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"La condition féminine" au centre du prochain roman de l’écrivaine burkinabè Pélagie Nabolé, pour plus "choquer" les lecteurs (ITW)
Publié le dimanche 21 aout 2016  |  Alerte Info




L’un des plus jeunes écrivains burkinabè, Pegdawendé Pélagie Nabolé (23 ans), étudiante en master 2 Communication humanitaire et solidarité à Lyon en France, auteur de deux œuvres littéraires, aspirant à "un monde d’Amour et de paix", annonce un prochain roman qui traitera de "la condition féminine", un livre qui "choquera (plus) et fera pleurer", dans un entretien à Alerte Info.

A 16 ans vous avez écrit votre tout premier roman qui sera édité trois ans plus tard et vous vous positionnez comme l’un des plus jeunes écrivains au Burkina. Ça fait quoi d’être vu comme tel ? Comment l’avez-vous vécue ?

Je dirai tout simplement fierté. La fierté de me dire que je suis arrivée malgré les stéréotypes. La fierté aussi de dire que j’ai été un exemple pour beaucoup de jeune.

Dès la sortie du premier ouvrage j’ai sillonné les lycées et collèges, un peu partout dans les quatre coins du Burkina, pour essayer de conscientiser, discuter avec mes jeunes frères et sœurs sur leur éducation, leur implication dans la réussite de leurs études.

A chaque fois que j’arrivais, ces gens étaient étonnés de voir une fille de 19 ans qui dit qu’elle est écrivaine. Pour eux un écrivain c’est quelqu’un qui a 30 ans, 40 ans. C’est quelqu’un qui a peut-être un doctorat, qui travaille déjà, mais pas quelqu’un comme eux.

Ça été une fierté parce que mes jeunes frères et sœurs se sont identifiés à moi. Fierté parce que j’ai été en fait une source d’inspiration pour certains. Beaucoup se sont lancés dans l’écriture. Je peux en témoigner.

Je suis en train d’encadrer pas mal de jeunes qui m’envoient tout le temps des nouvelles, des poèmes qu’ils écrivent, me demandant un regard critique. C’est le mot fierté que je retiens de tout ce parcours.

Aujourd’hui, à 23 ans vous assumez la paternité de deux œuvres littéraires. Dites-nous, comment est née chez vous l’envie de fouler l’univers littéraire ?

L’envie de me lancer dans l’écriture est venu du fait que dès le primaire, le bas âge, j’avais cet amour pour la lecture. Je passais tous mes temps libres à la bibliothèque et dès que l’occasion se présentait j’écrivais des poèmes pour les fêtes des mères et celles des pères. C’est ce qui m’a en fait amené dans ce domaine. Ce qui m’a plus amené sur ce chemin de la littérature, c’est cette phrase de Paulo Coelho (romancier et interprète brésilien) qui dit très bien que "Ecrire c’est hurlé en silence". C’est ce qui m’a motivé à me lancer dans l’écriture de mon premier roman "Le Péril" parce que j’avais tellement de choses à dire, à partager avec le monde.

Au regard de l’histoire littéraire, l’écrivain a la possibilité d’inscrire le nom d’auteur sous plusieurs formes :

-Le pseudonymat où il y a rupture entre le nom d’auteur et son nom à l’Etat civil,

-L’apocryphe où l’écrivain attribue son œuvre à un autre auteur bien connu pour donner du poids à son ouvrage,

Vous, vous avez opté pour ce qu’on appelle l’onymat, vous avez choisi d’utiliser votre nom à l’Etat civil comme nom d’auteur. Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas faire comme d’autre, choisir un nom d’auteur autre que votre nom de baptême ?

Il n’y a pas une raison valable qui a motivé ce choix. Pour moi il va de soi que quand on écrit pour défendre une opinion ou partager des opinions qu’on se sente auteur de ce que nous partageons, qu’on s’identifie à ce que nous partageons. Je pense qu’il était tout naturel que je garde mon nom sur ces ouvrages parce que j’ai la responsabilité d’assumer les opinions émises dans ces œuvres.

Votre première œuvre "Le Péril", qui traite de la démission des parents quant à l’éducation des enfants, est parue aux éditions "Le CRYSPAD" en 2012, une œuvre qui a eu du succès. Aujourd’hui, quatre ans après, vous revenez avec un recueil de nouvelles, mais cette fois comme éditeur les éditions "Vivre ensemble". Parlez-nous de vos démarches auprès de ces maisons ?

