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Affaire Dabo Boukary : le témoignage poignant de Halidou Ouédraogo
Publié le samedi 18 fevrier 2017  |  Le Pays
Présidentielle/législatives
© aOuaga.com par G.S
Présidentielle/législatives 2015 : les recommandations de la CODEL
Lundi 30 novembre 2015. Ouagadougou. Splendid hôtel. La Coordination des organisations de la société civile pour une observation domestiques des élections (CODEL) a animé une conférence de presse au cours de laquelle elle a livré les résultats de ses observations des élections couplées présidentielle/législatives du 29 novembre et formulé des recommandations. Photo : Me Halidou Ouédraogo, président de la CODEL




Il aura été de tous les combats sur les fronts de la lutte contre l’impunité et de la défense des droits de l’Homme au Burkina. Aujourd’hui, quelque peu diminué par la maladie, il affiche toujours une détermination sans faille à poursuivre le combat pour plus de liberté et de démocratie dans notre pays. Jugez-en vous-même ; dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, le 10 février 2017, en son domicile à Ouagadougou, Halidou Ouédraogo dit ceci : « Ma santé n’est pas très bonne, certes. Mais je ne suis pas couché ». Guidé par le célèbre aphorisme du Pr Joseph Ki Zerbo qu’il se fait, du reste, fort de souligner « Na an lara, an sara », il n’apprécie pas, alors pas du tout, que « n’importe qui écrive son histoire sur son dos, de son vivant ». L’infatigable défenseur des droits de l’Homme se dit écœuré d’entendre toutes sortes d’« âneries » que certains racontent à son propos sur les réseaux sociaux. Outre les questions relatives à la Commission constitutionnelle auxquelles il a apporté des éléments de réponses en tant que président de ladite commission, Halidou Ouédraogo dit ce qu’il sait de l’affaire Dabo Boukary, puisqu’il a été un témoin majeur de l’affaire. De Salifou Diallo, l’actuel président de l’Assemblée nationale dont le nom est régulièrement cité dans l’affaire, Halidou Ouédraogo dit ceci : « On ne peut pas me faire dire que Salifou Diallo a contribué à la liquidation physique de Dabo Boukary. Il a plutôt contribué à le libérer. Et ça, j’en suis un témoin. J’ai été interrogé par la Justice, j’ai dit ce que j’en savais, et je préfère m’en tenir à cela ». Et d’ajouter : «S’il ne faut pas le féliciter (en parlant de Salifou Diallo), il ne faut pas le charger ». Lisez plutôt !

« Le Pays » : Vous avez rendu public l’avant-projet de Constitution, le 10 janvier 2017. Pouvez-vous nous rappeler succinctement quelle a été votre méthode de travail ? Ensuite quels sont les objectifs recherchés dans les tournées à l’intérieur et à l’extérieur du pays que vous envisagez ?


Me Halidou Ouédraogo : En nous installant le 29 septembre 2016, le chef de l’Etat avait donné un certain nombre de directives contenues dans nos actes de nominations, à savoir écrire un avant-projet de Constitution susceptible de nous ouvrir la voie à une Ve République. Ce travail devait se faire à partir d’un certain nombre de principes. C’est-à-dire un texte consensuel, participatif et inclusif de sorte qu’il soit approprié, accepté par les populations et internalisé pour la consolidation de l’Etat de droit. Nous avons fini la première mission qui est d’écrire l’avant-projet et cela a été effectivement fait de façon consensuelle, inclusive et participative. Une fois que nous avons été installés, nous nous sommes mis au travail en organisant des plénières et des groupes de travail et en moins d’une semaine, nous avons pu répartir les 92 commissaires en six sous-comités. Et nous avons établi un règlement intérieur. Pendant que les six sous-comités (voir encadré) étaient au travail, une partie des commissaires, notamment le bureau de la commission, s’est donné pour tâche de rencontrer les Forces vives de la Nation. Nous avons approché, entre autres, le Premier ministre, les membres du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale, le président du Conseil constitutionnel, le président de la CENI, la présidente de la Cour de cassation. Nous avons également été reçus par Sa Majesté le Mogho Naaba entouré de ses ministres et les chefs coutumiers du Yatenga, du Liptako et du Gourma. Nous avons pu rencontrer également la communauté protestante, notamment les pasteurs Samuel Yaméogo et Mamadou Philippe Karambiri, pour solliciter leur avis, leur intercession et leurs bénédictions. Nous avons rencontré les communautés musulmane et catholique, les associations des femmes ainsi que les syndicats dans leur ensemble. Nous sommes allés aussi à la rencontre des partenaires techniques et financiers dont l’Union européenne (UE) et des ambassadeurs. Ces rencontres avaient pour but d’écouter les uns et les autres, d’avoir leurs avis avant que les travaux ne commencent véritablement.



