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Putsch manqué : on n’attend plus que le procès
Publié le vendredi 16 septembre 2016  |  L`Observateur Paalga




Un an après, on en est encore à se demander comment ils ont pu penser que ça marcherait après l’insurrection populaire qui avait balayé 12 mois plus tôt l’homme fort de Ziniaré. Et pourtant, ils ont conçu et exécuté l’impensable au moment où on s’y attendait le moins. A seulement quatre jours du début de la campagne pour les élections couplées qui devaient mettre fin à la période de transition ouverte par les « Quatre Glorieuses » de fin octobre – début novembre 2014 et l’abdication de Blaise Compaoré. Autant dire donc au pire moment si tant est qu’il y ait jamais un meilleur moment pour perpétrer un putsch.

Tout avait commencé comme à l’accoutumée ce mercredi 16 septembre 2015 : un mouvement d’humeur du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui ne parvenait pas à faire le deuil de son mentor et des prébendes, et dont c’était la troisième fois qu’il faisait une irruption bruyante sur la scène, menaçant de mettre un coup d’arrêt brutal à la Transition. Sauf que cette fois-ci, les choses semblaient plus sérieuses puisque l’intrusion dans la salle du conseil des ministres qui se tenait ce jour-là s’était accompagnée d’une prise d’otages, et pas n’importe quels trophées : le président Michel Kafando, son chef de gouvernement Yacouba Isaac Zida, ainsi que les ministres René Bagoro et Augustin Loada.

« Qui a osé ? » nous demandions-nous dans notre manchette du 17 septembre alors même que notre question trouvait réponse aux premières lueurs du jour sous la forme d’un communiqué lu par le médecin-colonel Bamba Mamadou au nom d’un Conseil national pour la démocratie (CND) dont le chef n’était autre que… le général de brigade Gilbert Diendéré. « C’est donc lui !» soupirait L’Observateur Paalga mi-surpris dans son édition du vendredi 18. Au bout d’une interminable nuit de tractations tous azimuts, le coup de sang de la garde prétorienne s’était en effet transformé en coup d’Etat pour ne pas dire en bêtise assumée. Ils étaient allés si loin que certains analystes, dès le soir du 16 septembre, ne voyaient pas trop comment ils pouvaient encore faire machine arrière. Douze mois plus tard, on en est encore du reste à se demander si la date anniversaire est le 16 quand la soldatesque a commencé à ruer dans les brancards, semant la mort et la désolation, ou le 17 lorsque Golf est sorti du bois pour terminer la manœuvre.

Mais qu’importe ! La forfaiture, qui a pris la forme longiligne de cet officier général de deux mètres a été consommée avec des arguments frêles et contestables. Les putschistes seraient intervenus pour empêcher la dissolution du RSP (qui devait, dit-on, être actée lors de ce fameux conseil des ministres) et corriger l’ostracisme dont l’ancienne majorité et ses affidés étaient l’objet du fait notamment de la relecture du code électoral. Mais était-ce là raisons suffisantes pour empêcher le retour à une vie constitutionnelle normale ? Certainement pas.

Comme son mentor en octobre 2014, celui qui était au cœur du système sécuritaire du défunt régime a commis l’erreur de penser que la terreur exercée par les sulfateuses des kodos, l’argent distribué pour les besoins de la cause, et la faim des jours sans travail qui commençait à tenailler le petit peuple des résistants suffiraient à faire passer l’affaire. « Ils (les résistants NDLR) vont se fatiguer et quand ils n’auront plus de quoi manger ils vont arrêter » se convainquaient, en effet, certaines personnes acquises à la cause des félons. Erreur. Bis repetita. Les mêmes qui avaient chassé Blaise il y a un an, remettaient le couvert pour maintenant arracher la racine du mal, certains partis politiques reconvertissant dans la résistance leurs fonds qui étaient destinés à la campagne électorale, tandis que le reste de l’armée se montrait loyaliste et menaçait de marcher sur le camp Naaba-Koom II. Un an après, on est encore admiratif de ces soldats venus de l’intérieur du pays (Bobo, Dédougou, Ouahigouya, Kaya, Fada…) pour faire pièce aux velléités de leurs frères d’armes égarés.

En voulant flinguer la Transition, celui qui aurait pu se refaire une certaine virginité s’il avait été loyal avec M’ba Michel, s’est donc finalement tiré une balle dans le pied en s’engageant dans une voie sans issue qui menait tout droit à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) où, après avoir craché le morceau qu’il avait indûment avalé, il médite sur son sort avec d’autres auteurs et complices présumés qui se sont embarqués dans cette folle aventure.

On aurait encore compris si, pour éviter que le pays sombre dans le chaos, celui qui détient les petits et les grands secrets de la république était passé à l’acte au moment de l’insurrection populaire alors que, des généraux Honoré Nabéré Traoré et Kouamé Lougué en passant par l’alors lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida et Saran Sérémé, tout le monde se disputait un pouvoir à terre dans une grosse mêlée dont finalement celui qui n’était que la voix de son maître sortira vainqueur.

Mais jouer un tel tour pendable aux Burkinabè à seulement un mois de la fin de la Transition, juste parce que son ‘’bon petit’’ qu’il avait poussé au-devant de la scène pour garder la Maison Compaoré s’était affranchi, et qu’on avait mis hors-jeu les petits copains et coquins qui avaient pris l’habitude de jouer seuls, était tout bonnement irréfléchi. L’intéressé ne l’a-t-il d’ailleurs pas reconnu alors qu’il rendait les armes sous la houlette de la CEDEAO que « le plus gros tort a été de faire ce putsch » ? Que les « transitaires » dont la plupart étaient des sous-doués de la politique et quelques-uns des imposteurs doublés de prédateurs, ainsi qu’on le voit maintenant, aient commis quelques maladresses ne saurait être une excuse absolutoire. Dommage, car cette mine d’informations que tant de pays auraient voulu sonder aurait pu, malgré son lourd passif, rendre encore de précieux services à son pays.

Cela dit, on ne va pas refaire l’histoire de ce mythe qui a présumé de sa force et qui a fini par se briser sur des « hommes intègres » retrouvés qui, par deux fois en l’espace d’un an, auront su payer le prix du sang pour la refondation de la démocratie. Et il faut savoir gré à Golf d’avoir au moins permis à l’abcès RSP de se crever tout seul, dissous que ce corps d’élite l’a été dans la foulée et ses éléments dispersés aux quatre vents.

Alors qu’on commémore le premier anniversaire du « coup d’Etat le plus bête de l’histoire » (Alpha Condé dixit), on n’attend guère plus que s’ouvre le procès des conjurés -d’ici décembre ou janvier nous a-t-on promis - pour connaître les failles civilo-militaires de ce tremblement de terre dont les répliques pourraient, qui sait, faire d’autres victimes, au-delà de ceux que les faits établis ou les apparences accablent jusque-là. Même si dans le traitement de ce dossier à tiroir, la justice, sur fond d’immixtion de l’Exécutif et de pressions du « peuple insurgé », a parfois donné l’impression de bégayer son droit.



Ousseni Ilboudo
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