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Situation nationale : Si j’étais… Thomas Sankara
Publié le samedi 8 octobre 2016  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse par DR
A Ouagadougou, un mémorial pour Thomas Sankara




L’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et la transition burkinabè ont été d’un certain succès. Cependant, la réconciliation nationale n’est pas gagnée pour autant. A travers ces personnalités prises comme personnages dans ce texte, c’est une invite à une grande introspection qui est suggérée. Chez les individus comme chez les peuples, l’humilité et le repentir sont sources de sérénité, de paix, de stabilité, de progrès et de bonheur. C’est ce message que nous souhaitons partager avec nos concitoyens, en particulier la jeunesse.


Si j’étais

Si j’étais, si j’étais, si j’étais…

Il semble qu’avec si, Ouahigouya peut se retrouver dans une bouteille, tous les rêves peuvent devenir réalité. Avec si, l’homme peut déplacer le Kilimandjaro et même l’Everest. Le paysan de Kontigué peut se proclamer maître du monde, Pape et tout ce qui lui passe par la tête. Avec si, Naaba Kiiba peut se prendre pour le Koupiendiéli. Avec si, le Pr Salaka Sanou peut se hisser au niveau d’Arba Diallo, le Pr Alkassoum Maïga se prendre pour l’éminent Ali Lankoandé.

C’est avec si que Roch Marc Christian Kaboré a eu la chance d’avoir mon oncle Paul Kaba Thiéba comme Premier ministre. Avec si, je pense que moi-même je peux affecter Jean-Martin Coulibaly ouvrir le Lycée technique de Sampelga. Tenez, c’est vrai, avec si, Sampelga peut devenir la capitale du Burkina Faso, du Japon et des USA en même temps. Mais que ferais-je si ?



Si j’étais Blaise Compaoré ?



Sans renoncer à ma nationalité ivoirienne - question de droit qui soulève certes l’indignation de mon peuple, mais question de droit tout de même que mon peuple légaliste aurait acceptée n’eussent été les circonstances qui m’ont conduit à cet acte que je regrette déjà - j’aurais le courage de Beyon Luc Adolphe Tiao. Je rentrerais chez moi, Burkinabè que je suis comme tous mes concitoyens. J’assumerais ma gestion du Burkina Faso et mon histoire. Sachant que je suis mortel et que mon inéluctable rencontre avec le Seigneur ne dépend pas de moi, je me hâterais de prendre rendez-vous avec mon destin. Je saisirais l’opportunité que ce destin m’offre pour me réconcilier avec mon peuple. Je me présenterais un matin à la justice de mon pays. Justice et peuple burkinabè me voici.

Je suis Blaise Compaoré. Je suis venu pour contribuer par le repentir à l’écriture de l’histoire du Burkina Faso durant ma gestion. Je réclame un procès public, retransmis en direct par les médias publics et privés sur toute l’étendue du territoire national. Tous mes compatriotes doivent m’entendre et non s’entendre relater mon repentir. C’est la condition pour que je parle. Que je parle du 15 octobre 1987, date qui a ouvert les portes de l’innommable pour mon peuple, moi en premier.

Que je vous livre les entrailles de cette date et ses conséquences individuelles et collectives sur un peuple jadis intrépide, travailleur et intègre. Compatriotes, écoutez. Ecoutez cette symphonie engendrée par le remords. Voici ce que j’ai fait durant mes vingt-sept ans de pouvoir. Maintenant que vous savez le sens des évènements de ce jeudi qui porte le sceau de nos meurtrissures, je m’en vais vous conter les autres négations du droit à la vie dans notre cher pays, vous révéler les fondements du sabordage de notre économie.

Dans toutes les tragédies qui ont éprouvé notre peuple durant mon pouvoir, je proclame et j’assume dans l’intégrité retrouvée, les responsabilités qui sont les miennes. Je ne peux pas me soustraire à mon destin. Je n’ai donc pas intérêt à différer notre rencontre. Ainsi ai-je décidé de ne pas être Ben Ali de l’Afrique subsaharienne mais Moubarak de cette Afrique. Au commencement était la vérité. A la fin, la vérité sera.



