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Hauts-Bassins et les Cascades : slalom d’enfer entre flaques d’eau
Publié le vendredi 9 septembre 2016  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par Séni Dabo
Le tronçon de la route entre Koupèla et Fada en état de dégradation




La plupart des routes en terre sont en piteux état dans les régions des Hauts-Bassins et des Cascades. Les tronçons entre les villes et villages se sont fortement dégradés, surtout en cette période hivernale, obligeant des usagers à faire de gymnastique pour atteindre leur destination. Constat !

La distance entre Mahon et Kangala, dans la province du Kénédougou, région des Hauts-Bassins, est d’environ 10 kilomètres, mais elle est parcourue en plus d’une heure. La voie bitumée, surtout celle allant de Koumi à Badala, n’est guère meilleure, en cette saison pluvieuse. Ainsi, entre flaques d’eau et nids-de-poule, les automobilistes, cyclistes et même les piétons, doivent « slalomer » pour espérer atteindre leurs destinations respectives. Djénéba Coulibaly possède une exploitation agricole à proximité du tronçon Mahon-Kangala. Elle dit préférer s’y rendre à pied au lieu de monter son vélo, à cause de l’état impraticable de la voie. Joël Traoré, un commerçant à Orodara, lui également, confie éprouver d’énormes difficultés pour faire transporter ses marchandises de Mahon jusqu’à Kangala. Car, selon lui, «aucun transporteur ne veut emprunter cet axe ». Arsène Traoré, conducteur de tricycle explique ce refus par le fait qu’emprunter l’axe Mahon-Kangala revient à consommer beaucoup plus de carburant. Wendkuni Yaméogo, agent d’agriculture, raconte que la zone est grande productrice de céréales, de tubercules, de mangues et d’anacardes. « Malheureusement, la qualité des routes ne permet pas un écoulement adéquat de ces spéculations, surtout les mangues qui finissent par pourrir chaque année », regrette-t-il. Une situation qui impacte négativement le prix d’achat des produits agricoles. «Les commerçants qui sillonnent la zone fixent eux-męmes les prix d’achat de nos produits. Nous n’avons pas le choix et nous leur cédons nos produits au prix qu’ils veulent », note Bali Ouattara, un producteur à Dagban, un village de la commune rurale de Kangala. Les services sanitaires souffrent également du mauvais état de la route Mahon-Kangala. Les évacuations sanitaires se font souvent à moto, pour des cas moins graves. « Mais quand l’état de santé du malade ne permet pas son évacuation ŕ moto, on fait appel à des ambulances à Orodara ou à Koloko », indique l’adjoint au major du CSPS de Kangala, Bassiriki Coulibaly. Il souhaite que la commune de Kangala dispose de sa propre ambulance pour rendre les évacuations plus rapides, surtout que le tronçon Mahon- Kangala est impraticable. L’état de la route donne des cauchemars aux enseignants également. Selon le proviseur du lycée départemental de Kangala, Amidou Kaboré, les élèves de Mahon ont constamment des soucis pour rejoindre le lycée, et pendant les examens, ceux-ci sont obligés de se trouver des tuteurs. Le préfet de Kangala, Ousmane Traoré, a alors émis le vœu que cette voie soit réparée pour le bonheur des habitants de la localité et des environs.


Une heure pour parcourir 20 kilomètres

Les routes en terre ne sont plus carrossables dans la province de la Léraba, région des Cascades. Entre Sindou et Kankalaba (ndlr : différent de Kankala), c’est un véritable chemin de croix pour parcourir la vingtaine de kilomètres qui sépare les deux villes. Plus d’une heure est nécessaire pour arriver à destination. A certains endroits, les populations s’organisent pour boucher les nids-de-poule. C’est le cas à Kolasso, où nous avons vu des citoyens mobilisés pour réparer la route, afin de permettre aux véhicules de passer pour le marché de Kankalaba qui se tenait ce jour. Ardjouma Traoré, rencontré sur la route se montre amer, et demande vivement que la route Sindou-Kankalaba soit réparée. C’est le même vœu émis par Abou Coulibaly et Omar Ouattara, tous habitants de la commune de Kankalaba. Mais pour le moment, la commune ne dispose pas de ressources nécessaires pour réparer ces voies, si l’on en croit à Ladji Ouattara, conseiller municipal et membre de la commission finance. « Nous sommes une région agricole et nous rencontrons beaucoup de problčmes avec cette route. Les populations nous interpellent. Mais le conseil écoulé n’a pas prévu de lignes budgétaires pour réparer les voies », déclare M. Ouattara. Néanmoins, dit-il, la commune développe des initiatives, en réparant certaines parties, afin de permettre aux usagers de circuler.
Dans la province de la Comoé, les routes sont aussi en piteuse état. Le pont de Bérégadougou, situé sur l’axe Bérégadougou-Orodara, s’est affaissé à la suite d’une grosse pluie tombée, le 10 août 2016, obligeant les usagers de Banfora à passer par Toussiana ou Bobo-Dioulasso pour rejoindre Orodara et vice versa. Une équipe du ministère des Infrastructures s’est même rendue sur l’ouvrage pour évaluer les dégâts, afin de le réhabiliter pour que le trafic soit rétabli. Selon le directeur régional des infrastructures des Cascades, Bourahima Kébré, l’état des routes est moyen dans son ensemble, mais elles sont constamment endommagées par les pluies. Toutefois, il rassure que des mesures sont en cours pour l’entretien des routes de la région. En attendant, il invite les usagers à la patience et à la compréhension. Le directeur régional des infrastructures des Hauts-Bassins, Inoussa Zounogo Ouédraogo, lui également, se veut rassurant : « Chaque année, l’Etat burkinabč finance l’entretien des routes ŕ travers divers programmes, pour permettre la circulation en toute sécurité des personnes et des biens, et maintenir le niveau de service. Il y a un programme d’entretien d’urgence en cours. Il ajoute qu’un programme de construction des pistes rurales est en cours afin de désenclaver certaines zones pour donner plus d’alternatives aux usagers. Le réseau routier des Hauts-Bassins est long de 2200 kilomètres. Selon le premier responsable des infrastructures de la région, les ¾ de ce réseau ne sont pas revêtus, et les dégradations sont beaucoup plus prononcées sur les routes en terre. Cela est dû notamment à la constitution des routes, aux nombreuses agressions, aux intempéries, aux surcharges, aux actes d’incivisme (le non-respect des barrières de pluie) et au manque de ressources financières allouées pour l’entretien des routes.


Adaman DRABO
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