« Nous avons identifié des zones de concentration des Burkinabè où nous devons nous rendre »


Après l’élaboration de l’avant-projet, notre deuxième mission est d’aller aux populations dans les 13 régions du Burkina. C’est, du reste, ce qui figure dans les textes de nomination et d’installation. Les décrets indiquent clairement que nous devons aller à la rencontre des Burkinabè dans ces 13 régions et dans les zones de concentration de nos compatriotes à l’extérieur. A l’issue de cette étape, nous devons revenir avec la moisson des avis, des inputs, et voir ce que nous pouvons retenir pour enrichir éventuellement le texte. Une fois que cela aura été fait, nous acheminerons le texte au chef de l’Etat qui a huit jours pour donner son avis et nous le retourner. Nous l’adopterons après examen et le retournerons au chef de l’Etat qui pourra, à ce moment, organiser éventuellement un référendum quand l’opportunité se présentera.
En ce qui concerne les tournées, je tiens à préciser qu’en plus des 13 régions du Burkina, nous avons identifié des zones de concentration des Burkinabè où nous devons nous rendre. Au niveau de l’Afrique, il s’agit de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Ghana, du Sénégal et du Gabon. En dehors du continent africain, nous avons retenu Paris en France, Bruxelles en Belgique, Rome en Italie, le Canada et New-York en Amérique.


A quand donc le début de ces tournées ?


Nous attendons les moyens pour cela. Le budget de la commission ne peut pas permettre de débuter ces tournées. De ce fait, il faut que l’Etat se penche sur la question des moyens pour nous aider à effectuer ces sorties. Concernant les sorties à l’intérieur du pays, le chef de l’Etat nous a dit que des directives seront données aux gouverneurs de régions pour les organiser. A notre niveau, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous avons pu convaincre
des partenaires techniques et financiers, au cours de nos différentes rencontres, de prendre en charge certains aspects des sorties. C’est ainsi que l’Union européenne, WaterAid et la fondation Hanns-Siedel ont décidé de nous accompagner. Si nous faisons la somme de la contribution de l’Etat avec celle des PTF, nous pensons que ces sorties pourront être possibles. Mais, qu’est-ce qu’on n’a pas entendu ? Il y en a qui disent que ces tournées sont budgétivores, et qu’il y a pourtant des dépenses prioritaires. Je pense qu’il ne faut pas nous prêter des intentions que nous n’avons pas. Nous avons pris notre mission à cœur, et nous avons accepté de faire la mission avec ce que nous avons. Dès le lundi 13 février (ndlr : l’interview a été réalisée le 10 février 2017), j’ai une réunion avec les membres du bureau en vue d’organiser un point de presse le jeudi 16 février. Ce sera l’occasion de dérouler le programme des sorties dans les 13 régions, qui vont débuter le 17 février. Toutes les délégations partiront à la même date pour quatre jours de mission. Un jour de route, un jour de rendu du travail, un jour pour revenir et le quatrième jour pour se consacrer au rapport. Chaque délégation sera composée de quatre membres pris dans la commission, dans le bureau ainsi que dans le comité d’appui. Je dois dire que j’ai insisté en son temps pour que chacun s’inscrive dans les commissions.
A partir du 21 février, ce sera le tour des missions sur l’Europe et les Amériques. La mission de Hanns-Siedel est déjà prête. L’ensemble des missionnaires devraient retourner d’ici le 5 mars. Et je convoquerai une plénière qui examinera les différents rapports et qui retiendra ce qu’il faut. Je tiens à souligner que dans la trajectoire de notre travail, il y a eu quand même des points assez délicats comme, par exemple, la question de la parité qui a été vite résolue, la question de la peine de mort qui a été retenue mais qu’il faut reposer. Une fois qu’on aura fait ce travail, nous aurons pris en compte les Burkinabè de l’intérieur et ceux de l’extérieur qui ont même participé à nos travaux. Il y avait cinq délégations dont celles de la Côte d’Ivoire, du Canada et de l’Asie. Nous les rejoindrons et ensemble, nous ferons le rendu de notre travail.


« C’est bien de critiquer mais il faut avoir le sens de la mesure »


Au regard de notre mission codifiée dans les actes qui ont présidé de notre désignation à notre nomination, je pense que nous devons nous donner les chances de faire accepter cet avant-projet par les Burkinabè, où qu’ils se trouvent. Notre travail doit être inclusif et participatif. Il est même évoqué dans le texte, la question de la représentation des Burkinabè de l’extérieur dans la répartition des sièges de députés. Dans ce cas de figure, je pense que la commission a le devoir d’aller à leur rencontre. D’autant que la démocratie n’a pas de prix. Pour l’avoir vécu ici, nous savons ce qu’il vaut. Mieux vaut construire l’Etat de droit que de mettre l’argent dans des paradis fiscaux.

