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Burkina: Une dizaine de personnes condamnées à mort, dont "au moins trois en 2015", selon Amnesty (ITW)
Publié le mardi 11 octobre 2016  |  Alerte Info




Une dizaine de personnes ont été condamnées à la peine capitale au Burkina, dont "trois en 2015", selon Christian Ouédraogo, coordonnateur campagnes à Amnesty international Burkina, une des organisations membres de la Coalition nationale contre la peine de mort, dans un entretien à ALERTE INFO.

Quel est le nombre de personnes condamnées à la peine de mort au Burkina et combien ont été exécutées ?

Nous avons eu l’occasion de faire une petite évaluation en 2011 et jusqu’à présent nous pouvons dire qu’il y a environ une dizaine de personnes qui sont condamnées à la peine de mort au Burkina, dont au moins trois condamnations en 2015. Ça veut dire que le Burkina Faso continue avec la condamnation à la peine capitale.

S’agissant des exécutions, les derniers faits remontent aux années 1980. Il y a des gens qui parlent de 1978 pour les civils mais en 1988 pour des cas de militaires, de personnes condamnées et exécutées dans le cadre donc de la justice militaire. Ça veut dire que ce pays depuis plus de dix ans n’exécute plus, mais il continue de condamner à la peine de mort.

Dans quelle catégorie le Burkina est classé, en ce qui concerne la peine de mort ?

S’agissant de la catégorie dans laquelle le Burkina est classé, nous disons qu’il est un pays abolitionniste de fait. Ce qui veut dire que dans les faits, le pays n’exécute plus les condamnés à mort. Le Burkina maintient toujours la loi sur la peine de mort mais n’exécute plus.

Au-delà de ça il y a eu plusieurs déclarations de la part des autorités nationales, par le passé, qui vont vers l’abolition de la loi. Egalement, le Burkina continue de ratifier et d’adhérer à des conventions qui imputent à l’abolition de la peine de mort. Nous pouvons dire qu’il va vers l’abolition de la peine capitale. Il ne se contente pas d’arrêter les exécutions. A plusieurs occasions, les autorités ont pris des engagements forts pour aller vers son abolition. Le dernier effort a été constaté au temps du Conseil national de Transition (CNT, organe législatif sous la transition d’octobre 2014 à décembre 2015) où il y a eu une proposition de loi, qui, malheureusement, n’a pas eu le temps de faire tout le circuit et finalement ça a été rejeté avec les événements qu’on a connus, le coup d’Etat. Donc il n’y a pas mal d’initiatives pour aller à l’abolition de la peine de mort.

Quelle peine peut-on remplacer par la peine de mort si elle venait à être abolie ?

Il y a des débats là-dessus. Nous préconisons par exemple la prison à perpétuité en cas de récidive de délit grave pour la société parce que la perpétuité respecte néanmoins le droit à la vie de l’individu. Ce qui est prévu dans le système de justice c’est l’atteinte à la liberté de l’individu, donc la prison. Mais lorsque l’on en vient à ôter la vie d'une personne, ça veut dire qu’on touche à son droit à la vie.

Nous préconisons la perpétuité parce qu’il y a des cas ou des individus, après avoir été condamnés sont innocentés. La prison à perpétuité peut permettre de gracier l’individu, lui donner l’occasion de s’amender. Alors que, quand on l’élimine, on ne lui donne pas ce droit de s’amender et on peut en venir à des situations déplorables comme on le constate en Chine où des individus sont condamnés et après l’exécution on se rend compte qu’ils étaient innocents.

Quelles sont les actions de la coalition sur le terrain pour l’abolition de la peine de mort ?

En gros nous menons des activités de sensibilisation et de plaidoiries.

Dans la sensibilisation nous tentons d’alerter l’opinion publique, de l’informer de ce que la peine de mort viole les droits humains et qu’elle n’est pas efficace. Elle est même pernicieuse dans la mesure où on condamne quelqu’un et après on se rend compte qu’il y a des erreurs.

La majorité des individus au Burkina, pense que l’application de la peine de mort permet de résoudre un temps soit peu la question de la criminalité, alors que nous voyons que ce n’est pas possible. C’est la raison pour laquelle cette année, pour la 14ème journée mondiale contre la peine de mort, le thème qui a été retenu est :"La peine de mort et la lutte contre le terrorisme". Ce thème a été choisi parce que nous avons vu que dans certains pays, croyant donc à une prétendue efficacité de la peine de mort, ils ont commencé à condamner à mort. Il y en a même qui sont revenus sur son application alors que la tendance était à l’abolition. C’est le cas du Tchad, qui après des années de moratoire est revenu pour appliquer la peine de mort parce qu’il pensait mettre fin au terrorisme avec ça.

Aujourd’hui c’est de sensibiliser, faire comprendre aux Etats et aux individus que la peine de mort ne saurait être une solution à la lutte contre le terrorisme et même à la lutte contre l’insécurité. Il faut trouver d’autres alternatives qui respectent les droits humains. Notre ambition, c’est d’envoyer un signal fort aux institutions, telles que la commission constitutionnelle pour que l’Etat prenne ses responsabilités à tous les niveaux afin que nous puissions abolir la peine de mort dans nos textes parce qu’elle ne peut plus être acceptée dans un contexte de démocratie et d’Etat de droit. Nous avons aussi des actions spécifiques à l’endroit des jeunes. Nous avons organisé pas mal d’ateliers au profit des acteurs de la justice et des agents des services pénitenciers.


DZO
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