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Plaidoyer pour les journalistes
Publié le mercredi 14 septembre 2016  |  Sidwaya




Les mouvements d’humeur observés ces jours-ci par le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail pour les agents des médias publics, posent un véritable problème de société au Burkina Faso. Vraiment, le statut des journalistes, ces hommes et femmes qui s’échinent au quotidien pour rechercher, traiter et donner l’information aux citoyens, devrait être revu. Ce travail contribue d’ailleurs au plein exercice du droit à l’information dévolu aux populations et garanti par la Constitution. Tout le monde s’accorde à dire que les « ouvriers de la plume et du micro » exercent un métier prestigieux qui font d’eux des privilégiés de la société. Mais ce privilège, pleurons-en, ne vaut que pour le titre de journaliste. Dans la société, les journalistes burkinabè semblent être plus des défavorisés que des « enfants chouchous » de la République, à voir leurs conditions de vie et de travail. Qu’ils soient du public ou du privé, quelques avantages mis à part, les hommes de médias ne sont pas bien rémunérés dans leur ensemble. En ce sens qu’ils ne sont pas payés de sorte à être à l’abri de la tentation de la corruption, une entrave sérieuse à l’indépendance de la presse. Cette triste réalité justifie, à bien des égards, le fait que nombre de journalistes soient réduits à compter sur le « gombo » (Ndlr : argent dans le jargon journalistique) des organisateurs d’événements, des hommes d’affaires et autres politiciens en quête de publicité. Ils sont « scotchés » aux hypothétiques 5000, 10 000 francs CFA et aux autres sommes de la providence, pour joindre les deux bouts. La situation est surtout chaotique pour les confrères du privé. Certains d’entre eux sont rémunérés, tels des meuniers, à raison de 5 000 francs CFA par semaine. En dépit de ces vérités qui blessent, les journalistes font de leur mieux pour donner l’information de façon professionnelle, dans la plupart des cas. L’Union européenne (UE) a même attribué de bons points aux hommes de médias burkinabè, en reconnaissance de leur professionnalisme. Mais que vaut en réalité un journaliste professionnel avec tous les encouragements du monde, s’il croupit dans la misère, à se demander de quoi sera fait demain. Hormis la fierté, il y a de quoi mourir de chagrin. Cette image de misérable n’honore pas les journalistes burkinabè, que les sacrifices pour promouvoir la bonne gouvernance, la démocratie et la justice sociale n’ont jamais faibli. Figurez-vous que les journalistes des médias publics ont en moyenne 10 000 francs CFA comme indemnité vestimentaire, alors qu’ils sont tenus d’être présentables. C’est une exigence du métier. Aucune autorité ne souhaiterait recevoir un journaliste vêtu de haillons dans son bureau. Peut-on s’habiller décemment avec une telle allocation dans le contexte actuel de « vie chère » ? La réponse ne souffre d’aucune ambiguïté, c’est non. Les témoignages font état de ce que les aînés dans la profession disposaient de 70 000 francs CFA comme indemnité vestimentaire, d’une indemnité de panier et de risque dans les années 80. Des avantages qui ont disparu comme par magie, sous la Révolution, austérité oblige. Depuis lors, les conditions de vie et de travail des journalistes n’ont pas fondamentalement changé, alors que leur métier est plus que jamais exigeant. Les contraintes de temps demeurent. Les risques subsistent, en témoignent les agressions de journalistes et autres accidents de travail. Sans oublier que la tenue vestimentaire correcte recommandée dans les écoles de journalisme est toujours d’actualité. Il est alors impérieux que les autorités se penchent sérieusement sur le statut social peu enviable des journalistes, et consentent à faire bouger les lignes dans le bon sens. Là-dessus, des espoirs peuvent être placés au gouvernement Paul Kaba Thiéba dont l’attachement au dialogue social et à la cause des journalistes est indiscutable. La même posture doit être adoptée par les patrons de presse privée, pour redorer l’image des hommes et femmes à leur service. Les médias doivent mériter amplement leur titre de « 4e pouvoir ». Il y va de la consolidation de la démocratie sous nos cieux.

Kader Patrick KARANTAO
stkaderonline@yahoo.fr
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