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Retour annonce d’Etienne Tshisekedi en RDC : un souffle précieux pour l’opposition
Publié le mercredi 27 juillet 2016  |  Le Pays




Jour J pour les militants et sympathisants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) qui trépignaient d’impatience, dans l’attente du retour de leur mentor, Etienne Tshisekedi. En effet, après plusieurs années d’exil en Belgique pour raison médicale, c’est aujourd’hui que l’opposant historique devrait fouler le sol de sa terre natale, et ce dans une atmosphère pour le moins sulfureuse, en raison de la montée des tensions politiques dans le pays. En effet, alors que la coalition au pouvoir appelle ses ouailles à prendre d’assaut la rue sur toute l’étendue du territoire national, le 29 juillet prochain, pour défendre l’arrêt controversé de la Cour constitutionnelle, autorisant le président Joseph Kabila à rester au pouvoir en cas de glissement du calendrier électoral et à soutenir le dialogue national prôné par le chef de l’Etat, la plateforme de l’opposition, elle, appelle à des manifestations tous azimuts à partir du 30 juillet jusqu’à abdication du satrape du Palais de Marbre de Kinshasa. C’est donc de plain-pied et sur le pied de guerre que le vieux lion renoue le cordon ombilical avec son pays.

L’opposition congolaise retrouve un nouveau parrain

La question légitime que l’on se pose est de savoir si après l’euphorie de l’accueil populaire annoncé, l’impact qu’aura le retour du père prodige dans le bras de fer qui se mène sur les rives du Congo, sera grand.
Le moins que l’on puisse dire, en tout cas, est que l’opposition congolaise reçoit un appui de poids et au moment opportun. Etienne Tshisekedi, reste, en effet, l’homme politique le plus populaire de la RDC en raison de son opposition aux régimes successifs du Maréchal Mobutu, de Laurent Désiré Kabila et de Joseph Kabila. Il reste donc un homme exceptionnel dans l’histoire du pays et constitue, de ce fait, un atout de taille dans le duel de rue qui se dessine au Congo. Du haut de ses 84 ans, c’est un politicien expérimenté qui, comme un général de l’Armée, vient prendre le commandement de ses troupes pour un combat qui, vraisemblablement, s’apparente au dernier de sa vie. Et le vieux lion, du fait qu’il peut fédérer toute l’opposition politique autour de lui, non seulement en raison de l’ascendance morale que lui confèrent son âge et son élogieux parcours de combattant, mais aussi de sa relative neutralité, semble bien être l’homme de la situation. L’opposition congolaise, orpheline depuis les déboires judiciaires de Moïse Katumbi, retrouve donc un nouveau parrain. L’accueil qui lui est promis et le meeting annoncé du 31 juillet, seront pour lui non seulement un test de popularité, mais aussi une revue de troupes avant les journées chaudes annoncées.
Ce retour au bercail du vieil opposant est donc une mauvaise nouvelle pour Kabila qui devrait se faire encore un peu plus de soucis, mais sans doute pas au point de renoncer à son rêve d’éternité au pouvoir. Il reste à savoir maintenant quelle sera son attitude face à cette nouvelle donne. Jusque-là, il avait réussi à retourner en sa faveur toutes les situations. Son dernier haut fait d’armes en la matière, est d’avoir contraint à la clandestinité Moïse Katumbi qui, traqué de toutes parts, n’a eu d’autre alternative que l’exil, douchant ainsi le rêve d’alternance de nombreux Congolais. Deux possibilités s’offrent à lui. La première est l’option de la répression.

L’expérience du vieux lion constituera un précieux viatique pour le mouvement de contestation

Le pouvoir, très frileux, a déjà les crocs bien dehors et ne se refrénera pas de bondir pour mordre mortellement tout opposant qui essaierait de transformer le rêve dynastique de Kabila, en chimère. Mais, Etienne Tshisekedi dans les geôles de Kinshasa, serait un détenu bien encombrant pour le régime, non seulement en raison de son âge très avancé, mais aussi à cause de son statut qui en ferait de fait un prisonnier politique et d’opinion. Toute chose qui constituerait une mauvaise publicité dont se passerait bien volontiers Kabila qui peine déjà à faire accepter par la communauté internationale, ses atours de démocrate. La deuxième possibilité serait celle de l’achat des consciences qui, même si elle venait à épargner le vieux briscard lui-même, pourrait faire des ravages dans sa famille biologique et politique. L’indigence financière bien connue des opposants sur le continent, fait de la misère une monnaie politique contre laquelle on peut troquer « feuilles » et postes ministériels. On le sait, la loyauté politique au peuple et aux idéaux en Afrique de façon générale, et en Afrique centrale de façon particulière, est aussi rare que les larmes d’un chien. Mais Tshisekedi sait qu’il joue gros. Il s’est, de ce fait, sans doute, préparé à résister aux chants de toutes les sirènes qui peuvent hanter les tumultueuses eaux du Congo, car bien conscient que s’il venait à succomber aux appâts du pouvoir, en plus du risque d’être « enfariné », il raterait sa sortie de scène et serait jeté dans la poubelle de l’Histoire.
N’ayant plus l’âge des combats de rue, il reste à espérer maintenant que les forces du vieux lion ne l’abandonneront pas au milieu du gué. Du reste, ce qui est attendu de lui, c’est plus sa caution morale et un leadership éclairé pour la nouvelle génération d’opposants, car, comme disent les anciens, « un vieux assis, voit plus loin qu’un jeune debout ». Sans nul doute, l’expérience du vieux lion, tirée de plusieurs décennies de lutte contre de féroces dictatures, constituera un précieux viatique pour le mouvement de contestation du pouvoir à vie de Kabila, porté en grande partie aussi par les mouvements des jeunes à travers certaines Organisations de la société civile (OSC). « Les jeunes savent courir, mais ne savent pas se cacher », dit le proverbe, mais à l’ombre du vieux baobab que constitue Tshisekedi, pour peu qu’il tienne encore debout, les jeunes Congolais viendront reprendre souffle pendant les folles journées de courses-poursuites qui s’annoncent en RDC.

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