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Concours de la fonction publique : les handicapés visuels voient rouge
Publié le mardi 2 aout 2016  |  L`Observateur Paalga
L`Union
© aOuaga.com par A.O
L`Union nationale des administrateurs civils du Burkina Faso a tenue son 3e conseil ordinaire le 2 juillet 2016 à Ouagadougou sous le thème "Gouvernance territoriale et décentralisation au Burkina Faso : contribution pour une nouvelle dynamique". Photo : Clément Sawadogo, ministre de la Fonction publique et de la Protection sociale, parrain de la cérémonie




Le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, Clément P. Sawadogo, a donné, hier, le top de départ des concours de la fonction publique au lycée Philippe-Zinda-Kaboré, à Ouagadougou. Cette année, ce sont au total 936 264 candidats qui partent à la conquête de 12 324 postes. Beaucoup d’appelés donc, mais peu d’élus ! Les chances de succès sont davantages faibles pour 66 aveugles et malvoyants candidats. Ces derniers ont profité de la visite du ministre dans leur centre pour dénoncer « l’iniquité de traitement » dont ils sont victimes.

Il est 6h 45 lorsque les cantines contenant les sujets arrivent sous bonne escorte au lycée Philippe-Zinda-Kaboré. Dans cet établissement, il se déroule cette matinée un seul concours, celui d’inspecteurs divisionnaires des douanes, niveau maîtrise. L’appel des candidats pour l’accès aux salles de composition, qui avait débuté quelques instants plus tôt, se poursuivait avec quelques absents ou retardataires. Les postulants à la fonction publique sont tenus de présenter aux surveillants la carte nationale d’identité ayant servi à l’inscription et le récépissé d’inscription. Certains se sont ainsi vu refuser l’accès aux salles pour n’avoir pas présenté ces documents. Le problème s’est posé tout particulièrement pour ceux qui reprennent les concours annulés en 2015.Youssouf Sawadogo est l’un d’eux. Il a perdu la CNIB avec laquelle il s’était inscrit l’année passée. Il s’est refait donc une nouvelle pièce d’identité mais elle ne lui a pas permis de composer, notre candidat n’ayant pu fournir une photocopie légalisée de l’ancienne pièce. Malgré ses négociations il n’a pas pu convaincre le président de son jury. « Les textes sont clairs », a lâché ce dernier. « J’ai déposé pour 5 concours et il y a deux concours pour lesquels je ne pourrai pas composer », nous confie Youssouf, qui est reparti avant même le début des épreuves. Comme lui, la plupart des candidats que nous avons croisés ne sont pas à leur première tentative et composent dans plusieurs concours.

Abdoul Hakim Zoungrana tape aux portes de la fonction publique pour la 3e fois mais dit rester optimiste cette année. Il compose pour 4 concours. « Quand on cherche un emploi, on ne peut pas se permettre de choisir. On essaie plusieurs concours et si on est admis, on fait alors un choix », argumente-t-il. C’est l’air presque fataliste que ce titulaire d’une maîtrise et d’un master en sciences économiques se confie : « J’ai essayé dans les entreprises privées mais à chaque fois, je n’avais que des stages qui n’ont jamais abouti. J’ai aussi des projets mais la question du financement se pose. La fonction publique n’est pas forcément la meilleure solution mais si on n’a pas mieux ailleurs, on n’a pas le choix. »

Un époux modèle

A 7h 30, le ministre de la Fonction publique arrive sur les lieux. Après une visite au secrétariat du jury 4 où composent 2733 candidats, le ministre entre dans une salle pour donner le top de départ des épreuves. Il est exactement 7h 40 lorsqu’il ouvre l’enveloppe contenant les sujets. Clément Sawadogo a ensuite souhaité bonne chance aux candidats. « Ce sera un plaisir de vous accueillir dans la fonction publique », a-t-il dit avant de quitter la salle pour le début des épreuves. Le cap est ensuite mis sur l’université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo, le plus grand centre. L’amphi H, où composent les postulants au concours d’assistants des ressources humaines est plein. Les candidats étaient déjà concentrés sur l’épreuve. A l’extérieur, Ouimenga Saïdou Dieudonné, tout sourire, biberon à la main, porte son bébé au milieu des autres accompagnatrices. « Je suis là pour soutenir ma femme qui compose en ce moment.» Fonctionnaire de son état, il assure n’être nullement gêné par cet acte qui tranche avec les idées reçues sous nos cieux.

Des concours zéro fraude ?

Parmi les 12 324 postes à pourvoir, 787 concernent les 12 concours annulés en 2015 pour fraude. Pour que ce scénario ne se répète pas, Clément Sawadogo assure que son département a pris toutes les mesures pour éviter ces errements. « Cette année, nous avons passé au peigne fin tout le circuit d’organisation et nous nous sommes rendu compte que les risques de fuites de sujets étaient énormes. Nous avons procédé à la fermeture de toutes les bouches de sortie possible, si bien que nous n’avons jusqu’aujourd’hui aucun indice de fraude. » Concrètement, le ministre assure que « même le cabinet qui compose les sujets ne sait pas à l’avance lequel sera administré ». Il invite néanmoins à la vigilance car, selon lui, « on ne doit pas badiner avec l’égalité de chances ».

Une inégalité…bien visible

Cependant, les chances ne sont pas les mêmes pour tous. Et cela, le ministre l’a constaté à l’Association burkinabè pour promotion des aveugles et malvoyants (ABPAM), où 66 candidats composent en tout pour 6 concours. Près de deux heures après le début officiel des épreuves, les candidats au concours d’assistants en ressources humaines étaient toujours dans l’attente de leur sujet. En effet, ils traitent les mêmes épreuves que les personnes sans handicap. L’enveloppe est donc ouverte en même temps mais les sujets ont été au préalable traduits en braille et photocopiés grâce à une machine spéciale: le thermoforme. L'ensemble de ces opérations peut prendre plusieurs heures. Lorsqu’une "voix" leur annonce qu’ils ont face à eux le ministre de la Fonction publique, ils saisissent l’occasion pour lui exposer leurs difficultés. Le premier aspect qu’ils ont souligné est le manque d’adaptabilité du sujet pour les personnes aveugles ou malvoyantes. « On a très peur du test psychotechnique, car certains dessins et schémas n’existent pas en braille », a affirmé Elisabeth Nikiema. « Nous n’avons pas de documents pour nous préparer, nous sommes obligés de collaborer avec des amis pour qu’ils nous lisent les documents et qu’on puisse les traduire en braille », ajoute Karim Bagagnan. Ils n’ont pas manqué de rappeler à Clément Sawadogo que depuis 2014, aucune personne vivant avec un handicap visuel n’a été admise à un concours. Ils demandent donc aux autorités de mettre en place un quota pour les personnes aveugles ou malvoyantes pour faciliter leur accès à la fonction publique ou, dans le cas contraire, d’adapter les sujets à leur niveau. Toutes ces questions, le ministre de la Fonction publique a promis de les soumettre à l’étude dans le cadre de la prochaine grande réflexion sur les concours qui doit se tenir après la session de 2016, qui s’achève le 14 août, pour ce qui concerne l’administration des épreuves.

Hugues Richard Sama
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