Est-ce à cause des critiques formulées que l’Etat tarde à délier les cordons de la bourse ?

Vous constaterez que depuis l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, les Burkinabè ont un grand penchant pour la critique. C’est bien de critiquer, mais il faut avoir le sens de la mesure. Le chef de l’Etat a inscrit l’écriture de cette Constitution dans son programme politique et il a été élu sur cette base. Et je pense que l’Etat de droit doit être consolidé au Burkina si nous voulons travailler au développement, au progrès social et à la réconciliation nationale. Sans une loi fondamentale, tout cela sera difficile à réaliser.
Cela dit, la question de la souveraineté prise en compte, l’Etat doit mettre un peu la main à la poche et le plus rapidement possible. Mais nous avons été rassurés sur tous ces aspects et cela est en train de se faire. Du reste, si nous avons fixé un point de presse, c’est que nous sommes en train de voir le bout du tunnel. Si les partenaires veulent prendre en charge les régions, il faudra redimensionner les choses et réorienter leurs contributions pour faire en sorte que tout cela soit équilibré.

Au-delà de ces difficultés, est- ce qu’en tant que président, vous avez eu vent d’autres problèmes pouvant entraver le bon déroulement de votre mission ?

Notre décret de nomination a été revu et c’est ce qui a fait qu’au sein de la commission, chaque décision a été obtenue par consensus. Nous sommes 92 membres représentant les différentes couches socioprofessionnelles du pays avec des caractéristiques organisationnelle, idéologique, visuelle et philosophique différentes.


« L’avant-projet de Constitution a été adopté de façon consensuelle de bout en bout »


C’est pour vous dire qu’il n’est pas facile d’écrire une Constitution consensuelle, surtout de nos jours, au vu de ce que nous avons vécu au Burkina, au vu du fractionnement des forces et couches sociales et au vu des exigences de nos populations. Mais nous avons réussi l’exploit de le faire. Notre méthode : à chaque fois qu’on s’assoit, pour avancer, nous adoptons le procès-verbal du jour d’avant. C’est de cette manière que l’avant-projet de Constitution a été construit. Il a été adopté de façon consensuelle de bout en bout. Ça, c’est vraiment notre premier exploit qui fait que je félicite les membres de la commission et nous nous devons d’être fiers de nos populations qui ont transcendé les divergences, les petits intérêts personnels pour voir l’intérêt patriotique, l’intérêt du pays. La deuxième difficulté que nous avons pu surmonter, c’étaient les critiques dans les réseaux sociaux. Nous les avons acceptées parce que nous sommes des démocrates et le Burkina fait l’apprentissage de la démocratie. Nous avons donc accueilli ces critiques comme un moyen de nous amener à nous améliorer. Mais en consultant les couches sociales, cela nous a permis d’avancer. Nous avons reçu des conseils et des bénédictions. Mais, je dois relever une chose : je suis l’un des membres de la commission
constitutionnelle de 1990 et l’un des membres du comité de draft du projet de Constitution de 1990. Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur de diriger la présente commission. Entre la commission de 1990 et la présente commission, je peux vous dire que c’est le jour et la nuit. Il n’y a pas eu d’enlèvement de membres de la commission, comme cela a été le cas en 1990. Clément qui était membre de la commission de 1990 et qui représentait l’Union générale des étudiants du Burkina (UGEB), avait été enlevé et envoyé à Pô en 1990. On nous avait dit, en son temps, de codifier la RDP (ndlr : Révolution démocratique et populaire), ce que nous avons refusé. Ensuite, la représentation, à cette commission, n’était pas égalitaire. Au total, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) était représenté par deux personnes, à savoir feu Aimé Nikiéma et moi-même. Les syndicats étaient également représentés de façon inégalitaire par rapport aux structures du pouvoir en place comme le Conseil national de la Révolution (CNR) et autres. Pour la présente commission, nous n’avons eu aucune pression pour écrire ce texte et il faut s’en féliciter.


« Nous n’avons pas eu de pression, nous avons travaillé dans la convivialité et c’est de façon enthousiaste que nous avons élaboré ce texte novateur »


C’est la deuxième fois que les Burkinabè écrivent leur loi fondamentale. Cela n’a pas été parachuté de Paris ni de Washington. Je le répète, nous n’avons pas eu de pression, nous avons travaillé dans la convivialité et c’est de façon enthousiaste que nous avons élaboré ce texte novateur.


N’avez-vous pas mis la charrue avant les bœufs ? Vous avez parlé de tournées dans les régions, est-ce qu’il n’aurait pas fallu faire ces tournées avant d’entamer les travaux ?


