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Sommet de Nouakchott sur la sécurite : les arabes n’ont pas pu triompher de leurs divisions
Publié le mardi 26 juillet 2016  |  Le Pays




Nouakchott, la capitale mauritanienne, devrait abriter les 25 et 26 juillet 2016, un sommet de la Ligue arabe. Au menu des travaux, les questions de sécurité, de terrorisme et de création d’une force commune à ses Etats membres. Mais le sommet a été écourté pour ne pas dire bâclé parce que boudé par les chefs d’Etat. Car, sur 22 membres, seuls six ont répondu présents, les uns et les autres ayant prétexté des raisons de santé ou d’agendas chargés. Or, le moins que l’on puisse dire, c’est que les sujets sur lesquels allaient se pencher les têtes couronnées du monde arabe, étaient d’une pertinence indiscutable. Les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme notamment sont, faut-il le rappeler, une préoccupation majeure dans le monde entier. Le péril terroriste est bien réel. Pas un seul pays ne peut se targuer d’être à l’abri des attaques des « illuminés ». Ce qui n’est pas sans donner du fil à retordre à toutes les forces de défense et de sécurité et à tous les dirigeants dignes de ce nom.

La « force » dont il était question, aurait pu être un excellent moyen pour stabiliser les différents pays.

De plus, le monde arabe a la particularité d’être au cœur du phénomène terroriste. Des pays comme la Libye, le Yémen et la Syrie, ploient sous le joug des groupes terroristes. Ces pays sont comme des nids d’abeilles. Des essaims de terroristes en partent pour aller semer terreur et désolation un peu partout ailleurs. Ces pays portent les germes du terrorisme de par leur extrême instabilité. En effet, les nations arabes ont, surtout ces dernières années, été les théâtres de crises politiques plus ou moins profondes. Ces crises ont très souvent sabordé l’autorité de l’Etat central et permis la prolifération de groupes extrémistes, parfois puissamment armés et déterminés à dicter leur volonté au monde à partir de leurs bastions. C’est en tout cas ce que laisse voir la montée en puissance d’un groupe terroriste comme Daesh aux confins de la Syrie et de l’Irak, mais aussi en Libye, des pays désarticulés par la crise. Face à ces groupes, la Ligue arabe n’a pas de troupes à même de mener des opérations. C’est dire si la « force » dont il était question, si elle venait à voir le jour, aurait pu être un excellent moyen pour stabiliser, un tant soit peu, les différents pays.
En tout cas, un tel sommet s’imposait aussi du fait que certains membres de cette Ligue arabe sont indexés à tort ou à raison dans le financement des groupes terroristes à travers le monde. Cela n’est pas de nature à rehausser l’image de cette organisation. Il urge donc que les choses soient clarifiées dans le sens de redorer le blason de ces pays.
Cela dit, ce sommet se tenait à un moment où Israël mène une offensive diplomatique sur le continent africain. La Ligue arabe ne veut certainement pas se faire damer le pion par l’Etat hébreu. Cela peut quelque part aussi expliquer la tenue d’une telle rencontre. Par ailleurs, compte tenu du fait que les pays arabes sont constitués de populations majoritairement de confession islamique, l’apport de cette organisation dans la clarification du discours religieux, serait des plus salutaires. Elle se doit de travailler à faire en sorte que ceux qui interprètent mal le Coran en appui à leurs actes ignobles, en aient la bonne lecture. Du moins, ceux qui sont de bonne foi. La Ligue arabe pourrait donc apporter une contribution de taille pour contrer la mauvaise interprétation de la doctrine islamique savamment entretenue par des « illuminés » aux desseins sordides. Ce, dans l’optique de mieux éclairer les « hommes de bonne volonté » et de contribuer à éviter les amalgames dangereux entre Islam et terrorisme dans le monde.
La pertinence de cette rencontre de haut niveau, était ainsi bien établie. Mais ce n’est peut-être pas pour cela uniquement que Nouakchott s’est donné la peine de mettre les bouchées doubles pour abriter ce sommet. En effet, la Mauritanie a remplacé au pied levé le Maroc qui s’était désisté par rapport à l’organisation de ce sommet. Une décision prise dans un contexte où dans le pays, certaines voix, surtout celles des négro-Africains, s’élèvent pour protester contre la marche, quelque peu forcée, du pays vers l’ « arabité ». Mais pour les dirigeants mauritaniens, ce sommet était une tribune pour gagner plus en notoriété et en visibilité. Les minorités brimées et les défenseurs des droits de l’Homme pourront toujours attendre.

Le monde arabe manque de leader charismatique à même de fédérer les énergies

C’est bien dommage. Car, on espérait que le sommet allait parvenir à des conclusions constructives pour le monde en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Mais les Arabes n’ont pas pu triompher de leurs divisions. Comme le disent certains observateurs avisés, les dirigeants des pays de la Ligue arabe ne sont d’accord que sur leurs désaccords. C’est une triste réalité. Et ils viennent encore d’en donner la preuve. Ces pays n’arrivent pas à accorder leurs violons, à parler d’une même voix. C’est cette attitude qui handicape bien souvent les initiatives de la Ligue arabe. La cause palestinienne qui est l’un des combats les plus importants de la Ligue arabe, ne connaît pas vraiment d’embellie et les divisions du monde arabe y sont pour quelque chose.
Aussi, ceci explique certainement cela, le monde arabe manque de leader charismatique à même de fédérer les énergies vers l’atteinte des objectifs communs. Et une autre particularité et non des moindres, de cette organisation, est la mauvaise qualité de la gouvernance des pays. En effet, mis à part quelques pays qui s’illustrent bien en termes de démocratie et dont la Tunisie peut être le porte-drapeau, les autres pays arabes demeurent plus ou moins sous la férule de familles régnantes. Tout cela fait le lit de la précarité et contribue à la radicalisation de bien des individus. Ainsi la Ligue arabe ferait-elle mieux de prendre également des mesures de nature à améliorer la gouvernance dans ses Etats membres. En tout état de cause, la cohésion au sein de la Ligue arabe et l’avènement d’une gouvernance vertueuse dans ses Etats membres, sont des conditions sine qua non pour espérer relever les défis de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, de façon durable. Hélas, ce n’est pas gagné d’avance.

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