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Burkina: Le ministre des Infrastructures échangera lundi avec les délégués des agents sur leurs doléances (syndicat, ENTRETIEN)
Publié le lundi 13 fevrier 2017  |  Alerte-Info
Construction
© aOuaga.com par A.O
Construction de l`échangeur du Nord : le ministre des Infrastructures visite le chantier
Jeudi 19 mai 2016. Ouagadougou. Le ministre des Infrastructures, Éric Bougouma, a visité le chantier de construction de l`échangeur du Nord et d`autres chantiers routiers dans la capitale burkinabè. Photo : Eric Bougouma




Le ministre burkinabè des Infrastructures Eric Bougouma rencontrera lundi les responsables des travailleurs de son département qui ont tenu jeudi un sit-in pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail pour échanger sur leurs doléances formulées en 12 points, annonce M’Bi Yaméogo, secrétaire général du Syndicat des Travaux publics, du Bâtiment, de l’Hydraulique et Assimilés (SYTTPBHA), dans un entretien à ALERTE INFO.

Après votre sit-in tenu jeudi au sein de votre ministère pour la satisfaction de vos doléances, où en est-on avec ce dossier ?

Après le sit-in le ministre (Eric Bougouma) s’est rendu à la direction générale des pistes rurales pour rencontrer les agents. Il nous a également adressé une correspondance pour nous inviter à une rencontre de concertation et d’échange lundi. Nous allons aller l’écouter mais d’ores et déjà nous avons comme un pressentiment que ça ne va pas marcher. Nous avons l’habitude de ces réunions. Chaque fois que nous avons lancé nos activités (de protestation) ces réunions ont été convoquées mais ça n’a rien donné. Mais pour marquer notre disponibilité au dialogue nous y rendrons avant d’aviser par la suite.

Pourquoi n’avez-vous pas attendu la fin des travaux des concertations dont vous êtes associés avant de durcir le ton ?

Vous avez parfaitement raison parce qu’effectivement dans un processus de dialogue, surtout s’il y a des comités qui sont mis en place, il aurait fallu attendre la fin de leurs travaux. Mais, une fois de plus, je répète que le syndicat a joué sa partition. Je vous prends un exemple. Il y a un comité pour trouver un système de motivation pour les agents, mis en place novembre passé et pour 21 jours de travail. Jusqu’à présent nous ne savons pas où se trouve les conclusions de ce comité. Tous les comités mis en place ne sont pas sincères et honnêtes. Nous avions discuté sur notre plate-forme revendicative et tombé d’accord sur la signature d’un protocole en août. Et jusqu’à l’heure actuelle, il n’a pas signature de ce protocole.

Le comité de motivation dont je parlais tantôt, a fini ses travaux depuis le 14 décembre mais jusqu’à maintenant n’a pas livré ses conclusions. Un autre comité qui devait travailler sur les carrières n’a jamais été mis en place. Un cadre de concertation devait se pencher sur les organigrammes du ministère qui posent problèmes. Là également les travaux de comité étaient prévus pour prendre fin le 31 janvier mais jusqu’à l’heure où je vous parle, rien n’est fait. Pour ce comité par exemple, le ministre (Bougouma) a décidé que les décisions consensuelles allaient être mises en œuvre et qu’on n’allait pas tenir compte de celles non consensuelles.

Mais nous avons remarqué au fur et à mesure que les travaux avançaient que les membres de l’administration ont été menacés à plusieurs reprises par leur hiérarchie leur demandant de travailler à ce qu’il n’y ait pas de consensus. Toutes ces preuves montrent qu’on a mis en place ces comités pour gagner seulement en temps. C’est d’ailleurs les raisons pour lesquelles nous avions adressé par correspondance officielle, une lettre au ministre pour lui signifier que nous nous retirons de tous ces cadres de concertations dont nous avons l’impressions que leurs conclusions créeront beaucoup plus de problèmes.

Qu’entendez-vous par l’harmonisation et l’opérationnalisation du système de motivation pour les travailleurs ?

Sur ce point il faut noter qu’au niveau du ministère des Infrastructures selon que tu sois dans la direction générale des pistes rurales ou dans la direction générale des infrastructures ou dans les directions régionales, la motivation diffère. Cela fait que les agents demandent les affectations pour venir à Ouagadougou. Donc nous avons demandé que tous les agents à quelques niveaux où ils se trouvent soient traités au même niveau pour permettre à chacun de se sentir là où il se trouve et que le travail puisse marcher correctement. Si dans une direction les gens sortent en mission tout le temps et que dans les autres, les agents sont assis et ne font rien, c’est sûr que les travailleurs vont aller là où il y a du travail.

Si vous prenez une direction générale qui est chargée par exemple de la supervision des travaux, vous demandez à une autre direction d’aller faire le travail en lieu et place de la direction qui en avait la charge, nous pensons que cela va poser problème. Ce système ne résume pas en une question pécuniaire mais il y a le système d’organisation même pour que l’agent se sente à l’aise là où il se trouve pour se donner à fond pour un meilleur rendement.

Qu’est-ce que vous dénoncez concrètement dans la gestion des marchés publics ?

Au niveau des marchés publics nous avons demandé la transparence que nous entendons par justice et équité. Nous avons remarqué qu’il y a beaucoup de nos camarades qui sont au niveau des commissions d’attribution des marchés qui subissent des pressions diverses pour que les résultats des travaux aillent dans un sens ou l’autres selon la volonté de l’autorité. C’est pourquoi nous avons demandé que les commissions des marchés qui existent au niveau du ministère soient véritablement indépendantes pour mener le travail. Nous avons assisté à des attributions de marché qui ont été remises en cause. Tout récemment il y a un lot de 52 marchés publics qui ont été publiés, et il y a beaucoup de récriminations. Des gens ont attaqué des décisions et eu raison. Donc tout cela montre que la gestion n’est pas transparente.