Pour faire ce travail, il faut être un Homme de terrain. Ce n’est donc pas n’importe qui qu’on choisit pour le faire. Non seulement il faut être un Homme de terrain, mais aussi il faut comprendre les mécanismes de fonctionnement des institutions du pays. Donc, à tous ceux qui disent qu’il aurait fallu aller dans les régions avant de revenir, moi je leur réponds qu’il y a plusieurs manières d’écrire une Constitution. La Constitution américaine a commencé à être écrite pendant la guerre de sécession par une poignée de gens et c’est l’une des meilleures Constitutions, même si l’on tente aujourd’hui de la remettre en cause. La Constitution de la Ve République française est née de la volonté du Général De Gaulles et a été écrite par Michel Débré, donc par une personne. La Constitution allemande a aussi traversé la guerre de 39-45. A côté de nous, la Côte d’Ivoire et le Bénin ont écrit leur Constitution mais comparativement au Burkina, nous pensons que nous avons eu la démarche la plus inclusive qui soit, en réunissant 92 personnes choisies par les forces sociales de notre pays. Ce sont les forces sociales qui nous ont d’abord choisis et ensuite le président a pris les décrets de nominations. J’ai indiqué comment j’ai été reçu par les Forces vives, les coutumiers, l’Administration, les ambassades et les PTF tout au long de l’écriture de cette Constitution. Ça, c’est une étape. Et la seconde étape est d’aller au pays réel, c’est-à-dire le pays profond, pour augmenter les chances d’acceptation et d’appropriation de ce texte parce que lorsqu’une loi fondamentale n’est pas acceptée, vous n’irez pas loin.


Justement, comment comptez-vous intégrer les suggestions recueillies sur le terrain ?


Ce sera également par consensus. On va se réunir pour les examiner. Voyez-vous, lors des premiers débats, il y a eu beaucoup de félicitations qui nous sont parvenues. Les pays limitrophes ou lointains se félicitent de la manière dont nous avons commencé à écrire cette Constitution. Quand nous reviendrons de nos missions, chaque équipe fera son rapport et la plénière décidera de ce qu’il faudra prendre en compte. C’est dire que la plupart des questions auront été résolues dans l’avant-projet que nous allons présenter aux populations. Je puis vous assurer que cet avant-projet, qui contient environ 200 articles, est novateur. Dans le préambule, on a pris en compte ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre 2014. En ce qui concerne les droits et libertés, il y a des droits nouveaux tels que l’assainissement et l’accès à l’eau potable, la parité, la sécurité alimentaire. Nous avons veillé également à trouver l’équilibre entre l’exécutif et le législatif. La question de la justice a été longuement débattue et nous avons tenu compte de la soif de justice de nos populations. Nous avons mis l’espoir dans cet avant-projet que nous devons présenter aux uns et autres. Pour faire correctement ce travail, il ne faut pas rester en chambre, il faut aller sur le terrain. Et quand nous reviendrons du terrain, nous n’aurons pas de difficultés à insérer les points qui ont été discutés et qui méritent de retenir l’attention. Il y a encore l’étape du référendum qui est une occasion pour les uns et les autres, de débattre avant l’adoption de cette Constitution. Et pour cela, notre peuple a montré qu’il était rompu aux questions électorales. Pour avoir dirigé la Convention des organisations de la société civile pour une observation domestique des élections (CODEL), je dis que nous avons fait là également œuvre de prouesse qui a été saluée par le monde entier.


Autant vous recevez les félicitations, autant il y a des constitutionnalistes qui vous reprochent de n’avoir pas fait des réformes de fond pouvant conduire à une Ve République.


Ils peuvent tout nous reprocher sauf de n’avoir pas fait des réformes de fond. Parmi ces gens, il y en a qui ont opté pour le régime parlementaire. Il y en a peut-être qui auraient opté pour le régime monarchiste. Mais nous, nous avons choisi un régime semi-présidentiel. C’est un régime mixte. Je dois noter que nous avons travaillé en étroite collaboration avec un comité d’appui qui compte les plus grands juristes de ce pays. Je peux vous citer, par exemple, les Pr. Augustin Loada, Séni Ouédraogo, sans oublier des avocats de renom qui sont dans la commission comme Me Kitiéga. Nous avons été donc bien encadrés et conseillés et nous avons été très critiques envers nous-mêmes. Une Constitution est écrite pour servir. Maintenant, nous laissons la parole aux spécialistes de la critique, aux professeurs d’universités, aux associations de la société civile pour faire leurs annotations. Nous, nous avons fait notre travail.


L’Affaire Dabo Boukary (ndlr : étudiant en 7e année de médecine, arrêté en 1990 et jusque-là porté disparu) vient de connaître un nouveau rebondissement avec l’arrestation du médecin colonel Mamadou Bamba. Quelle appréciation en faites-vous?