Si j’étais, si j’étais, si j’étais Yacouba Isaac Zida



Je rentrerais au Burkina Faso ma terre promise. Burkinabè qui dissertent à longueur de journées et de nuits sur ma fortune et mon rôle supposé ou réel dans les évènements des 30 et 31 Octobre et de début novembre 2014, moi, général Yakouba Isaac Zida ou si vous voulez capitaine ou caporal Zida, peu importe, je suis de retour et vous dis ceci : comme tout être humain, j’ai à côté de mes qualités des défauts. Normal.

Puisque chez la plupart des individus comme chez les peuples, noblesse et turpitude se côtoient. Avant, après et durant ces dates inscrites désormais en lettres d’or dans les annales de notre histoire, moi, Yakouba Isaac Zida, j’ai joué tel et tel rôles. En pareille circonstance où la réconciliation nationale passe par la vérité, nous n’avons pas besoin de savoir seulement ce que chacun de nous a fait de bien pour ce pays.

Nous avons aussi et surtout besoin de nous parler sur nos fautes et erreurs pour exorciser le mal dans notre société. Pour ma part, j’ai fait ceci, j’ai fait cela. Aussi bien pour ma fortune que dans notre vaillante armée nationale et sur le terrain politique, vous savez maintenant ce que j’ai fait. Au commencement était la vérité. A la fin, la vérité sera.



Si j’étais, si j’étais, si j’étais Zéphirin Diabré



J’irais voir le président Roch Kaboré. Je lui rappellerais ma démarche au soir de sa victoire. Je lui dirais que je viens, mandaté par tous les partis politiques membres du CFOP et par toutes les Organisations de la société civile (OSC), parachever mon geste qualifié d’historique. Je viens pour qu’ensemble, nous mutualisions nos efforts afin de réaffirmer solennellement à notre peuple, la jeunesse en tête, que nous sommes à un tournant de notre histoire. Et que la providence nous a jusque-là épargné ce que d’autres peuples ont malheureusement subi. Et que si nous la provoquions, la sanction tant redoutée pourrait être inéluctable.

Je lui dirais que les trois (3) jeunes qui m’accompagnent sont là au nom des organisations de la société civile. Ma démarche n’est donc pas unilatérale, encore moins celle des partis politiques uniquement. Monsieur le président, ni moi ni personne dans ce pays n’a la prétention de s’élever à la sainteté. Peut-être que tout ce que vous et moi avons fait ensemble au CFOP n’est pas irréprochable. Peut-être que vous et moi avons plus de défauts que de qualités. Il peut en être de même pour ces trois (3) jeunes ici présents et pour chacun de nos concitoyens.

Je viens donc vous témoigner, la main sur le cœur, au nom de l’avenir de ce pays, que les partis membres du CFOP et toutes les OSC, m’ont mandaté pour vous dire qu’ils sont à votre disposition. Tous, nous sommes disposés à mutualiser nos modestes qualités pour que sans calcul, dans l’intérêt supérieur de notre pays, nous donnions une autre leçon à l’Afrique et au monde. Je suis venu vous dire que tout le monde est prêt à entamer le processus de refondation de notre société et de toutes nos institutions.

Votre mandat, Excellence Monsieur le Président, est l’ultime chance que nous avons pour nous retrouver et déterminer ensemble les moyens susceptibles de nous permettre de repousser les affres de la division, de bannir la mal-gouvernance, de retrouver notre intégrité, et poser les bases d’un développement économique et social véritable. Les Burkinabè sont un peuple capable de transcender toutes les situations quand il s’agit du Burkina Faso. Au commencement était la vérité. A la fin, la vérité sera.



