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Procès des brûleurs de feu : Terminus à la Maco
Publié le mercredi 21 septembre 2016  |  L`Observateur Paalga




Entamé le 13 septembre 2016, le procès des 16 «brûleurs de feu» s’est poursuivi le 20 septembre. Au total, quatre d’entre eux ont comparu hier devant le Tribunal de grande instance et ajouté aux délibérés des audiences précédentes, ils ont connu des sorts divers. Cela va de la prison ferme au paiement d’amende en passant par le sursis.

Dans notre parution, du 14 septembre 2016, nous vous relations déjà les audiences de quatre «inciviques routiers» dont trois connaîtraient leurs sorts le 20 septembre. La fumée blanche est effectivement sortie hier du palais de Justice de Ouagadougou avant le début des audiences.

Amende de 300 000F pour Abdoulaye Sakandé, commerçant

Il était accusé de coups et blessures sur l’agent de police, Oumarou Hien, et de refus d’obtempérer. Le procureur avait requis six mois d’emprisonnement ferme plus 900 000F. Il a été condamné à une amende de 300 000F et doit verser 1F symbolique au syndicat de police UNAPOL.

12 mois de prison pour Serge Boni, le comptable

Il lui était reproché cinq infractions : conduite sans permis, défaut d’assurance, violences et voies de fait contre un agent, délit de fuite, refus d’obtempérer. Il avait plaidé coupable et demandé la clémence du jury. Il a été condamné à 12 mois d’emprisonnement ferme plus une amende de 100 300F et 1F symbolique à l’UNAPOL.

6 mois pour Kadi Ouédraogo, la doyenne (55 ans)

Accusée de refus d’obtempérer, elle a été condamnée conformément à la réquisition du parquet : six mois de prison ferme plus une amende de 300 000F et 1 F symbolique à l’UNAPOL.

Charles Bilgo, 12 mois de prison avec sursis+ une amende

Charles Bilgo, 23 ans, employé de commerce, est le premier a passé à la barre le 20 septembre. Il lui est reproché d'avoir exercé la violence sur François Soubeiga, assistant de police, dans l'exercice de ses fonctions, et d’avoir refusé d'obtempérer. En effet, le 9 mai dernier, l’accusé se rendait à Kilwin, lorsqu’arrivé aux feux tricolores du marché de Toécin Yaar, il passa à l'orange, selon ses dires, mais au rouge, selon François Soubeiga, qui l’a interpellé par 3 coups de sifflet. A première vue, l'infortuné a fait semblant d'obéir en rétrogradant sa moto. A ce geste poli, l'assistant de Police baisse la garde et c'est en cette occasion que Charles Bilgo met la main sur l’accélérateur et fonce directement sur le flic qui n'avait pas eu d’autre choix que de s'accrocher à la direction de la moto. Dans ce combat d’équilibriste entre usager de la route et policier intervient un second flic pour permettre de maîtriser l'accusé. Il est ensuite conduit directement au poste de police et transférer à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). M. Bilgo plaide non coupable des faits qui lui sont reprochés et se défend : « J'ai eu très peur quand j'ai vu le policier se dresser devant moi et en plus la moto appartient à ma sœur ». « Où alliez-vous ce jour-là ?», demande le président du jury. « A Kilwin », rétorque-t-il. « Et depuis ce jour, vous n’êtes toujours pas arrivé à Kilwin », lui fait alors remarquer le juge qui s’est employé à lui donner une leçon d’éducation civique. La leçon semble être passée puisque l’accusé a présenté ses excuses. Repentances acceptées, car il est condamné à 12 mois de prison avec sursis et à une amende de 300 000F CFA.

C’est ma mère qui m’a dit de continuer

Le doyen des prévenus du 20 septembre, c’est Félix Edmond Kaboré, 51 ans, gestionnaire de stocks. Si à l’entame, le président du jury avait annoncé que les réquisitions « iront vite» du fait que tous les dossiers soient classés dans le flagrant délit, ce cas-ci aura nécessité 4h et sans vraiment qu’on connaisse la fin de l’affaire. Confusion, propos contradictoires ont parsemé le chemin du jury vers la recherche de la vérité. Selon les dires de la principale victime, l’assistant de police, Oumarou Zongo, était en poste au feu de l’agence principale de Telmob, le 17 août 2016, aux environs de 11h 30 lorsque deux collègues en service au rond-point des Nations unies, sont venus à sa hauteur l’informer qu’un conducteur a refusé d’obtempérer après n’avoir pas respecté les feux tricolores. Sur instruction de son chef de poste et sur la base du numéro d’immatriculation du véhicule, il a été désigné pour porter renfort à ses deux collègues et interpeller le conducteur qui était en ce moment arrêté au feu de la Sonabel, non loin de là. « Je suis arrivé au niveau du véhicule du côté conducteur et j’ai demandé à M. Kaboré de me présenter les papiers de son véhicules, sans suite. Il a poursuivi son chemin et je me suis mis alors devant lui pour essayer de l’arrêter. C’est en ce moment qu’il a foncé sur moi et je me suis retrouvé sur son capot », a expliqué ensuite l’agent qui gardera de cette mésaventure un bras fracturé et un arrêt de travail de 45 jours. Trois faits sont donc reprochés au Sieur Edmond : refus d’obtempérer, coups et blessures volontaires sur un agent et délit de fuite. Mais le gestionnaire de stocks botte en touche et plaide non coupable. Ce père de trois enfants livre une autre version. Il serait passé à l’orange au rond-point des Nations unies et a été surpris de voir un agent l’interpeller pour avoir « brûlé le feu». Il dit avoir remonté les vitres de sa voiture pour ensuite émettre son objection à son interlocuteur. Après quoi, il a pris le soin de ralentir au bord de la voie. Aucun policier n’étant venu à sa hauteur, il a tout bonnement continué son chemin. Ce n’est que plus loin qu’il a constaté que son véhicule était assailli par trois policiers. L’un d’entre eux lui intime alors de serrer. C’est au moment où, il s’apprêtait à obéir qu’il a constaté que l’agent Oumarou Zongo s’est « jeté » sur son véhicule. « Pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêté en ce moment ? », questionne le procureur. Réponse de l’accusé : « Ma mère, qui était avec moi, m’a dit de continuer car je risquais d’être molesté par les agents». « Je comprends pourquoi vous-mêmes, vous êtes comme ça, puisque vous avez de mauvais conseils », rétorque le procureur. La passagère qui a aussi été entendue assure avoir juste voulu « défendre son fils » et se félicite du fait qu’il a suivi son conseil. Et le procureur de la contredire : « Avez-vous déjà vu des policiers frapper des gens ? ». Le parquet n’a épargné aucune des partis de questions, surtout à l’accusation. « Comment on vous apprend à interpeller les gens à l’école de police ? Est-ce la bonne technique. Vous aurez pu juste vous contenter de sa plaque d’immatriculation». Chose qui a suscité des applaudissements nourris du public présent à l’audience qui avait manifestement choisi son camp. « Silence ! Vous n’avez pas d’approbation ou de réprobation à faire. Nous sommes là pour rechercher la vérité », s’empresse aussitôt de recadrer le président du Jury.

