjovi
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