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Koglwèogo/forces de sécurité : une rétrocession de bandits qui tourne au vinaigre
Publié le lundi 7 novembre 2016  |  L`Observateur Paalga
Les
© Autre presse par DR
Les Koglweogo




Hier 6 novembre 2016, la tension était des plus vives au quartier Petit-Paris de Ouagadougou, particulièrement dans la zone communément appelée Théâtre populaire. En scène, une fourgonnette blanche dont l’arrière a été percutée par un véhicule de la Brigade anti-criminalité (B.A.C.), une foule immense qui s’y agglutine pour savoir ce qui s’est passé, et des spectateurs qui préfèrent suivre à distance. Le premier engin transportait en réalité 14 présumés bandits interpellés la nuit précédente par les «Ouibsé»1 de l’association koglwéogo de Nioko I Sig-nonghin. Les responsables de ladite association acceptent céder les «voleurs» à la police, mais c’était sans compter avec l’accident du matin ; lequel permet de retracer les événements. Explication.

12h 34 minutes, l’heure à laquelle nous arrivons sur les lieux. Les téléphones portables sont sortis pour capturer les images, les agents de la Brigade anti-criminalité (B.A.C.) sont toujours dans leur cargo. «Ça ne peut pas se passer comme cela !» «Qu’on laisse les Koglwéogo travailler tranquillement !» «Que la gendarmerie vienne faire le constat !», pouvait-on entendre tant bien que mal, puisqu’étant entouré de personnes qui voulaient toutes s’exprimer. «En ce jour, ce sont les funérailles de l’opérateur économique Balima Abdou. Hier, les enfants du défunt nous ont demandé de venir assurer la sécurité de la cérémonie, car en pareille circonstance, il y en a qui viennent avec de mauvaises intentions.

Notre président a dépêché 16 Ouibsé sur les lieux (quartier Gounghin). Nous y étions dans la nuit et avons mis la main sur une personne qui démontait les enjoliveurs d’un véhicule de type Mercedes. Après l’avoir questionnée, nous interpellons une dizaine d’autres », explique Ousseni Sag-rigda, le «Ouinaba»2. Et d’ajouter : « Nous avons poursuivi deux autres malfrats jusqu’aux alentours de l’ex-Assemblée nationale, la BAC est sortie nous aider à les alpaguer et les a gardés chez eux, mais par la suite ils ont su que nous avions d’autres voleurs. Ils ont demandé à ce qu’on leur cède ces bandits afin qu’ils s’en occupent.

Nous avons répliqué que la chaîne des voleurs est longue et que nous souhaiterions les convoyer dans notre siège pour les interroger davantage, remonter le réseau, arrêter le maximum avant de les livrer à la police qui pourra les conduire chez le procureur». De ses explications beaucoup n’étaient pas d’accord pour que les Koglwéogo enfreignent leur règle. Sur cet aspect, le président de l’association, Yacouba Ouédraogo, est assez clair : «Quand on m’a informé de l’arrestation des bandits, j’ai dit de les amener au siège comme d’habitude ; nous ne les tuons pas là-bas, nous les interrogeons et s’ils disent la vérité, nous les relaxons. Si mes hommes remettaient les voleurs avant de venir, je n’ai plus affaire à eux puisque la mission aurait échouée. Ils ont respecté notre loi et c’est en venant que l’accident s’est produit». Chose qui est intervenue parce que le véhicule transportant les «bandits» a voulu marquer l’arrêt au feu tricolore.



12h 55, des tirs de sommation



Cependant le chef des Ouibsé déclare qu’un accord avait été trouvé avec le responsable de la B.A.C. chargée de mission. Pour lui, il ne s’agit pas d’un refus de livrer les malfrats à la police, mais au vu de la situation délétère, en aparté, voici ce qu’il a dit au chef de mission : « Dans quel poste de police, vous voulez qu’on achemine les voleurs. Au commissariat central, répond-t-il. Pour moi, en amenant les voleurs avec un autre véhicule que celui de la B.A.C., nous pourrons calmer la colère des personnes qui n’approuvaient pas la démarche. On veut la paix pour ce pays, donc il n’y a pas lieu de faire de la polémique.

Mais je ne sais pas si c’est parce que la police n’a pas pu embarquer ces voleurs dans son cargo, j’ai senti une tension dans l’air jusqu’à la survenue de l’accident», affirme Ousseni Sag-rigda. Il pense que s’il y a eu entente, la police ne devrait pas les suivre en trombe. « Nous assurons notre propre sécurité en nous déplaçant. Nous ne sommes pas Simon Compaoré, Salif Diallo ou Roch Marc Christian Kaboré qui, eux, se déplacent avec la sécurité obligatoirement », renchérit-il. Le véhicule de la police dans sa course, dit-il, a percuté l’arrière de la fourgonnette qui transportait les voleurs, un d’entre eux a eu une fracture au pied, les particules de la vitre ont blessé un Koglwéogo. Un autre véhicule a conduit les 13 autres interpellés, mais cette fois-ci au siège de l’association, situé à Saaba et dont le propriétaire est le regretté Balima Abdou.

Au vu de la mobilisation qui ne faiblissait pas, des échanges teintés de colère et de l’incertitude de ce qui pourrait se passer, l’équipe de la B.A.C. est rejointe par des agents de l’Unité d’intervention polyvalente (U.I.P.). Cagoulés, corde en main pour certains ou arme chez d’autres, ces agents ont tiré en l’air pour disperser la foule aux environs de 12h55. C’est le sauve-qui-peut, toutes les directions sont bonnes, la gare de la société STAF jouxtant la voie reçoit des «passagers».

Les portes de la société se ferment, les petits commerçants autour ne savent pas où se diriger. La personne qui ne pouvait pas courir est, sans doute, le présumé voleur au pied fracturé. La situation se calme 5 minutes plus tard ; néanmoins deux cargos de la Compagnie républicaine de sécurité (C.R.S.) descendent sur les lieux. La gendarmerie arrive également et trouve un terrain dégagé. Elle procède sereinement au constat d’usage. Pendant que les forces de sécurité se mettent de part et d’autre de l’avenue, notamment de la section entre le feu tricolore et la Paroisse Jean XXIII, la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (B.N.S.P.) se positionne pour amener le présumé voleur. La circulation en ces lieux redevient normale à 13h40. Les responsables koglwéogo sont ovationnés par les spectateurs.



Aboubacar Dermé



Notes :

(1) Epervier, police dans le jargon des Koglwéodo

(2) Chef des policiers, «chef d’Etat-major»


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