Je suis satisfait que vous me posiez cette question, parce qu’elle alimente les colonnes des médias et meuble les réseaux sociaux, ces derniers temps. L’affaire Dabo Boukary est une vielle affaire qui date des années de braise que notre peuple a traversées. Cela me fait de la peine d’entendre toutes sortes de choses parce que j’ai personnellement connu Dabo Boukary, il était le médecin de mes enfants. Si bien que lorsque nous avons appris sa disparition, nous avons posé un acte qui a consisté, dans un premier temps, à le faire libérer et inutile de rappeler que c’est le MBDHP qui a été à l’origine de cette initiative et qui était au-devant de la scène. C’est ce mouvement qui a défendu toutes les libertés dans ce pays avec le courage, la constance et la rigueur qu’il faut lui reconnaître. Ce combat, je l’ai mené en tant que président du MBDHP. J’ai vécu l’affaire Dabo Boukary. Parmi ceux qui parlent aujourd’hui de cette affaire, il y a malheureusement des mouflets qui ne savent même pas ce que c’est que les libertés. Je fais partie de ceux qui les ont biberonnés à l’époque, pendant qu’on menait la lutte. A l’époque, il fallait être courageux car, nous avions perdu des camarades comme Dabo Boukary, nous avions été chassés de nos emplois, nous avons vécu dans la clandestinité dans ce pays. Souvenez-vous de l’affaire des enseignants, il y en a qui se sont suicidés au cours de l’année où ils ont été licenciés pour faits de grève. Souvenez-vous de ce qui s’est passé sous le Conseil du salut du peuple (CSP)1, le CSP2, sous le Conseil national de la Révolution (CNR) et par la suite. Mais nous, nous avons pris un engagement avec nous-mêmes à cette époque-là. C’est-à-dire ne jamais baisser les bras.
Cela dit, je reviens sur l’affaire Dabo Boukary. Un matin, j’ai reçu l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) à domicile. J’habitais Gounghin (ndlr : un quartier populaire de Ouagadougou). Elle m’a informé que des étudiants avaient été arrêtés, parmi lesquels il y avait Dabo Boukary qui était l’un des responsables de cette association. Comme d’habitude, j’ai réuni mon bureau exécutif et je lui ai porté la nouvelle. Nous avons échangé et nous avons décidé de passer à l’action.

C’est-à-dire ?

C’est-à-dire entreprendre des démarches pour résoudre cette question des droits humains qui se posait à nous. Nous avons écrit au chef de l’Etat pour lui dire de libérer les étudiants et de penser à la question des libertés. Quand nous avons écrit cette lettre, il fallait la lui faire parvenir. Et comment ? Le problème se posait d’autant plus qu’il logeait au Conseil de l’Entente. Et les hommes qui portaient atteinte aux droits de l’Homme étaient aussi là-bas, ou bien à la Sûreté, ou à la gendarmerie ou dans les camps militaires. Ces années de braise, nous les avons vécues jusqu’à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo (ndlr : 13 décembre 1998) et même après.

« J’ai appelé Salifou Diallo ; il est venu chez moi et je lui ai dit : « Nous avons appris l’enlèvement de Dabo Boukary et d’autres étudiants »

A l’époque, il a vraiment fallu du courage pour le faire. Pour travailler dans ce contexte de violation des droits de l’Homme et d’Etat d’exception, ce n’était pas chose aisée. Il a fallu user de tactique, d’adresse pour pouvoir faire ce travail qui a consisté à libérer tant de Burkinabè dans ce pays. Mais il y avait des personnes sur lesquelles on s’appuyait pour arriver à nos fins. Parmi ces personnes-là, il y avait Salifou Diallo, l’actuel président de l’Assemblée nationale. Il était auprès de Blaise Compaoré et moi, j’étais appelé à rencontrer ce dernier. Je ne le rencontrais jamais seul, mais toujours avec un membre de mon bureau. Après avoir écrit la lettre, j’ai appelé Salifou Diallo, il est venu chez moi et je lui ai dit : « Nous avons appris l’enlèvement de Dabo Boukary et d’autres étudiants, nous nous sommes réunis et nous avons écrit une lettre à l’intention du président » et je la lui ai remise. Dans l’après- midi, il m’a appelé et il m’a dit : « Les étudiants ont été libérés, dont Dabo Boukary » et que c’est par Gilbert Diendéré que le chef de l’Etat a fait parvenir cette nouvelle. Puis, il m’a informé qu’il avait un voyage à effectuer dans la soirée, à Bamako. Après, nous avons continué à mener notre lutte jusqu’en 2005 où on m’a même contraint à démissionner de la magistrature après l’affaire de l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH), l’affaire du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), des syndicats de mines anti-personnelles, du Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC), etc. Qu’est-ce que je n’ai pas vécu dans ce pays ? Ma famille a été brimée, mes enfants l’ont été aussi, comme bien d’autres enfants burkinabè à l’époque. Aujourd’hui, je suis écœuré de lire dans certains médias, sur les réseaux sociaux, que j’occupe une place juteuse ! Halidou Ouédraogo a refusé combien de postes juteux dans ce pays? On m’a proposé des portefeuilles ministériels que j’ai refusé d’occuper, on m’a proposé le poste de Premier ministre, j’ai refusé. J’aime aussi la vie. Je n’ai pas refusé parce que j’aime l’anarchisme ou autre chose. J’ai refusé parce que ce n’était pas, à mon sens, pertinent ni opportun d’accepter ce qu’on me proposait car j’avais une mission. Laquelle m’a d’ailleurs permis de créer le Syndicat autonome des magistrats burkinabè, le MBDHP, l’Union interafricaine des droits de l’Homme, le Collectif contre l’impunité.