C’est vrai, le premier roman qui a paru aux éditions "CRISPAD", un centre de recherche en leadership, développement personnel, réalisation de soi et construction de la paix, qui était dirigé par le Dr Poussi Sawadogo, l’un de mes professeurs à l’université Aube nouvelle à Ouagadougou. Et pour la petite histoire, au début je n’avais pas l’intention d’éditer le livre quand bien même je l’avais écrit trois ans au paravent. Je l’avais écrit quand j’étais en classe de seconde au collège de Kologhnaaba (à Ouagadougou) et je l’avais partagé avec mes camarades qui l’on lut. Mes professeurs aussi l’on lut et l’ont apprécié. Après je l’ai mis dans mon tiroir. C’est à travers ce professeur Sawadogo, qui a pris connaissance du livre et a trouvé que "c’est égoïste" de ma part de garder un tel ouvrage dans un tiroir et de ne pas le partager au monde entier. Alors il a décidé sous le couvert de son centre de recherche d’éditer le livre. C’est en quelque sorte un mentor pour moi.

Mon deuxième ouvrage est paru dans les éditions "Vivre ensemble", dont le directeur est Anichet Liliou, un collègue écrivain et un grand ami. C’est surtout pour l’encourager que j’ai voulu éditer mon livre dans sa maison d’édition car il vient de la monter. Rare sont les écrivains, surtout au Burkina qui s’aventurent sur ce terrain. C’est aussi rare de trouver des gens qui sont prêts à se sacrifier pour s’aventurer sur ce terrain parce qu’il est assez glissant. C’est la manière à moi de le motiver, l’encourager, parce que c’est une motivation pour nous les écrivains de voir qu’un jeune écrivain a ce projet de monter une maison d’édition.

Il faut encourager les initiatives locales. Comme vous le savez très bien je suis étudiante en France, je pouvais éditer mon livre en France. J’ai eu pas mal de proposition mais j’ai préféré revenir chez moi pour l’éditer et du coup l’œuvre est le premier produit de cette maison d’édition. Pour une deuxième édition du livre c’est possible que j’aille le faire en France, je n’en disconviens pas. Mais je suis toujours sur cette lignée d’encourager et d’accompagner les initiatives locales.

C’est très facile de dire oui il faut développer le Burkina mais c’est nous qui sommes les premiers à aller investir ailleurs. C’est quoi cette hypocrisie ? Alors qu’on parle de développement du pays. Voilà en fait, ce qui m’a motivé à choisir les éditions "Vivre ensemble" pour l’édition de cette deuxième œuvre.

Dans vos œuvres un thème revient constamment, l’amour. Quel poids donnez-vous à ce mot ? Que représente-il pour vous ?

Pour moi l’amour c’est le socle de toute existence, le socle de toute construction. C’est ce qui nourrit l’homme, maintien notre univers, notre monde en cohésion. Il est la basse de tout et ensuite vient la paix. Quand je parle d’amour je ne parle pas de ce mot uniquement au sens des relations homme-femme. Non. Je parle d’amour parental, fraternel, d’amour dans le milieu professionnel. Sans ce sentiment d’amour dans nos vies, le fait d’aimer et d’être aimé par notre entourage, je crois que chacun de nous ira dans le gouffre.

"Nos Impossibles amours", votre deuxième œuvre que vous venez de mettre sur le marché comporte trois nouvelles : "Mes chimères", "L’amour, le cœur ou la raison ?", "Pour l’amour de ma patrie". Déjà avant même sa dédicace samedi, elle a été et est bien appréciée par ceux qui l’on feuilleté. Comment recevez-vous cet accueil ? Attendiez-vous à une telle réception ?

Concrètement je ne m’attendais pas à un tel engouement autour de l’œuvre. Vous savez avec le premier ouvrage j’ai eu du mal à me faire accepter dans le monde de la littérature vu mon jeune âge et je me suis dite qu’avec cette œuvre ça sera peut-être un défis pour moi que d’aller au-delà de ces stéréotypes qui dissent que quand tu es jeune tu ne peux rien faire d’intéressant et ce défis je crois que j’ai pu le relever vu l’engouement qui se crée autour de cette ouvrage. Je ne m’y attendais pas mais sincèrement je suis très contente des retours de ceux qui l’on déjà lu, surtout qu’il y a des ainés écrivains qui me font de très bon retour d’ailleurs.

C’est en fait une œuvre de la maturité. A travers cette œuvre, certain me l’on dit, ils sentent une certaine maturité dans mon écriture parce que dans mon premier ouvrage, c’est vrai j’étais jeune je ne m’y connaissais pas trop en technique d’écriture, mais là on sent en fait qu’il y a de la maturité et je suis très contente que l’œuvre ait été bien accueilli par le public.

