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Réélection d’Ali Bongo : le plus dur reste à venir
Publié le jeudi 1 septembre 2016  |  Le Pays
Sommet
© AFP par DR
Sommet Etats Unis - Afrique : Arrivée des chefs d`états à la Maison Blanche pour un dîner de groupe
Mardi 5 Aout 2014. Etats-Unis, Washington. Arrivée des chefs d`états à la Maison Blanche pour un dîner de groupe pendant le Sommet Etats Unis/Afrique à Washington. Photo: le président Ali Bongo et son épouse.




Fini le suspense ! En effet, au terme d’un long conclave, les membres de la Commission électorale nationale autonome permanente (CENAP) ont rendu publics les résultats officiels provisoires de la présidentielle du 27 août dernier. C’est le président sortant, Ali Bongo Ondimba, qui caracole en tête avec 49,80% des suffrages exprimés contre 48,23% pour son rival. L’annonce a été faite par le ministre gabonais de l’Intérieur qui confirme ainsi la réélection d’Ali Bongo Ondimba pour un deuxième septennat. Le miracle n’a donc pas eu lieu. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement, quand on sait que feu Omar Bongo, le géniteur d’Ali Bongo, disait à qui voulait l’entendre qu’en Afrique, « on n’organise pas des élections pour les perdre » ? En digne fils du père, Ali Bongo a bien assimilé la leçon, puisqu’en dépit de tout, l’homme a réussi le tour de force de se faire réélire envers et contre une opposition déterminée à l’évincer du pouvoir. Mais comme à la présidentielle de 2009, Ali Bongo aura eu des sueurs froides, et cela rien qu’à en juger par l’écart qu’il y a entre lui et son adversaire. La différence tient sur un fil, tant et si bien qu’un recomptage des voix, bureau par bureau, pourrait créer la surprise. On n’en est pas là. Ce d’autant plus que le président de la CENAP, tout comme le camp du pouvoir, ne l’entendent pas de cette oreille, estimant que ce principe préconisé par l’opposition et l’Union européenne (UE) n’est pas inscrit dans la loi gabonaise. Soit, mais comme on aime à le dire, tout ce qui n’est pas interdit par la loi est permis par la loi. En tout état de cause, la situation actuelle impose que la légitimité prime sur la légalité. Du reste, pourquoi ne pas accéder à la requête de l’opposition, pour autant que Bongo fils soit sûr de sa victoire ? Cela le rendrait davantage légitime, surtout aux yeux de tous ceux qui pensent que sa victoire n’est pas méritée, pour ne pas dire qu’elle a été volée. Dans la mesure où les délégués de Jean Ping contestent les résultats de la province du Haut-Ogooué, connue pour être le fief de Bongo fils, il y avait lieu pour le pouvoir d’accepter le recomptage des voix, bureau par bureau, qui, comme le soutiennent certains, est le seul moyen de « garantir la loyauté du scrutin ». Mais en le refusant, Ali Bongo et ses partisans apportent de l’eau aux moulins de l’opposition et de la communauté internationale qui, naguère, relevaient un manque de transparence dans le processus électoral. Car, aux Etats-Unis que nous considérons comme un exemple de démocratie, Georges Bush et Albert Arnold Algor avaient accepté le décompte manuel des voix, à l’issue d’un scrutin très serré, sans que cela ne soit formellement inscrit dans le Code électoral américain. L’objectif était tout simplement de sauver la démocratie qui prenait du plomb dans l’aile. En tout cas, Ali Bongo a été réélu, mais le plus dur reste à venir : faire accepter les résultats. Car, dès l’annonce de sa victoire, ils sont nombreux, les militants de Jean Ping qui ont pris d’assaut la rue pour manifester leur mécontentement et se livrer à la casse. Et l’on peut comprendre la colère homérique de tous les Gabonais descendus en masse, hier soir, dans la rue, persuadés que la vérité des urnes n’a pas été dite. Ainsi donc, une fois de plus, hélas, le Gabon a manqué l’occasion d’entrer dans l’Histoire. Il a manqué l’occasion de s’extirper du nauséeux cercle des cancres africains de la démocratie. Ali Bongo peut-il revendiquer sa victoire ? Rien n’est moins sûr. D’autant qu’en termes d’incongruités, l’on peut relever notamment le fait que les observateurs internationaux ont été interdits d’assister à la séance plénière de la CENAP. A cela s’ajoute le fait que opposants n’avaient pas le droit de consulter le fichier électoral. Toutes choses qui ne peuvent que renforcer les suspicions sur la victoire déclarée du candidat du PDG (Parti démocratique gabonais). Quid de l’opposition ? Elle doit tirer toutes les leçons qui s’imposent. La première des choses, c’est d’exiger des réformes politiques profondes, en faisant en sorte que désormais, plutôt qu’une présidentielle à un seul tour, le Gabon aille vers un scrutin à deux tours, comme c’est d’ailleurs la tendance sur le continent. Ensuite, elle doit faire le serment d’aller en rangs serrés lors de la prochaine présidentielle. Enfin, elle doit se faire un point d’honneur à corriger cette autre incongruité de taille, qui veut que ce soit le ministère de l’Intérieur qui proclame les résultats officiels à l’issue de la présidentielle. Surtout quand on sait que sous nos cieux, il n’existe pas de devoir d’ingratitude vis-à-vis de celui qui fait roi.

Boundi OUOBA
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