« On ne peut pas me faire dire que Salifou Diallo a contribué à la liquidation physique de Dabo Boukary »

Mais ce travail, je ne l’ai pas fait seul, je l’ai accompli avec des camarades comme Aimé Nikièma (ndlr : un des fidèles compagnons de lutte, décédé en novembre 1992) dont je salue la mémoire. Aujourd’hui, quand on voit que des mectons s’amusent à raconter à travers Facebook, Twitter, etc., des âneries parce que la science a évolué, je conclus qu’ils ne savent pas ce qui s’est passé. Aujourd’hui, on peut s’asseoir devant son ordinateur et écrire n’importe quoi. Mais quand il fallait monter à l’assaut de la Sûreté, du Conseil de l’Entente, des camps militaires, convenez qu’il fallait avoir des c.... Et il fallait aussi être probe, intègre.
On ne peut pas me faire dire que Salifou Diallo a contribué à la liquidation physique de Dabo Boukary. Il a plutôt contribué à sa libération. Et ça, j’en suis un témoin. J’ai été interrogé par la Justice, j’ai dit ce que je savais, et je préfère m’en tenir à cela. La Justice tranchera. Moi qui ai dénoncé la Justice depuis ma prise de service en 1976, depuis mon affectation à Gaoua, et la construction du Syndicat autonome des magistrats burkinabè, je n’ai pas attendu aujourd’hui pour la dénoncer. Je suis très heureux aujourd’hui qu’il y ait trois syndicats de magistrats. Je souhaite qu’ils fassent l’unité et qu’ils continuent le travail qu’on a commencé. Je suis très heureux qu’ils s’attaquent aujourd’hui aux questions d’impunité, aux faits d’impunité, parce que cela va contribuer à la réconciliation nationale, à apaiser les cœurs et à nous aider à établir l’Etat de droit. C’est ce que je fais au niveau de la Commission constitutionnelle. Ma santé n’est pas très bonne, certes, mais je suis « debout ». Et cela me rappelle cette phrase de Joseph Ki Zerbo : « Na an lara, an sara ». Moi je ne suis pas couché et je ne vais pas accepter que n’importe qui écrive mon histoire sur mon dos, de mon vivant. Je sais écrire, je sais penser, je peux tweeter et facebooker, mais je ne réponds pas aux âneries. Ce que je dois dire, c’est que si l’on ne veut pas féliciter Salifou Diallo, il ne faut pas le charger. Politiquement, il y a eu des divergences. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit ? J’ai cité le nom de Diendéré, il fut un temps où il ne m’a jamais refusé l’accès à Blaise Compaoré. Quand je partais voir Salifou Diallo ou Blaise Compaoré, c’est lui qui m’introduisait. Je ne peux pas salir son image pour cela. Il était là, au moment où il fallait. Dabo Boukary avait beaucoup de camarades, j’ai été détenu avec des camarades à lui. Après, il y a les André Tibiri, les Séni Kouanda qui ont aussi connu ces choses-là. Il y avait aussi Moumouni Traoré qui était au Conseil de l’Entente avec lui.

« Je n’admets pas que celui que j’ai vu naître, s’attaque injustement à moi »

Il faut avoir le courage de témoigner objectivement pour ne pas induire en erreur les jeunes et la population. Nous sommes humbles et nous avons payé un lourd tribut, pour être là où nous sommes aujourd’hui. Ce faisant, je n’admets pas que celui qui n’a jamais payé ce tribut, celui que j’ai vu naître, s’attaque injustement à moi. En tous les cas, qu’ils continuent ! Demain, ce sera eux et ils verront ce que c’est que de travailler au renforcement de l’Etat de droit, au développement et à l’édification du progrès social. Voilà ce que j’ai à dire sur l’affaire Dabo Boukary. J’ai conservé dans mes archives, des listes signées par Salifou Diallo au nom du chef de l’Etat, pour libérer une trentaine de prisonniers, comme Raymond Poda, Ernest Nongma Ouédraogo, Ollo Kambou, etc. On saisissait l’occasion pour introduire nos requêtes tous les 10 décembre, jour anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme.