Quand on lit vos œuvres, "Le Péril" et "Nos Impossibles Amours", on sent un non-dit, tout comme dans toute œuvre littéraire d’ailleurs, votre souhait. A travers les lignes tracées, vous envoyez un message et ce message indique le monde dans lequel vous aimeriez y vivre. Vous êtes à la recherche d’un monde qui sera le vôtre. Alors à quel univers aspirez-vous ?

Tout être vivant aspire à un monde de paix, d’amour et de cohésion. C’est vrai que dire comme ça c’est comme un leurre, illusionniste, mais c’est toujours le désire de tout être vivant. Personne n’aimerait vivre dans la guerre, personnes n’aimerait vivre dans le désespoir. On tend toujours vers un monde meilleur. Le monde dans lequel j’aimerais y vivre et que j’aimerais que tout le monde y vive c’est ce monde où il y a ce sentiment d’amour, se sentir qu’on est aimé et qu’on a encore de l’amour à donner. On en déborde tellement d’amour qu’on se cache derrière ce sentiment d’égoïsme, d’hypocrisie pour faire du mal aux autres. A quoi ça sert de faire du mal à son voisin. Si ton voisin est riche par exemple travail à être riche pourquoi tu veux qu’il soit aussi pauvre comme toi ? Mon envie c’est vraiment être dans ce monde où chacun de nous arrivera à partager cet amour...

…Un amour qu’un des personnages de la nouvelle "Mes chimères" a essayé de chercher mais qui n’est pas arrivé à accomplir son rêve.

En effet elle s’exprime en ces termes : "Je n’accomplirai peut-être pas mon rêve, mais j’aurai quand même essayé", on sent un doute en ce personnage en lutte pour son amour. Il dit qu’il a essayé. Selon vous essayé sans avoir la conviction de réussir est-il suffisant pour accomplir un rêve ?

Je pense qu’essayer, c’est déjà faire un pas. Essayer c’est déjà admettre de faire un sacrifice pour arriver à ses fins. On tend à quelque chose quand on essaie. Ce n’est pas comme celui qui ne fait rien qui s’assoit les bras croisés. Donc ce personnage qui dit : "J’aurai quand même essayé", c’est vrai que le personnage en disant cette phrase a douté et au final n’a pas atteint son objectif qui est de vivre son amour. Mais il y a eu cet effort d’avoir essayé.

Le personnage qui cherche à accomplir son rêve, n’a pas pu vivre son amour, d’où le thématique impossible amour. Vous avez bien trouvé le passage du livre pour expliquer le titre de l’œuvre, parce que quand bien même le personnage à tout fait pour y arriver, ça été un impossible amour. Très souvent nous n’avons pas toujours ce que nous voulons dans la vie. Quel que soit le sacrifice, les efforts que nous faisons, nous n’avons pas toujours ce que nous voulons. Et aussi il y a tellement d’obstacle à tout ce que nous voulons vivre. Au début quand on se rend compte de ces obstacles on se dit voilà je ne vais pas y arriver donc je ne vais pas essayer. Non. Même s’il y a des obstacles il faut aller au-delà de tout ça. Le personnage savais très bien au début que cet amour n’était pas possible mais elle l’a bien dit : "j’ai essayé". Au moins elle a essayé.

Du "Le Péril" on bute sur "Nos Impossibles Amours", une suite logique quand on sait que votre premier ouvrage parle d’éducation parentale où l’enfant a besoin de ses parents pour s’épanouir. Aujourd’hui, cet enfant a grandi et cherche à être aimé par autre personne que ses parents. Il cherche l’amour, la liberté et la justice. Alors la prochaine œuvre, à quoi peut-on s’attendre ? Avez-vous pensez à ce qui pourrait être la couleur de la suivante ?

Déjà ce que je peux dire c’est que ma plume s’inscrit toujours dans un style dramatique. Je me retrouve toujours dans ce registre. D’où la thématique du premier roman "Le Péril", qui est un titre assez sombre. Le deuxième œuvre qui est "Nos Impossibles Amours", l’est également. J’écris dans le sens de choquer pour mieux conscientiser, choquer pour mieux faire comprendre.

Le troisième ouvrage il faut bien s’attendre à un roman qui va encore choquer, faire pleurer certaines personnes. Il faut que chacun de nous prenne conscience de ce que nous vivons et de ce que nous faisons de nos vies. Je peux dire déjà que le troisième ouvrage que j’ai d’ailleurs commencé à rédiger, va porter sur la thématique de la femme. L’accès à l’emploi de la femme, les difficultés auxquels elle est confrontée tous les jours dans la recherche de l’épanouissement.

Féministe ?

Féministe c’est un bien grand mot mais concrètement qu’est-ce que ça veut dire ?


DZO
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