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Construction : comment Ankara pousse ses pions en Afrique
Publié le lundi 24 octobre 2016  |  Jeune Afrique
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© RFI par DR
Le président turc Recep Tayyip Erdogan en visite en Afrique de l`Ouest




Centrales, raffineries, hôtels… Les entreprises turques profitent de la croissance sur le continent pour engranger les contrats, en se positionnant notamment sur des marchés jugés risqués.

Les 2 et 3 novembre, à Ankara, des chefs d’entreprise venus de presque tout le continent rencontreront leurs homologues turcs dans le cadre du premier forum d’affaires Turquie-Afrique. Ce rendez-vous confirme la volonté affichée depuis quelques années par Ankara d’étendre son influence diplomatique et commerciale aux économies africaines les plus prometteuses. Avec un double objectif : renforcer sa position sur la scène internationale et capter de nouveaux marchés au profit des compagnies turques.

Collaboration économique et diplomatique

Les relations diplomatiques turco-africaines se développent en effet à pas de géant. En 2009, la Turquie disposait de seulement 12 ambassades en Afrique, dont cinq en Afrique du Nord. Aujourd’hui, Ankara en compte 39 sur le continent. Et les pays africains le lui rendent bien, avec 32 ambassades dans la capitale turque, contre 10 en 2011. En juin, lors d’une visite à Nairobi, le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué que figurait parmi ses priorités la volonté de développer les relations commerciales avec le Kenya, l’une des plus importantes économies d’Afrique de l’Est.

« L’année dernière, le volume de nos transactions commerciales se chiffrait à 144 millions de dollars [132 millions d’euros], ce qui est très peu, a-t‑il déploré dans un discours. J’ai demandé [au président kényan Uhuru Kenyatta] qu’on le porte, si possible, à 1 milliard de dollars. Je sais que nous avons le potentiel pour y parvenir. »

Des relations en construction

C’est notamment dans le secteur de la construction que les entreprises turques sont prêtes à tirer profit de cette offensive diplomatique. À l’instar de leurs pairs chinois, les groupes turcs se sont montrés de plus en plus actifs sur le continent ces dernières années. Entre 2010 et 2013, ils ont enregistré une hausse de 28 % de leurs activités à l’international, avec des profits atteignant 30 milliards de dollars. Quarante-deux compagnies turques figurent d’ailleurs dans le classement 2015 des 250 opérateurs internationaux établi par le magazine américain Engineering News-Record.

Une part essentielle de ce développement est due à l’évolution du commerce africain. « Le continent a toujours représenté l’un des marchés les plus importants pour les multinationales turques, a expliqué au Groupe Jeune Afrique le porte-parole de l’association des entrepreneurs turcs. En particulier au cours de la dernière décennie, le business turc de la construction en Afrique a connu une croissance impressionnante. »

Selon la même source, depuis les années 1990, les entreprises de construction turques ont gagné plus de 10 milliards de dollars grâce à 223 projets menés en Afrique subsaharienne. Et se positionnent aujourd’hui pour signer davantage de contrats, en pleine période de croissance des économies africaines.

Faire fi des risques

« Les compagnies turques sont connues pour leur détermination à entrer sur des marchés que nombre de grandes multinationales jugent trop risqués, comme la Libye », explique Richard Marshall, analyste infrastructures senior chez BMI Research. En Somalie, où le gouvernement turc s’est engagé à investir 100 millions de dollars d’ici à 2017, les insurgés islamistes Shebab prennent ainsi pour cibles les ouvriers turcs. Trois d’entre eux ont été tués à Mogadiscio en 2014 dans l’explosion d’une bombe à l’extérieur de l’ambassade turque.

« Cette plus grande tolérance aux risques leur permet de saisir un plus grand nombre d’opportunités, affirme Richard Marshall. Le Somaliland, en particulier, devrait bénéficier de gros investissements en matière d’infrastructures dans les prochaines années, alors que DP World cherche à moderniser les installations du port de Berbera. Et l’Éthiopie poursuit sa recherche de corridors pour ses exportations. »
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