Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Aboubakar Héma, maire de Banfora : "Je n’étais pas le candidat souhaité...."
Publié le mercredi 23 novembre 2016  |  Sidwaya
Aboubakar
© Autre presse par DR
Aboubakar Héma, maire de Banfora




Elu maire de Banfora sous la bannière du NTD, le 20 juin 2016, Aboubakar Héma n’est plus en odeur de sainteté ni dans sa propre famille politique, ni du côté de certains conseillers municipaux du MPP qui ne semblent pas digérer leur défaite, malgré leur majorité numérique (38 sièges sur 80). Depuis, trois fronts se sont ouverts contre lui, et le plus énigmatique est celui du ministre en charge des transports, Souleymane Soulama et premier responsable du NTD dans la Comoé qui, selon des sources avisées, ne veut rien entendre de lui. Dans l’interview qui suit, le maire Aboubakar Héma a accepté de nous confier ses adversités de début de mandat, mais aussi ses ambitions pour sa commune.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce que cela vous fait en apprenant que cinq mois seulement après votre élection à la tête de la mairie, vous êtes menacé de destitution par certains de vos camarades politiques ?

Aboubakar Héma (A.H.) : Ce n’est pas la première fois. Il y a eu d’autres tentatives de déstabiliser l’exécutif communal. Les toutes premières fois n’ont pas eu l’envergure de cette dernière action. Cette fois, c’était une pétition qu’ils ont initiée, mais ils n’ont pas pu réunir le quorum qui puisse m’amener à convoquer une session extraordinaire. La commune de Banfora compte 80 conseillers, et lorsque le tiers des conseillers municipaux demande à ce que l’on se réunisse, j’ai l’obligation de convoquer une session extraordinaire dans un délai d’une semaine. Depuis donc deux semaines, ils courent derrière les conseillers en vue d’obtenir leurs signatures. Malgré les fortes sommes dépensées, les conseillers municipaux n’ont pas adhéré à ce projet. C’est une situation que nous vivons mais ce qui est intéressant, chaque fois, les conseillers sont restés sereins et loyaux vis-à-vis des populations qui les ont élus.

S. : Qu’est-ce que ces conseillers municipaux vous reprochent au fond ?

A.H. : Je serais très curieux de le savoir. Je pense qu’ils ignorent les conditions de destitution de l’exécutif municipal. Il ne suffit pas de réunir les signatures nécessaires à la convocation de la session extraordinaire et de procéder au vote de la motion de défiance. Il leur appartiendra de relever dans ma gestion les fautes graves à même d’entraîner ma destitution.

S. : En dehors des conseillers municipaux du MPP, vous avez maille à partir avec certains camarades du NTD, votre famille politique. Il semble que vous êtes l’homme à abattre du ministre des Transports, Souleymane Soulama. Qu’est-ce qui vous oppose ?

A.H. : Tout le monde le sait, je ne suis pas le candidat qu’il avait souhaité voir comme maire de Banfora. Jusqu’à la veille de la mise en place de l’exécutif municipal, cela m’a été caché. Son choix a d’abord été porté sur Siaka Soulama, puis sur Soumaïla Soma. Toutes ces deux personnes ont refusé ses propositions. Il accuse le premier d’avoir influencé le deuxième qui, n’eût été cette influence, aurait selon lui, accepté d’être candidat. Et ce qu’il ne digère pas, c’est que les conseillers municipaux de façon unanime, aient porté leur choix sur ma personne, malgré sa volonté.

S. : Il semblerait que l’autre cause de votre discorde serait le fait que vous aviez découvert des dossiers compromettants sur sa gestion de la mairie, ce qui serait source de tension entre vous. Que dites-vous ?

A.H. : Peut-être une crainte de sa part. Mon objectif n’est nullement de faire le procès des gestions des exécutifs municipaux passés. Nous avons beaucoup de chantiers pour notre ville qui ne nous permettent pas d’avoir le temps pour cet exercice.

S. : Certains conseillers municipaux jadis, proches du ministre et qui sont à présent dans votre camp viennent d’écoper de sa part, d’une suspension de toutes activités du parti au niveau de la section Comoé. Est-ce parce qu’ils ont rallié votre cause ?

A. H. : Ces conseillers à qui il est reproché tous les péchés d’Israël ont été ses plus proches collaborateurs dans un passé récent. Nous avons reçu l’information par voie de presse. Je ne pense pas qu’ils aient reçu une correspondance du Bureau national dans ce sens. Ce qui me fait croire qu’il s’agit d’une action d’éclat.