Le procès s’est poursuivi avec les témoignages des deux autres policiers que le jury avait pris soin d’éloigner le temps de l’instruction. Et cela semble avoir eu une conséquence immédiate sur leurs déclarations : ils ont, en effet, à certains points, livré des versions différentes. Le procureur faisant ainsi remarquer plusieurs fois une confusion dans la chronologie des évènements et du rôle de chaque acteur. « Avez-vous formellement au rond-point des Nations unies demandé à M. Kaboré de s’arrêter. N’a-t-il pas cru comme personne n’était venu à sa hauteur qu’il pouvait continuer son chemin et que c’était juste une mise en garde », a-t-il, entre autres, relevé. C’est pain bénit pour les avocats du présumé coupable qui vont eux aussi s’engouffrer dans la brèche et relever les incohérences entre la première déclaration des policiers faite devant leur hiérarchie et celles devant le tribunal. Harcelée par les avocats, la victime, Oumarou Zongo, ne pourra « respirer » qu’avec les assurances données par le parquet et le président du Jury. Au moment de sa réquisition, le procureur a estimé que les faits reproché à Félix Edmond Kaboré sont graves et rappellent les circonstances dans lesquelles l’assistant de police Rasmané Doussoungou avait trouvé la mort. Le procureur juge toutefois que le temps que le prévenu, qui a lui-même qualifié cet évènement de « regrettable », a déjà passé en prison est assez pour méditer sur son sort. Il réclame, par conséquent, juste une amende de 300 000F CFA. Les avocats de la défense, eux, plaident tout bonnement pour la « relaxe », car leur client n’est pas coupable des trois faits qui lui sont reprochés. La décision du jury sera connue le 27 septembre 2016.

Achime Kaboré, un coup de tête qui lui coûte deux mois de prison

Achime Kaboré, 25 ans, père de 3 enfants, est accusé de refus d'obtempérer et d'avoir exercé la violence sur Jean Pierre Badolo, assistant de police dans l'exercice de ses fonctions. En effet, le 11 mai 2016, dans la matinée, sur l’avenue Kwamé- N’krumah, l’accusé est passé au feu lorsque celui-ci aurait viré à l'orange. Un coup de sifflet a alors retenti et selon les policiers, l’usager a fait semblant d'obéir en ralentissant pour ensuite foncer sur l'assistant de Police qui, malheureusement, n'a pas eu d'autre solution de s'agripper à la direction de la moto. Sur ce fait, et voyant que les autres flics viennent au secours de leur collègue en détresse, il administre à Jean Pierre Badolo, un coup de tête violent pour le dégager. Entreprise infructueuse puisqu’ils vont se retrouver tous les deux au sol. Le « taureau » sera par la suite maîtriser et envoyer au poste police. Au tribunal. L’accusé a demandé des circonstances atténuantes, car il a à sa charge une femme et trois enfants dont il doit assurer la scolarité. Achime Kaboré a finalement écopé de deux mois de prison ferme et d’une amende de 100 000FCFA.

C’est un nouveau goudron….

Tenga Baga, marié et père d’un enfant, est le dernier présumé à comparaitre ce mardi. Ce commerçant est accusé de coups et blessures et de refus d’obtempérer. Il a été interpellé le 15 juin 2016 au rond-point des Arts pour avoir emprunté un sens interdit et a renversé volontairement l’assistant de police municipale, Samuel Kabré. Selon ce dernier, le présumé coupable, au premier coup de sifflet, s’est dressé sur sa moto, rétrogradé et ensuite foncé sur un premier agent qui l’a évité et percuté le second. Conséquence : 21 jours d’arrêt de travail pour le policier Kabré. Tenga Baga après s’être d’abord enfoncé dans une tentative d’explication « C’est un nouveau goudron et je n’avais jamais pris cette route », a affirmé par la suite « n’être pas en totale possession de lui-même ce jour-là », sa femme étant malade à l’hôpital. Il assure désormais qu’il sera un modèle sur la route. Au titre du préjudice subi, Samuel Kabré réclame le remboursement de ses frais d’ordonnance, soient 53 965F. Le procureur a, quant à lui, requis 6 mois d’emprisonnement ferme et une amende de 50 000 F CFA. Tenga Baga connaîtra son sort le 27 septembre 2016.


Hugues Richard Sama

Omar Salia (Stagiaire)
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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