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Issa Benjamin Baguian, DG de l’APEX-Burkina : « Nous avons des perspectives pour accroître nos exportations »
Publié le vendredi 2 decembre 2016  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Agence pour la promotion des exportations du Burkina (APEX-Burkina)




Issa Benjamin Baguian est le nouveau directeur général de l’Agence pour les exportations (APEX) du Burkina Faso. Il a participé à la XIe conférence du réseau des Organisations de promotion du commerce (OPC), qui s’est tenue, les 24 et 25 novembre, à Marrakech, au Maroc. Avant cette nomination, il était le directeur général de l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation (ANVAR). De 2006 à 2011, M. Baguian a été le conseiller économique de l’ambassade du Burkina à Washington DC. Directeur général par intérim de l’Office national du commerce (ONAC), devenu APEX, de janvier à mars 2006, celui qui est chargé de la promotion des exportations du Burkina a également occupé le poste de directeur de la formation et de l’information commerciale de l’ONAC de 1994 à 2000. Il a par ailleurs dirigé le Trade point (pôles de commerce) Burkina de 2000 à 2006. Dans cette interview, Issa Benjamin Baguian revient sur les conclusions de la rencontre de Marrakech.

Sidwaya (S) : Quelles ont été les grandes décisions qui ont été prises à la XIe conférence du réseau des organisations de promotion du commerce, qui s’est tenue, les 24 et 25 novembre 2016, à Marrakech, au Maroc ?


Issa Benjamin Baguian (I.B. B.) : Il faut saluer le fait que cette réunion a permis aux offices de promotion du commerce de se rencontrer physiquement, de partager leurs expériences et d'envisager l'avenir. Elle rappelle une fois de plus l'important rôle que jouent les Organisations de promotion du commerce (OPC). Les premiers responsables de ces organismes, en se retrouvant, ont pu examiner le fonctionnement de leurs structures, de même que leur mode de financement. Avec la présence effective des participants venus des cinq continents et celle du centre du commerce international de Genève, la rencontre de Marrakech a été un rendez-vous du donner et du recevoir. Les défis auxquels les OPC sont confrontées ont été analysés et des solutions ont été préconisées pour mieux promouvoir les exportations dans nos pays.
Toutefois, nous devons observer un certain réalisme, car tous les OPC ne sont pas au même niveau de développement en termes de disponibilité d'infrastructures et de capacités techniques et financières. Si on prend le cas du commerce électronique, c'est un besoin réel pour nos exportateurs en termes de paiements électroniques, de recherche et de diffusion d'information commerciale etc. Avec la cybercriminalité, nous devons nous assurer de la fiabilité de nos systèmes pour ne pas mettre nos exportateurs à la portée des personnes mal-intentionnées. Dans ce cas de figure, il faut que ceux qui sont relativement au même niveau, notamment dans la sous-région ouest-africaine, puissent analyser leurs situations pour voir dans quelles mesures ils pourront cheminer ensemble, tout en profitant de l’expérience de ceux qui sont en avance.
Pour revenir sur les grandes décisions, cette conférence a permis de mettre en place un réseau des offices de promotion de commerce qui va permettre de faciliter l’échange d’informations et l’organisation de foires ou de salons au profit des exportateurs. Ce réseau va également permettre de mettre en ligne les différentes stratégies de promotion des exportations. En outre, la rencontre de Marrakech a permis aux OPC des pays membres de l'UEMOA de se concerter pour soumettre un protocole d'accord pour soutenir les efforts de promotion des exportations dans l’espace économique.


S : Peut-on savoir les opportunités que l’APEX a pu avoir en prenant part à ce rendez-vous des OPC ?


I.B.B. : La première opportunité, qui nous a été offerte à cette conférence, a été la prise de contact avec d’autres structures sœurs d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Deuxièmement, nous avons pu échanger avec des partenaires techniques tels que le Centre de commerce international de Genève (CCI) en Suisse qui est un organisme spécialisé dans l’appui aux institutions de promotion du commerce. Il y a d’autres partenaires comme la Conférence des Nations-unies sur le Commerce et Développement (CNUCED) et le secrétariat général de l’Organisation pour la Conférence islamique (OCI). Avec le CCI, nous avons discuté autour d'un programme relatif au renforcement des capacités, d'une part, des agents de l'APEX-Burkina, et, d'autre part, des exportateurs eux-mêmes.
Le Burkina Faso organise en 2017 la Foire internationale multisectorielle de Ouagadougou dénommée FIMO. La XIe rencontre mondiale des OPC a été pour le Burkina Faso une opportunité pour faire la promotion de l'événement auprès des différentes agences sœurs de promotion du commerce. Les documents relatifs à la FIMO ont été distribués aux différentes délégations qui informeront leur pays de la tenue de la manifestation.


S : Il a été question dans les débats de la compétitivité des PME africaines sur le marché international. Y a-t-il des PME Burkinabè capables de conquérir le marché international ?


