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Conflit foncier à Orodara : Sunnites et Siamou se déchirent pour une parcelle
Publié le mercredi 27 juillet 2016  |  Sidwaya




A Orodara, la cohabitation entre le mouvement sunnite et la communauté siamou n’est plus au beau fixe. Aujourd’hui, ces deux communautés vivent dans une atmosphère de division, sur fond de conflit foncier. Un problème de parcelle est à l’origine de cette situation. Il s’agit de la parcelle qui abrite actuellement la mosquée des Sunnites, au secteur n°3, sur laquelle se trouve aussi un lieu sacré. Après maintes tentatives de résolution du problème par les autorités locales, l’affaire a pris une autre tournure, avec le saccage de ladite mosquée dans la matinée du vendredi 15 juillet 2016 par les Siamou.

Le saccage de la mosquée des Sunnites, le vendredi 15 juillet 2016 à Orodara, défraie actuellement la chronique dans la « Cité du verger ». Ce conflit n’est pourtant pas etranger aux habitants de Orodara. Depuis fort longtemps, on sentait le danger venir. Le risque d’affrontement était évident, car les deux camps se sont radicalisés à cause d’une histoire de parcelle dans laquelle se trouve également un lieu sacré, le nombril de la culture de l’ethnie siamou. Et c’est le vendredi 15 juillet 2016, que les jeunes siamou ont choisi de passer à l’acte, en saccageant la mosquée des Sunnites. Sur les lieux, le spectacle est désolant : c’est une mosquée presque « nue », sans portes ni fenêtres que l’on aperçoit. A cela, il faut ajouter des bouilloires jetées pêle-mêle, dans la cour. Un autre fait marquant ce vendredi noir, c’est la destruction du hangar nouvellement construit par les Sunnites. Mais, il y a eu plus de peur que de mal. En dehors des dégâts matériels, aucune perte en vies humaines n’a été déplorée. Approché dans la matinée du samedi 16 juillet 2016, Sa Majesté le chef de canton de Orodara, Boureima Traoré a exprimé son indignation face à une situation qu’il a qualifiée « d’incident regrettable », qui pouvait être gérée à l’amiable si les deux parties avaient assoupli les positions. Il avait à ses côtés, quelques-uns de ses plus proches collaborateurs, notamment le chef de village de Orodara, Gouènè Traoré, le vieux Sidiki Bernard Traoré et un représentant des jeunes qui a requis l’anonymat. Sa Majesté a fait la genèse du problème foncier qui les oppose au mouvement sunnite. Mais avant, il a tenu à préciser que ce n’est pas un conflit entre les coutumiers de Orodara et le mouvement sunnite, mais plutôt d’un conflit entre la communauté Siamou et le mouvement sunnite. A l’entendre, c’est un conflit vieux de plus de cinq ans. « Les sunnites se sont retrouvés sur un lieu sacré appartenant à toute la communauté siamou et non à un groupe ni à un village, encore moins à un individu » a-t-il expliqué. Selon lui, ce site serait le « nombril » du village, autrement dit, il constitue un patrimoine immatériel de l’ethnie siamou et ne saurait être la propriété d’une personne morale ou physique. A ce propos, il a soutenu que « c’est le premier site sacré du village que nous avons trouvé à notre naissance. Il est inhabité et non bâti » a soutenu le chef de Canton de Orodara.

L’administration en cause ?