S : En dehors des querelles politiques, vous faites face également à une fronde du personnel de la mairie qui, à travers un sit-in, dénonce les nominations que vous venez de faire à certains postes de responsabilité de la mairie.

A.H. : Nous sommes parvenus à une entente avec les représentants du personnel à la suite des échanges que nous avons eus au cours de la semaine. Il est ressorti de ces échanges que les préoccupations du syndicat sont prises en compte dans nos décisions de gestion du personnel, à savoir la valorisation des compétences du personnel municipal. En effet, quand j’ai pris fonction, les premiers documents que j’ai analysés étaient l’état des ressources humaines et l’organigramme de la mairie. L’organigramme qui était en cours ne permettait pas l’atteinte de nos objectifs et l’efficacité souhaitée. J’ai proposé donc un nouvel organigramme qui a été adopté en session du Conseil municipal. De nouvelles directions ont été créées, notamment la direction des études et de la planification, et le renforcement d’autres directions comme la direction des matières transférées et la direction du développement économique local. Ce qui a nécessité qu’on fasse appel à d’autres compétences. La mairie n’en disposant pas, nous avons fait appel à ces compétences au niveau de l’Etat, en attendant que l’on puisse former le personnel existant. Au mieux, on aurait pu recruter du personnel, mais la masse salariale de la mairie a atteint déjà 50% des ressources propres, alors que la norme est de 35%. En recourant aux mises à disposition, cela coûte peu à la mairie puisqu’elle n’aura à verser à ce personnel mis à sa disposition que des indemnités. Je pense que c’est une opportunité que nous avons saisie afin de permettre à l’administration municipale de bien fonctionner.

S. : Il y a beaucoup d’attentes de la part de la population. Qu’est-ce que vous entendez mettre en œuvre dans les cinq ans à venir pour les soulager ?

A.H. : Les attentes des populations de Banfora, c’est vrai, sont à la fois nombreuses et pressantes. Tout semble urgent, mais nous ne saurions répondre efficacement à ces attentes sans une planification du développement. A ce sujet, je suis au regret de vous dire qu’il n’existe pas une planification du développement au niveau local. Le dernier plan communal de développement initié par feu Mamadou Koné a pris fin en 2010. Ce plan n’a pas fait l’objet de suivi ni d’évaluation. Nous avons inscrit dans le budget 2017, l’élaboration d’un plan communal de développement. En attendant la mise en place de ce plan, nous avons demandé à chaque village et secteur, de définir ses propres priorités par ordre d’importance, jusqu’à cinq. Nous avons compilé ces priorités et élaboré des plans sectoriels. Certaines de ces priorités ont déjà connu un début de solution. Sur le budget 2017 en voie d’adoption, nous comptons acquérir du matériel de terrassement, notamment une niveleuse, un compacteur, un camion-citerne pour résoudre de façon définitive les problèmes de voirie dans la ville de Banfora. Au niveau de l’assainissement, un plan d’assainissement est en cours d’élaboration. Dans le même ordre, nous réfléchissons à l’élaboration d’un plan d’évacuation des eaux pluviales, à travers la construction de caniveaux.

S. : Comment comptez-vous réparer les injustices et frustrations occasionnées lors des lotissements réalisés au secteur n°8 (Corona) et à Tatana (secteur 15) ?

A.H. : Ce n’est pas dans ces seuls secteurs où il y a eu des frustrés à la suite des lotissements. Il y a aussi les secteurs 5 et 3. Les opérations de lotissements comme vous l’avez dit, ont entraîné beaucoup de problèmes. Quand nous avons pris service, il nous a été transmis un rapport produit par une commission ad hoc qui avait pour mission de recenser toutes les plaintes liées à ces lotissements. J’ai donc pris connaissance de ce document. Je l’ai remis ensuite à la commission aménagement du territoire et gestion foncière. J’ai instruit ladite commission d’analyser les plaintes et de me faire des propositions afin que nous puissions trouver des solutions. Nous n’allons pas nous détourner de ces plaintes, nous allons essayer de les résoudre autant que nous pouvons.

S. : Quel message avez-vous à l’endroit de vos citoyens ?

A.H. : Je peux rassurer la population que ce mandat sera une réussite. Et nous avons foi en cela. Que Dieu bénisse Banfora. Que Dieu bénisse le Burkina Faso.

Propos recueillis par Frédéric OUEDRAOGO
Commentaires