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Epidémie de la dengue au Burkina Faso : inquiétude du RAME sur les dispositions prises par les autorités sanitaires
Publié le lundi 28 novembre 2016  |  RAME
Dengue
© aOuaga.com par Séni Dabo
Dengue : 938 cas probables dont 13 décès à Ouaga
Mardi 8 novembre 2016. Ouagadougou. Le ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo, a animé une conférence de presse sur la situation de la maladie de dengue caractérisée par 938 cas probables et 13 décès notifiés dans la capitale burkinabè à la date du 6 novembre dernier




Depuis maintenant près de deux mois, le Burkina Faso est secoué par une épidémie de dengue parfois appelée « palu-dengue ou maladie des voyageurs ». A la date du 08 novembre les statistiques données par le ministère de la santé indiquent que 983 cas de dengue ont été enregistrés dans la seule ville de Ouagadougou avec malheureusement 13 décès. En outre, il a été noté que des cas ont été détectés dans les régions du Sahel, des Hauts-Bassins (Bobo) et très récemment dans le Centre Ouest.
La dengue est une maladie virale causée par un arbovirus, largement répandu dans les pays tropicaux et en forte expansion en Afrique ces 30 dernières années. Le virus de la dengue est transmis par les piqures de moustiques femelles, principalement de l’espèce Aedes communément appelé moustique tigre qui se reconnait par sa couleur sombre et des marques blanchâtres sur les pattes. Le Burkina Faso n’est pas à son premier épisode d’épidémie de dengue. Les premières épidémies remonteraient en 1925 et en 1980. L’émergence de la dengue remonte en 2013 avec des nouveaux cas notifiés dans les environs de Ouagadougou (Kamboinsé).
Face à cette épidémie, les autorités sanitaires ont pris un certain nombre de mesures dans le sens de contrôler la maladie et de traiter les personnes déjà infectées.
Le RAME voudrait par la présente féliciter les autorités sanitaires sur ces différentes actions notamment :
- les campagnes de communication et de sensibilisation sur la maladie qui sont menées par le ministère de la santé depuis un certain temps,
- l’élaboration et la disponibilité de directives de prise en charge des cas de dengue ou des cas suspects,
- la décision de la prise en charge gratuite des cas déclarés de dengue dans les formations sanitaires publiques.
Cependant, le RAME s’inquiète de l’évolution de la situation de la maladie et voudrait attirer l’attention des autorités sanitaires sur certains aspects concernant la mise en œuvre de la riposte.
Nous constatons avec stupéfaction qu’après deux mois d’épidémie, les autorités sanitaires n’ont pas pu s’approvisionner en test pour le diagnostic rapide (TDR) de la dengue. A ce jour presque tous les laboratoires publics du pays sont dépourvus de TDR de la dengue.
L’efficacité et l’efficience de la prise en charge devraient combiner le diagnostic clinique et le diagnostic biologique. En optant pour l’approche syndromique, certainement moins coûteuse pour l’Etat, les patients sont obligés de payer de leurs poches pour la confirmation des cas suspects de dengue, alors que la gestion d’une épidémie (dépistage et traitement) est sous la responsabilité directe de l’Etat. Du coup, le gouvernement manque l’opportunité de disposer des données fiables pour mesurer l’ampleur, la répartition et la gravité de l’épidémie de la dengue. En effet, tous les chiffres donnés par les autorités sanitaires concernent la seule ville de Ouagadougou. Il n’y a pas suffisamment de preuves que l’épidémie est seulement dans les limites territoriales exprimées par le ministère de la santé. Ces limites pourraient ne représenter que les zones où des personnes ont eu les moyens de diagnostiquer la maladie. Aussi, nous interpellons le ministère de la santé à mettre en œuvre des stratégies pour mieux maitriser de l’étendue et de l’ampleur réelles de l’épidémie au niveau national afin de définir les moyens nécessaires à sa riposte.
Le RAME constate par ailleurs que les mesures préventives prises restent assez limitées et ne pourront produire que des effets mineurs. La communication sur la prévention n’exploite pas le réseau des organisations communautaire pour s’assurer de toucher les populations les plus reculées, qui n’ont pas accès à des médias comme la télévision. Concentrer la sensibilisation dans les centres urbains supposés être les zones uniques d’existence de la maladie est hasardeux, étant donné que l’étendue de l’épidémie n’est pas réellement maitrisée.
Nous constatons également que les autorités sont toujours dans un tâtonnement pour les autres formes de prévention qui sont la pulvérisation et le vaccin. Il convient de rappeler à ce niveau que la dengue fait partie des 13 maladies tropicales négligées (MTN) reconnues au Burkina Faso et suivi par le programme national MTN. Il est donc curieux d’apprendre que c’est maintenant que les autorités sont entrain de faire des tests d’insecticide pour les moustiques de la dengue. Tout cela démontre comment notre système de santé est assez fragile pour anticiper sur les menaces sanitaires qui planent sur nos populations.
Face à ces différents constats, le Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME) interpelle le ministère de la santé sur l’approvisionnement des laboratoires en test de dépistage rapide contre la dengue sans délai et la mise en place, dans les plus brefs délais, d’une campagne plus vaste de prévention associant tous les acteurs et les stratégies clés.

La Direction Exécutive
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