Si j’étais, si j’étais, si j’étais Roch Marc Christian Kaboré



J’exprimerais ma satisfaction au plus grand mangeur d’arachide du Faso. Je ne lui ferais pas l’injure du merci pour son geste qui relève de ses devoirs d’intellectuel capable de s’élever et de se libérer de tous les liens. Je le mettrais en relation avec son maître, le grand frère Bado Laurent. Mais avant, je prendrais le temps de lui expliquer le travail fait par le vieux Gourounsi dans le sens d’une refondation profonde de notre société. Cet ‘‘éminent ‘’ amateur de dolo a fait le même travail au sein des partis politiques de la majorité présidentielle. Individuellement et collectivement, au sein de cette majorité, unanimement, sous son management, tout le monde s’est engagé à dire sa part de vérité et à assumer ses responsabilités dans tous les évènements qui ont marqué notre histoire.

Le moment venu et choisi par le peuple, je ferais une déclaration en direct sur toutes les chaînes de médias publics et privés pour annoncer aux Burkinabè que, s’il le faut, le reste de mon mandat sera consacré à redéfinir les bases de notre reconstruction. Durant tous les travaux entrepris que je souhaite tout de même ne pas excéder 18 mois, il n’y aurait ni majorité, ni opposition politique. Nous nous consacrerons à redéfinir le contrat social qui doit nous lier. Les assises nationales qui nous ouvriraient ces nouvelles perspectives prendraient en compte toutes nos préoccupations. Il s’agirait de diagnostiquer ce qui va et ce qui ne va pas dans notre société, et dégager des perspectives.

Rien ne serait occulté. Une large place serait accordée à la gouvernance à tous les niveaux, à la sécurité, à la justice, au financement de notre développement, à nos valeurs, à l’engagement des masses (populaires ?) pour un développement endogène, à la fonction publique. Ah ! La fonction publique burkinabè. Tout y est à remettre à plat. Finis les privilèges. Je demanderais à la commission qui se chargerait de relire les textes de cette fonction publique de ne mettre aucun secteur au-dessus de l’autre. Qu’il n’existe plus d’injustices et que l’iniquité déménage de nos institutions. Si d’aventure, un secteur public ou privé se faisait passer pour supérieur ou plus important à la vie de la nation que les autres, j’inviterais tous les autres à cesser le travail pendant un (1) mois et laisser le secteur orgueilleux seul fonctionner.

On verrait où le magistrat va se soigner, éduquer ses enfants, se ravitailler en vivres, s’informer ; comment il va se déplacer, trouver de l’eau et de l’éclairage pour sa famille ; comment il va accéder à son salaire…L’enseignant qui a éduqué le juge, le médecin, moi-même président, pourrait-il continuer à exercer son métier s’il n’avait pas où se soigner, se ravitailler en vivres, s’informer, s’il n’arrivait pas à se déplacer, à trouver de la nourriture, de l’eau et de l’éclairage pour sa famille, s’il n’avait pas accès à son salaire ? Si l’infirmier se laissait convaincre qu’il peut prendre la société à la gorge, je demanderais aux autres de lui fermer boutique.

Tout le monde verrait s’il eut continuer à exercer son métier qu’il place au-dessus des autres, si tous les actes administratifs dont il a besoin ne lui sont pas délivrés, si le gendarme ne sécurise pas son environnement, si le boutiquier refuse de lui vendre même une boîte d’allumettes, si les banquiers lui ferment leurs grilles, si les journalistes refusent de l’informer, si même le pharmacien ne lui permet pas d’accéder aux produits nécessaires aux soins. On verrait comment l’informaticien sans les autres pourrait prouver qu’il est mieux qu’eux si l’électricien ne lui fournit pas le courant, si le maire refuse de célébrer son mariage, si l’enseignant lui renvoie son enfant, si le médecin refuse de soigner sa femme. Imaginez que l’air, l’eau et la nourriture se mettent en rivalité. Que deviendra la vie ?