Mais selon vous, qui aurait donc intérêt à salir le nom de Salifou Diallo à travers les réseaux sociaux ?

Le Burkina Faso est un pays de savane, tout le monde se connaît. 96 partis politiques ont pris part aux élections municipales mais combien s’en sont sortis ? Il y a eu combien de candidats à la présidentielle ? Mais c’est le président Roch Marc Christian Kaboré seul qui s’en est sorti. Il y a combien d’associations de la société civile au Burkina Faso ? Quand nous construisions ce mouvement en 1999, nous étions seuls et face aux adversités en tout genre. Même la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) ne voulait pas nous reconnaître parce qu’il y avait un mouvement en France dirigé par un certain Ablassé Compaoré qui voulait nous mettre les bâtons dans les roues. Aujourd’hui, il y a plus de 50 000 ONG. Mais quand il y a un problème, qui s’active ? C’est toujours le MBDHP. Maintenant, pour répondre à votre question de savoir qui a intérêt à s’en prendre à Salifou Diallo, je réponds par cette anecdote : un ministre de la Justice était allé dans une localité pour projeter un film sur les droits de l’Homme au Burkina. A la fin du film, on a posé la question : « Qu’est-ce que les droits de l’Homme? » La réponse est venue d’une dame : « Les droits de l’Homme, c’est Halidou Ouédraogo ». Le ministre a alors demandé que cette séquence soit coupée. On a vécu trop de choses au Burkina. Cela dit, comme la Justice est saisie, je souhaite qu’elle fasse la lumière sur cette affaire parce que Dabo Boukary est un héros, comme Norbert Zongo. Il faut faire la lumière sur toutes ces questions, pour tourner le dos à l’impunité. Parce que l’impunité tue la démocratie.

Justement, pensez-vous que la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif est une réalité au Burkina ou a-t-on plutôt affaire à une séparation de façade?

Depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014, on perçoit un peu la marche et le fonctionnement des structures étatiques. Nous avons un exécutif, le chef de l’Etat, le Premier ministre et son gouvernement. Nous avons un Parlement qui vote des lois, une Justice qui peut être un exemple dans la sous-région et même au-delà. Moi, personnellement, je pense que la séparation des pouvoirs est réelle et dans l’avant-projet de la Constitution que nous allons présenter à notre peuple, nous l’avons accentuée et encadrée. Car, nous estimons que sans la séparation des pouvoirs, la démocratie fonctionnera difficilement. Certes, il y a quelques divergences entre personnes mais ce qui m’intéresse, c’est qu’au sommet de l’Etat, les différences apparaissent comme des divergences secondaires et non antagoniques. Le Parlement doit avoir une logique de concertation avec l’exécutif qui, à son tour, doit avoir un esprit de concertation avec la Justice. De sorte que ce qui peut être différent, et ça doit exister normalement, apparaisse comme des problèmes mineurs et non antagoniques. Avez-vous déjà entendu dire que le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée nationale en sont venus aux mains ? Avez-vous déjà entendu dire qu’on a arraché le chignon à la présidente de la Cour de cassation? Les institutions ne fonctionnent pas mal et je pense que ce doit être comme cela. La commission a proposé quelque chose dans ce sens et à sa lecture, on voit bien que la question de la séparation des pouvoirs a été réglée.

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a lancé un appel à témoin sur des cas de manquements à la déontologie et à l’éthique par certains magistrats et sur des affaires judiciaires ayant fait l’objet de dénonciations par voie de presse. Quel commentaire en faites-vous ?

C’est une démarche normale, on progresse. Aujourd’hui, on a changé de ton. Avant, on n’aurait pas imaginé cela. Appeler des citoyens à dénoncer des magistrats qui les ont mal jugés, il faut le faire. Mais il ne faut pas non plus oublier que, avant tout, les magistrats et les avocats sont formés. Par conséquent, s’ils sont interpellés, ils doivent répondre. Je pense que cela participe de la bonne gouvernance et de l’indépendance de la magistrature. Il y a des commissions chargées de juger les magistrats indélicats. Il faut le faire.

« On attend du magistrat, de l’avocat, qu’il respecte son serment et qu’il soit intègre. On ne veut pas de magistrats coupeurs de route »

La justice et la corruption sont incompatibles. Les magistrats, s’ils sont corrompus, doivent être sanctionnés et le CSM dont nous avons encore abordé la question dans l’avant-projet de la Constitution, est là pour cela. Il doit faire la police dans la maison, parce que c’est cet organe qui nomme les juges. Le juge qui s’amuse à prendre de l’argent pour juger un justiciable, peut être sanctionné par le CSM. On attend du magistrat, de l’avocat, qu’il respecte son serment et qu’il soit intègre. On ne veut pas de magistrats ni d’avocats coupeurs de route ou djihadistes.

