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Crise à la CAMEG : Au SYNTSHA, la pilule ne passe pas
Publié le mercredi 21 septembre 2016  |  L`Observateur Paalga
CAMEG
© Autre presse par DR
CAMEG : le personnel conteste la nomination de Mahamadou Compaoré




Pour manifester son mécontentement face à la situation de blocage qui prévaut depuis cinq mois à la CAMEG (Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux) et dénoncer la « gestion politicienne » des services de santé, le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), section du Kadiogo, observe un sit-in du 19 au 22 septembre 2016. Un arrêt de travail de 5 heures (7 à 11h) dans les centres de soins de Ouagadougou qui n’est pas sans conséquences sur l’activité médicale. Constat d’une de nos équipes de reportage.

« Le gouvernement en général, le ministre de la Santé en particulier, s’acharne sur la CAMEG et les travailleurs dudit établissement à des fins inavouées sous prétexte que le Conseil d’administration aurait pris une décision illégale alors que lui-même, tout ministre de la Santé qu’il est, en s’appuyant sur un article du statut abrogé en 2000, est dans l’illégalité comme l’a reconnu son avocat au cours de l’audience du Tribunal administratif du 24 août 2016», disait le Secrétaire général (SG) national du SYNTSHA, Pissyamba Ouédraogo, lors de la conférence de presse du 15 septembre annonçant le sit-in de 96 h entamé le lundi 19 septembre.

Quatre jours de protestation donc pour exiger, selon les responsables syndicaux, entre autres, l’annulation immédiate de toutes les décisions du ministre de la Santé et de la nomination en Conseil de ministres du jeudi 11 août 2016 des Dr Salifou Konfé et Brice Evans Zoungrana comme représentants l’Etat au Conseil d’administration de la Centrale ; la relecture dans les brefs délais de son statut pour en faire une société d’Etat et l’arrêt de la gestion politicienne des services de santé.

Le moins qu’on puisse dire est que le mot d’ordre lancé aux militants du Kadiogo a connu un écho favorable. Ce qui a perturbé le bon déroulement des activités dans les centres de santé de Ouagadougou.

9h50, hôpital Yalgado. Environ quatre dizaines de blouses blanches et vertes, attroupées sous des arbres, se font remarquer à côté des Urgences médicales. Micro en main, l’un d’entre eux, tensiomètre suspendu au cou, retient toutes les attentions : c’est le secrétaire général du SYNTSHA Kadiogo, Amadi Konfé, qui encourage ses « éléments » à tenir bon pour la protection de leurs intérêts.

« C’est une lutte citoyenne, car elle va au-delà de la section, voire même du SYNTSHA, c’est pour la sauvegarde de la CAMEG », nous explique-t-il. Et d’ajouter : « Si le gouvernement n’est pas en mesure de trouver des solutions, nous allons ainsi nous retrouver et prendre des décisions». Pour le tenant du crachoir, la CAMEG est un outil indispensable à notre système sanitaire et il y va de l’intérêt de tous de la protéger, car, a-t-il relevé, des formations sanitaires sont déjà confrontées à une rupture de médicaments.

Bien que n’ignorant pas les conséquences fâcheuses d’un tel mouvement sur les patients, pour le responsable SYNTSHA, il n’est pas question de baisser les bras sans avoir obtenu satisfaction. «Notre syndicat tient beaucoup à cette structure et n’hésitera pas à passer à la vitesse supérieure si rien n’est fait», a-t-il prévenu.

Une telle situation où les uns travaillent et les autres croisent les bras, c’est sans doute l’institution hospitalière qui en pâtit. «C’est une revendication qui n’est pas spécifique à Yalgado mais nous subissons la conséquence. Le sit-in se tient à un moment de la journée où l’activité sanitaire bat son plein avec les consultations, les examens et les supervisions. Je suis donc inquiet des conséquences de ce mouvement sur la santé de nos malades, car dans une équipe, s’il manque une seule personne, le besoin se fait sentir inéluctablement », confie le directeur général de Yalgado, Robert Sangaré.

Du fait du service minimum, les malades doivent en effet patienter un bon moment avant d’espérer des soins.

Après le centre hospitalier national, autour de 10h30 nous mettons le cap sur le CMA (Centre médical avec antenne chirurgicale : ndlr) de Pissy. Mais, avec la distance et les embouteillages, c’est finalement peu après 11h que nous arrivons sur les lieux. Pas de traces donc de manifestants. A l’extrême droite du bâtiment de la maternité, des femmes enceintes couchées à même le sol se tordent de douleurs en attendant l’heure de la délivrance.

Nous empruntons la passerelle qui mène aux urgences pour accéder au bureau du SG de la sous-section SYNTSHA de Boulmiougou, Bekour Noufé. Celui-ci nous confia que le mot d’ordre a bel et bien été suivi dans son « fief » et que les rangs ont été rompus à 11h comme prévu. Ce n’est pas sans regrets qu’il constate un tel mouvement, mais à l’en croire c’est le gouvernement qui ne leur a pas donné d’autre choix. Sinon, dira-t-il, « nous ne faisons pas grève contre la population ».

Selon ce dernier, on ne peut pas parler de soins sans parler de médicaments, donc la crise à la CAMEG est une affaire de tous. « Et nous allons nous donner les moyens de continuer la lutte », a-t-il conclu, se disant satisfait de la forte adhésion du personnel de santé au mouvement.

Les premiers concernés, le personnel de la CAMEG, n’ont pas non plus boudé le sit-in. Dans la matinée, tous les bureaux du siège étaient fermés. Un des usagers du service, manifestement pas informé du mouvement, nous confie avoir tambouriné désespérément sur la porte de plusieurs bureaux, en vain. Et pas une ombre des employés à part trois vigiles à leurs postes. Ils nous apprennent que tous les agents se sont rendus à l’autre bout de la ville, au sein des locaux de la CAMEG à la Trypano (l’agence commerciale : ndlr).

Là, une centaine de personnes, « tout le personnel de la structure à Ouagadougou », a en croire Prosper Tamini, le délégué du personnel, auquel se sont joints des agents d’autres services, qui suivaient ainsi le mot d’ordre du SYNTSHA. Certains ont été convoyés sur les lieux à bord d’un car affrété à cet effet. Après quatre heures, le mouvement s’est achevé comme il avait commencé, dans le calme et avec la ferme promesse de revenir le lendemain.

Alima Séogo / Koanda

Félicité Zongo

Hugues Richard Sama

&

Omar Salia (stagiaire)
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