I.B.B. : Nous avons des PME capables de s’y faire une place, mais il convient de savoir que la compétitivité implique beaucoup de choses. Il faut d’abord avoir des produits qui répondent aux normes internationales et la capacité de répondre à la demande. Vous pouvez produire, mais lorsqu’on vous demande telle quantité, vous devez être en mesure d’y répondre. L’autre exigence est relative à la qualité des produits. Il faut s’assurer que les produits que nous mettons sur le marché sont de qualité et que les demandeurs en sont satisfaits. Il y a également la nécessité d'une bonne maîtrise des pratiques et techniques du commerce international par nos PME.
L'APEX-Burkina a pour mission d'accompagner nos exportateurs sur les marchés afin de garantir la réussite de leurs opérations commerciales. Pour ce faire, une Stratégie nationale des exportations(SNE) à été élaborée et adoptée en 2011. Toutefois, au regard de l'évolution de nos produits, une relecture de cette stratégie est en cours de réalisation pour prendre en compte de nouveaux paramètres. Cette SNE nous renseignera sur les produits phares du Burkina Faso, les principaux exportateurs et des activités qui seront entreprises pour mieux conquérir les marchés. Au niveau de l’APEX, nous sommes en train d’élaborer le potentiel exportable et la liste des exportateurs pour appréhender les potentialités que nous avons. Quels sont les produits phares que nous pouvons promouvoir au niveau de l’exportation ? Quel est le niveau des nos exportateurs ? Quels sont les marchés qui consomment ces produits ? Autant de préoccupations auxquelles nous tenterons d’apporter des réponses.


S. : Le Burkina Faso fait partie des pays qui ont exposé leurs produits à la XIe conférence du réseau des OPC. Quels sont les produits que vous avez exposés?


I.B.B. : Au cours de cette rencontre, le centre marocain pour la promotion des exportations a invité les pays participants à exposer des produits phares de leur pays. Le Burkina Faso a présenté le textile, le beurre de karité, le sésame et l'artisanat. Les quelques échantillons de produits présentés par le Burkina a retenu l'attention de plusieurs visiteurs. Ces produits ont été fortement appréciés par les visiteurs. C’est un échantillon que nous avons amené pour montrer que le Burkina dispose de ces produits et que nous travaillons à ce qu’ils s’imposent sur le marché international


S : D’une manière générale, comment se portent les exportations burkinabè ?


I.B.B. : Je ne dirai pas que les exportations burkinabè se portent bien dans la mesure où la balance commerciale est toujours déficitaire. Mais qu’à cela ne tienne ! C’est en développant nos exportations que nous pouvons équilibrer notre balance commerciale, faire entrer des devises étrangères, promouvoir nos entreprises et créer des emplois.
Pour ce faire, une réforme a conféré de nouveaux statuts à l’APEX-Burkina dans le but de la rendre plus opérationnelle aux côtés des exportateurs. Avec cette réforme, il y a eu la création du fonds d’appui à la promotion des exportations pour accompagner les exportateurs en termes de finances, de techniques et de renforcement de capacités. Cela nous permettra d’identifier les produits et les promouvoir sur le marché extérieur. Nous sommes dans une dynamique de faire pour qu’il y ait des plus dans les exportations de notre pays. Pour cela, il faut former le personnel de l’APEX et les opérateurs économiques. Nous voulons aussi mettre des vitrines dans les pays où nous avons un potentiel de produits demandés. C’est le cas du Japon, de la Chine-Taiwan et des Etats-Unis etc..


S. : La rencontre a abordé aussi les entraves douanières dans les exportations ? Quel rôle doivent jouer les OPC pour lever ces obstacles ?


I.B.B. : Ce sont des problèmes qui ne devraient pas exister dans la mesure où des décisions ont été prises au plus haut niveau de nos pays pour faciliter les échanges. Au niveau de la CEDEAO et de l'UEMOA, des textes ont été signés pour favoriser la libre circulation des biens et des personnes. Dans ce cas de figure, les OPC doivent jouer le rôle de centres d’alerte. Ils doivent interpeller les gouvernements sur les blocages constatés de même que le non-respect des textes en vigueur dans la promotion des exportations.


S. : Il a été répété dans les discussions que l’Afrique est le fer de lance du commerce et de l’investissement dans le monde. Et pourtant à y voir de près, elle ne pèse pas dans les exportations. N’y a-t-il pas contradiction ?


I.B.B. : Oui ! Quand on regarde les différentes analyses relatives à l'avenir du continent, c’est ce qu’on dit de l’Afrique. Mais qu’est-ce que les Africains entreprennent pour en faire un continent d’avenir ? C’est la question que nous devons nous poser. Comme vous l'avez entendu au cours des différentes communications, on dit que l’Afrique est la destination des exportations et des investissements. Cette déclaration est devenue un refrain repris à longueur de conférences, de débats etc. Nous devons nous rendre compte qu'il y a le risque de vendre sans faire des bénéfices. Il nous faut attirer des investissements qui développent nos pays, exportent des produits qui engendrent des recettes substantielles. Mais de nos jours, nous exportons la plupart du temps des matières premières et il n’y a pas de valeur ajoutée. Ce qu’il faut faire, c’est de mettre en place des infrastructures qui permettent à nos entreprises de transformer nos produits locaux sur place avant de les exporter.


Propos recueillis
par Karim BADOLO
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