Par ailleurs, sa Majesté Boureima Traoré a expliqué que ce site ne peut en aucun cas être déplacé. Et d’ajouter que s’il a pu se retrouver entre les mains des Sunnites, cela est dû à certaines erreurs administratives. Pour le chef de canton, c’est lorsque la communauté siamou s’est rendu compte de la « grosse erreur » commise par l’administration, qu’elle a demandé simplement aux Sunnites de quitter les lieux. Auparavant, a-t-il laissé entendre, il n’y avait pas de conflit entre eux. Dans le camp adverse, c’est-à-dire chez les Sunnites, c’est une autre version des faits qui est donnée. En effet, selon Abdoul Hamidou Djiguemdé, secrétaire à l’organisation et à l’information du mouvement sunnite de Orodara, le site leur a été légalement attribué en 2005. Il a dit ignorer l’existence d’un lieu sacré sur ce terrain. Dans son argumentation, il a déclaré que pendant la construction de la mosquée, il n’y avait rien sur le site. Il se rappelle seulement qu’en 2009, le responsable coutumier du secteur n°3 est venu déposer trois pierres sous les arbres, ce qui pour eux, ne signifie rien. Enfin, il a laissé entendre que le terrain litigieux demeure une propriété légale du mouvement sunnite, car il possède tous les papiers nécessaires à cet effet. De sources concordantes, le premier lotissement de la commune de Orodara est intervenu dans les années 1970. A l’époque, il était prévu dans le plan de lotissement, une réserve d’une superficie d’environ 1 hectare 500 m2 du lot 8 Section AM au secteur n°3. C’est donc l’arrêté d’attribution no. 2005-19 /MATDS /PNKD/DPT/ORD de ladite parcelle, attribuée à la communauté sunnite, qui est aujourd’hui source de conflit entre la communauté siamou et le mouvement sunnite. Les premiers cités (les Siamou) estiment que la parcelle en question est un patrimoine immatériel du village. Par conséquent, elle ne peut en aucun cas être attribuée à une personne morale ou physique. Pour les Sunnites, cette parcelle constitue leur propriété, et ils n’entendent pas y renoncer. Le conflit connaît des rebondissements depuis 2009 jusqu’à nos jours, surtout à l’approche de la fête des semailles autrement appelée « lo » en pays siamou, et qui a lieu chaque début de saison hivernale. Dans le même ordre d’idées, la communauté sunnite, par l’intermédiaire de son président Kalifa Traoré, a formulé une requête auprès du Tribunal de grande instance de Orodara contre Krin Coulibaly, pour trouble à la jouissance effective de leur domaine. La décision de justice rendue le 22 avril 2015 n’a pas satisfait la communauté sunnite. Elle a donc fait appel à la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso dont l’audience, prévue pour le 29 juin 2016, a été reportée. C’est dans cette attente du verdict de la justice qu’est intervenu le saccage de la mosquée.

Un hangar inopportun

En réalité, c’est le hangar nouvellement construit sur le site qui est à l’origine du saccage de la mosquée. C’est donc cette réalisation qui a provoqué la colère des jeunes siamou qui estiment que c’est de la provocation de la part des Sunnites. Sinon, se sont-ils interrogés, comment comprendre que pendant que est dans l’attente d’une décision de justice, l’une des deux parties concernées puisse encore entreprendre d’autres actions sur la parcelle litigieuse. Le chef de canton pense de son côté, que c’est un manque de respect des us et coutumes de l’ethnie siamou qui ne peut être toléré. Par ailleurs, il a laissé entendre, que lorsqu’il y a un problème sur un site qui oppose deux parties, chacune des parties doit se calmer et permettre à la justice de faire convenablement son travail pour situer les responsabilités, et déterminer le véritable propriétaire du site. Pour le chef de canton, c’est la construction du hangar qui a poussé les jeunes siamou à saccager la mosquée. Un acte que Abdoul Hamidou Djguemdé qualifie d’acte de « vandalisme » ou de « terrorisme ». Malgré tout, le mouvement sunnite ne renonce pas à sa position. Par la voix de Hamidou Djiguemdé, il a exprimé sa déception et dit avoir pris acte. Toutefois, il a dit s’en remettre à la justice pour situer les responsabilités. Enfin, Hamidou Djiguemdé a déclaré que le mouvement sunnite a de nouveau saisi la justice par rapport à la situation. Sa Majesté le chef de canton de Orodara, Boureima Traoré, prône le dialogue et joue la carte de l’apaisement. Pour l’heure dit-il, le souhait de la communauté siamou est qu’on lui restitue son site sacré. Quant au chef de village, Gouènè Traoré, il va plus loin et durcit le ton : « Je ne veux plus entendre parler de mosquée sunnite à Orodara ». Des propos que l’on trouverait peut-être très osés, mais qui expliquent la gravité du problème. Au regard de ce qui précède, il serait souhaitable que les autorités se penchent rapidement sur la situation pour y trouver une solution, afin d’éviter le pire.

Apollinaire KAM
AIB/Kénédougou
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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