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Refus de ralliement des radicaux à Affi N’Guessan : la descente aux enfers du FPI
Publié le mercredi 14 septembre 2016  |  Le Pays
Affi
© Autre presse par DR
Affi N`guessan,président du Front populaire ivoirien (FPI)




Au Front populaire ivoirien (FPI), la fracture semble définitivement consommée entre les héritiers de l’ex-président Laurent Gbagbo. En effet, au « asseyons-nous et discutons » du président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, qui multiplie les mains tendues et a même lancé un appel solennel à l’union en vue des prochaines échéances électorales, les dissidents qui passent pour être de l’aile dure du parti, ont opposé une réaction cinglante : « Nous n’avons plus rien à nous dire ». Preuve, si besoin en était encore, que ce n’est pas demain la veille que les anciens compagnons du célèbre prisonnier de la Haye, fumeront le calumet de la paix et se donneront la main pour essayer de reconquérir le pouvoir d’Etat, perdu un certain 11 avril 2011, dans les conditions que l’on sait.

Si ses dirigeants ne se ressaisissent pas à temps, le parti de Laurent Gbagbo court inéluctablement à sa perte

Et si ce refus de ralliement des frondeurs au chef du parti, devait consacrer une rupture définitive entre les frères ennemis, ce serait la descente aux enfers assurée pour le parti, car l’on ne voit pas comment, dans ces conditions, il pourrait se tirer honorablement d’affaire lors des prochaines consultations électorales dont les législatives prévues pour fin novembre prochain, face à des adversaires redoutables et mieux organisés. En tout cas, si ses dirigeants ne se ressaisissent pas à temps, le parti de Laurent Gbagbo court inéluctablement à sa perte et risque d’être réduit à jouer un simple rôle de figuration sur l’échiquier politique ivoirien. D’autant que plus de cinq ans après la chute de leur guide historique et son transfèrement à La Haye aux Pays-Bas, c’est toujours la mésentente au sommet du parti sur l’orientation à donner à la lutte en vue de l’élargissement de leur ex- mentor. Aujourd’hui, avec le fossé qui se creuse entre ceux qui sont présentés comme les modérés avec à leur tête le président Pascal Affi N’Guessan et les radicaux, emmenés par Aboudrahamane Sangaré, le parti est plus que jamais fragilisé et semble s’acheminer vers une bérézina aux législatives qui se profilent à l’horizon. Or, Dieu seul sait s’il a besoin d’une certaine représentativité au niveau de la représentation nationale pour véritablement continuer à exister en tant que voix qui compte.
Tout compte fait, cette situation était prévisible. Et pour peu que l’on soit un observateur averti de la scène politique ivoirienne, l’on ne peut véritablement être surpris par l’attitude des frondeurs. D’autant que ceux-ci ont toujours vu dans le rapprochement d’Affi N’Guessan avec le pouvoir d’Allassane Dramane Ouattara, une certaine compromission, voire un pacte avec le diable. Et puis, Affi N’Guessan n’a jamais été véritablement accepté par certains militants du parti, malgré certaines de ses prises de position pourtant très critiques vis-à-vis du pouvoir. Notamment sur la question de la modification constitutionnelle qu’envisage le président ADO. Et les décisions de justice prononcées en sa faveur, au plus fort de la guerre de leadership pour le contrôle du parti, n’ont rien arrangé ; au lieu d’amener la sérénité au sein du parti, elles ont plutôt contribué à exacerber davantage une situation déjà bien délétère, et à conforter ses adversaires dans leur conviction qu’il est de mèche avec le pouvoir.
Au passage, l’on peut aussi déplorer l’attitude ambiguë du fondateur du parti, Laurent Gbagbo lui-même, qui ne semble rien faire pour ramener la sérénité dans sa famille politique. D’abord, par son silence prolongé, au moment où un seul mot de sa part aurait peut-être permis de décanter la situation et de fixer les militants sur la conduite à tenir. Ensuite, par le fait que jusque-là, il n’a pas daigné accorder la moindre audience au président de son parti à la prison de Scheveningen, alors qu’il est de notoriété publique qu’il y reçoit bien des visiteurs de différentes marques. Ceci expliquerait-il cela ?

Le FPI risque de mourir de sa belle mort

En tout état de cause, face à la persistance de la division au sein de l’ancien parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, c’est la question même de son avenir qui semble se poser. Et ce ne sont pas les interrogations qui manquent. En effet, sans le soutien de ses camarades, quelle marge de manœuvre reste-t-il à Pascal Affi N’Guessan pour ne pas perdre complètement la face lors des prochaines échéances électorales ? Que comptent faire les dissidents ? Vont-ils prendre part au scrutin, sous quelle bannière, ou bien choisiront-ils la voie du boycott qui laisserait le champ complètement libre au pouvoir ?
En attendant d’en savoir plus, le constat que l’on peut faire est que les Ivoiriens ont encore du chemin à parcourir pour parvenir à la vraie réconciliation. Car, si l’on a tendance à croire que le désarmement des cœurs ne concerne que deux camps, celui d’ADO et celui de Gbagbo, à la lumière de ce qui se passe au sein du parti de l’enfant de Mama, l’on peut se convaincre qu’il y a une étape non moins importante à franchir : la paix des braves au sein de la famille politique de Laurent Gbabgo. Autrement, ce parti risque de mourir de sa belle mort. Et cela n’est pas bon pour la démocratie ivoirienne, qui a besoin d’une opposition forte et républicaine pour mieux se construire.

« Le Pays »
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