Les partis politiques aujourd’hui au Burkina Faso vivent une crise dont il convient, sans passion ni parti pris, de déterminer les causes. Beaucoup d’analystes et de simples observateurs ne tarissent pas sur les responsabilités propres des formations politiques. Et ils invoquent alors invariablement l’inconstance des leaders politiques, le manque de projet des partis, leur création circonstanciel pour des causes les plus inavouables et en particulier pour émarger au guichet financement de parti ou servir de faire valoir ou de Cheval de Troie à tel ou tel autre grosse cylindre politique.
S’il y a du vrai dans nombre des griefs ainsi avancés, on omet trop facilement de mettre en balance la responsabilité de la puissance publique. Celle de l’Etat lui-même qui a la charge à titre principal de mettre en œuvre, et de conduire, la fondation de la maison Etat et le renouvellement périodique de ses fondements politiques et institutionnels. C’est lui qui détermine les bases qui servent au jeu politique. On constate que bien de dysfonctionnements qui affligent de nos jours la vie des partis viennent de la mutation de l’Etat en moteur de fraude, de corruption, de violences diverses pour orienter, forcer l’expression du suffrage populaire. Comment les formations politiques peuvent- elles connaitre la stabilité, vivre une dynamique d’institutionnalisation, si elles sont en permanence victimes de déstabilisation par la fraude, la corruption, les pressions les plus diverses ?
D’autre part, en se convertissant en maitre en chef de la déstructuration de l’autorité de l’Etat, en devenant le plus grand violateur de la légitimité démocratique du principe de légalité qui fonde tout système républicain, l’Etat a déstabilisé l’ordre public national et partant de là, l’équilibre de partis politiques.
Comme le cracheur couché sur le dos reçoit ses propres salissures sur le visage, l’Etat aujourd’hui fait face à une désobéissance civile structurelle pour n’avoir pas fait du principe de la soumission de l’Etat au droit la règle faitière de la gouvernance nationale. Toutes choses qui expliquent les contestations, grèves, révoltes, mutineries …. » revolving » qui constituent les marques de la gestion du Faso affectent aussi les partis.
Ce n’est donc pas parce que nous parlons souvent de la crise de l’autorité de l’état ou parce que l’opinion s’en repait, qu’il faut clore les débats sur la problématique. Non, l’interdépendance des situations nous conduit à dire que seule l’action en amont pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat par son affiliation au droit aidera au redressement des partis politiques.