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Affaire du pont nazinon :Un vaste complot pour la prise du pouvoir par les armes déjoué, selon Simon Compaoré
Publié le lundi 24 octobre 2016  |  Le Pays
Le
© Ministère par D.R
Le ministre de l`Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, a animé une conférence de presse le 21 octobre 2016 à Ouagadougou pour annoncer qu`un coup d`Etat, qui devrait être perpétré le 8 octobre dernier, a été déjoué




Le ministre en charge de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, entouré de ses proches collaborateurs dont le chef d’état-major général des armées, Pingrenoma Zagré et le chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, Tuandaba Coulibaly, était face à la presse, le 21 octobre 2016, à Ouagadougou, dans les locaux de l’Hôtel de ville. Une occasion qui leur a permis de faire le point des investigations liées aux récentes attaques terroristes dans le Nord du Burkina, mais également sur l’incident survenu sur le pont Nazinon qui, selon les dires du ministre, a permis de déjouer un vaste complot contre l’Etat.

L’affaire du pont Nazinon a défrayé depuis peu la chronique au sein de la population. Chacun y allait de son commentaire lorsque l’on a appris de source digne de foi, que les individus interpellés étaient des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui tentaient d’attaquer la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) et d’autres institutions. La rumeur n’a pas menti. En effet, lors de sa rencontre, le 21 octobre dernier, avec les Hommes de médias, le ministre en charge de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, a confirmé cet état de faits, cette fois, avec plus de précisions. Revenant sur la genèse des faits, le ministre dira que c’était au cours d’un contrôle de routine effectué par le poste de gendarmerie de Nazinon, à Pô, que 4 individus aux comportements suspects ont été interpellés. Lors de leur transfert du poste à la brigade de Pô, ces individus, a-t-il rappelé, ont tenté de retirer les armes des gendarmes. Une bagarre s’en est suivie et deux des éléments interceptés trouvèrent la mort tandis qu’un gendarme fut blessé par balle au ventre. A partir de cet instant, la question est alors prise au sérieux et les auditions commencent. Dès lors, a indiqué le ministre, l’on s’est aperçu que les 4 suspects sont un groupe de militaires de l’ex-RSP dont 3 sont des déserteurs recherchés pour leur participation dans l’attaque de la poudrière de Yimdi en janvier 2016. « Ces derniers revenaient d’un pays voisin pour participer à une action d’atteinte à la sûreté de l’Etat », a révélé Simon Compaoré. Mais comment ? Des investigations menées par la police judiciaire, a poursuivi le ministre, il est ressorti qu’un vaste complot avec 3 plans dont 2 de rechange, était ourdi et visait la déstabilisation des institutions de la République et la prise du pouvoir par la force des armes. Les comploteurs, selon le ministre, avaient d’abord un « plan A » qui devrait être mis en œuvre le 8 octobre dernier à minuit. Les éléments chargés de le mettre en exécution, au nombre de 30, avaient à leur tête l’adjudant-chef Gaston Coulibaly. Il était secondé par le sergent Kalifa Zerbo et le soldat de 1re classe Issaka Yélémou, tous de l’ex-RSP. Ces derniers, foi du ministre, ont d’abord travaillé à recruter d’autres éléments de l’ex-RSP en leur faisant croire que l’armée et les autres militaires les marginalisaient dans les corps de troupe. « C’est sur cette base et avec l’argent qu’ils leur donnaient ou promettaient que certains ont adhéré au projet d’attenter à la sûreté de l’Etat », a ajouté Simon Compaoré. Ainsi, le 8 octobre à minuit, les opérations qu’ils devaient mener sont : « Attaquer la caserne de la gendarmerie à Ouagadougou, attaquer la MACA pour libérer les détenus, séquestrer certaines autorités et attaquer la présidence à Kosyam pour prendre le pouvoir par les armes ».

