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Réouverture de «Le Cappuccino» : «Je veux aller contre l’inacceptable» (Gaetan Santomenna)
Publié le mardi 2 aout 2016  |  L`Observateur Paalga




Un peu plus de six mois après les violentes attaques terroristes dans lesquelles il a perdu son quatrième fils, sa femme et plusieurs de ses proches, le propriétaire du restaurant «Le Cappuccino» annonce la réouverture de son établissement. A l’occasion de cette nouvelle tant attendue par son personnel ainsi que par les commerçants de l’avenue Kwameh N’Krumah, Gaetan Santomenna se livre dans une interview exclusive à L’Observateur Paalga.

Plus de 6 mois après les attentats qui ont touché votre établissement « Le Cappuccino », vous avez finalement décidé de rouvrir ; pouvez-vous nous donner la raison qui vous a poussé à prendre cette décision si importante pour vous?

La raison est simple : je veux aller contre l’inacceptable. En aucun cas je ne peux cautionner les actes terroristes du 15 janvier 2016. Au vu de ce qui se passe aujourd’hui dans notre monde et de la dictature qu’ils veulent imposer, je ne peux pas laisser ça à mes enfants. Il y a un combat à mener, aussi infime qu’il soit. C’est une des raisons qui me poussent à la réouverture ; par ailleurs, ce qui a également emporté ma décision, c’est mon dernier voyage au Burkina. J’ai pu rencontrer un certain nombre de personnes qui travaillaient pour moi qui étaient dans le désarroi total depuis l’attentat. Ils sont en attente de stabilité et je pense que, eux, qui ont contribué au développement initial de cette affaire, ils méritent qu’on leur redonne une chance afin qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions. Dans un second temps, l’attaque terroriste qui a eu lieu à Nice m’a poussé à ne pas accepter ce qui s’est passé chez nous à Ouagadougou. On doit relever nos manches et continuer à nous battre.

La totalité de vos anciens employés vont-ils donc retrouver leur poste ?

Je souhaite effectivement que la totalité de mes employés retrouvent leur poste. Le Cappuccino va reprendre la majorité des anciens employés. Si ce n’est pas possible de reprendre tout le monde, je les prendrai dans le projet de fast-food que j’ai au jardin Yennenga. Cependant, au moment où je vous parle, le projet est bloqué à cause d’un certain nombre de problèmes que je ne comprends pas et que l’administration met en avant alors que mes documents sont totalement légaux. Le chantier se retrouve donc bloqué. Nous faisons ce que l’on peut, on se débat avec la mairie et le ministère de l’Habitat. J’aimerais trouver une solution, si celle-ci existe ça fonctionnera, si ce n’est pas le cas on fermera. Actuellement, je mets les gens qui ont signé devant leur propre responsabilité, et si ce projet est annulé et que je ne peux pas embaucher des gens, ce sera leur responsabilité et pas la mienne.

Allez-vous recréer l’ambiance du Cappuccino à l’identique ou bien changer de concept ?

Le concept, par devoir de mémoire pour toute l’équipe qui a participé au départ, restera le même, c’est-à-dire salon de thé, restauration, pizzeria, brasserie et traiteur puisqu’il faut garder ce qui a été fait : c’est une continuité des choses. Niveau décoration, on va entretenir le même esprit, bien qu’on ait l’ambition d’améliorer un certain nombre de choses pour renouveler l’endroit et donner une image plus actuelle. C’était par ailleurs prévu puisque nous avions envisagé de faire les travaux cette année, mais le concept restera sensiblement le même.

Dans une précédente interview, vous aviez parlé de l’aspect sécuritaire. Quelles sont les mesures que vous allez prendre ?

L’aspect sécuritaire est l’objectif premier, il y aura une filtration des entrées qui se fera grâce à des portes sécurisées et un sas. La partie sécuritaire a été étudiée et mise en place avec un bureau en France puisqu’ils sont plus sensibles à ce type de choses. Comme je n’ai pas envie d’en faire une prison, il n’y aura pas de barreaux aux fenêtres, je garderai la vitrine pour que les gens puissent voir qu’on est dans un véritable commerce. Les vitrines sont en cours de fabrication, elles seront antiballes au même titre que celle d’une banque ou d’autres établissements sécurisés en Europe. Les issues de secours ont été entièrement repensées afin qu’il y ait une meilleure fluidité dans le local. Cependant en ce qui concerne la terrasse, il n’y en aura pas pour l’instant. Nous n’avons pas suffisamment d’éléments permettant d’y assurer la sécurité. Si le besoin s’en fait sentir, on y cherchera une solution, mais je ne veux pas exposer des gens au danger. Si les clients en ressentent le besoin, on avisera. Dans ce cas la décision ne viendra pas uniquement de moi. Il faudra, avec les autorités, imaginer une sécurité différente afin d’avoir une meilleure vision de ce qui se passe à l’extérieur. Cependant la priorité reste la sécurité du local en lui-même.

Vous êtes actuellement sur plusieurs projets, quelle est votre priorité ?

Il y a deux priorités, la première est de rouvrir le cappuccino un jour symbolique, le 15 janvier 2017. C’est une date qui nous a tous perturbés, elle doit devenir commémorative et un peu plus joyeuse pour ceux qui sont partis. Je mettrai tout en oeuvre dans ce sens. La deuxième, qui n’est pas moins prioritaire, c’est d’ouvrir le fast-food au jardin Yennenga. Cet endroit pour les enfants, c’est pour respecter la parole que j’ai donnée à mon fils, il sera en sa mémoire. S’il y a une volonté de la part des administratifs de lever certains aléas, je mettrai tout en œuvre pour ouvrir dans les meilleurs délais. Mais ça ne dépend pas de moi. Je respecte les administrations, et je pense qu’il est préférable pour tous de trouver un accord. Les investissements sont lourds, les loyers sont payés, ils ont été encaissés. Donc pour créer de l’emploi, il va falloir trouver un terrain d’entente.

Avez-vous un message à transmettre à vos voisins commerçants de l’avenue Kwamh N’Krumah ?

Il faut que les commerçants de la rue se retroussent les manches et qu’ils n’attendent pas qu’un tiers les aide. Tout le monde peut faire en sorte que la rue retrouve son image commerçante d’antan, une image de joie. Ce n’est pas en attendant passivement que les choses arrivent d’ailleurs que ça avancera. Il faut qu’on mette en place une association qui implique la chambre de commerce, la mairie et les commerçants. C’est une des solutions qui existent pour dynamiser et redonner un semblant de vie à cette rue.



Interview réalisée par
Barbara Debout
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