En ce qui concerne les marchés publics nous avons également demandé à ce que le gouvernement prenne des mesures pour permettre une préférence des entreprises nationales parce que chaque pays protège en fait son tissu social et économique. Nous avons demandé que pour tous les marchés s’il y a l’expertise et la compétence au niveau national, il n’y ait pas de raison qu’on aille chercher une entreprise étrangère pour venir exécuter les travaux que les entreprises nationales peuvent faire. Par exemple la plupart des entreprises étrangères sont payées à 70% à l’extérieur. Cela occasionne l’évasion fiscale mais aussi des pertes d’emplois que les entreprises nationales auraient dû sauver.

Dans le cadre des marchés, nous avons également attiré l’attention du gouvernement sur le Partenariat Public Privé (PPP), parce que si on rentre dedans aveuglement nous risquons d’endetter excessivement le pays et cette dette risque d’être incontrôlée par la suite. Nous avons l’exemple de l’échangeur du nord (de Ouagadougou) passé en PPP et où il y a eu l’évasion fiscale de plusieurs milliards FCFA qui ont été évoquées dans les parutions du (bimensuel) Le Reporter. Et toutes ces questions ne sont pas encore réglées. Donc si on y prend garde nous allons rentrer dans un système que nous ne maîtriserons. Nous disons que ces PPP non maîtriser mettent le pays sous tutelle.

On remarque aussi qu’au niveau des sous commissions d’attributions sensées être autonomes, il y a des interférences des autorités dans les passations des marchés. Par exemple pour les marchés de pistes lancées où on dit que pour les entreprises qui travaillent depuis dix ou quinze ans et qui ont l’expérience et le matériel, eux ils sont écartés au profit des entreprises qui ont gagné nouvellement leur agrément, il y a problème.

Que dit le protocole d’accord de 2011 pour lequel vous demandez son respect ?

Alors à travers ce protocole, le gouvernement avait demandé au syndicat et au ministère qui dans un cadre de concertation ont travaillé et même des propositions ont été faites sur le système de motivation des agents. Des propositions concrètes chiffrées ont été proposées mais depuis 20011 ça n’a jamais été mis en œuvre. Le deuxième élément du protocole qui concerne l’indemnité de risque que nous avons demandé, qui avait été admis mais n’est toujours pas mis en œuvre aussi. Il y a nos collègues, des camarades qui ont été licenciés et dans le protocole le gouvernement demandait au ministère de faire la situation des besoins et les réintégrer. Mais jusqu’à présent ce personnel licencié est là et on recrute toujours d’autres personnes ailleurs. Dans ce même protocole il est prévu la nomination des hommes qu’il faut à la place qu’il faut. En gros nous avons demandé puisque c’est un engagement du gouvernement, purement et simplement la mise en œuvre de ce protocole-là.

Quels sont les arguments sur lesquels le syndicat se base pour dire qu’il existe une cellule Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, majorité) au sein du ministère ?

Il n’est pas interdit d’être dans le syndicat et d’appartenir à un parti politique. Cela n’est pas interdit. Par contre ce qui est interdit en fait, c’est la politisation de l’administration publique. Nous avons demandé à ceux qui veulent faire de la politique d’aller le faire ailleurs mais pas au niveau de l’administration. Cette cellule MPP tient ces rencontres plusieurs fois et nous avions même menacé d’aller en sit-in entretemps. Sur ce point le ministre nous avait rencontré et il a été d’accord avec nous que l’administration devait rester apolitique et il a avait envisagé de rencontre cette cellule MPP pour leur signifier cela. Cela sous-entend que le ministre reconnait cela.

Quelles pourraient-être les conséquences d’une cellule MPP au sein d’une administration ?

Nous avons par exemple des cadres de catégories B qui ont été nommés pour commander des cadres de catégories A. Si ce n’est pas les affinités, rien ne peut justifier cela. Nous avons dénoncé des affectations arbitraires. Certains ont été rétablis mais d’autres non pas été satisfaits. Ces comportements s’expliquent par la politisation de l’administration. Nous avions vu depuis longtemps le problème et nous avons attiré l’attention du gouvernement sur la nécessité de la neutralité de l’administration dès le départ. Depuis le 29 mars 2016 nous avons adressé une correspondance au ministre où nous avons demandé à ce que l’administration observe une neutralité dans la gestion des hommes et du patrimoine. Des camarades nous ont rapporté que la plupart des nominations ont été décidé au siège du MPP. Donc nous ne voulons pas de blocages dont cette mauvaise gestion sera la cause.

Quelles seront les démarches à suivre à l’issue de la rencontre de lundi ?

Il faut dire que nous ne croyons même pas beaucoup à ce qui peut être pris comme décision lundi parce que les responsables ne sont pas honnêtes et sincères dans tout ce qu’ils disent et font. Nous avons observé pendant une année et nous avons compris. Donc depuis lors nous nous méfions et nous sommes prudents par rapport à tout ce qui se passe. Nous sommes en train de tout documenter parce que nous savions que le blocage auquel nous assistons actuellement devait arriver.

Déjà les agents de la direction générale des pistes rurales ont adressé une lettre au ministre (Eric Bougouma) pour dire qu’ils arrêtent les activités jusqu’à nouvel ordre. Les autres directions certainement si le lundi il n’y a rien de concret, vont arrêter le travail. Et c’est ce qui risque d’arriver parce que la sincérité n’y ait pas dans le dialogue.

BBO
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