Justement, à propos de djihadistes, quelle appréciation faites-vous de la loi anti-terroriste au Burkina?

Il y avait deux lois (ndlr : la première a été votée le 17 décembre 2009 et la deuxième le 17 décembre 2015) et elles viennent d’être complétées par celle du 3 mai 2016. Mais je dois noter que la lutte contre le terrorisme va au-delà des textes. Si on ne met pas les textes à profit, on viole les droits humains. Ce qui se passe à nos frontières, n’est pas juste. Je lisais dans un journal de la place où il était écrit que l’Emir de Djibo disait que sa tête a été mise à prix mais qu’il se souciait beaucoup plus du sort des fonctionnaires de sa localité que du sien. Donc, nous attendons de l’Etat qu’il prenne toute la mesure du péril, parce que, que ce soit à Bruxelles, à l’hôtel Radisson blu à Bamako ou à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, les djihadistes sévissent. Il faut souhaiter seulement que le peuple burkinabè reste serein, qu’il fasse recours à son expérience séculaire. Aujourd’hui, on a des drones mais on n’arrive pas à venir à bout des terroristes. C’est vrai que le monde a changé, évolué, mais il est possible de vaincre la terreur, le terrorisme et l’Etat de non droit.

Pensez-vous donc que le G5 peut venir à bout du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne?

Toute initiative qui vise à consolider l’Etat de droit est à saluer. Mais, je pense qu’il faut compter sur soi-même d’abord.

Le Chef de file de l’opposition (CFOP) qualifie l’an 1 de Roch de « gâchis ». Qu’en dites-vous?

Je suis de la société civile, je veux garder la mesure. Toutefois, vous savez bien que je n’ai pas l’habitude de tourner autour du pot. Je vous parle franchement. Depuis un certain temps, la liberté d’expression, la liberté tout court, règne au Burkina Faso et cela n’a pas de prix. Le Parlement fonctionne, il y a des joutes oratoires ; ce qui est normal et il faut saluer cela. J’ai mis en place avec DIAKONIA, ce qu’on appelle le « Rochmètre », pour faire l’évaluation des 100 jours du président. Je suis également aux côtés de ladite institution pour conduire le Présimètre, qui est une évaluation des actions du chef de l’Etat et des membres du gouvernement. C’est ainsi que le président du Faso, à trois reprises, a fait face à la population. A côté du « Présimètre », il y a le « Buharimètre » (ndlr : en référence au président nigérian), le « Mackymètre » (ndlr : en référence au président sénégalais) et je ne sais pas s’il y a le « IBKmètre » (ndlr : en référence au président IBK du Mali).

« 2016 est l’année du Burkina. Car, il n’y a pas de prisonnier politique »

Mais ce n’est qu’au Burkina, à ma connaissance, qu’on voit un chef de l’Etat s’adresser directement aux populations, pour rendre compte de sa gestion, et ce n’est qu’au Burkina qu’on voit des maires travailler à rendre compte aux citoyens. Je salue ce régime et je pense qu’il faut que les Burkinabè l’accompagnent, tout en critiquant bien sûr ses faiblesses, et se mettent au travail. Si on garde le sens de la mesure, cela peut aller. Je pense que comme l’a dit quelqu’un, 2016 est l’année du Burkina.

Et pourquoi l’année du Burkina ?

Je pense qu’aujourd’hui, il n’y a pas de prisonnier politique dans ce pays. Mais moi, auparavant, j’ai vu des prisonniers politiques au Burkina. J’ai l’avantage d’avoir connu tous les présidents de ce pays, du président Maurice Yaméogo à Roch Marc Christian Kaboré. J’insiste, aujourd’hui, il n’y a pas de prisonnier politique. Je ne parle pas de ceux qui se sont compromis dans des coups d’Etat et autres. Il fut un temps où nous autres, même si nous n’insultions personne, avons vu nos têtes rasées. On nous a contraints à rester dans la clandestinité deux ans et demi durant dans ce pays. L’exil, c’est terrible. Aujourd’hui, qui vit dans la clandestinité au Burkina ? Quand je vous lis (en parlant du journal), il y a tous les tons.

Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA et Cheick Beldh’or SIGUE



A propos des 6 sous-comités de la commission constitutionnelle

Le premier était chargé d’examiner le préambule, les libertés démocratiques, les droits humains, etc. Le deuxième sous-comité avait pour mission de réfléchir sur l’Etat et la souveraineté. Le troisième s’est penché sur les institutions et leurs rapports, c’est-à-dire la nature du régime politique. Le quatrième sous-comité devait traiter le volet judiciaire. Le cinquième sous-comité était amené à déterminer les structures qui peuvent être considérées comme les institutions de la République. Enfin, le sixième sous-comité a travaillé sur les accords internationaux, la révision et les dispositions transitoires et finales.













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