Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Crise lycée Les Buissonnets : La femme du colonel et les bonnes sœurs
Publié le mardi 6 decembre 2016  |  L`Observateur Paalga




Les enseignants du lycée Les Buissonnets ont déserté les classes le lundi 5 décembre 2016 en signe de protestation. La fondatrice de cet internat religieux, Jeanne Zongo, menace en effet de rompre en plein milieu de l’année scolaire le contrat de la congrégation des sœurs filles du cœur de Marie qui gère l’établissement. Au centre de ce différend entre les nonnes et cette épouse d’un colonel de l’armée : le dieu argent.


« Nous sommes désemparés. On les a suppliés de laisser nos enfants faire cours jusqu’à la fin de l’année mais il n’y a pas cours. Comment des responsables du pays peuvent faire ça si ce n’est parce que leurs enfants sont à l’extérieur ?» C’est par ces mots accompagnés de gestes de dépit que nous avons été accueillis par un parent d’élève hier à l’entrée du lycée Les Buissonnets.

Les élèves étaient maintenus dans les classes mais aucun enseignant ne dispensait la moindre leçon. Situé à Yimdi à la sortie ouest de Ouaga, cet internat mixte a ouvert ces portes lors de l’année scolaire 2012-2013. Il accueille cette année environ 400 élèves. Mais depuis peu, une crise oppose la fondatrice de l’école à la congrégation des sœurs filles du cœur de Marie qui a à sa charge la gestion pédagogique.

Le différend a pris une autre tournure avec cet arrêt de travail des encadreurs. Les victimes collatérales de cette fronde, ce sont évidemment les enfants, dont l’année scolaire est prise en otage, et leurs parents, qui ne savent pas où donner de la tête.

L’accès de l’école nous étant interdit, c’est par téléphone que nous avons essayé de prendre notre "premier rendez-vous" avec une sœur pour connaître la genèse de ce conflit. Une entreprise tout aussi infructueuse, car selon notre interlocutrice la responsable, la seule autorisée à nous recevoir, est pour l’heure absente.

Coup de chance, au milieu de ses va-et-vient de parents d’élèves qui viennent s’enquérir de la situation, une 4x4 conduite par une femme s’arrête à notre hauteur. Elle se présente comme la fondatrice de l’école même si son époux était avec elle, et ne décline son identité que bien plus tard. Elle s’est refusée à toute photographie.

Jeanne Zongo et son mari sont venus, dit-elle, pour une ultime tentative en vue de trouver une solution. Elle promet de s’exprimer après sa rencontre avec les religieuses. Commencent alors 2h de pied de grue au bord de la route nationale no1.



« Il faut qu’elles partent »



Lorsque le colonel Zongo et épouse ressortent de l’établissement catholique interdit aux journalistes adeptes de saint Thomas, leurs visages sont plus crispés qu’à leur venue. « Elles ne veulent pas dialoguer, c’est mieux qu’elles partent », nous lâche la fondatrice qui ne décolère pas contre les bonnes sœurs. Elle se met alors à nous raconter son évangile sur la crise.

A l’en croire, depuis la création de l’établissement, il a toujours été dirigé par des congrégations catholiques qui, on le sait, jouissent d’une bonne réputation dans l’enseignement. La première communauté a eu du mal à s’acclimater, et a plié bagages après seulement une année. Puis les sœurs filles du cœur de Marie ont pris la gestion pédagogique pour 3 années.

En vertu de ce contrat, les congrégationnistes choisissent librement le programme, les enseignants et le menu des pensionnaires. En gros, la gestion quotidienne de l’école. Jusque-là, tout va bien. Mais comme on ne peut pas servir deux maîtres à la fois : Dieu et l’argent, c’est de la gestion des finances que va naître l’embrouille.

Selon Mme Zongo, les sœurs l’accusent de ne pas leur laisser la main libre dans l’utilisation des fonds. Mais elle s’en défend et assure être sans reproche : « Jamais je ne suis revenue sur le budget, que nous avons arrêté en début d’année. Et c’est normal que j’aie un droit de regard sur les finances, car selon le contrat, en cas de déficit, c’est moi qui dois combler le manque ».

Toujours selon les propos de la fondatrice, les sœurs ne l’auraient pas absoute de ce "péché" et vont lui envoyer une lettre d’avertissement datant du 24 août 2016 mais qu’elle n’aurait reçue qu’un mois plus tard. Pour notre interlocutrice, les nonnes seraient de mauvaise foi, car le 16 septembre au cours du conseil de gestion, elles n’auraient pas pipé mot de la lettre d’avertissement.

« On a essayé de rencontrer la responsable mais chaque fois, on nous disait qu’elle était absente. Comme c’est comme ça, c’est mieux qu’elles partent». La fondatrice de Les Buissonnets a donc décidé de congédier bonnement les bonnes sœurs, un peu trop indépendantes à son goût, et ce avant la fin du contrat prévue pour juin 2017. Mais les épouses du Christ seraient entrées en rébellion, instrumentalisant, selon la fondatrice, les encadreurs pour qu’ils ne fassent pas cours.

Que cela ne tienne, Mme Zongo est déterminée à trouver une solution même si cela suppose renvoyer aussi les enseignants vacataires et en recruter d’autres. « Cette année, nous avons fait 100% au BAC et 98% au BEPC. Nous ne voulons pas que cette crise impacte nos résultats académiques. La composition, c’est dans une semaine mais d’ici là, on va y trouver une solution. On va faire venir une autre congrégation, car les parents tiennent à la catholicité de l’école», a-t-elle confié.

Malgré notre insistance, aucune représentante de la congrégation ne voulut nous recevoir. Nous n’avons donc pu entendre d’autre son de cloche que celui de certains parents qui ont parlé sous l’anonymat. Beaucoup se plaignent de n’avoir pas été informés de cette crise ni par l’administration ni par l’Association des parents d’élève (APE).

Concernant le nœud du problème, ils s’inquiètent du sort de leurs rejetons : « Je ne comprends pas pour qu’elles raisons on va rompre un contrat en milieu d’année. C’est l’intérêt des enfants qui doit primer ».



Hugues Richard Sama
Commentaires

Titrologie



L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment