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Sidwaya N° 7263 du 28/9/2012

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Extrémisme, sort de ce Faso !
Publié le lundi 1 octobre 2012   |  Sidwaya


Jean
© Autre presse par DR
Jean Guéhéno


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Les Burkinabè sont peut-être économiquement pauvres mais pas des pauvres en esprit. En fait, à moins de développer les fumeuses théories hegelo-darwiennes, l’intelligence n’a rien à voir avec la situation socioéconomique ni la couleur de la peau. Alors, comme ils ne sont pas bêtes ces Burkinabè mais plutôt sensés et prévenants, ils ont planché du 27 au 29 septembre derniers à Ouagadougou sur la laïcité telle que vécue et telle qu’ils veulent qu’elle soit vécue chez eux. Ils ont refusé le copier-coller, voire une imitation sans limite ni retenue des théories et visions hexagonales du monde et de l’humanité. On ne reproduira pas les mêmes contorsions législatives qui font que la jeune fille musulmane ne peut pas arborer fièrement sa burka à Lille ou à Anvers mais en revanche, le jeune homme juif peut se pavaner en tout lieu public et surtout dans les hautes sphères de l’Etat, sa papillote en exergue ou exposer de façon ostentatoire sa kippah sans qu’aucun homme de loi ne lui colle une contravention de quelques euros. Oui, les Burkinabè savent que ce qui est bon ailleurs n’est pas forcément bonnement reproductible chez eux. Preuve que les habitants du pays des hommes intègres ne sont pas des sots.
Voyant le fantôme de l’islamisme débridé entrer par la grande porte chez les voisins proches ou lointains du Mali, du Niger, du Nigéria ou même de la Côte d’Ivoire, ils ont entrepris de fermer toutes les volées pour éviter la contagion. De quoi s’agit-il ? Au Nigéria, c’est la secte Boko Haram qui fait exploser les Eglises et Temples déclarant que tout ce qui est « éducation occidentale est un péché ». Méconnaissance de l’histoire car, il faut leur enseigner ce qu’a été l’Europe sous l’empire Ottoman. Au Mali, de nouveaux faux barbus maniant terrorisme et une interprétation étriquée de la Loi de Dieu sont apparus depuis mars-avril et ont décidé à chaque fois qu’une jeune fille a un enfant sans mari, de lui jeter des cailloux jusqu’à ce que mort s’en suive. Au Niger, Zinder, la principale ville après Niamey a vu son Eglise catholique partir en flammes quelques jours après que les dieux-médias européens aient largement donné écho à un lugubre film d’un « écervelé » copte égyptien devenu américain. En Côte d’Ivoire, pendant plusieurs années, tout ce qui venait du Nord était assimilé au musulman et traité comme tel dans le Sud parce que des fous du prestige du pouvoir en avaient décidé ainsi pour faire barrage à un adversaire redoutable. Dans tous ces pays, les morts de l’intolérance religieuse et de l’extrémisme se comptent par milliers. Ces pays ont connu des troubles voire l’abîme, leur économie sérieusement ébranlée et la structure sociale désintégrée. Donc pauvres mais pas du tout serviles, les Burkinabè, voyant le glaive de l’extrémisme religieux qui pourrait les anéantir ont décidé de couper l’herbe sous les pieds des probables apprentis fous de Dieu et autres politiciens en manque de publicité, de vision et de reconnaissance qui pourraient être tentés d’exploiter le nom de notre Dieu Tout-puissant pour assouvir leurs sombres desseins.
Dieu faisant bien les choses, le Burkina Faso a un avantage comparatif par rapport aux autres pays.
Primo  :
Géographiquement, aucune partie du pays ne peut être taxée de majoritairement proche de telle ou telle confession religieuse.
Secundo  : aucune ethnie ne peut se sentir numériquement archi-dominante et/ou religieusement harmonieuse qu’elle peut imposer ses vues et/ou convictions religieuses au reste des habitants de ce patelin de terre aride mais riche en lucidité et béni de Dieu.
Tertio  : et c’est peut-être le plus important, lorsque les Burkinabè se déclarent adeptes de telle religion, ils n’oublient pas de repartir souvent au village pour donner un poulet à leurs ancêtres tout au moins, ils ne portent pas en horreur ceux de leurs frères restés fidèles aux religions de leurs arrières grands parents. Plusieurs religions peuvent cohabiter dans une même famille et dans une même cour. On en trouve même des frères consanguins qui empruntent chacun son chemin. Les uns louant Allah, les autres Jéhovah ou même adepte des Elohim.
Quarto  : jamais un leader politique n’a imaginé qu’il pourrait s’appuyer sur des convictions ethnico-religieuses pour conquérir et exercer le pouvoir d’Etat.
Quinto  : aucune restriction juridico-administrative ne vise à désavantager telle ou telle communauté religieuse.
Oui, ces Burkinabè-là sont pauvres mais pas imbéciles au point de mettre en danger la cohésion sociale, la paix et l’harmonie entre toutes les différentes convictions idéologico-politico-ethnico-religieuses. Ceci est la marque de fabrique de cette terre de 274.000 km2, où en dehors du jour de la Tabaski et du Ramadan, personne ne sent que ceux qui se déclarent adeptes de Mahomet valent quand même 60% de la population entière. Yahvé que ton Saint nom soit loué à jamais pour cette grande tolérance que tu as accordée à tes filles et fils qui habitent cette terre rouge du Faso  !
Cet Etat dit pauvre, où Allah n’a pas trouvé nécessaire de lui donner un bras de mer ni une forêt équatoriale ni même cent mille barils de pétrole brut, mais a doté ses filles et ses fils d’intelligence et de clairvoyance de sorte qu’ils ont vite compris que les seuls dangers qui guettent l’humanité ce ne sont pas forcément les armes chimiques et bactériologiques que recherchent frénétiquement les puissances mondiales, c’est bien l’intégrisme religieux, l’extrémisme politique et l’ignorance. Si fait qu’ici au Faso, les musulmans font la fête à Noël, les chrétiens tuent les poulets et les moutons aux fêtes de Ramadan et Tabaski, que malgré les intérêts très divergents qui les animent souvent, les professionnels de la politique sont aussi capables de sursaut patriotique quand le combat politique tire vers le péril de la Nation. Tous ont conscience, que la seule bataille qui vaille est celle contre l’ignorance et l’obscurantisme, la bataille pour la construction et le développement du pays. Chacun de son côté travaillant à réduire le danger de l’ignorance en construisant ça et là des centres d’apprentissage appelés médersas ou écoles. Samedi dernier, à la clôture du Forum national sur la laïcité au Burkina Faso, tous ont appelé à l’UNISSON à ce que la Constitution du 2 juin 1991 soit intégrée dans les programmes d’enseignement. Sous d’autres cieux on réclamerait que la Charia figure en bonne place dans la mère des Lois. Finalement qu’on soit bouddhiste, politique, protestant, société civile, animiste, agnostique, catholique, athée, musulman, rosicrucien, scientologue, raëlien…, le Burkina Faso est et demeure le carrefour où ces habitants se rencontrent, où les peuples se croisent et s’inspirent mutuellement. Personne n’a intérêt à ce qu’il en soit autrement de peur de déstabiliser les fondements du pays, de remettre en cause la cohésion sociale et créer pour ainsi dire un gros carambolage où personne ne pourrait s’en sortir.
Reste maintenant à contrôler cette autre religion que les professionnels de l’information médiatique sont de plus en plus de farouches partisans et promoteurs. La religion de la liberté d’expression. Oui, au nom de la liberté d’expression, les journalistes ne sont plus véritablement des hommes de paix s’ils l’ont été une fois. Même si jusque-là la presse burkinabè est jugée très professionnelle et assez modérée comparativement à celle d’autres pays, il ne serait pas superfétatoire de prévenir l’apparition de boutefeux irresponsables qui pour une prétendue défense de la liberté d’expression et donc de presse seraient tenté de tout dire quand ils veulent comme ils veulent. Gageons quand même que ces journalistes burkinabè ne sont pas si sots pour allumer les braises comme l’ont fait leurs confrères français de Charlie Hebdo qui, au nom d’une prétendue liberté d’expression, ont fait ce que la déontologie journalistique n’a jamais autorisé  : stigmatiser un groupe ethnique ou une communauté religieuse. Pour leur propre plaisir, pour leur égo, ceux de Charlie Hebdo ont exposé des milliers, voire des millions de Français et les intérêts de la France à travers le monde.
Heureusement encore que là aussi, chaque peuple a la presse qu’il mérite. Et la presse burkinabè n’est pas assez ivre et puérile pour ne pas refléter, défendre et promouvoir la cohésion sociale et l’envie de vivre ensemble burkinabè. Extrémistes de tous bords, cachez-vous, pauvres cons  ! Le Burkina Faso ne veut pas de vous ! Malgré leur foi diverse, les Burkinabè restent unis et présents à tous les combats de l’humanité.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

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