Je rappellerais à mes compatriotes cette petite histoire connue dans nos sociétés : « Un jour tous les organes ont tenu un conseil de famille. Tous étaient conviés à ces retrouvailles familiales excepté le sphincter. C’était pour désigner le plus important de tous. Chacun a affirmé être le plus important. Après la rencontre, les différents organes ont repris leurs fonctions respectives. Par la suite, le sphincter qui était mécontent, a refusé de s’ouvrir pour libérer ce que tout le monde sait.

Tous les organes ont ressenti les conséquences et la vie était sérieusement menacée. Un second conseil de famille fut convoqué d’urgence, bien entendu avec le sphincter comme invité d’honneur. La suite ? Le sphincter fut démocratiquement désigné comme étant le plus important.» Restons donc humbles et modérés ; restons unis et l’histoire retiendra encore notre exemple.

Au commencement était la vérité. A la fin, la vérité sera.



Si j’étais, si j’étais, si j’étais Noël Isidore Thomas Sankara

Du paradis je dirais : Burkinabè, vous êtes en train de perdre votre statut de peuple au profit de celui de population. De plus en plus, les valeurs qui caractérisent et qui unissent les Burkinabè tendent à disparaître. La haine et l’orgueil semblent prendre position dans les cœurs, entraînant des divisions. Or, vous vous rappelez que c’est dans l’unité que durant les quatre (4) années que nous avons passées ensemble, nous avons pu réaliser des merveilles. Maintenant que vous avez l’opportunité de redéfinir les conditions de votre vivre-ensemble conformément à vos valeurs et à vos aspirations, écoutez Roch et Zéphirin.

Ils ont pris la meilleure résolution au meilleur moment. Que personne ne cherche à les diviser, mais que tous travaillent à les rapprocher. Que tout le monde les accompagne et accompagne les partis politiques et les OSC dans leur volonté de redéfinir le Burkina Faso. D’ores et déjà, je mets en garde tous les pêcheurs en eaux troubles, tous les orgueilleux et les prétentieux déçus qui veulent gouverner à la place du prince. Du reste, j’ai pris des dispositions pour m’occuper personnellement des opportunistes de toutes sortes et de tous ceux qui, dans leur for intérieur, ne sont pas sincères et en accord avec cette nouvelle entreprise qui fera du Burkina Faso un exemple à suivre en Afrique et dans le monde. Je ne vous demande pas de refaire la révolution.

Mais je dois vous dire qu’il y a un prix à payer pour réaliser vos rêves. Des forces opposées au bien sont tapies à l’intérieur, peut-être même au cœur du pouvoir et à l’extérieur du pays pour vous faire manquer vos objectifs. Je suis votre allié pour les combattre. Mais seule votre unité consacrera leur échec.

Peuple burkinabè, en particulier la jeunesse, je vous remercie de chanter à longueur de journée mes louanges. Cependant, ceux qui m’ont connu savent bien que l’encensement n’a pas d’effet sur moi. Ce qui peut me rassurer, c’est que tout le monde incarne les valeurs que je défendais. Par moments, je suis troublé dans mon sommeil par des comportements qui contredisent les références faites à ma modeste personne.

Comment pourrai-je dormir quand des gens se réclamant de mon idéal sont irréguliers à leur poste de travail ? Comment pourrai-je me reposer s’ils ne sont jamais à l’heure au service ? Quand dans le fond ils s’occupent de leur intérêt au détriment de celui du peuple ? Quand je doute que 25% de ces gens soient capables de 25% des privations que je m’étais imposées ? Que tous ceux qui se réclament de mon idéal se regardent dans le miroir chaque matin et me recherchent dans leur image. S’ils m’y trouvent je leur dis courage. Dans le cas contraire, qu’ils me laissent maintenant reposer en paix.

Au commencement était la vérité. A la fin, la vérité sera.



Dori, le 26 septembre 2016

Boubacar EL HADJI

Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré

Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques

Tél : 70 10 05 50/78 64 08 70
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