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Gabon : Ça ne peut pas continuer comme ça
Publié le lundi 26 septembre 2016  |  L`Observateur Paalga
Ali
© Diaspora News par DR
Ali Bongo Ondimba a été déclaré vainqueur par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) et donc par les institutions de la République, tandis que son rival, Jean Ping, qui s’est autoproclamé vainqueur, est, lui, adoubé par la communauté internationale. Une fâcheuse situation qui a plongé le pays dans le chaos.




C’est donc plié. L’affaire est dans le sac. Au bout d’un insoutenable suspense - ne riez pas ! -, la Cour constitutionnelle gabonaise a déclaré dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 septembre 2016 Ali Bongo Ondimba (ABO) vainqueur de la présidentielle du 27 août 2016. Avec même une petite bonification.

En effet, alors que les résultats provisoires de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) ne le créditaient que de 49, 80% des suffrages exprimés contre 48,23% pour son suivant immédiat, les chiffres retoqués par la haute juridiction, qui a rejeté l’essentiel des recours de Jean Ping, rectifié les résultats du Haut-Ogooué et annulé ceux de 21 bureaux de vote de Libreville où le Chinois était en tête, donnent maintenant respectivement 50,66% et 47,24%.

Une petite majorité de 11 770 électeurs, certes (contre 5594 auparavant), mais quand bien même elle ne serait pas absolue, on ne pourra plus dire qu’à ce scrutin à un tour le locataire du Palais du bord de mer a été reconduit contre l’avis de la majorité de ses compatriotes. L’honneur et la légalité sont saufs. Reste la légitimité.

La décision des neuf sages étant insusceptible de recours, le contentieux électoral est définitivement vidé mais, pour autant, le voile d’opacité qui semble entourer le vote n’est pas près de se dissiper ; particulièrement concernant les données de la neuvième province, celle du Haut-Ogooué, présentée par les opposants comme l’éternelle variable d’ajustement politique au pays des Bongo où, rappelons-le, le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) a enregistré un score soviétique sur une participation tout aussi soviétique.

La communauté internationale, ONU, UA, Etats-Unis et France en tête, qui avait demandé le recomptage des voix dans la circonscription présidentielle litigieuse, se contente donc, un peu gênée, de prendre acte du bout des lèvres des résultats définitifs, le Quai d’Orsay se piquant même d’affirmer que «(…) l’examen des recours n’ait pas permis de lever tous les doutes». Reste le perdant, dont on doute fort qu’il accepte la main du dialogue tendue par le pouvoir d’autant qu’il se considère toujours comme « le président clairement élu par les Gabonais » et qu’il ne reculera pas. Sans pouvoir donner sans ambages d’ordres à ses troupes de monter aux barricades pour défendre leurs voix confisquées.

Etant lui-même sorti de ce moule, il est bien payé pour savoir que le régime n’attend qu’un faux pas de sa part pour le « tenir personnellement responsable » de toute violence qui surviendrait, donc pour l’embastiller. C’est de ce fait un calme étrange, un peu pesant, qui régnait jusqu’hier à Libreville alors que nombre d’observateurs s’attendaient à une nouvelle explosion de violence comme celles qui avaient suivi la proclamation des résultats provisoires. Quoi qu’il en soit, quand bien même ça tanguerait, ça finira par se tasser, eu égard à l’impressionnant dispositif de sécurité déployé par les autorités pour parer à toute éventualité. « On sait où ils sont et ce qu’ils font », ont-elles prévenu.

Cela dit, en étant réélu dans un tel contexte, le résident de La Sablière, qui use de la bonne vieille recette africaine qui consiste à arracher d’abord le fauteuil et à inviter ensuite des opposants souvent affamés à sa table, ne peut que sortir fragilisé de cette épreuve qui laissera forcément des traces. Plus que les précédents, notamment celui déjà contesté de 2009, ce scrutin fera date et marque peut-être le début du déclin de la dynastie, qui ne peut plus faire l’économie de certaines réformes politiques et institutionnelles de fond. Pour Ping, qui aura quatre-vingts ans révolus à la prochaine échéance, celle-ci était certainement la première et la dernière, mais l’opposition, dans son ensemble, gagnerait sans doute à profiter de cette fragilité pour obtenir des concessions de taille.

Est-ce par exemple normal que, belle-mère du président ou pas, Marie-Madeleine Mborantsuo soit à la tête de la Cour constitutionnelle depuis sa création en 1991 ? Et que dire de ce mode de scrutin inique du « un coup K.-O. » en vertu duquel Ali, avec 49,80%, n’eût été les modifications opérées par la haute juridiction, aurait rebelotté contre l’avis de la majorité des votants ? Ou encore de ces mandats présidentiels illimités instaurés sous Bongo père qui a fait, pour ainsi dire, le sale boulot pour le fils, lequel n’a donc pas besoin de tripatouiller la loi fondamentale à l’image de tant d’autres pour se scotcher au fauteuil présidentiel ?

Car qu’il ait vaincu à la régulière ou pas, que son challenger soit un mauvais perdant ou pas, une chose est sûre, ça ne peut pas continuer comme ça, surtout que la contestation de la confiscation du pouvoir (et de l’avoir) par un clan s’accompagne d’une lame de fond sociale et économique qui rend le cocktail encore plus explosif. Et Ali aurait tort de prendre ce coup de semonce à la légère.



La Rédaction
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