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Procès projet d’attaque à la MACA : fait le grand déballage
Publié le mercredi 11 janvier 2017  |  Sidwaya




L’interrogatoire des inculpés dans l’affaire du projet de libération des généraux de la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) s’est poursuivi le mardi 10 janvier 2017 au Tribunal militaire de Ouagadougou. Cette audience d’interrogatoire a été surtout marquée par le passage à la barre du principal accusé, le caporal Madi Ouédraogo.

Accusé par tous les autres inculpés d’être l’instigateur de l’affaire dite projet d’attaque de la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), le caporal Madi Ouédraogo est passé à la barre le mardi 10 janvier 2016 pour répondre des faits à lui reprochés dans cette affaire «ministère public contre le caporal Madi Ouédraogo et 28 autres». Il est poursuivi pour «association de malfaiteurs» et de «complicité de détention d’armes et de munitions». Sur les deux charges, le principal accusé a plaidé «non coupable», bien que tous ses co-accusés rejettent la balle sur lui. A l’entendre, tout a commencé le 8 décembre 2015, lorsque le soldat de 1re classe, Atina Haro et le sergent Mahamadi Zallé lui ont demandé de les accompagner dans le quartier Tanghin. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés au domicile de Alassane Cheick Ouédraogo dit Ladji où le sergent Zallé l’a présenté à son ami Ladji. «A l’issue de la présentation, Mahamadi Zallé a évoqué l’affaire de nos matériels perdus au camp Naba-Koom et a indiqué que Ladji s’est proposé de nous aider à les retrouver parce qu’il connaissait le chef d’Etat-major général des armées et le chef d’Etat-major de la gendarmerie. J’ai trouvé que c’était une bonne chose», a indiqué le caporal Madi Ouédraogo. Selon ses dires, il s’est proposé de contacter les autres militaires concernés par la perte de matériel pour que Ladji puisse les rencontrer chez lui à Balkuy et leur expliquer la situation. Après un rendez-vous manqué le 16 décembre 2015 qui n’a pas mobilisé beaucoup de personnes, promesse a été faite de se réunir le 19 décembre pour permettre à Ladji de rencontrer l’ensemble des soldats concernés, a poursuivi le caporal Madi Ouédraogo. A l’en croire, c’est à la rencontre du 19 décembre 2015 que les choses ont basculé parce que des acteurs infiltrés sont intervenus avec d’autres objectifs. «A cette réunion, le sergent Alexandre Yougbaré, le caporal Claude Ido, les soldats Rassidi Ouédraogo et Dieudonné Ouédraogo sont venus me remettre un papier où il y avait un autre ordre du jour. Ils m’ont dit d’émettre l’idée de la libération des généraux de la MACA pour voir la réaction des autres», a soutenu l’accusé principal.

Un montage de Yacouba Isaac Zida

C’est en cherchant à comprendre, selon lui, que ses interlocuteurs lui ont fait savoir qu’il y a des réunions qui se tiennent au Premier ministère avec le chef du gouvernement d’alors, Yacouba Isaac Zida, dont l’objectif est de faire un coup d’Etat et de prendre le pouvoir. Selon les explications de l’accusé, le caporal Ido et ses camarades lui ont signifié qu’une vague d’affectations d’ex-RSP à Ouagadougou est en cours pour bien planifier la prise du pouvoir le 29 décembre 2015, le jour de l’investiture du président Roch Marc Christian Kaboré. «Et pour éviter que Zida n’exécute nos camarades qui sont à la MACA, ils m’ont expliqué qu’il fallait qu’on attaque Yimdi pour prendre les armes et aller libérer les deux généraux à la MACA. C’est ainsi que j’ai pris la feuille avec Claude Ido et ses amis pour lire. Mais quand j’ai évoqué le sujet de la libération des généraux, les autres camarades ont rejeté l’idée et il y a eu de vives discussions», a affirmé le caporal Ouédraogo Madi. Il a ajouté qu’après la réunion, le caporal Claude Ido a pris le soin de reprendre les papiers avant de sortir faire un appel téléphonique où il a dit : «mon sergent c’est OK». Pour lui, il s’agit de la bande sonore qu’évoque le ministère public pour les inculpés et qu’il est convaincu qu’il est question d’un montage de l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida.
A la barre, le caporal Madi Ouédraogo est revenu sur la genèse de ses divergences avec Yacouba Isaac Zida qui lui vaut aujourd’hui d’être dans le viseur du général de division exilé au Canada. «Le 18 juin 2015, l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida a rencontré un groupe de jeunes militaires dont moi, pour nous dire qu’il voulait faire une révolution au Burkina Faso. Et pour y arriver, il fallait qu’il fasse un coup d’Etat à la Transition, liquide un certain nombre de personnes dont Salifou Diallo, les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé», a raconté le caporal Madi Ouédraogo. Et d’ajouter : «Il nous a dit que si nous acceptons la mission, il nous promet chacun 60 millions de F CFA et une villa. Certains ont accepté le marché mais moi j’ai refusé l’affaire catégoriquement». Il a poursuivi que le lendemain, 19 juin 2015, il était à son poste au garage, puisqu’il est conducteur, quand le caporal Madi Pafadnam est venu le voir de la part de Yacouba Isaac Zida pour lui donner un autre rendez-vous le soir au même lieu. Il lui a remis deux numéros de téléphone pour qu’il puisse confirmer s’il pourra être au rendez-vous. «Le soir, je suis allé rencontrer Zida accompagné du caporal Pafadnam. L’ancien Premier ministre a voulu me convaincre en me disant que dans le domaine des affaires, il n’y a pas de sentiment et que c’est lui qui a fait rouvrir le dossier Thomas Sankara mais l’affaire n’ira nulle part. Mais j’ai refusé ce qu’il voulait». Le caporal Madi Ouédraogo s’est dit convaincu que c’est à cause de cette affaire que Yacouba Isaac Zida lui en veut à mort et l’a piégé pour pouvoir atteindre ses objectifs. Avant le caporal Madi Ouédraogo, la Cour a auditionné le sergent Mahamadi Zallé et Alassane Cheick Ouédraogo dit Ladji qui ont tous plaidé «non coupable».


Lassané Osée OUEDRAOGO
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