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Enquête parlementaire sur les titres miniers : Prémices d’un goldgate burkinabè
Publié le jeudi 27 octobre 2016  |  Le Pays




Le sous-sol burkinabè regorge de ressources minières, notamment l’or. C’est un secret de Polichinelle. Seulement, elles étaient exploitées au profit exclusif d’une poignée d’individus, dont la gloutonnerie n’avait d’égal que leur renoncement à l’intérêt général. Cette triste réalité était connue de bien des Burkinabè. C’est à cette catégorie d’hommes et de femmes repus à force de sucer le sang des Burkinabè, que viennent de s’attaquer nos honorables députés. En effet, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale, composée de toutes les sensibilités politiques, au terme de 3 mois d’investigations, dans le domaine de l’exploitation minière, a consigné dans un rapport rendu public, le mardi 25 octobre dernier, les manquements qu’elle y a relevés. Ceux-ci sont relatifs à une gestion des titres miniers et à des dommages causés à l’environnement par l’exploitation minière. Le préjudice subi par le Burkina entre 2005 et 2015, s’élève à plus de 551 milliards de F CFA. Au nombre de ceux qui ont trempé leurs mains dans ce qu’il convient d’appeler le goldgate burkinabè, figurent des dignitaires de l’ancien régime et des opérateurs économiques, dont les accointances supposées ou réelles avec le régime de Blaise Compaoré, alimentaient les causeries dans les gargotes, maquis et autres cabarets de la place.

Rien ne doit être ménagé

De ce point de vue, l’on peut dire que les limiers de l’hémicycle viennent d’enfoncer une porte que dame rumeur avait déjà largement ouverte. Mais cela n’enlève rien à la beauté de leur initiative. C’est pourquoi il sied de leur rendre hommage et souhaiter qu’ils s’appuient sur la légitimité que leur a conférée le peuple burkinabè par son suffrage, pour tirer au clair toutes les affaires sales de la République en lien avec l’exploitation minière. Dans cette perspective, toutes les personnes physiques ou morales qui ont spolié le peuple burkinabè, doivent rendre gorge et ce, quelle que soit la chapelle politique pour laquelle ils officient. C’est à ce prix que cette sorte d’opération « mains propres » brillera aux yeux des Burkinabè, de tout l’éclat de sa beauté et détruira l’argumentaire de certains Burkinabè, selon lequel derrière les enquêtes parlementaires, se cachent des velléités de règlements de comptes politiques. Par conséquent, rien ne doit être ménagé, pour démontrer que les investigations de l’Assemblée nationale n’ont pas pour vocation une chasse aux sorcières. Pour rassurer les Burkinabè et rabattre le caquet à tous ceux qui doutent de la crédibilité du rapport produit par nos honorables députés, en dépit du fait qu’ils ont été choisis dans tous les groupes parlementaires, il s’avère nécessaire d’impliquer les structures de contrôle de l’Etat et la Justice dans l’effort d’élucidation de l’Assemblée, de toutes les zones d’ombre qui ont entouré l’exploitation minière au pays des Hommes intègres. A celles-ci, l’on ne doit pas craindre d’associer les organisations de la société civile qui, en matière de dénonciation de la corruption et de lutte contre les autres mauvaises pratiques de la gouvernance du système Compaoré, n’ont eu de cesse de donner de la voix. Cette exigence se pose aujourd’hui comme un impératif catégorique. Elle l’est d’autant plus, esprit de l’insurrection oblige, que le peuple burkinabè, par ces temps qui courent, est dans la posture d’un peuple qui a soif de tout savoir sur tous les excès de la gouvernance Compaoré.

Le soleil finit toujours par se lever

Au nombre de ces excès, justement, l’on peut citer ceux qui ont été commis dans le domaine juteux de l’exploitation minière. De ce point de vue, l’enquête parlementaire sur les titres miniers, est la bienvenue. Et ce qui a été déjà révélé, pourrait n’être que la partie visible de l’iceberg, dont la partie immergée demande à être portée à la connaissance du peuple burkinabè. C’est pourquoi l’on peut se permettre de qualifier les résultats auxquels l’enquête parlementaire est parvenue, de prémices d’un goldgate burkinabè. Il reste donc à franchir cette étape qui s’apparente à une entrée en matière ou encore, pour employer un vocabulaire de la gastronomie, à un apéritif, pour s’attaquer à toutes les dimensions mafieuses de la problématique de l’exploitation minière. En attendant de savoir si oui ou non, l’enquête parlementaire va prendre cette direction, l’on peut déjà tirer toutes les grandes leçons liées à la gestion nauséeuse de la filière or au Burkina. La première est que les longs règnes accouchent généralement de monstres et de gouvernances qui plombent le développement. D’ailleurs, on peut lier l’entêtement de Blaise Compaoré à s’accrocher au pouvoir et ce, malgré les nombreux coups de semonce du peuple burkinabè, au fait qu’il avait beaucoup de plaies à cacher. Dans le cas d’espèce, il s’agit de crimes économiques qui ont fait beaucoup de mal au Burkina. Et lorsqu’on les évoque aujourd’hui, l’on peut comprendre que cela gêne aux entournures tous ceux qui s’emploient à présenter Blaise Compaoré sous les dehors d’un patriote qui nourrissait pour le Burkina, de grandes et nobles ambitions. La deuxième grande leçon est que la nuit a beau être longue, le soleil finit toujours par se lever. Cet adage, au-delà de Blaise Compaoré, s’applique à tous ceux qui exercent des fonctions publiques du fait de leur statut politique. Ils doivent mettre un point d’honneur à les exécuter dans la crainte de Dieu et dans l’amour de l’intérêt général. Car, tôt ou tard, leur passé va les rattraper. Aujourd’hui, bien des personnes qui ont été épinglées dans le rapport, sont en exil. Et certains ont encore l’indécence de se faire passer pour des réfugiés politiques. Que c’est facile !

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