Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Crise a la CAMEG : L’avocat-conseil de la maison pointe un doigt accusateur sur le ministre de tutelle
Publié le mercredi 24 aout 2016  |  Le Pays




Depuis le mois de mai dernier, la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG) traverse une crise à son sommet. En effet, pour la désignation du nouveau Directeur général (DG) de la centrale nationale d’approvisionnement des produits de soins des populations, le Conseil d’administration (CA) et le ministre de la Santé sont à couteaux tirés. La décision du CA de renouveler sa confiance au Directeur général (DG) sortant, Jean Chrysostôme Kadéba, pour un mandat de 3 ans, fait des mécontents au sommet du département de la santé. Au sein du Conseil d’administration, l’on y voit une « mauvaise foi ». C’est du moins ce qu’a laissé entendre Me Jean Charles Tougma, avocat à la cour, Conseil de la CAMEG, dans un entretien qu’il nous a accordé le 23 août dernier. Le personnel de son côté, qui ne s’est pas encore prononcé ouvertement sur la question, s’active à mener des actions dans les jours à venir pour sauver le label de la maison commune. Dans cette perspective, il a tenu une assemblée générale le jour même où nous avons eu l’entretien avec Me Tougma. Assemblée générale au cours de laquelle, la presse a été rabrouée. Joint au téléphone, le ministre de la Santé qui est pour le moment hors du pays, promet de donner plus tard sa version des faits. En attendant, lisez la version de Me Jean Charles Tougma, Conseil de la CAMEG.

Le Pays : La CAMEG traverse actuellement une crise. Dites-nous quel est le nœud du problème !

Me Jean Charles Tougma : « C’est un fait grave pour nous. C’est lors d’un Conseil d’administration tenu en mai dernier, que les membres du Conseil d’administration ont décidé de reconduire le mandat du Directeur général de la CAMEG. Au regard des performances que le DG sortant, Jean Chrysostôme Kadéba, avait atteintes, le CA a décidé de renouveler son mandat pour 3 ans. Il y a des fois où le mandat va jusqu’à 5 ans. Pour pondérer, ils ont proposé un mandat de 3 ans. Le ministre de la Santé, mis au courant des faits par le Conseil d’administration, a fait constater en Conseil de ministres que la forme a failli parce que c’est en divers que la décision de renouvellement du mandat du DG a été prise. Pourtant, de 2000 à aujourd’hui, c’est par cette forme que le CA a toujours délibéré pour les renouvellements des mandats. Le jour de la tenue du Conseil d’administration, plus de la moitié des membres du Conseil d’administration avait mis la question du renouvellement du DG dans les divers parce que le mandat arrivait à terme et il fallait éviter surtout que la CAMEG se retrouve dans une situation compromettante. Au regard de cette notification faite au ministre, celui-ci a envoyé une lettre d’explication au PCA pour lui dire d’annuler la décision de renouvellement du mandat du DG pour 3 ans. Le Président du Conseil d’administration lui a écrit pour lui signifier que cela a été pris en Conseil d’administration et que lui, il n’a pas un pouvoir particulier d’annuler cette décision. Il a ajouté que même s’il le voulait, il fallait qu’un autre Conseil d’administration ait lieu afin de rapporter le renouvellement du mandat, si possible, tel que le voulait le ministre. C’est au su de toutes ces réalités qu’un autre Conseil d’administration a été programmé. C’est lors de ce Conseil d’administration qu’ils ont adjoint le mot d’ordre du jour, conformément à ce que le ministre avait demandé. Le Conseil d’administration a décidé à nouveau de reconduire la décision de nomination du DG à l’unanimité. La première décision avait été prise à l’unanimité, la seconde l’a été ainsi. Le délibéré a été porté à la connaissance du ministre en sus du contrat qui avait été signé puisque le Conseil d’administration avait donné instruction au Président du Conseil d’administration de signer le contrat de mandat pour éviter qu’il y ait un vide à la fin du mandat en cours. C’est au vu et au su de tout cela que ce document a été porté à la connaissance du ministre.

Quelle a été la réponse du ministre de la Santé ?

Lorsque le ministre a reçu la décision du Conseil d’administration portant renouvellement du mandat du DG sortant, il a écrit directement à ce dernier pour lui dire que comme il n’y a pas eu accord sur le renouvellement de son mandat, lui, il le nomme pour un mandat de 3 mois. Ce qui veut dire qu’il doit assurer un intérim de 3 mois. Pour moi, cette déclaration est purement faite sans la bonne foi. En termes juridiques, c’est une déclaration volontairement masquée et mensongère (...). Car, il ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu accord sur le renouvellement du mandat du DG sortant. L’accord revient à l’organe habilité et cet organe, c’est le Conseil d’administration. Le Président du Conseil d’administration ne fait qu’appliquer les décisions prises en Conseil d’administration. Ce délibéré a été pris à l’unanimité et le ministre a été ampliataire (...). Lorsqu’on est premier responsable d’un ministère et qu’on prend la parole, on peut se tromper. Mais que l’on se permette, par écrit, de prendre une décision contraire en masquant la vérité, c’est qu’on veut masquer la vérité aussi à sa hiérarchie. C’est sur ce fondement qu’est née la crise à la CAMEG.

Que suggérez-vous alors?

Auparavant, il n’y avait pas une telle crise au sein de la CAMEG car tout le monde était satisfait et chacun vaquait à ses occupations pour le label de performance de l’association. On est étonné que cette crise n’ait pas été provoquée par un tiers, mais par celui qui est censé donner une impulsion à la bonne marche de la CAMEG. Cette erreur ne devrait pas avoir lieu. Car la CAMEG est une association. Elle n’est pas une Société d’Etat. Donc, il faut la laisser fonctionner comme telle, surtout qu’au sein de cet organe, il y a des institutions aussi bien nationales qu’internationales qui la représentent. Il faut la laisser fonctionner librement pour soigner non seulement l’image du Burkina, mais aussi atteindre les performances qui siéent. De par les mandats écoulés, tout s’est passé en bonne et due forme et les organes ont travaillé normalement. Si la préoccupation du ministre est de changer telle ou telle personne, il faut que cela respecte la forme. Il ne faut pas laisser la réalité et dire le contraire de la réalité des choses parce qu’on a un autre objectif (...). Nous sommes dans un état de droit et le bon sens voudrait qu’on laisse la loi s’appliquer, car la nomination revient au Conseil d’administration qui est l’organe délibérant.

Propos recueillis par Mamouda TANKOANO
Commentaires