Le plan C consistait à créer une rébellion armée

Mais, le plan A n’a pas pu être exécuté suite à la mort des 2 autres noyaux du groupe sur le pont Nazinon. Ainsi, a poursuivi le ministre, Gaston Coulibaly, le chef des opérations, a décidé de mettre en œuvre le « plan B », le 9 octobre 2016. Pour ce faire, toujours selon le ministre en charge de la sécurité intérieure, ces éléments devaient s’emparer des armes des militaires dans les postes de garde et effectuer des tirs tous azimuts dans toutes les garnisons afin de créer le chaos. Mais c’était sans compter sur la prompte réaction du commandement militaire qui avait déjà instruit la vigilance à toutes les unités. A partir de cet instant, a raconté le ministre, il ne restait plus que le « Plan C » à l’adjudant-chef Gaston Coulibaly. Selon ses complices, cette option, a mentionné Simon Compaoré, consistait à créer une rébellion armée en opposant les différentes entités de l’armée nationale par des actions de désinformation via les réseaux sociaux et directement dans les casernes. Là encore, à entendre le ministre, l’herbe leur a été coupée sous les pieds. Tout ceci, a noté le ministre, a été possible grâce à des éléments de l’ex-RSP qui ont refusé de faire partie du complot. Le bilan des enquêtes et des perquisitions se présente comme suit : « 32 militaires entendus ; 19 militaires mis en garde à vue dont 10 déférés et présentés au commissaire du gouvernement, 10 civils entendus, l’adjudant-chef Gaston Coulibaly est quant à lui, toujours en fuite. Du matériel militaire a également été saisi dont 1 fusil kalachnikov, 6 chargeurs garnis et plusieurs centaines de cartouches ». Ce complot, selon les dires de Simon Compaoré, a certes été déjoué mais, au regard de multiples attaques soldées par des tristes bilans, il y a de quoi être sceptique quant à la sécurité des personnes. Les Hommes de médias n’ont donc pas manqué d’interpeller le ministre sur la question. « Si on est tous dans cette salle, c’est qu’il y a un pilote dans le cockpit sinon vous ne seriez pas là.  Si des ex-RSP ont été interceptés sur le pont Nazinon, c’est dire que le pays est effectivement gardé sinon ils seraient passés sans que rien ne se passe », a-t-il répondu. Le pays, a-t-il poursuivi, est bel et bien gardé mais cela ne veut pas dire que nous ne faisons pas l’objet d’attaques car, il y a des gens qui n’aiment pas la tranquillité. « C’est à nous de nous battre et avec l’aide des populations, nous allons arrêter la chienlit », a-t-il fait savoir avant de mettre en garde tous ceux qui ont des aspirations aux antipodes de la liberté et du bien-être des Burkinabè. En outre, le ministre d’Etat n’a pas manqué de rappeler quelques autres actions de l’armée tendant à protéger les populations. « Dans l’Est, l’armée a fait un travail remarquable en neutralisant un début de regroupement d’une cellule de djihadistes. Le problème a été enrayé grâce à la perspicacité de nos forces de défense et les populations sont très heureuses », a-t-il révélé.

« Il n’y a pas eu un retard excessif »

Aussi plusieurs actions sont-elles en cours pour renforcer la sécurité dans certaines zones du Burkina Faso, notamment dans le nord. « Nous vous demandons d’être à l’écoute et vous verrez ce que va faire l’état-major des armées. Mais sachez aussi qu’en la matière, il faut éviter le « one man show ». Si vous êtes un vulgaire bavard, vous ne pourrez pas avancer aussi bien dans les enquêtes que dans les manœuvres sur le terrain. Cela aussi relève de la stratégie », a-t-il dit. Des dispositions sont aussi prises, selon le ministre, pour qu’il y ait de la fraicheur au niveau des troupes. Entre autres, le retrait du bataillon Laafi au Darfour prévu à partir de juillet 2017. Par ailleurs, il a été demandé au ministre Simon Compaoré, de réagir sur la sortie du Balai Citoyen qui a estimé que son portefeuille était trop grand pour être géré par une seule personne. Là-dessus, il dira que : « C’est une question à laquelle je suis tenté de dire que je ne réponds pas. Je n’ai pas été nommé par une Organisation de la société civile. J’ai été nommé par une autorité qui a la capacité de le faire et à qui je rends compte, point barre. Mettre les hommes qu’il faut… adresser une lettre au président du Faso et il recevra vos propositions ». Le chef d’état-major général des armées, Pingrenoma Zagré, lui est revenu sur l’attaque du poste avancé d’Intagom. Il a notamment rappelé que la rapidité de l’intervention des renforts est liée aux moyens dont disposent les unités. Mais, a-t-il rassuré, c’est au bout d’une heure de temps que les renforts sont arrivés sur les lieux de l’attaque en appui au détachement d’Intagom. « Il n’y a pas eu un retard excessif », a-t-il souligné. Il est également revenu sur la cohésion au sein de l’armée. Prenant exemple sur l’affaire du pont Nazinon, il a indiqué que dans l’enquête, des éléments de l’ex-RSP ont contribué à ce que la lumière soit faite sur la question. « La survenue des évènements sur le pont Nazinon nous a permis de percevoir qu’il y a encore quelques éléments qui n’ont pas encore compris le message et qui se nourrissent d’illusions », a relevé le chef d’état-major général des armées. Mais, a-t-il rassuré, tout est mis en œuvre dans les différentes garnisons pour reprendre le message pour le raffermissement de l’engagement militaire des uns et des autres, au service de la République. Tuandaba Coulibaly, le chef d’état-major de la gendarmerie s’est, quant à lui, penché sur le braquage du véhicule 4X4 à Ouahigouya. Selon ses dires, si le véhicule a pu traverser les différentes barrières de sécurité et se retrouver au parc urbain Bangrwéogo, à Ouagadougou, cela est dû au fait que l’alerte n’a pas été donnée à temps par le propriétaire du véhicule. Mais, a-t-il fait savoir, une personne a été appréhendée avec la clé dudit véhicule et son audition est en cours.

Adama SIGUE

Légende

1- Le ministre en charge de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré (2e à partir de la g), entouré de ses collaborateurs, a invité chacun à jouer sa partition pour garantir la sécurité

2- Le ministre en charge de la Sécurité intérieure, a indiqué que des éléments de l’ex-RSP avaient ourdi un complot contre les institutions de la République
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